Blogger Template by Blogcrowds

mercredi 9 juillet 2008

My Bloody Valentine ~ Le Zénith. Paris.










Première Partie : Le Volume Courbe



Ce qu’en a pensé Gilles :
« Dire que l'on attendait ce concert avec impatience serait mentir... partiellement tout du moins. C'est plutôt la crainte d'être déçus qui hantait nos esprits. Sentiment compréhensible je pense pour nous qui avions vu le groupe lors de son âge d'or, au début des années 90, que ce soit au New Morning, à Londres à l'U.L.U. ou encore l'Olympia. Les souvenirs qu'ils nous restent sont si précieux et si forts que, bien sûr, nous appréhendions ce concert, et la possible déception. Mon premier objectif ce soir était d'être au premier rang, chose faite aisément vu l'heure à laquelle je suis arrivé (16h45), et surtout, à ma grande surprise, le peu de monde aux abords du Zénith. Entrée tranquille donc, et autre petite surprise, pas d'accès directe à la fosse, il faut d'abord prendre les escaliers menant aux gradins puis les redescendre pour accéder enfin à la fosse ! Direction le premier rang, face à Kevin Shields. Le Zénith est en configuration minimale ce soir, il y aura peut-être 2000, 2500 personnes, difficile à dire. En tout cas, la question que l'on se posait tous était de savoir pourquoi un Zénith pour un groupe qui, à l'époque, remplissait tout juste un OIympia ? Nous n'aurons sans doute jamais la réponse... Les potes sont là ce soir, tous fans de la première heure avec en tête les souvenirs des concerts que j’ai mentionnés plus haut : Eric, Gilles P et JP bien sûr, même Bruno que l'on n'avait pas vu depuis quelques temps était lui aussi présent. Devant nous, sur l'imposante scène trône une ribambelle d'amplis, spécialement du côté de Kevin, qui outre les trois imposants Marshalls et Hiwatt double corps, a aussi une série d'autres amplis plus petits (Vox, etc..) : impressionnant, car c'est véritablement un mur d'amplis qui se trouve face à nous. Des cloisons en plexiglas isolent chacun des musiciens, on peut aisément imaginer pourquoi... Pour l'anecdote, il y avait distribution gratuite de bouchons d'oreilles, moi je n’ai pas eu le temps de les voir, je courais pour être devant.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, notre grande préoccupation, c'est quel sera le volume sonore. Car pour nous, c'est important, primordial même... voire vital... MBV à 105db, cela nous inquiète... et fortement même... mais on n'a pas le choix… Car il faut tout de suite mettre les choses au point : j'ai pu lire par ci par là que certaines personnes ne comprennent pas pourquoi ils jouent aussi fort, pourquoi tant d'amplification, etc. Merde, My Bloody Valentine, c'est du NOISE ! Qu'on se le dise une fois pour toutes. Que les gens qui n'aiment pas le bruit mettent des bouchons, c'est leur droit, mais qu'ils ne remettent pas en cause l'essence même du groupe. On aime ou on n'aime pas, mais on ne peut pas concevoir Soon ou Only Shallow sans suramplification, c'est comme ça.

En attendant, la salle se remplit tout doucement, lorsque la première partie fait son apparition… charmante apparition d'ailleurs, avec une jolie violoniste blonde. Le groupe s'appelle Le Volume Courbe. Outre la jolie violoniste blonde, il y une jeune chanteuse frêle, ainsi qu'un guitariste et un batteur. Le contraste est saisissant quand on pense à ce qui nous attend. Car nous avons droit à une sorte de Bat For Lashes sans inspiration – malheureusement -, et surtout avec une chanteuse complètement tétanisée, la voix mal assurée et hésitante. C'est dommage, car musicalement, cela aurait pu tenir la route, mais je me demande ce que venait faire ce groupe dans ce contexte. Un concert dans une petite salle avec une ambiance intimiste, cela aurait été plus judicieux. Le public s'est juste contenté d'applaudissements polis et clairsemés pour cette courte prestation de 25 minutes. Déroutant.

Place maintenant aux héros du jour : le mini Zénith est rempli, apparition des musiciens et première bonne surprise, Belinda Butcher est devenue une femme épanouie, superbement belle, avec quelque chose de fragile et doux à la fois. Le reste du groupe est presque à l'unisson, seul peut-être Debbie, la bassiste, a légèrement forci. Kevin Shields s'installe en face de nous, il ne porte pas de lunettes comme sur les rares photos que j'ai vu de lui récemment, mais il a à ses pieds une set list géante, format A2 au moins. J'avoue qu'a cette instant l'émotion me gagne, cela fait 16 ans depuis le dernier « mur sonore » que l'on a subi (reçu comme une offrande plutôt) à l'Olympia… et ils sont là, devant nos yeux, presque inchangés, le temps n'a semble-t-il pas eu prise sur eux. Nouveau choc quand j'entends les premières notes de I Only Said, rien n'a changé, mieux même, le groupe semble s'être bonifié, c’est difficile à expliquer mais je ressens une cohésion nouvelle, l'interprétation est presque parfaite, c'est carrément un choc, comment a-t-on pu se passer de MBV pendant tant d'années ?

Le son n'est pas encore à la hauteur de mon espérance, fort mais pas ce mur de son comme nous le voudrions. Tout s'enchaîne comme dans un rêve éveillé : When You Sleep me donne des frissons, Belinda est belle et émouvante, les projections derrière la scène nous emmènent dans un autre temps, c'est visuel et sonore à la fois ce soir… ce que l'on n'osait pas espérer est en train de se produire devant nous, My Bloody Valentine revient, comme si on les avait quittés un an auparavant, plus fort et meilleur. Le son devient de plus en plus compact, le mot "MUR" devient presque tangible tant tout notre corps et notre esprit sont saisis par cette espèce de puissance sonique qui déferle sur nous, presque terrifiante pour quelqu'un qui ne supporterait pas le bruit. Pour ma part, je reste (très) légèrement insatisfait du niveau sonore, qui aurait dû être encore plus élevé : c'était fort, très fort, mais pas assez à mon goût. Et quand je dis à mon goût, je suis rejoint en cela par Kevin Shields qui s'excuse des contraintes imposées par la réglementation française. Mais le plaisir est là, intense, à chaque morceau c'est un émerveillement, je ne me rappelais plus que c'était aussi bon ! Et l'onde de choc continue et s'intensifie avec l'enchaînement Only Shallow et Thorn, terrible, et c'est là que je remarque pour la première fois que le batteur est carrément un bûcheron, sa frappe ultra lourde et précise accompagnant à merveille les hurlements des 2 guitares. C'est absolument grandiose. Les samples sont là, à chaque morceau, et quand les couches de guitares viennent se superposer, quand le light show vient nous aveugler avec ses lumières stroboscopiques, et quand enfin les projections psyché défilent à toute allure, on se croirait dans une version sonique et shoegaze de « 2001 l'odyssée de l'espace ». Toutes ces combinaisons font de MBV un groupe unique, tellement unique qu'ils ont coulé leur label pour produire leur chef d’oeuvre « Loveless ». Et ce soir, on comprend enfin, oui au bout de 17 ans, on aperçoit enfin les subtilités de chaque morceau, chaque couche de guitare, chaque claquement de basse, et chaque frappe de batterie, oui maintenant on discerne tous les détails dans cette gigantesque marmite sonore qui bouillonne devant nos yeux. Oui, la musique de MBV est subtile, peut-être pas facile d'accès au premier abord, mais quand vous l'avez décryptée, comme c'est notre cas je pense, il n'y a plus rien à dire, c'est la perfection dans le genre.

Aucune faiblesse dans la set list, on passe des (excellents) morceaux de « Isn't Anything » aux chefs d'oeuvre de « Loveless ». Et pour moi, le point d'orgue sera atteint ce soir avec l'enchaînement de Slow et Soon. Slow est peut-être mon morceau préféré, c'est tout simplement grand. Oh bien sûr, sur scène il ne faut pas s'attendre à des pitreries ou à un jeu de scène exubérant de la part des musiciens, tout est dans la musique qui jaillit de leurs instruments. Ce que tout le monde attend maintenant, c'est le finale… qui arrive enfin avec You Made Me Realise. Ce "mur" de son, nous le connaissons, nous y avions eu droit en 1992 à l'Olympia, et je dois dire que l'expérience était surprenante, un exercice physique troublant qui nous avait laissé groggys à l'époque (enfin ceux qui avaient résisté jusqu'au bout). Malheureusement, ce soir nous n’y aurons droit que partiellement. Le morceau a bien débuté, puis les boucles sonores se sont accumulées et d'un coup le volume sonore s'est décuplé, oui nous y étions, cela venait comme un long orgasme, nos corps commençaient à vibrer quand d’un coup, plus rien : les témoins des amplis sont éteints, on ne comprend pas tout de suite, Kevin Shields est incrédule et stupéfait. Il semble que le niveau sonore ait été dépassé (on s'en doutait un peu, et cela commençait à me plaire), les techniciens du Zénith ont certainement coupé l'alimentation des amplis. Oui, nous sommes bien en France, la patrie d'Halliday et de Claude François, de la préférence donnée à la chanson française, le rock est toujours marginal, on s'en aperçoit ce soir, c'est bien triste. Pendant 10 minutes, c'est l'incertitude, puis les roadies rallument les amplis, les musiciens se réinstallent pour reprendre le morceau là où il s'était arrêté, mais la fin ne sera pas grandiose malheureusement, on sent qu'ils ne peuvent plus s'exprimer à leur manière et Kevin Shields jettera par terre sa guitare, de rage.

Malgré ce finale écourté, j'ai tout simplement l'impression que l'on vient de vivre un grand moment, un concert énorme… et quand on pense à ce que cela aurait pu donner sans ces stupides limitation sonores ! Car libre à tout le monde de porter des bouchons (distribués gracieusement à l'entrée du Zénith), mais qu'on laisse à ceux qui le veulent le droit de se faire plaisir !! Ce soir, c'est vraiment la première fois que je vois un groupe qui se reforme être aussi bon qu'à ses débuts, on n’a véritablement pas l'impression que 16 années se sont écoulés, c'est véritablement stupéfiant. Les potes assis dans les gradins nous rejoignent, l'impression est pour tous la même : grand grand concert, impressionnant, Gilles P ne s'en remet toujours pas, lui qui est pourtant si réservé par moments, ce soir il s'est pris une bonne claque, comme nous tous. J'attends maintenant avec impatience deux choses, tout d'abord la ressortie des deux premiers albums en versions re-masterisés et ensuite, l'occasion de retourner les voir sur scène, pourquoi pas à l'étranger avec des conditions de son optimum. En tout cas, j'espère qu'il ne seront pas dégoûtés de la France, et qu'il reviendront nous donner la bonne parole, celle de la déflagration sonique. »





My Bloody Valentine est un groupe noisy shoegaze irlandais. Malgré une production continue de singles et un album durant la seconde moitié des années 1980, le groupe devient véritablement phare lors de la sortie des albums Isn't Anything en 1988, qui marque toute la scène rock par ses mélodies saturées, et surtout du singulier Loveless en 1991, 16 ingénieurs du son sont crédités pour l'album. Un dernier album expérimental, unique et totalement novateur, que beaucoup de spécialistes considèrent aujourd'hui comme un des albums majeurs du rock anglais indépendant de la fin du XXe siècle. Le groupe n'a plus fait que quelques apparitions discrètes depuis lors, et les problèmes auditifs du chanteur et principale tête pensante, Kevin Shields, rendent l'hypothèse d'un nouvel album très improbable. Précurseur. Voilà un terme tout à fait approprié à My Bloody Valentine. Encore aujourd'hui, ce groupe fondé dans les années 80 continue d'influencer le post rock de son empreinte indélébile et encore inégalée.


























Kevin Shields : Vocal & Guitar
Belinda Butcher : Vocal & Guitar
Colm O'Ciosoig : Drums
Debbie Googe : Bass










I Only Said (Loveless - 1991)

When You Sleep (Loveless - 1991)
(When You Wake) You're Still In A Dream (Isn't Anything - 1988)
You Never Should (Isn't Anything - 1988)
Cigarette In Your Bed (EP - 1988)
Come In Alone (Loveless - 1991)
Only Shallow (Loveless - 1991)
Thorn (EP - 1988)
Nothing Much To Lose (Isn't Anything - 1988)
To Here Knows When (Loveless - 1991)
Blown A Wish (Loveless - 1991)
Slow (EP - 1988)
Soon (Loveless - 1991)
Feed Me With Your Kiss (Isn't Anything - 1988)
Sueisfine (Isn't Anything - 1988)
You Made Me Realise (EP - 1988)






La durée du concert : 1h15


AFFICHE / PROMO / FLYER



My Bloody Valentine - Only Shallow


My Bloody Valentine - Soon


My Bloody Valentine - Realise



My Bloody Valentine - Kiss




Aucun commentaire: