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mercredi 24 septembre 2008

Black Lips ~ La Boule Noire. Paris.










Première Partie: CHEVEU + MARK SUKTAN (AKA BBQ)


Ce qu’en a pensé Vik :
« Probablement que tout le monde le savait, que ce mercredi tranquille et gris de septembre allait se transformer en une orgie de rythme et de sueur. Tout le monde sauf moi ! Et pourtant Gilles me l'avait bien dit... Tout a commencé par un changement de salle, du Trabendo à La Boule Noire (la petite salle jouxtant la Cigale), une bonne nouvelle, car la salle est plus petite, plus conviviale et idéale pour échanger des vibrations avec l'artiste. Black Lips, en 2000, ils avaient juste quinze ans quand ils se sont décidés à mettre en musique tout ce qu’ils avaient entendu et digéré, avec un son contaminé par le « garage » le plus pur, étoiles et larsens compris. Aujourd'hui, avec leur cinquième album (« Good Bad, Not Evil », titre inspiré par une chanson de Shangri-LA), ils sont prêts à tourner à nouveau dans les bars à prostituées pour y apporter leur délire musical, brut et désaccordé. Le concert de ce soir, comme prévu,est sold-out, d’un public de connaisseurs ne voulant pas rater cette douche d’une chaleur de four industriel, ce groupe qui est le seul véritable authentique héritier d'un son punk. Avec les deux Gilles (B. & P.), escortés par Philippe M., on est les premiers à rentrer dans la salle plongée dans une demi-obscurité. Je me place sur la droite, en haut d'un banc pour mieux dominer la scène, avec Gilles P., malade mais courageux (c’est un concert qu’il ne veut pas rater...), pendant que l'autre partie de la bande s'installe, comme d'habitude, côté scène à gauche. Les bières commencent à affluer, et la salle commence à se peupler. On sent comme des étincelles dans l'air. Gilles B., nous dit en souriant qu'il faut se préparer à assister à un vrai concert punk, où tout est permis, où les règles n'existent pas : il connaît la réputation tapageuse du groupe. Donc, c'est un danger anticipé, mais aussi un plaisir de se précipiter pour assister à l’un de leurs concerts. L'attente est bien longue, heureusement le bar est ouvert. Bières à volonté !

20h30 : un groupe francais, Cheveu, trio parisien, monte sur scène, en ouverture de la soirée. Un groupe qui surprend. Le chanteur arbore un t-shirts blanc collector avec une effigie "Allez Giscard, chez la France !", devant lui : une petite table Yamaha,. Il hurle ses textes avec des vocalises bizarres, viscérales. Un guitariste, style rock, lance des riff grésillants, et un musicien assis derrière une boîte à effets et des synthés vintage envoie des nappes de rythmes secs, triturés et déjantés. C'est du rock expérimental lo-fi, avec grincements et distorsions, dans la lignée de Suicide, avec un côté Residents et Modern Lovers. Une musique qui peut en effet surprendre, car ce son qui décoiffe est plutôt du bruit, ressemble à un réjouissant brouillon de « garage », un chaos sonore... Moi, je n'aime pas, aucun morceau n’émerge du lot. Le concert ne semble pas être à l'image de l'album, que je dois réécouter. Un set de 30 minutes qui chauffe quand même un peu la salle. Le public devant bouge un peu, derrière on boit des bières face à un bar un peu exigu.

21h10 : les lumières s'éteignent de nouveau, place au deuxième groupe : Mark Sultan (aka BBQ), canadien. C'est un one-man band, car Mark est un multi-instrumentiste, avec grosse caisse et caisse claire aux pieds, guitare et naturellement chant... Le concept est séduisant, on se rend compte qu’on a en face de nous un grand showman et un grand musicien. Chauve avec une casquette, assis sur une chaise, son pied nu posé sur un tambourin, Mark donne le coup d'envoi d'un set assez rock composé de chansons superbes, comme un ange possédé, avec une énergie sauvage. Une voix r'n'r années 50, simple, directe, qui accroche. La foule devant la scène est bien consciente de l'intensité, mais ne réagis pas trop. Deux musiciens, un guitariste et un bassiste, arrivent discrètement dans la pénombre pour l'accompagner, dans un son brut de guitares et de rythmes martelés. C’est du rock entraînant, qui donne envie de crier "oh yeah!", avec des titres courts mais furieux, et un jeu impulsif. Un set de 30 minutes, une bonne découverte, vraiment agréable, et un disque à écouter rapidement avec attention. A revoir vite en tête d'affiche.

La soirée se poursuit, et l'atmosphère devient plus intense. La foule se prépare au pogo à venir et un noyau dur de fans commence à afficher une certaine ardeur.

22h00 : le groupe vedette de la soirée, les quatre américains de Black Lips rentrent sur cette scène minimaliste, éclairée par des lumières dorées et psychédéliques. Ils commencent à accorder leurs instruments, prouvant qu'ils n'ont pas fait de sound check. Normal, c'est bien de « garage » qu’il s’agit : ils n'ont pas confiance en les roadies. Il n'y a rien à refire aux musiciens qui sont sur scène, on voit tout de suite qu'ils ont quelque chose de spécial, un look assez soigné. Jared, le bassiste-chanteur, avec sa moustache (il me rappelle Eugene de Gogol Bordello) et t-shirt décolleté Coq Sportif aux couleurs de l'Ajax ; Ian, le guitariste au sourire aux dents en or, fier de son t-shirt d'Atlanta ; Cole, l'autre guitariste moustachu, déguisé d’un chapeau pointu, et portant une chemise beige dans un style Pancho Villa ; le dernier, Joe le batteur, en t-shirt jaune rayé jaune et noir... quatre visages de débiles profonds ! Ils sont calmes, face à un public déchaîné qui crie et qui veut commencer son pogo. One, two, three, four... dès la première chanson - Sea Of Blasphemy - un match de rugby (sans balle) s’engage devant la scène, dans la fosse au milieu des lions, et les gobelets de bière s'envolent.

Leur garage-rock puissance dix, crade, souvent exaspéré, ressemblant à du pur et simple bruit, composé de chansons pop inclassables (du rock'n'roll mélangé avec tout ce que vous voulez), courtes (entre 2 et 3 minutes), est plein de références multiples : Mersey Beat, Kinks, Beach Boys, rock'n' roll, punk... Je suis surpris par l'énergie et le style, et je suis chaviré de bonheur. En ferman les yeux, je me serais cru dans les années 60, en train d'écouter des 45 tours. C'est un concentré de cris, de mouvements hyper dansants, de pur divertissement sur une musique rapide et cahotante : oui, le punk des années 60 revit dans une orgie sans compromis. Les titres s'enchaînent, ultra rapides, sur les déflagrations soniques d'un batteur frénétique qui casse ses baguettes : Boomerang, Dirty Hands. Puis les notes de la basse, et un fuzz dégoulinant... c’est le dévastateur O Katrina !, repris et crié, su des effets de lumières psychés, qui déclenche le chaos dans la salle, dans le même esprit que Children of Nuggets. Sur scène tout y est, c'est un ouragan d'une grande intensité, avec des crachats vers le plafond, c’est le délire total : Cole joue comme il peut, cherche un peu de place, saute, perd son chapeau, s'allonge par terre, montre ses couilles, casse les cordes de sa guitare. La scène est envahie constamment par les fans allumés, qui chantent dans le micro et dansent. Un fan montre même ses fesses ! Pure folie ! Le groupe a du mal à protéger sa petite place sur la scène mais, imperturbable, continue à balancer ses morceaux : Make it, Buried Alive, Fairy Stories... la salle survoltée résonne au plus haut point des sons désaccordés des guitares (pas de solos, faute de temps !). C'est du rock, du vrai, du garage, une rythmique virulente à la Seeds, Cramps, Count Five, Shadows Of Night, Fleshtones, MC5, 13th Floor Elevator,,.. une longue liste de références. C'est déjà l'émeute sur la scène, devenue un véritable trampoline pour les gogo-dancers, on se lance sur la foule (... y compris un membre de la sécurité pour attraper un fou survolté). Ca cogne. Ça balance. Le spectacle est aussi dans la salle avec les pogos et slams de rigueur. Les quatre musiciens sont exceptionnels, ils sautent, dansent, s'agitent tout le temps. Il est difficile de ne pas se laisser prendre dans ce tourbillon de sons. A un moment le pied de micro est attrapé par une main et un passionné anonyme vole le micro. Moment de panique, on n'en a pas de rechange, Jared arrête de jouer en faisant signe au groupe et réclame, fâché, le retour du micro. Pour une blague, c'en est mauvaise... mais miracle, le micro réapparaît. Trois accords pour faire bourdonner nos oreilles à nouveau, et le concert continue. l’excitation repart avec Bad Kids, puis une reprise déglinguée et désaccordée de Jacques Dutronc, Hippie, Hippie, Hoorah (« Breathe on me, yeah, oh, Baby just, breathe on me »), fait exploser l'ambiance. Sur Cold Hands on assiste à un envahissement de l'espace totale de la scène par le public, et le groupe finit le morceau au mieux, avant d'en profiter pour quitter la scène, et se préparer pour le rappel.

Le temps de se badigeonner de sueur, ils reviennent vite pour deux titres et un final d'anthologie, avec des guitares presque sans cordes et des bousculades étonnantes.

Les lumières se rallument, sans aucune musique de fond. L'atmosphère a une odeur de transpiration intense. Gilles B., joues rouges, prend son petit air de Calimero, une expression touchante, et, des morceaux de tissus dans les mains, me dit : « Ils ont déchirés mon t-shirt... ». « Et en plus un collector... », ajoute Philippe M., ravi du concert.

Seulement 58 minutes de folie, c'est court, on a le sentiment d'un petit côté expéditif, mais le concert a été intense et excitant. Musicalement, rien de nouveau... mais beaucoup de Tequila ! Ce n’était peut-être pas mémorable, mais certainement c’était du « garage » comme on l'apprécie. Par-dessus tout, et c'est ce que j'aime voir à un concert, c'est du spectacle : Black Lips, groupe hors du temps, a une passion intacte pour la musique, un grand désir de donner du plaisir et d’amuser les amateurs, avec ce son insensé de guitares grinçantes bien crades (comme le titre de leur dernier album « Good Bad Not Evil »). Et on dit : « Rock and roll is dead » ?.. il faut écouter les Black Lips une nuit entière ! Mais attention on peut en devenir dingue ! Heureusement qu'ils sont là pour rajeunir la scène musicale. Pour info quand même, les morceaux sur CDs sont différents, et sonnent nettement moins garage : ce soir, le mot « live » a une vrai signification...

On sort de la salle, dehors il y eu un baston, devant la Boule Noire, avec intervention de police et du Samu. A ce moment-là j'ai un doute : non, j'en suis sûr, ils n'ont pas pissé sur scène, mais c'était bien, ce mercredi soir. Un tranquille mercredi de Septembre. Et les prostituées ? La prochaine fois... Ils ne faut pas désespérer, car ils reviennent en février pour la suite... il ne faut pas les rater, et surtout prévenez vos amis ! Nuggets or die.

Bad kids all my friends are bad kids
product of no dad kids
kids like you and me »

Blacks Lips sont un groupe de garage punk rock originaire d'Atlanta (Géorgie aux États-Unis) formé en 2000. Ils se définissent eux-mêmes comme un groupe de « Flower Punk ». Ils ont un son rappelant les Kinks des débuts ; c'est crade, violent et ça rend fou. Leurs concerts sont entachés d'une solide réputation d'énergie et sont ce qui se fait de mieux sur scène actuellement. Ils ont l’énergie crue du punk. Et ils ont le son cradingue et drogué des groupes garage 60’s. Ils ont tout bon.


* Black Lips! - 2003
* We Did Not Know the Forest Spirit Made the Flowers Grow - 2004
* Let It Bloom - 2005
* Good Bad Not Evil - 2007






Cole Alexander : vocals, guitar, penis
Jared Swilley : vocals, bass, party shorts
Joe Bradley : vocals, drums, screams
Ben Eberbaugh : guitar








La durée du concert : 0h58

AFFICHE / PROMO / FLYER



Black Lips - "Cold Hands" UK Video


Black Lips - 'Veni Vidi Vici' - Directed By Edward Tegethoff


Black Lips - "Stranger"

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