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vendredi 16 mars 2007

ELLIOTT MURPHY AND BAND ~ Le New Morning. Paris.











THE BIRTHDAY SHOW

     Ce qu’en a pensé Eric :

« Ce soir, c'est l'anniversaire d'Elliott, et cela doit lui faire 58 ans. D'ailleurs, Elliott, que je n'ai pas vu sur scène depuis quinze (!) ans a pris un léger coup de vieux : envolé le diaphane poète romantique dont le souffle inspiré avait accompagné mieux que nul autre nos premiers amours, c'est un homme mûr, sec et bodybuildé qui monte sur la scène du New Morning - soit quand même l'une des 3 salles au monde qu'il préfère, d'après Vincent, notre expert en Elliott Murphy. Passé le choc des années (nous n'avons nous mêmes pas rajeuni... même si cela fait plaisir de se retrouver en petite bande au premier rang comme naguère - où étais-tu, Gilles, et comment as-tu pu manquer cette soirée enchantée ?), force est de constater que notre homme n'a perdu ni sa légendaire élégance, ni son inspiration : car si les disques qu'il sort depuis 20 ans sont bons mais pas indispensables, la musique que Murphy et Olivier Durand - son acolyte chaleureux et réjouissant depuis 1998, avec ses poses de guitar hero à la fois désuètes et charmantes - nous livrent ce soir brille toujours comme les lumières de la nuit de 1974.

Deux heures et demi plus tard, fourbu mais heureux, je me dis que j'ai vu mon plus beau concert depuis des lustres, comme si quelque part la générosité et la fougue du Rock avaient été conservées intactes dans le coeur de ce diable d'homme, qui se prétend en riant bien plus fort que Jim Morrison ("Il était fort, Jim Morrison, il est venu à Paris en 1971, et il est mort au bout de quelques mois... Moi, Elliott Murphy je suis ici depuis 1990 et je suis toujours VIVANT !!!!"). Le concert commence en douceur, avec les deux guitares acoustiques de Murphy et Durand qui tricotent cette jolie - et efficace - complicité qui sera l'épine dorsale de la musique pendant toute la soirée : c'est une nouvelle chanson que je ne connais pas, c'est très beau et émouvant, mais une pointe d'inquiétude me saisit... Les autres musiciens entrent en scène (le légendaire Kenny Margolis aux claviers et à l'accordéon - flashback perso sur les beaux albums de Mink Deville ! -, Alan Fatras à la batterie et Laurent Pardo à la basse et au "trimaran électrique" - dixit Gilles), et me voilà rassuré : cette soirée va être électrique. A partir de là, chaque morceau va être interprété avec une fougue quasi juvénile, transcendé par la voix toujours poignante de Murphy, les solis souvent inspirés d'Olivier Durand, et, surtout, une faut d'ailleurs mentionner ici "la claque" de fans transies d'Elliott débarquée de Barcelone, qui mettra le feu à la salle sur les plus beaux morceaux, et enrichira même la musique régulièrement de choeurs somptueux : on est quelque part entre le rituel maniaque du "Rocky Horror Picture Show" - voir les bulles de savon que les Espagnoles soufflent sur la salle - et l'adoration aveugle que les vraies rock stars - pas les clowns du top 50 - génèrent chez ceux dont leur musique a sauvé la vie.

 Quasiment donc aucune baisse de tension en près de 2 heures 30 (!), sans doute parce que, avec 19 albums à son actif, Elliott peut se permettre de ne jouer que des chansons extraordinaires : au delà de nouveaux morceaux accrocheurs dès la 1ère écoute (surtout le commercial "A Touch of Kindness" et le morceau-titre du nouvel album "Home Again"...), on s'extasiera particulièrement sur le récent et soufflant "Green River", sur une version tendue et intense de "You Never Know What You're In For", sur un sublime "Diamond by the Yards" qui m'a littéralement mis les larmes aux yeux, ou sur "On Elvis Presley's Birthday" qui reste sans doute, n'en déplaise aux beaufs qui réclamaient à corps et à cri "Rock Ballad", le morceau le plus poignant - et sans doute le plus littéraire - que Murphy ait écrit.

Côté reprises, un blues rigolard de Robert Johnson ("Robert Johnson est mort empoisonné par un husband jaloux, c'est pour cela que je fais goûter ma nourriture par Olivier..."), et surtout une version électrique et radicalisée de "L.A. Woman", qui permet au fiston, Gaspard, 16 ans ("la musique c'est bien, mais il faut qu'il ait le Bac d'abord..") de nous faire son numéro de guitar hero à lui (solos hululants, grimaces de hardeux, guitare jouée à l'envers derrière la tête comme Hendrix, on croit rêver !), à la grande fierté de daddy. A ce stade, le bisou paternel qui claque sur la joue de Gaspard fait vibrer le coeur des papas et mamans plus que quarantenaires qui constituent la majorité du public ce soir.

Mais comme même les meilleures choses ont une fin, même si Murphy a l'air profondément ému par les Happy Birthday chantés par son fan club espagnol, et nous confiera que, "s'il est bon pour écrire des chansons tristes, il est heureux de son journey, depuis le New York du CBGB et du Max's des années 70 jusqu'à Paris, qui est aujourd'hui SA ville", il nous faut nous quitter : sur un "Come On Louann" réjouissant et pogoteur (Murphy fait alors vingt ans de moins), puis, à la satisfaction des beaufs du fond de la salle, sur un "Rock Ballad" épuré et très émotionnel.

Elliott nous remercie pour ces 35 dernières années de joie, mais, au fond de mon coeur, c'est moi qui le remercie pour m'avoir prouvé ce soir, encore une fois, que le rock'n'roll ne meurt jamais, pas plus que l'amour. Nous sommes rentrés chez nous le coeur au chaud, et lui a sans doute remmené Gaspard pour retrouver Françoise. »



photo de patrick & christian taillemite


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