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mercredi 12 novembre 2008

MGMT ~ Alela Diane ~~ L'Olympia. Paris.










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21éme EDITION


Ce qu’en a pensé Eric :

« Le Festival des Inrocks, c'est à la fois une bénédiction et une plaie. Une bénédiction, parce qu'on peut y voir en une semaine à peu près tout ce que la planète rock compte de musiques importantes, ce qui est quand même un luxe inouï. Une malédiction, parce que cet enchaînement de sets trop courts chaque soir génère au final plus de frustration que de plaisir, et que l'alignement des nuits (qui commencent quand même trop tôt, en fin d'après-midi, et finissent toujours trop tard) mettent sérieusement en péril notre vie professionnelle (que de réunions importantes il nous faut fuir sans "excuse valable" - on ne peut pas décemment expliquer que l'on abandonne un client parce qu'on ne veut pas manquer Fleet Foxes à l'Olympia !) que familiale (on a quand même intérêt à ce que notre moitié partage notre passion, pour échapper à la soupe à la grimace à la maison !). Bref, novembre 2008... et on s'y colle à nouveau, autant avec excitation que résignation : c'est ça la vie du Rock'n'Roll motherf***r moyen !

Quand j'arrive à l'Olympia à 19 h 10, après une course folle en moto taxi depuis Orly, le set de Coming Soon est déjà commencé depuis trois morceaux. Je réussis à me placer au premier rang sur l'extrême droite, loin des copains, mais une place idéale pour moi : la tête dans la sono, la vue bien dégagée... et immédiatement, j'accroche sur cette superbe musique : en gros, tout ce que j'aime vraiment, un peu d'influences Nick Cave, Johnny Cash, voire Cohen, en moins sombre, réchauffé en fait par cet esprit "fanfare" qui fait fureur depuis 5 ans que Arcade Fire a lancé le genre. Ils sont 7 sur scène, et chantent à tour de rôle, échangent un peu les instruments, petite bande au look hétéroclite, avec un batteur qui doit avoir, sans exagération, 14 ou 15 ans (il faudra vérifier sur le net !) et qui viendra lui aussi en pousser une petite à l'ukulélé (à la mode, ça aussi, l'ukulélé). Le chanteur principal est un grand type dégingandé, coiffé d'un chapeau de cow boy bien dans l'esprit de la musique, qui agite ses bras dans tous les sens, et ira se payer une étonnante ballade au milieu du publique pour une belle chanson a capella. Seul regret, un léger manque d'intensité, alors qu'on sent que le groupe en a sous le pied... Et en plus, ils sont français ! Etonnant...

20 minutes d'entracte plus tard - à peine égayée par deux chansons d'un folkeux quelconque - voici Fleet Foxes, récente révélation, visiblement attendus par une large frange du public : on est comme prévu dans un esprit late sixties, "no bullshit" : les musiciens ont préparé eux-mêmes leurs instruments, et le concert se déroule dans une informalité anti-spectaculaire forcément attrayante à notre époque de musique super-produite. Hormis le look d'époque de Robin Pecknold, le chanteur, et sa volonté d'instaurer une communication constante avec les spectateurs (malgré la barrière linguistique, notre ami se définissant lui-même comme xénophobe, et ne paraissant pas forcément ouvert en effet aux idiosyncracies locales !), la musique est (malheureusement ?) sans surprise : belle interprétation assez technique des meilleures chansons des 2 albums. C'est parfois très très beau., mais au final l'étincelle attendue n'a pas lieu, et comme sur les disques, la musique de Fleet Foxes reste en deça de son potentiel. 40 belles minutes, mais pas un concert inoubliable, je me demande si le plus intéressant n'a pas été l'interprétation en solo et non amplifiée d'un classique du répertoire folk, qui a forcé une certaine extériorisation chez Robin... Pas de rappel, timing oblige, le public - beaucoup sont venus pour Fleet Foxes - râle...

Le miracle de "Pirate's Gospel", le disque de Alela Diane, c'est ce mélange inexplicable d'intimité bouleversante et d'intensité, et on se doute qu'il y a peu de chances que ce genre d'alchimie puisse être reproduite dans le cadre agité du Festival des Inrocks. De fait, le choix d'Alela de se présenter sur scène avec un véritable groupe (dont son papa...) oriente les 45 minutes du set vers un spectacle plus énergique (un peu) mais surtout plus conventionnel (beaucoup). Les chansons d'Alela Diane ne sont pas toutes brillantes, il faut bien l'avouer, et on a à de nombreuses reprises l'impression d'assister ce soir à un concert de folk américain comme onn imagine qu'il s'en joue des centaines chaque soir aux USA. Et d'ailleurs, le meilleur moment du set ne sera pas "The rifle" (manque de magie) ni "the Pirate's Gospel" en final (manque de puissance), mais une belle chanson traditionnelle qui verra enfin l'intensité monter un peu. Bon, à part ça, Alela Diane a une voix exceptionnelle, et ressemble beaucoup moins à une "native american" que sur la pochette de son disque !

Par rapport au concert étrange et décevant du Bataclan voici quelques mois, MGMT nous font ce soir une démonstration de puissance et d'assurance... peut-être parce qu'il n'y a plus l'effet de surprise de voir une formation rock "heavy" et psychédélique, peut-être aussi parce que le son de l'Olympia est naturellement excellent (enfin dans la limite de ce que produit MGMT, c'est-à-dire un chaos assez délirant parinstants...), peut-être tout simplement parce que le groupe a mûri et un peu mieux trouvé sa voie. Ça commence "très fort", avec une longue intro instrumentale très "Pink Floydienne" (comme me le faisait remarquer mon voisin...), et puis c'est à nouveau ce rock seventies à la fois démodé et finalement assez anticonformiste qui déferle sur nous : la voix d'Andrew est toujours légèrement sous-mixée, il faut dire qu'il ne chante pas très bien, le guitariste continue à être énervant avec ses poses heavy metal, mais il y a cette fois - par rapport au Bataclan - un certain équilibre qui se dessine. Mais, sans surprise, ce sont les grandes chansons pop qui mettent la foule en transe : "Weekend Wars", "Youth", puis une version musicalement excellente de "Time to Pretend", et pour finir ce court set de 7 morceaux, un beau "Electric Feel". Pourtant, curieusement, malgré l'hystérie féminine partout dans la salle, on n'a pas l'impression d'assister non plus à ces intenses moments de décollage qui avaient sauvé le concert du Bataclan. Le rappel sera heureusement plus satisfaisant : une interprétation très rock mais plus pertinente de "The handshake", puis enfin, enfin, le grand frisson, les larmes aux yeux pour... "Kids", bien sûr... en duo comme à chaque fois, mais dans une version finalement moins hystérique que celle du Bataclan. Et c'est fini. MGMT ont joué à peine 1 h 05, c'est la règle aux Inrocks. Dans la salle, les avis sont partagés : Gilles est toujours dubitatif, Clément est parti avant la fin, énervé. Moi, je trouve que ce grand n'importe quoi seventies, ça ne manque quand même pas de panache... même s'il faudra qu'Andrew et Ben renouvellent leur blague la prochaine fois.


Voilà, la première nuit des Inrocks se termine, on n'est pas encore prêt d'être au lit, avec les photos, le compte-rendu à rédiger, etc. Et demain soir, on recommence ! Dure, dure, la vie des Rock'n'Roll Motherf***s ! »





photos de eric

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