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lundi 1 décembre 2008

The Rascals ~ La Maroquinerie. Paris.







Première Partie :
MUSIC IS NOT FUN




Ce qu’en a pensé Eric :

« Le chanteur de Music Is Not Fun plie soigneusement sa veste avant le set, et Robert s'indigne : "Pas très rock'n'roll, tout ça". Le guitariste gratouille quelques accords, et Gilles soupire, consterné : "Libertines, Baby shambles... L'horreur !". Bon, tous deux auront quand même (un peu) tort : les lyonnais de MINF font bien leur boulot, les guitares sont saignantes, il y a quelques montées en puissance qui sont loin d'être désagréables, on sent que l'adrénaline pourrait être là, les influences sont variées mais discrètes (Johnny Thunders ? Replacements ? Libertines, ouuuaais !). Il manque une vraie voix pour soutenir les mélodies naissantes, et sans doute un peu de cohérence (voir l'épisode assez mauvais où tout le monde change d'instruments et où, d'un coup, on a l'impression d'avoir affaire à des fans d'Oasis ou de Kasabian). Curieusement, je suis le seul de notre bande à apprécier ! Où est passée notre indulgence envers les "petits jeunes qui débutent" ? Gilles B serait-il perdu pour le rock'n'roll, à force de fantasmer sur les folkeuses à voix éthérée ? Et le pire, c'est que c'est moi qui me fait chambrer ! Au secours !

La Maro est pleine de pisseuses de 14 ans, ce qui en soi n'est pas une surprise, et est même plutôt agréable (même si sur la sono, c'est logiquement la BO de Pulp Fiction qui déclenche des cris d'entousiasme du public, signe qui ne trompe pas...), mais notre petite bande, un peu dispersée, est là, fidèle au poste. On a tous suffisamment apprécié Miles Kane à l'Olympia lors du concert des Last Shadow Puppets pour attendre beaucoup de ses Rascals ce soir (très bel album, en plus, une fois franchie la barre des ressemblances...).

Miles Kane a tout du bon garçon, bon élève, bon musicien, connaissant ses classiques et fidèle à la tradition musicale de Liverpool, sa ville : sonner comme les guitaristes légendaires des sixties et reprendre Echo and the Bunnymen (version parfaite de "All that Jazz") et John Lennon (version moins euh... parfaite de "Instant Karma" !), c'est son truc. Guitariste brillantissime - installés à 35 cms de lui, nous nous perdons dans la contemplation de ses doigts qui virevoltent sur sa Gibson -, compositeur doué - faudra-t-il redire combien "Rascalize" est un très bon disque une fois qu'on a accepté de l'écouter ? -, il EST The Rascals. Même si les deux autres membres du trio assurent une section rythmique puissante qui sait enclencher le turbo chaque fois qu'il le faut, tous les regards sont scotchés (dans le noir ! Bonjour la lumière ! Tout simplement, la scène était éteinte ce soir !) sur Miles, sa guitare, sa boîte à effets - impressionnante.

Le concert démarre doucement - ce qui ne veut pas dire pas bien ! - avec une poignée de morceaux exécutés brillamment, et de manière assez fidèle à l'album (même si Clément se plaindra de l'absence d'un passage à la guitare de "Does your husband know...", mais Clément, c'est un spécialiste qui perçoit des trucs que nous, simples mortels, ignorons !). C'est au bout d'une vingtaine de minutes que les choses sérieuses arrivent, alors que Miles se lance dans l'une de ces accélérations frénétiques dont il a le secret ("It's a whorehouse in here ! It's a whorehouse in here !") : on passe alors du BON concert à l'EXCELLENT concert, et on y restera pendant les 40 minutes qui suivront, pleines jusqu'à la gueule de mélodies subtiles mais rayonnantes, d'arpèges métalliques et de riffs tranchants (comme on dit dans ces cas-là). Miles sourit de plus en plus, se fait chambrer par des mancuniens éméchés qui viennent visiblement par leurs cris troubler sa concentration, et nous livre un set impeccable de 65 minutes, avec la quasi intégralité de son album et son EP, plus les reprises sus-citées et une ou deux chansons inédites (à retenir "Chills and Fever", très réussie).

La salle exulte mais reste relativement sage, on danse et on chante sans trop bousculer son voisin. Ce qui m'amène à ma seule interrogation : qu'est-ce qui fait que, malgré tant d'excellence et d'énergie, malgré un son aussi fort que magnifiquement équilibré (rare à la Maro d'entendre aussi clairement la voix quand la guitare joue aussi fort...), on ne soit jamais passé à un concert EXCEPTIONNEL ? Qu'on n'ait pas basculé une seule petite fois dans l'hystérie, qu'on n'aie pas ressenti cet orgasme total qui est la marque des moments inoubliables ? Est-ce qu'on en revient au fait que Miles soit un garçon un peu trop sage, trop appliqué, finalement, pour lâcher complètement la bride de sa musique et laisser le délire le (nous) gagner ? Bah, ce garçon a un tel talent que, selon le terme consacré, l'avenir lui appartient... Et nous, nous voici avec un groupe-fétiche de plus !»



photos de eric

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