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jeudi 5 février 2009

The Stranglers ~ L'Olympia. Paris.








Première partie:




Ce qu’en a pensé Eric :


« Jay Jay s'approche du bord de la scène, frappe violemment sa basse avec un grand sourire, avant de s'agripper le paquet d'un ait interrogateur. Traduction (quelques instants plus tard) : "est-ce que vous sentez le son de ma basse dans vos couilles ?" Non ? Alors, on monte le son. Et c'est No More Heroes, l'une des grandes hymnes datant d'une époque où l'on conspuait toutes les hymnes.

Flashback...

Est-ce une bonne idée d'aller au concert quand on est fondamentalement dans une période "noire", moitié déprimé, moitié en colère ? Aller voir les "Men In Black" paraissait quand même aller de soi, les Stranglers en connaissant quand même un rayon en matière de déprime et de colère. Mais auparavant, il faut se farcir la galère du vestiaire (pour l'équipement de moto), le public pénible de fans quinquagénaires qui ne se déplacent que pour les Stranglers (mais de toute l'Europe - voir le mélange d'Anglais et de Néerlandais brailleurs derrière nous) et dont les propos avinés (abierés, ça se dit ?) vérifient l'adage : "Jeune con deviendra vieux con".

Je ne suis donc toujours pas de bonne humeur pour apprécier Kim Novak, petit groupe français déjà vu à la Maro (mais quand ?) et oublié depuis. Ce qui est sympathique avec ce genre de trio sec en noir et blanc, c'est quand la musique monte en puissance, que la rythmique s'emballe, et que la guitare dérape (jusqu'à en échapper des mains du chanteur !). Ce qui l'est moins, c'est le reste, les compos qui ne ressemblent pas à grand chose, le vague sentiment d'ennui qui nous envahit peu à peu. Bref, 35 minutes ni bonnes ni mauvaises, à écouter un groupe sympathique, sincère, dont on aimerait plus aimer la musique. Je sors de là avec la certitude que je les aurai oubliés d'ici à la prochaine fois qu'ils feront une première partie...

Ça gueule de plus en plus derrière Gilles P et moi, je sens que ça va être pénible avec les Anglais imbibés... Je me retourne donc pour négocier pied à pied notre tranquilité ("Vous faites pas d'illusion, les gars, vous ne passerez jamais devant nous ! Et ne prenez pas les gens pour des cons !"), avec un succès indéniable. Mais bon, c'est à peu près ce à quoi on doit s'attendre à un gig des étrangleurs, non ?

Ce qu'il y a de bien quand on est au plein milieu du fan club écossais des Stranglers (venus en "bousss"), c'est qu'on entend bien les paroles de chaque chanson, vu que tout le monde les hurle en choeur. Donc, un peu d'inquiétude au niveau son au début, puis l'ingé-son arrive à couvrir la foule déchaînée. Bon, il n'y a plus l'effet de surprise de la dernière fois à la Cigale, le principe est identique, les Stranglers sont de retour avec ce son immédiatement reconnaissable de leurs premiers albums, un son que finalement personne n'a pour l'instant oser copier : une basse à la fois brutale et virtuose, des claviers psychédéliques, une guitare mininaliste et saccadée, et une voix porteuse d'ennui profond et de menace permanente. Comme la dernière fois, Jet Black est remplacé derrière les fûts par son fort honorable roadie ("Je ne vous révélerai pas s'il s'agit de son fils bâtard", plaisante Jay Jay). Comme la dernière fois, les claviers sont un tout petit peu trop en retrait du point de vue volume sonore, malheureusement. Par contre, la voix est bien claire, ce qui permet de constater que Baz Warne (les fans l'interpelle en l'appelant "Vic", comme quoi sa ressemblance avec le héros de The Shield n'est pas que le fruit de mon imagination...) est un chanteur digne de Cornwell, reprenant fondamentalement l'essence du chant "stranglers" sans chercher trop à le copier. Greefield, presque invisible derrière ses claviers, se fend la poire pendant les trois quarts du concert, et a droit à ses cinq minutes de triomphe sur Always the Sun, amusant les fans d'un petit gimmick musical. JJ danse avec sa basse, félin et radieux - qu'il est loin le Burnel bête et méchant des années 70-80 ! -, et continue d'incarner mieux que quiconque l'esprit des étrangleurs.

Cette tournée a donc adopté le principe d'un "best of", ce qui ravit tout le monde, et a donc presque rempli une Olympia transpirante et enthousiaste (encore une différence notable, positive celle-là, par rapport à la Cigale de la dernière fois...). Pourtant, l'équilibre des morceaux est très semblable, avec un démarrage brutal par les premiers hits de "l'âge du rat" (Get A Grip on Yourself en ouverture, 5 minutes hurlé en choeur par la foule, Peaches obscène et provocateur comme aux premiers jours : "Is she trying to get of that clitoris ? Liberation for women, that's what I preach"), un merveilleux Nice and Sleazy qui rappelle que oui, "Black and White" est bien à jamais le meilleur album des Stranglers, avant de se lancer dans les morceaux plus complexes (The Raven), puis dans les tubes (Always the Sun donc, Golden Brown, toujours pas très bon en scène malgré un excellent solo de Baz à la fin), avant de revenir vers plus de dureté. Superbe version du classique Walk on By (la meilleure que j'ai entendue sur scène, je crois), la traditionnelle reprise des Kinks en pilotage automatique pour faire plaisir à la foule (All Day and All Of the Night), un Tank qui écabouille tout - un fan écossais vêtu d'un kilt est autorisé à venir danser avec le groupe sur scène... Double rappel, triple plaisir : Nuclear Device, Something's Better Change, et logiquement No More Heroes pour conclure... Au final, 1 h 25 un peu inférieures au concert de la Cigale : un set clairement moins violent, malgré l'enthousiasme de la foule, et puis il manquait à l'appel Death and Night and Blood, et London Lady, qui avaient d'ailleurs été parmi les sommets de la fois précédnte. Et toujours pas trace de Toiler on the Sea, malheureusement !


Je sors de là en nage, broyé par la pression du "pack écossais" (même si tout cela s'est passé dans la plus grande courtoisie finalement...), Gilles se plaint encore plus de ses côtes qui avaient été éprouvées par les Kaiser Chiefs au même endroit... mais je me rends compte aussi que ma déprime et ma colère se sont envolées. Qui aurait cru en 1976 que les Stranglers, alors archétypes d'une musique hargneuse et malsaine, seraient devenus en 2009 une véritable pillule de bonheur ? »




photos de eric





1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour la set-list => http://www.rehve.fr/Music/Kronic_concert/The_Stranglers_20090205.html