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vendredi 6 avril 2007

THE STRANGLERS ~ La Cigale. Paris.












Première partie: BP ZOOM

Ce qu’en a pensé Eric :

« Peu de monde à la Cigale hier soir, alors que le reste de la tournée des Etrangleurs de Guildford serait paraît-il "sold out" après un album (leur 16 ème !) ayant rencontré un vrai succès (dixit JJ Burnel, qui ne pourra se retenir d'ajouter : "Il aura fallu que j'attende d'être un vieux chnoque pour connaître ça !") : on expliquera cela par le week-end prolongé de Pâques. Mais de toute manière, le public comptera double, constitué d'autres vieux chnoques comme nous, de fans hardcore, qui connaissent toutes les paroles de chansons, et qui n'hésiteront jamais à se jeter dans des pogos furieux qui auraient fait reculer la jeunesse d'aujourd'hui. On verra même, moment irréel qui arrachera un grand sourire à Burnel, un quasi papy tout sec et tout gris tenter un slam et capturé au dernier moment par les roadies. Punk's not dead !

La soirée commence agréablement avec des kids, justement, ceux de Bp Zoom, un groupe du Pas de Calais largement influencé par AC/DC (voir une belle reprise de "If You Want Blood"), Offspring (leur tenue scénique, assez atroce), voire Téléphone (un affreux morceau lent, un seul heureusement, où toute la laideur de la langue française appliquée au Rock se révèle !). Tout cela est quand même bien sympathique, énergique et joyeux, même si les compositions assez faibles montrent clairement la limite du groupe. On retiendra le haineux "Mireille" (la haine allant naturellement bien au punk-rock) ou le plus radio-friendly "Quel bel avenir", mais surtout le (très) jeune âge général, qui fait plaisir à voir.

Nous étions un peu inquiets à l'idée de retrouver, 17 ans plus tard, l'un de nos groupes fétiches, et nous avons tous un pincement au coeur en ne voyant pas Jet Black s'installer derrière les fûts (remplacé par un jeune roadie de 24 ans, nous expliquera plus tard JJ, dans un long speech sympathique - une nouveauté aussi -, Jet Black, 69 ans cette année, dit "l'aspirateur", ayant dû être hospitalisé suite à une vie d'abus en tous genres ! Gasp !). Notre inquiétude ne durera que quelques secondes, jusqu'à ce que The Stranglers se lancent dans une version destructrice de "5 minutes" qui met instantanément le feu à la salle. C'est le bonheur, déjà, qui se lit sur les visages, et nous sentons que nous tenons-là un nouveau concert mémorable, à condition que Burnel et sa petite troupe arrive à maintenir cette brutalité et cette tension. Et ils vont y arriver !

Durant 1 h 25, nous aurons droit à l'enchaînement quasi ininterrompu (pas de break entre les morceaux, les Stranglers dévalent leur riche discographie à toute berzingue et tous feux éteints) d'une vingtaine de hits, s'étalant de "Ratus Norvegicus" à "All Day and All of the Night" (soit la période Cornwell), plus une chanson du magnifique "Norfolk Coast" ("Losing Control") et trois ou quatre du dernier album, "Suite XVI" (dont le redoutable "Unbroken"). Une heure vingt-cinq de plaisir fou : une interprétation assez échevelée de "Walk on By", des versions terrassantes de "Duchess" et "Nuclear Device", la valse teigneuse de "Golden Brown", une plongée enthousiasmante dans "Black & White", qui reste à mon avis leur album le plus radical, avec "Nice and Sleazy" et surtout "Death and Night and Blood" ("Your brain's exposed, and it's starting to show your rotten thoughts, yeuch !", quel frisson, quel bonheur !), de nombreux retours vers les débuts (un "Peaches" bien obscène comme il se doit, "London Lady" qui ressuscite le fantôme de 77), la reprise magique du standard des Kinks, "All day and All of the Night", que sais-je encore ?

Plantés comme nous sommes devant l'ampli de basse de Burnel - dont le son cataclysmique a tendance à dévorer le reste des instruments, mais qu'importe ? C'est tellement beau ! -, il nous faut bien reconnaître que les Stranglers ont retrouvé un second souffle, et jouent aujourd'hui à nouveau avec l'esprit et le son des années Cornwell, finalement très bien "remplacé" par Vic MacKey, euh, non, pardon, Baz Warne (regardez les photos, et dites-moi honnêtement si l'on ne croirait pas voir le héros de "The Shield" ?). La principale différence vient sans doute qu'aujourd'hui, les papys ont l'air de prendre un plaisir fou à cet exercice de musique radicale, conjuguant furie et complexité pop comme aux meilleurs jours : derrière ses claviers désormais réduits - question sans doute de budget -, Dave Greenfield s'amuse comme un petit fou, parfaite image désormais du vieil anglais original et malicieux, tandis que le toujours impeccable JJ a visiblement cessé de faire de la provocation gratuite pour laisser paraître au grand jour une vraie joie de jouer. On dirait même JJ réconcilié avec ses origines françaises, puisque nous aurons droit à plusieurs déclarations, dont une, très drôle et très passionnée, en introduction de leur saisissant nouveau morceau country ("I Hate You") à la manière de Johnny Cash, clamant une haine éternelle à Bush et Blair ("tant qu'à se faire enculer, on aurait préférer qu'ils nous embrassent..!").

Le second rappel, enchaînant de manière inédite je crois, "Hangin' Around" et "No More Heroes", porte la soirée à son paroxysme, et, même broyés au premier rang par les pogoteurs en délire, luttant pour notre espace vital comme aux meilleurs moments de 77, nous voilà définitivement ravis : quand Burnel jette un "let's play some rock'n'roll now" et se lance dans l'intro tourbillonnante de "No More Heroes", on se fout d'avoir 50 ans ou presque et le démon du fuckin' rock'n'roll nous consume comme il y a 30 ans. »









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