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lundi 6 octobre 2008

Razorlight ~ La Maroquinerie. Paris.









Ce qu’en a pensé Gilles :

« Soirée plutôt exceptionnelle aujourd’hui à la Maro, avec ce concert que l'on pourrait qualifier de promotionnel du groupe Razorlight pour préparer la sortie de leur 3ème album. Avec Eric, nous nous sommes organisés pour avoir des places (en vente uniquement à la Maroquinerie), je remercie d'ailleurs Françoise de s'être déplacée pour nous les procurer. Et je remercie aussi Xavier pour l'invitation qu'il m'a donné. Bref, maintenant que la logistique concernant les billets est assurée, il nous reste ce fameux concert. Car les concerts promo, j'en ai des souvenirs mitigés : un Kasabian décevant au même endroit il y a deux ans, Kaiser Chiefs au Trabendo en 2006, idem assez décevant. Le seul concert promo enthousiasmant que j'ai vu récemment c'était The Do au Nouveau Casino. D'où ma méfiance concernant le résultat de ce concert... Mais bon, l'occasion est bonne pour voir le groupe de près, et de pouvoir apprécier à sa plus juste mesure ce qu’il donne en live.

La Maro 17h45 le lundi 6, il n’y a pratiquement personne dans le petit hall, juste Rod du site Le Hiboo qui est déjà présent. On passe le temps en discutant tous les deux. Eric arrive lui aussi assez tôt. C'est clair que les places au premier rang seront assurées. Mais franchement, je suis vraiment surpris de ne pas voir une cohorte de jeunes filles excitées devant la salle, juste quelques mignonnes petites blondinettes plutôt sages. Surprenant, mais tant mieux. Vincent, puis Sophie ne tardent pas à nous rejoindre... Une Sophie encore toute excitée par l'interview que lui a accordé Razorlight, et particulièrement Johnny Borrell dans l'après-midi. D'après ses dires et ceux d'Eric, il faut s'attendre à un changement au niveau du troisième album, plus "Springsteenien", moins "pop" peut-être mais a priori d'excellente facture. Mais qui pourrait déconcerter les fans. On verra bien tout à l'heure. Quoiqu'il en soit, c'est sans difficulté que nous prenons possession d'une partie du premier rang, côté gauche, nous essayons toujours de nous mettre en face de la guitare... bien que ce soir, il y en ait deux, Johnny Borrell assurant une bonne partie du concert à la guitare. Autant le dire tout de suite, je ne considère pas Razorlight comme le fer de lance de la brit pop, d'ailleurs on ressent beaucoup d'influences américaines dans leur musique. Non, moi j'aime bien ce groupe mais sans plus, deux bons albums, 2 ou 3 morceaux qui sortent du lot, mais ce n'est pas mon groupe de référence. Voilà, le décor est planté. Pas de première partie, ce n’est pas plus mal.

20H40, le groupe arrive sur scène, avec bien entendu en dernier un Johnny Borrell toujours aussi affuté physiquement, mais la surprise viendra tout simplement de sa tenue vestimentaire : finis les vêtements blancs qui le faisait passer pour un ange descendu du ciel, d'ailleurs pas mal de personnes lui reprochaient un peu ce look. On sent d'entrée que l'aspect musical sera important ce soir, et que tous les côtés superficiels qui pouvaient énerver sont désormais mis au rancart. Attention, Borrell focalise toujours l'attention de toute l'audience, mais on le sent presque plus "humain", sûrement le fait des conditions exceptionnelles ce soir dans cette petite salle, et ce quasi contact avec le groupe. Un petit mot sur le son, presque parfait, guitares, voix et batterie, tout sera parfaitement équilibré, seule petite ombre au tableau lorsque Johnny Borrell jouera du piano électrique, le son sera couvert par les autres instruments, mais rien de bien grave. Un concert, on sait parfois dès le premier morceau s’il sera réussi ou non. Ce sera le cas ce soir, car après les premières minutes de Golden Touch (ben oui, cela commence fort), j'ai l'assurance que le concert sera tout sauf superficiel. Ma première impression est simplement que la qualité est au rendez-vous. Le chant est parfait, pas de démonstration explosive, non juste une concentration pour interpréter le morceau de la plus belle manière qui soit. Je suis donc déjà rassuré. Reste à voir ce que vont donner les nouveaux morceaux car là, c'est l'inconnu malgré les échos favorables que j'ai eu. En tout cas Borrell a mûri, la coupe de cheveux plus sobre ,une attitude générale moins démonstrative, beaucoup plus axée sur la musique.

Après ce beau début de concert, des nouveaux morceaux apparaissent, plutôt pas mal même si personnellement, je ne trouve pas un grand changement par rapport aux albums précédents. Certainement une certaine maturité dans les compositions, pas de chansons qui vous saute aux yeux (ou plutôt aux oreilles). Mais en tout cas, de la qualité c'est sûr. La chose que je n'avais pas vraiment remarquée lorsque j'avais vu Razorlight, c'était la présence de Andy Burrows : ce mec devait être bucheron dans une autre vie. Je m'explique : ce soir, il y avait deux attractions sur scène, Borrell bien sûr... mais rapidement j'ai les yeux fixés vers sur la batterie, où l'on essaie d'apercevoir un visage constamment masqué par une tignasse qui virevolte dans tout les sens, il n'y a pas de doute, Keith Moon a un fils en la personne de Andy Burrows, lui aussi adepte des roulements de batteries impétueux et démonstratifs. Il est fort, très fort. Et à l'opposé de cela, en face de nous Björn Agreen semble lui beaucoup plus effacé, voire carrément discret avec son look à la Billy Corgan. Ce qui m'a étonné le plus, c'est qu'il m'a semblé sous amplifié par rapport à la guitare de Johnny Borrell. Et même au niveau de ses interventions, je l'ai trouvé assez effacé. Moment de bravoure avec In The City, morceau joué habituellement en fin de set, qui trouve sa place maintenant pendant ce premier tiers de concert. Que dire de cette version ? C'est très simple, et cela se résume en deux mots : magnifique et courte. Magnifique tout d'abord, parce que le morceau a été joué en finesse avec beaucoup d'émotion. Courte ensuite, car j'ai été légèrement frustré par la durée du morceau, moins importante me semble-t-il que les fois précédentes. Mais ces quelques minutes auront été splendides. Bien sûr on ne peut s'empêcher de penser à Gloria, mais que c'était bon ! Et là, j'ai retrouvé un Borrell arpentant de long en large la petite scène de la Maroquinerie, j'ai d'ailleurs immédiatement pensé à Mick Jagger en le voyant sur ce morceau... mêmes attitudes scéniques. Dans la foulée, on continue en beauté avec Before I Fall To Pieces, puis Vice et enfin America, qui, quoi que les gens en disent, est un très beau morceau, magnifiquement chanté.

Déjà à ce niveau du concert, je sais que ce soir, ce n'est pas juste un concert pour promouvoir le nouvel album. Non, le mélange d’anciens et de nouveaux est parfait, le groupe a envie de jouer, et le public, loin d'une certaine hystérie que l'on aurait pu redouter, est au contraire attentif, mais sans être passif pour autant. Idéal, quoi ! Johnny au piano, je ne me rappelle pas qu'il le faisait (mais ma mémoire et mon grand âge peuvent me jouer des tours !). En tout cas ce soir, il passera derrière la piano à plusieurs reprises, joliment éclairé de profil par une sorte de lampe de chevet. J'ai juste relevé un morceau parlant de la mort de son père me semble-t-il. Bien, mais pas ce que je préfère tout de même. Après In The City, mon coup
de cœur reviendra à Los Angeles Waltz. Voilà un grand morceau ! Là, j'ai ressenti de l'émotion, et tout un panel de sentiments, qui allaient de la nostalgie à la tristesse. Morceau qui me donnerait presque envie de pleurer tellement il est beau... Une version honnête de In TheMorning vient clôturer le concert, le groupe joue depuis 1h10, c'est déjà plus que lors de leurs précédents passages.

Petite anecdote alors que je ramasse la set list posée sur la scène devant moi, le staff technique vient remettre une nouvelle set list, augmentée cette fois de 5 morceaux, ceux des rappels manifestement. Et bien sûr le groupe revient sur scène, pour un beau final d'environ 20 minutes se concluant par Rip It Up (que le groupe ne jouait plus lors de leurs précédentes apparitions).

Il n’y a plus qu'à attendre sa sortie pour véritablement se faire une opinion de leur 3ème album. Les avis se soir sont plutôt unanimes, très beau concert, pour moi au delà de ce que j'attendais. Il y aura maintenant ce concert du Bataclan fin Novembre, l'ambiance sera tout autre, plus survoltée certainement, ce sera une autre manière d'aborder Razorlight. Mais ce soir, nous avons eu la chance d'assister à un concert quasi parfait dans des conditions privilégiées. »






photos de rod


Razorlight est un groupe de pop rock britannique formé en 2002 autour de Johnny Borrell, qui fut auparavant "conseiller" et parfois bassiste des Libertines.Les acolytes livrent leur premier disque, Up All Night, dans les bacs en 2004. C'est véritablement leur prestation en 2005 au Live 8 de Londres qui leur ouvre en grand les portes du succès.




























Johnny Borrell : Vocals - Guitars
Bjorn Agren : Guitars
Carl Dalemo : Bass
Andy Burrows : Drums





















Golden Touch (Up All Tonight - 2004)
Somewere Else (Up All Tonight - 2004)
Tabloid Lover( Slipway Fires - 2008)
North London Trash ( Slipway Fires - 2008)
Wire To Wire ( Slipway Fires - 2008)
In The City (Up All Tonight - 2004)
Before I Fall To Pieces (Razorlight - 2006)
Vice (Up All Tonight - 2004)
America (Razorlight - 2006)
The House ( Slipway Fires - 2008)
Hostage Of Love ( Slipway Fires - 2008)
Stumble & Fall (Up All Tonight - 2004)
Los Angeles Waltz (Razorlight - 2006)
You And The Rest ( Slipway Fires - 2008)
I Can’t Stop This Feeling I’ve Got (Razorlight - 2006)
Stinger ( Slipway Fires - 2008)
Burberry Blue Eyes ( Slipway Fires - 2008)
In The Morning (Razorlight - 2006)

Encores

Blood For Wild Blood ( Slipway Fires - 2008)
Don't Go Back to Dalston (Up All Tonight - 2004)
Fall, Fall, Fall (Up All Tonight - 2004)
Monster Boots ( Slipway Fires - 2008)
Rip It Up (Up All Tonight - 2004)

La durée du concert : 1h30

AFFICHE / PROMO / FLYER




Razorlight - I Can't Stop This Feeling I've Got



Razorlight - Before I Fall to Pieces



Razorlight - America



Razorlight - Wire To Wire

Razorlight ~ La Maroquinerie. Paris.








Ce qu’en a pensé Eric :


« L'histoire de ce concert (exceptionnel, car à la Maroquinerie, écrin minuscule pour l'ego de Razorlight) a commencé il y a 3 semaines, lorsqu'il a fallu trouver quelqu'un pour aller faire la queue Rue Boyer à 14 h 00 acheter des places que l'on imaginait fort disputées. C'est Françoise qui s'y est collée, qu'elle en soit remerciée, surtout qu'au final, elle n'aura pas pu y assister, à ce concert !

L'histoire a ensuite rebondi avec l'annonce par Clément qu'il devait bel et bien interviewer et photographier Johnny Borrell et Razorlight à l'hôtel Renaissance, ce même lundi après-midi. D'où un week-end studieux à écouter une copie watermarkée du futur album, "Slipway Fires", que la maison de disque nous avait remise, et à préparer des questions que Sophie et Clem voulaient le plus pertinentes possibles. Comme Johnny nous fait son petit Springsteen en long et en large de ce nouvel album, assez réussi, il y en avait, des questions pertinentes, rassurez-vous !

14 h 30, Clem et Sophie font leur interview, et, apparemment, ça "clique" tout de suite avec Johnny (comme quoi, la préparation, et un véritable intérêt pour la musique d'un artiste, ça fait la différence !). A la fin, le beau Johnny fait la bise à Sophie, qui jure qu'elle ne se lavera plus la figure pendant 15 jours...

Finalement, peu de gens dans notre petite bande aiment vraiment Razorlight : trop commerciaux (le second album, tentative éhontée - et réussie - de gagner les charts), trop américains pour un groupe anglais, trop indiscernables dans leur capacité à parcourir un spectre musical finalement assez varié. Mais nul ne peut nier que Johnny Borrell et sa bande sont un formidable groupe de scène, conjuguant parfaitement le charisme juvénile d'une star "populaire" (les toutes jeunes filles se pâment, veulent toucher) avec une énergie étonnante. Et ce soir va encore confirmer ce sentiment d'excellence que donne Razorlight en live. Dans une Maroquinerie sold out mais pas bondée (trop d'invités qui ne sont pas venus ?), dans laquelle flotte une excitation légère, Razorlight attaque très fort d'emblée avec "Golden Touch" : le son est clair, sec et puissant, la voix de Borrell à peu près toujours audible (sauf lorsque le batteur, Andy Burrows, dont je ne me souvenais plus qu'il était aussi impressionnant, se déchaîne sur ses fûts, juste en face de nous), "Golden Touch" est réinterprété au rasoir, légèrement accéléré, durci : s'agissant de mon morceau préféré de Razorlight - et de l'un de mes 5 morceaux préférés de la décennie (midinette que je suis !) -, l'émotion me submerge, je sens que je suis parti pour un beau concert.

Razorlight est là ce soir pour faire découvrir à son public parisien le nouvel album (celui du "back to basics", d'après Johnny, qui a cherché encore une fois à réinventer sa musique, au plus près d'une vérité qui est forcément pour lui du côté d'une tradition "américaine" du songwriting). Ils nous en interpréteront donc l'intégralité des chansons, à l'exception de "60 thompson", une exception notable puisque Johnny avait déclaré à Sophie et Clem, l'après-midi même, que c'était sa chanson favorite de l'album ! Ce qui est intéressant, c'est que ces nouvelles chansons, qui sonnent relativement différentes sur l'album, plus mûres, plus posées, s'intègrent ici logiquement dans la continuité des autres, portées par l'émotion tangible dans la voix de Johnny, très convaicant et concentré ce soir, et par les explosions rageuses du groupe qui joue avec une énergie qu'on n'ose plus attendre d'un groupe ayant déjà atteint la consécration... Oui, c'est bien un groupe rajeuni, régénéré qui est devant nous, ce sera particulièrement sensible sur une version lourde, menaçante, noisy presque, de "Stinger", blues primaire qui chante la difficulté douloureuse des amours de Johnny (une constante dans ses textes). Mais toutes les nouvelles chansons passent remarquablement bien, de "Hostage of Love", sans doute un prochain single, à "The House", moment poignant qui voit Johnny seul au piano tenter l'exercice périlleux de l'introspection en public.

Mais la (bonne) surprise de ce soir, c'est que, là où nous attendions un show promotionnel / service minimum, Razorlight nous gratifie d'un vrai concert (1 h 30), revisitant largement ses deux albums précédents : comme il l'avait promis l'après-midi, Johnny n'ôtera pas sa chemise ("ce sont maintenant des temps différents"), mais, à part cela, l'offrande au public sera absolument généreuse. Johnny va et vient, trouvant sans doute la scène de la Maro un peu étroite pour lui, escaladera la sono comme toujours, et chaque chanson sera revisitée avec une rage positive qui la dépouillera sans doute de ses derniers oripeaux pop, mais cimentera au final le set dans ce sentiment gratifiant que Razorlight délivre ce soir un show "unique", soutenu par la joie de retrouver l'ambiance radicalement différente d'une toute petite salle.

Les sommets du concert seront, sans surprise cette fois (hormis "Stinger" déjà mentionné), "In the city" (frénétique et absolument jouissif), "L.A. Waltz" (Johnny nous esquissera, radieux, deux ou trois pas de valse...) et un "Rip it up" tonitruant en final survitaminé et électrifié, laissant tout le monde K.O. et ravi. Morale de l'affaire : pas besoin de retourner dans la fournaise du Bataclan le 30 novembre prochain pour la tournée "officielle" de Razorlight, nous avons vu ce soir le groupe dans ce qu’il pouvait offrir de meilleur. »



photos de eric