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mercredi 30 avril 2008

Dirtmusic ~ Le Divan Du Monde. Paris.









Première Partie :





Ce qu’en a pensé Philippe M. :

« Il y a un mois environ, sur le site de Chris Brokaw, je m'aperçois qu'il a formé avec deux autres membres un trio de guitaristes nommé Dirtmusic. On retrouve dans ce groupe : Brokaw, qui travaille en solo ou avec Two Dollar Guitar, dont le batteur n'est autre que Steve Shelley de Sonic Youth (concert au Point Ephémère en 2006), également une collaboration avec Thurston Moore (concert au Trabendo en 2007), mais aussi The New Year (où il est batteur) ; Chris Eckman, fondateur et guitariste de The Walkabouts, et qui tourne aussi avec Willard Grant Conspiracy ainsi qu’en solo ; pour terminer, Hugo Race guitariste de Nick Cave And The Bad Seeds pendant de nombreuses années. Ce sont des musiciens qui ont une longue histoire de la scène Rock Alternative, et pour cette rencontre ils ont puisés leur source d'inspiration dans la Folk Music. Ils se partagent les instruments les plus variés, guitares, banjo, dobro, claviers, percussions, harmonium. Une tournée Européenne est prévue, qui passera par Paris : sans hésiter j'achète une place. L'écoute de l'album m'a d’ailleurs définitivement convaincu de me rendre au Divan du Monde.

Le jour venu, j'arrive comme à mon habitude vers 18h, le trottoir devant la salle de la rue des Martyrs est désert, les portes sont fermées, et sur celles-ci une affichette qui indique simplement que le concert est ANNULE. Je suis désappointé, quelle sera l'explication, manque de location ? Je suis peut-être le seul à avoir acheté une place ! Il est vrai que je n'ai vu aucune publicité ou affichage annonçant le concert. Il est encore tôt, je décide de prendre le métro direction La Maroquinerie. Sur place, à 19h, quelques personnes, ils attendent pour le concert de The Whip - de l'Electro Pop anglaise -, avec les Français de Koko Von Napoo en première partie. Je ne suis pas emballé, et je décide de repartir… Arrivé devant la Bellevilloise, j'entends de la musique, une attachée de presse commande deux taxis par téléphone, The Hoosiers sont en concert acoustique pour OuiFM. Curieux de nature, je pénètre dans le hall, pousse une porte qui n'est pas fermée, et me retrouve au milieu de fans en délire : c'est déjà la fin du set. Je pars tranquillement vers la maison, j'espérais une meilleure soirée, je vais écouter quelques cd PLAY LOUD avant de dormir… Demain, retour à la Maroquinerie pour les Washington Dead Cats. Dans les jours à venir j'aurai peut-être des informations concernant l'annulation des Dirtmusic. »



Dirtmusic est une rencontre au sommet entre trois figures du country rock américain alternatif, Chris Eckman (The Walkabouts, Chris & Carla... ), Hugo Race (The Bad Seeds, True Spirit) et Chris Brokaw (Codeine etc)... La collaboration entre ces trois muti instrumentistes doués se révèle souvent passionnante ; l'alchimie entre les voix rocailleuses, les guitares country folk rock blues et les rythmiques laid back fonctionne à plein régime. Les compositions alambiquées, psychédéliques et oniriques du trio occasionel invitent au voyage intérieur et à la rêverie éveillée. Tout cela sent bon le grand ouest, les grands espaces désertés par les humains et l'Amérique des hors la loi musicaux et des laissés pour compte... Les aficonados de mélanges épicés entre folk, rock, country et blues devraient être séduits.

Source: Pierre Andrieu
(http://www.myspace.com/dirtmusicband)











Chris Eckman : Guitar & Vocal
Hugo Race : Guitar & Vocal
Chris Brokaw: Guitar & Vocal














La durée du concert : 0h00

AFFICHE / PROMO / FLYER










mardi 29 avril 2008

Nick Cave & The Bad Seeds. Casino de Paris.











Première Partie : The Lurid Yellow Mist





Ce qu’en a pensé Eric :

« "Ceux qui veulent tout connaitre sur le monde, écoutez ! Vous allez recevoir la connaissance". Qui d'autre que Nick Cave peut présenter ainsi l'une de ses chansons sans que cela prête à rire (même si l'on nage évidemment en pleine auto-dérision) ou que cela soit ridicule ? Parce que la chanson, c'est "We Call Upon the Author to Explain", l'un des textes les plus puissants de "Dig Lazarus Dig", et accessoirement l'un ses sommets du concert de ce soir. Où l'on est en train d'apostropher le Créateur - qui bien entendu, n'existe pas - pour lui demander des comptes...

Nick Cave est l'un des 2 ou 3 artistes qui ont défini mes goûts musicaux (après Bowie et, disons Peter Hammill), même si je ne suis ni fan de blues ni particulièrement hanté par les thèmes favoris de ce grand crooner déchiré : Dieu, le Diable et tout ce qu'il y a entre, en termes de meurtres, de souffrances et de rédemption. Alors, quand je me rends compte que cette soirée est libre dans mon agenda, je décide de manière impromptue de rejoindre Vincent au Casino de Paris, et d'essayer d'entrer avec une place négociée si possible à un prix raisonnable au marché noir (le concert est complet depuis belle lurette, et j'avais - incroyable négligence - loupé la fenêtre de tir !).

Quand j'arrive, vers 19 h 15, les vendeurs de billets paraissent un peu désespérés par le manque d'affluence, et je trouve un billet à 60 Euros, soit 10 seulement de plus que le tarif officiel. No sweat ! A l'intérieur, Vincent m'a gardé une place royale au premier rang, plein centre, entre deux copains à lui apparemment aussi fans du grand Nick que moi... La première partie joue depuis une dizaine de minutes, et c'est assez hallucinant d'entendre ce trio bizarre (un chanteur / guitariste acoustique allumé sous un panama posé de travers, une xylophoniste recueillie et un bassiste basané un peu déplacé) diffuser (plus que jouer) une sorte de musique flottante, à un niveau sonore excessivement bas : imaginez un Prefab Sprout période "Swoon" qui aurait consommé trop de substances toxiques et dont la musique aurait tourné horriblement mal. Quelque part, on sent que cela a l'ambition d'être drôle et beau, et n'est guère que ridicule et insignifiant. Gardons le souvenir de titres amusants : "Let's Kill God Again", ou "My Chtick Weighs a Ton" - qui font quand même craindre très fort pour la santé mentale du leader de The Lurid Yellow Mist. Rions ensemble et passons !

Voilà près de 15 ans que je n'ai pas vu Nick Cave and the Bad Seeds sur scène - même si je n'ai pas, depuis, manqué un seul de leurs albums, qui ont quasi systématiquement figuré dans mon Top 10 de leur année de parition... -, et je passe les premières minutes du concert à me familiariser à nouveau avec eux : un nouveau look pour Cave (la moustache, un peu ridicule, mais qui le rajeunit) et Warren Ellis (en sosie de Raspoutine : hallucinant !), un nouveau son pour les Bad Seeds - qui n'ont plus cette superbe amplitude qui conférait un souffle presque "cinématographique" aux grandes compositions de Nick Cave, mais jouent maintenant avec une approximation brutale à la fois surprenante et revigorante -, et en général un nouvel esprit, immédiatement perceptible dès les premières mesures du premier morceau ("Night of the Lotus Eaters") : on n'est plus à l'époque de la transe, de l'hystérie, de la théâtralisation de chaque chanson comme une épopée dantesque et torturée, quand la musique de Nick Cave tétanisait par sa beauté et sa fureur... Non à 50 ans, Nick Cave, à la fois apaisé (à cet âge-là, soit on a vaincu ses démons, soit on leur a succombé et on en est mort !) et pugnace, joue du ROCK'N'ROLL (enfin, sa définition du Rock'n'Roll, avec textes métaphysiques et grincements d'instruments torturés) et est un GRAND show man. Suivant son esprit d'esprit, le spectateur trouvera cela décevant - plus vraiment de ces instants fourdoyants de rage ou de splendeur - ou réconfortant : car Nick Cave and the Bad Seeds "envoient la purée" ce soir. Le son est dantesque, fort pour une salle comme le Casino de Paris, principalement constitué par les deux (2 !) batteries et la basse (boostée par un énorme caisson placé dans la fosse à 50 cms de mes oreilles, mama mia !), sur lequel brodent occasionnellement les orgues grinçants et désaccordés (Cave et Harvey s'amusent comme des petits fous avec les sons affreux que Cave tire de son clavier, parfois à tord et à travers, surprenant les autres musiciens) et les guitares et violons cacochymes mais furieux.


Nick Cave est d'humeur très badine, menant un dialogue constant avec la foule - tous des fans !
quel public ! -, à l'écoute des commentaires et demandes de tous, y répondant avec son sens de l'humour froid habituel (à un spectateur qui lui demande je ne sais plus quelle chanson, il répond "qu'ils n'ont plus assez de neurones pour la jouer, celle-là" ; et quand un autre lui fait une autre proposition, il rétorque "Pour celle-là, ça va, mais on ne va pas la jouer quand même !")... La set list est à la fois structurée - en gros, la quasi intégralité de l'album "Dig Lazarus Dig" en y intercalant une poignée de classiques de l'incroyable répertoire des Bad Seeds depuis 24 ans..) et très ouverte : plus le concert avance, plus Nick Cave commence à choisir suivant son inspiration le prochain morceau, et la décision, fort peu démocratique (seuls Harvey et Ellis sont parfois consultés, d'ailleurs eux deux seuls sont sur le devant de la scène du Casino, un peu étroite pour les 7 membres du groupe), est ensuite rapidement diffusée à l'arrière de la scène : cette liberté donne des résultats surprenants - le premier rappel est quasiment entièrement consacré à des titres peu joués sur scène (deux extraits de "Your Funeral... My Trial" dont une "Hard On For Love" épileptique, et un "Far from Me" de l'époque triste de "Boatman's Call", qui constituera la seule ballade poignante de la soirée...) - mais est finalement le meilleur gage possible du fait que nous avons devant nous une troupe de musiciens qui s'amusent, et un vrai LIVE, chaotique à l'occasion (Nick Cave oublie certains passages de ses interminables textes, et se réfèrent à ses anti-sèches géantes placées sur une table devant lui), mais toujours généreux.


Les plus beaux moments de la soirée (outre "... Author") seront, pour moi, les deux passages de furie bruitiste de "Red Right Hand" et "Stagger Lee" en second rappel (je sais, je me contredis, mais c'est vrai que c'est bon de retrouver en de brefs instants la splendeur passée...), le "stomp" jouissif de "Get Ready for Love", depouillé de ses tensions gospel, et l'orage éternellement funèbre de "Tupelo". Et non, ils n'ont pas joué "The Mercy Seat", mais ce sera peut-être pour la prochaine fois, à l'Olympia, dans quelques semaines seulement...

"Nice, Dr. Cave", lance à un moment du concert un spectateur ravi, et on voit alors le grand Nick, littéralement enchanté par cette apostrophe, la reprendre de sa voix profonde de précheur illuminé, la savourer, faire rouler les mots dans sa bouche avec gourmandise. Que ce "Nice, Dr. Cave" reste donc le meilleur qualificatif pour ce beau concert, libre et violent. 50 ans, toutes ses dents ! »




photos de eric




NICK CAVE & THE BAD SEEDS ~ Le Casino de Paris. Paris.












Première Partie : The Lurid Yellow Mist



Ce qu’en a pensé Vik :

« Dig !!! Lazarus, Dig !!! Lazare, Creuse!... it’s vintage Cave ! Un pilier du rock post-seventies, après l’ère punk, l’Australien Nick Cave, passe à Paris, après le succès récent de son dernier album, le quatorzième, superbe et puissant (méritant quatre étoiles !), plein de chansons pop au passage, avec son groupe The Bad Seeds (Les Mauvaises Graines), remarquable formation à géométrie variable : c’est la garantie absolue d’un concert de qualité, et une affiche de rêve pour le Casino de Paris, la salle de Comédies Musicales… J’ai encore en tête les magnifiques souvenirs du dernier passage de Nick Cave à la Mutualité les 15 et 16 avril 2004, avec le grand Mercury Rev en ouverture, et accompagné par une section de choristes. C’est vraiment difficile de tomber sur un mauvais concert de Nick, c’est même impossible… même quand j’avais des doutes en 2003 après le départ du guitariste et compositeur de ses débuts (lourde perte quand même), Blixa Bargeld… Donc, impossible de rater ce concert, et les absents seront les grands perdants d’une soirée que j’annonce exceptionnelle et très rock. Avec ma casquette de fan, je suis sur place dès 17h00, c’est l’occasion d’être l’un des premiers devant l’entrée, car ce soir, c’est complet. Je peux ainsi échanger des impressions avec les mordus du Fan Club, connaissant parfaitement bien le répertoire de Nick Cave. Dès l’ouverture des portes de la salle vers 19h00, c’est la course habituelle, et je me place en plein centre, face à la barrière, pour bloquer et garder une place pour Eric, lui aussi passionné de Nick dès les premières années. Le public est très cool, mais tout le monde est réuni par le même enthousiasme.

19h30 : un groupe du nom de The Lurid Yellow Mist fait son apparition sur scène. Les premières notes retentissent, et, déjà, le set se relève d’une insignifiance totale, et d’un ennui mortel. C'est une catastrophe, et je ne vois pas l’intérêt d’en parler. La salle, pendant ce temps là, se remplit doucement... cette musique n’attire pas les foules...

20h50 : les lumières s’éteignent alors que le public manifeste sa joie, et Nick Cave and The Bad Seeds (en total sept musiciens, dont deux batteurs !) se présentent sur la scène, encadrée d’une multitude d’ampoules de lumière jaunes, et avec sur le fond, en loop, le titre du dernier album "Dig!!! Lazarus, Dig!!!", qui défile comme une pub. Nick arrive en dernier en courant, survolté, et explose littéralement sur scène, avec une puissante version de l’acide Night Of The Lotus Eaters : un riff de blues, une guitare stridente, c’est un extrait du dernier album, mais avec un son plus agressif et plus enveloppant. Le début est éblouissant, c’est un crescendo hypnotique, aussitôt accueilli par une ovation. On n’a pas le temps de reprendre nos esprits, la fosse est toute pour Nick, la fosse est prête à sauter sans relâche au rythme de Dig !!! Lazarus, Dig!!!... car c’est bien le single éponyme qui vient maintenant. Se trouver devant Nick Cave, dandy destroy et filiforme, pantalon rayé et veste noire, avec cette voix puissante et profonde, à peu de mètres de distance, dans cette splendide salle de théâtre, reste une émotion très forte : l’adrénaline commence à courir dans mes veines.

Le regard de Nick est troublant, profond, pénétrant, et son visage entouré de sa longue chevelure noire est désormais en partie caché par de grandes moustaches noires en fer à cheval. Une image de poète maudit qui lui colle à la peau ! Je me rends immédiatement compte que Nick en est dans une forme étonnante, pas seulement du point de vue physique (il a l’agilité d’un jeune kangourou), mais aussi vocalement : sa voix est imparable, reconnaissable entre mille grâce à son lourd accent qui colle à merveille avec son style de musique énervé, et qui insuffle de l’adrénaline dans chacune de ses chansons. Ah ! quel crooner…on passerait des heures, des jours, à l’écouter… il domine la scène avec un charisme rare, il saute de droite à gauche, il se révèle de bonne humeur, il est drôle, il parle avec le public, il trébuche sur le fil du microphone, il s’amuse avec le tambourin : bref, il ne donne pas l’impression d’être une rock star comme les autres.

Dès la fin du morceau, une jeune femme brune, à côté de moi, trépignant de passion, attirée irrésistiblement par le dandy, hurle en déclaration son amour, comme une groupie, « I Love You ! », Nick se tourne vers elle, un doigt pointé vers la foule et lui répond avec sa voix impeccable et grave « I Love You Too ! ». Surexcitée le fan continue « I Love You More ! » pour obtenir une réponse définitive, avec un sourire « Yes... That's Probably True ! ». Joli échange des mots, entre une rock star et une groupie. A côté de Nick, à droite, il y a le fidèle Warren Ellis, longue barbe hirsute noire et blanche, cheveux en bataille, l’œil incendiaire, très proche d’un sosie de Raspoutine (d’après Eric…), sorcier chaman qui utilise des guitares à dimension réduites, de véritables jouets pour enfants, ainsi qu’une mandoline électrique à quatre cordes, et qui malmène sans arrêt un violon – véritable instrument du diable -, en en jouant comme une guitare, et faisant éclater dans l’air des sons impressionnants et des riffs hors de commun. Le bassiste Martyn Casey joue bien trop fort, et les deux batteurs percussionnistes (Jim et Thomas) sont en pleine éruption volcanique, pendant que Mick Harvey, multi instrumentiste, bras droit de Nick depuis... toujours, (avec la lourde tache de remplaçant de Blixa), impassible à gauche de la scène, assure discrètement entre guitare électrique, acoustique et piano. Il y a encore la maestria de Conway Savage, aux claviers, plus présent qu’à l’habitude. Et penser que Barry Adamson et Kid Congo Powers ont joué aussi au sein des Bad Seeds !

La soirée s'annonce lourde et sans temps morts. Du rock blues bien dévastateur comme on l’aime, avec un setlist qui alterne habilement huit titres du dernier album, plus saignant en version live, et d’anciennes chansons qui s’intègrent à la perfection. Une partie du public est statique, un peu passif, pensant peut-être que le concert se déroulerait comme un Greatest Hits : grosse erreur pour des connaisseurs, car Nick n’est pas un nostalgique qui préfère vivre uniquement des chefs-d'œuvre du passé. Ce soir, on a un son massif, énorme, et rare pour le Casino, et un mixage qui frôle la perfection. Sous les feux de dizaines de projecteurs, et avec quelques images projetées sur la toile du fond, tout concourt à l’excellence de ce concert. Nick arpente la scène, plein de rage : il dégage de bonnes vibrations, il attrape parfois une Fender Telecaster pour jouer de la guitare, il évoque le personnage d’un prédicateur, il a un air de Cabaleros, il est en transe, on le dirait sorti d’un film de Sam Peckinpah. Il ne chante pas seulement ses chansons, il les vit avec un degré d'intensité rare, même s’il rit et plaisante entre les morceaux. Le concert est une succession d'émotions, jusqu'à l'explosion de joie lors du monumental et envoûtant Tupelo, datant de 1985, et hommage rendu à la ville natale d’Elvis… à vrai dire une version un peu infernale avec une basse sourde, lancinante, et une ligne d'orgue prenante. Les chansons s’enchaînent, avec Today's Lesson, et l’énergie du nouvel album est toujours aussi palpable. Nobody's Baby Now, Red Right Hand, la poussière magique de Deanna et The Ship Song avec une exécution splendide de Nick au piano pour l’intro, gagnent aussi une nouvelle jeunesse. C’est avec un peu d’étonnement qu’on enregistre dans sa mémoire ce souvenir, qu’on pourra ressortir un jour pour le raconter lors d’une soirée nostalgie.

Première grande claque avec We Call Upon The Author To Explain, mon morceau préféré du dernier album, en pleine apocalypse rock, nerveux, magistralement joué par les Mauvaises Graines, avec un Ellis complètement exalté par le rythme de la chanson… « Prolix ! Prolix ! Nothing a pair of scissors can't fix ! ...I say : Prolix ! Prolix ! Something a pair of scissors can fix, Bukowski was a jerk ! Berryman was best ! »... Le temps passe, mais la nuit est encore longue : une déchirante version de Get Ready For Love, du grand art avec trois guitares saturées, suivie de Papa Won't Leave You Henry, classique inoubliable, avec un grand Mick à la guitare. L'enthousiasme du public tout entier ne se manifeste vraiment qu'à partir du premier rappel, avec le toujours poignant morceau Hard on for love de « Your Funeral, My Trial », somptueux, nostalgique et très mélancolique, avec un Ellis torturé, jouant de son violon avec un archet, avec une vraie perfection dans son style. Un deuxième rappel suit : Nick est déchaîné, il est trempé jusqu'à l'os, il va charmer son public exalté dans un final écrasant… Il crie « Are you ready ? », crache, saute et enfin étend les bras pour nous raconter les crimes et les meurtres de Stagger Lee, dans une version métallique et épique, devenue un véritable cheval de bataille en live... « It was back in '32 when times were hard, He had a Colt .45 and a deck of cards, Stagger Lee »... Je reste sans voix, les yeux plein d’émotion et mes oreilles explosent : c’est une performance mémorable, le retour furieux d’un chef-d'œuvre d’hier, qui clôt la soirée en apothéose.

Je voudrais que cette magie puisse continuer avec d’autres chansons (ma liste est longue), mais c’est vraiment la fin du concert. Ce soir, Nick m’a fait rentrer dans son univers de mystère, avec ces atmosphères tristes et violentes à la fois, agrémentée par des textes d’une beauté extrême, et avec The Bad Seeds au top tels qu'on les aime. Je suis heureux de pouvoir dire que j’ai assisté à l’un des concerts de l'année à Paris, mais je dois accepter de ne pas avoir été le seul à le vivre et à en jouir. Je reste pétrifié quelques secondes comme un lapin effrayé, immobile, le regard braqué vers la scène en train de se vider. Je range les souvenirs de la soirée dans ma mémoire, puis je sors de la salle en me disant que tous les mots sur cette soirée seront superflus : ce concert, que je classe parmi les soirées « mythiques », relève de domaine purement sensoriel. Essayer de l’expliquer d’un point de vue rationnel se révèle un effort dépourvu d'intérêt. Une seule chose à ajouter et je le pense vraiment : « Nick Cave en concert mérite le détour ! A voir impérativement sur scène »…

« On the night of the lotus eaters, Now hit the streets ! Now hit the streets ! »







Nicholas Edward Cave, connu sous le nom de Nick Cave, né à Warracknabeal (Australie), est un artiste pluridisciplinaire australien : ayant acquis sa notoriété en tant que chanteur, auteur et compositeur du groupe Nick Cave and the Bad Seeds. Nick Cave and The Bad Seeds a été fondé en 1984 par deux ex-membres du groupe australien The Birthday Party que sont Nick Cave et Mick Harvey. Formation à géométrie variable, Nick Cave and the bad seeds a sorti son premier album en 1984, intitulé "From Her To Eternity". Le groupe permet a Nick Cave d'explorer toutes ses obsessions: l'Amerique et ses racines musicales, la violence, l'amour, la mort.

La musique est un melange de blues, rock, punk et gospel, le tout dans des ambiances survoltees, la noirceur et la tristesse. . Il réside actuellement au Royaume-Uni. Nick Cave s'entoure de mauvaises graines qui partagent sa quête de l'éveil spirituel. Personnage atypique et charismatique, Nick Cave s'est imposé comme un des tout grands de la scène rock internationale. Son style, caractérisé par la noirceur et la poésie des textes, la richesse des personnages inventés, les touches de dérision et cette voix de crooner dépressif, reste tout bonnement inimitable. Dig, Lazarus, Dig! est le titre du quatorzième album (2008)...d'une puissance de feu phénoménale et hérissé de guitares teigneuses. 


(http://www.nickcaveandthebadseeds.com/home)
(http://www.nick-cave.com/)
(http://www.myspace.com/nickcaveandthebadseeds)
( http://www.facebook.com/nickcaveandthebadseeds?v=info)

 From Her to Eternity (1984)
The Firstborn Is Dead (1985)
Kicking Against the Pricks (1986)
Your Funeral… My Trial (1986)
Tender Prey (1988)
The Good Son (1990)
Henry's Dream (1992)
Let Love In (1994)
Murder Ballads (1996)
The Boatman's Call (1997)
No More Shall We Part (2001)
Nocturama (2003)
Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus (2CD) (2004)
Dig, Lazarus, Dig!!! (2008)




Nick Cave – Voice / guitar / Keyboards
Mick Harvey – Guitar / Keyboards / Backing vocals
Thomas Wydler – Drums / Percussions
Martyn P. Casey - Bass
Conway Savage - Keyboards
Warren Ellis – Violin / Guitar
Jim Sclavunos – Drums / Percussions





La Setlist du Concert
NICK CAVE & THE BAD SEEDS




Night of the lotus eaters (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Dig, Lazarus, dig!!! (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Tupelo (The First Born is Dead - 1985)
Today's lesson (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Midnight Man (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Nobody's Baby now (Let Love In - 1994)
Red right hand (Let Love In - 1994)
Jesus of the moon (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
The ship song (The Good Son - 1990)
We call upon the author (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Lie down here (& Be my girl) (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Deanna (Tender Prey - 1988)
Get ready for love (Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus - 2004)
Papa won’t leave you, Henry (Henry's Dream - 1992)
More news from nowhere (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)

Encores 1

The lyre of orpheus (Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus - 2004)
Far from me (The Boatman's Call - 1997)
Hard on for love (Your Funeral... My Trial - 1986)
Your funeral, my trial (Your Funeral... My Trial - 1986)

Encores 2

Stagger Lee (Murder Ballads - 1996)


 
La durée du concert : 1h49


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