Blogger Template by Blogcrowds

lundi 19 mai 2008

Vampire Weekend - Le Trabendo. Paris.








Première Partie : THE STRIVERS




Ce qu’en a pensé Eric :

« Y a-t-il de la lumière au fond du tunnel ? Joue-t-on du rock'n'roll, du vrai, au fond du pays du sommeil et de la loi, la Suisse ? Oui, si l'on en croit The Strivers qui nous octroient généreusement 40 minutes de rock rapide, sec, voire dansant. Un power trio sympathique, la basse sautillante en avant, une batterie syncopée et rageuse, une guitare un peu deçà des qualités de la section rythmique quand même, une bonne voix qui peut évoquer celle de Julian Casablanca, quelques chansons accueillantes, voire parfois (rarement, quand même...!) réussies... Que demander de plus ? Un peu de surprise peut-être, au delà de la maîtrise, un peu de folie pour transcender l'élégance... On n'est jamais contents, quoi !

Le Trabendo est complet ce soir, preuve que la hype Vampire Weekend fonctionne à plein à Paris, à moins que ça ne soit plutôt l'excellence des chansons (ça, c'est mon avis, je suis fan de cette musique qui réactualise mes souvenirs d'années passées en Afrique du Sud à danser sur Juluka, en mariant le groove cristallin des zulus avec l'exubérance pop "ligne claire"). Je suis arrivé un peu tard (le boulot !), mais les amis Gilles B et Robert m'ont gardé une petite place au premier rang, à gauche, tout bien. Ce soir, tout marche comme sur des roulettes, sans stress ni bousculade, ni retard : Vampire Weekend entrent en scène quelques minutes après 21 h, et, le groupe n'ayant qu'un album à son actif, il y a fort à parier que nous serons couchés tôt ce soir. Première constatation : les musiciens sont jeunes, très jeunes, ou du moins ils ont cette allure juvénile et saine de la jeunesse blanche et dorée de la côte Est des USA, entre New York et Cap Cod, qui quelque part ne fait pas trop "rock'n'roll", mais paraîtrait plus à sa place dans un roman de John Irvin. Comprenons-nous bien, je ne me fais pas l'avocat du look "street cred" derrière lequel se dissimulent les fils de pub de Manhattan tels que les Strokes, mais il est difficile pour la machine à fantasmes de se mette en marche devant ces post-ados propres, lumineux et bien peignés. Et quelque part, les 55 minutes qui vont suivre ne vont rien faire pour contredire ce sentiment un peu primaire : on se dit finalement que cette adoption de rythmes et de sonorités sud-africaines ne répond à aucune logique - n'utilisons même pas le terme de nécessité -, et n'est sans doute que tocade de jeunes musiciens abreuvés de world music par leurs parents fortunés.


Je ne ferais pas ce (douteux, je le reconnais) procès d'intention à Vampire Weekend s'il s'était passé quelque chose sur la scène du Trabendo ce soir. Mais non, on va nous jouer les chansons du magnifique album, en y ajoutant 2 ou 3 titres plus récents ou plus anciens, selon le cas, avec une petite accélération par ci, une petite dose - bienvenue - d'énergie par là, et basta ! Ezra Koenig et sa bande sont à l'aise, souriants, contents d'être à Paris même s'ils n'y restent que quelques heures ("mais on revient le 4th of July, c'est une date importante pour notre pays, vous savez..."), communiquent plutôt bien en français (bien éduqués, les jeunes gens... Bon, ok, j'arrête !). Chaque chanson est bien jouée, un peu plus acérée que sur l'album, ce qui est ce qu'on attend en live, non ? "Blake’s got a new face" et ses cris de putois, et "Walcott", la plus réussie des chansons de VW à ce jour - jouée en unique rappel, relèvent un peu le niveau de ce concert sans folie, sans âme, sans... profondeur.

J'ai parlé de ligne claire" plus haut, parce que j'ai toujours senti une correspondance - au sens Baudelairien, pardon - entre cette école ambitieuse de BD et la meilleure pop music : il s'agit d'en dire plus avec moins, de faire converger élégance et lisibilité absolue pour générer un enchantement imparable. Pourtant, dans "Tintin au Congo", on sent derrière chaque vignette le poids d'une société coloniale complexée, d'un inconscient qui travaille chaque gag. Dans "Vampire Weekend à Soweto", rien de tel, si l'on admet que se moquer de Louis Vuitton ou de Peter Gabriel n'a pas beaucoup de conséquences. Disons qu’Ezra n'a sans doute pas encore assez vécu, qu’il a beaucoup trop lu, pour charger sa musique du poids nécessaire à lui assurer un vrai impact. Péché de jeunesse ? »



photos de eric

Aucun commentaire: