Blogger Template by Blogcrowds

vendredi 4 décembre 2009

ALICE IN CHAINS ~ Le Bataclan. Paris.
















Ce qu’en a pensé Vik :

« Début des années 90, le "Grunge", une branche de l’évolution du rock, est devenue le phénomène commercial le plus important de l'époque, et Seattle, la ville de Boeing, la nouvelle plaque tournante de cette musique. Ce phénomène continue, encore aujourd’hui, de susciter des discussions passionnées entre camarades. Les meilleurs groupes « grunge » qui me viennent immédiatement à l'esprit sont au nombre de quatre : Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden et Alice In Chains. Quatre groupes qui en sont le noyau dur, ayant en commun le lieu d’origine (Seattle) et souvent les sujets de leurs textes… Mais dans la réalité, voici quatre groupes bien différents... Les quatre albums du « genre » qui sont devenus mythiques et indispensables pour tout amateur de rock sont : « Nevermind » de Nirvana, « Ten » de Pearl Jam, « Badmotorfinger » de Soundgarden, et « Dirt » de Alice in Chains. « Dirt » est en fait le deuxième album d'Alice in Chains, sorti en 1992 sur une major (Columbia Records), et reste de mon point de vue le plus important de leur courte discographie.  Le groupe révèle alors un jeune et talentueux chanteur, Layne Staley, à la guitare le métallo inventif Jerry Cantrell, Mike Starr à la basse et Sean Kinney, un batteur beaucoup trop sous-estimé. Les signes distinctifs (et corrosifs…) du groupe : une guitare distordue qui crée un mur de son décadent et sépulcral, parfois claustrophobique, en vous donnant des coups de griffes, et une voix puissante, dépressive et de guingois... un outil de descente dans l'enfer de la toxicomanie, avec la tragédie de l'héroïne, par Staley.  Aujourd’hui subsiste encore à l’écoute de ces chansons un mauvais goût dans la bouche, une amertume… surtout si l’on pense que Layne Staley est mort le 4 avril 2002 d’une overdose... de la même substance qui le faisait vivre… Et que cette voix n'est plus… Difficile d'effacer les souvenirs des concerts : au Zénith le 21 mars 1991, en ouverture de Megadeth, puis en tête d’affiche à l’Elysée Montmartre le 8 Mars et le 15 Octobre 1993… Difficile d’oublier les mots frissonnants de Stanley « I’d Like To Fly, But My Wings Have Been So Denied ». Jerry Cantrell, Mike Inez (dernier bassiste et ancien d'Ozzy Osbourne) et Sean Kinney peuvent jouer de nouveau ensemble, mais Alice ne reviendra pas... ainsi se referme ma parenthèse nostalgique.

Quand le magazine Rolling Stones a annoncé la réformation de ce groupe, je n'y croyais pas trop, pressentant une énième opération commerciale, l’utilisation d’un nom connu pour un « produit » qui n’a que peu ou pas de ressemblance avec l’original. Les jours ont passés, mais je n’ai pas pu m'empêcher d'écouter l’album "Black Gives Way To Blue", sorti le 25 septembre dernier : le style est toujours le même que celui que nous connaissons, un peu plus près du son de “Facelift” (le premier album) et de “Dirt” que de celui du morbide « AIC » de 1995 (leur troisième et dernier, excellent, opus)… mais il est vraiment le meilleur que le groupe pouvait obtenir avec la créativité de  Jerry Cantrell - l'auteur et compositeur du groupe -, et sans la voix de Staley. William DuVall, le nouveau chanteur haïtien, avec ses cheveux frisés, n'essaie même pas de rivaliser avec son prédécesseur et ses mèches blondes, et dans les doubles vocaux en harmonie, marque du groupe, c’est le style de Cantrel qui ressort avec le plus d’évidence. On dit que la première impression est habituellement la bonne : voilà, on oublie les 14 dernières années, et on a entre les mains un disque solide, sans faute et convaincant. « Hope, a new beginning », ce sont les mots d’ouverture de l’album, la couleur noire laisse la priorité au bleu...

Tournée promotionnelle pour l’album donc, comeback scénique, et ce soir le Bataclan affiche bien sûr complet. Malgré le climat du mois, froid et humide, il y a une foule de jeunes (mais pas trop non plus…) qui se presse déjà devant les portes de la salle, longtemps avant l'ouverture, vibrant dans l'attente d’une soirée musicale hors nome : grunge et métal. Le marché noir des billets est à son plus haut niveau, et beaucoup de vendeurs parcourent la rue à la recherche d'éventuelles négociations. La plupart des jeunes semblent connaître le groupe, et les discussions sont bien argumentées sur les capacités vocales du nouveau chanteur, qui a la lourde tache de remplacer l'irremplaçable Layne Staley. Vers 19h00 enfin, l’on pénètre dans la salle, et les gens commencent à se placer, face à la scène, en foule dense, compacte. Après plus d'une heure passée à attendre au chaud, le public commence à s'impatienter, et heureusement il n’y a pas de première partie (c’est la bonne nouvelle de la soirée…). La scène n’a pas de rideaux, et on peut voir tout le matériel, guitares, batterie et amplis entièrement installés et prêt à être utilisé. Rien d’étonnant sauf, au fond, un grand drapeau français qui couvre un écran vidéo géant. La décoration est sûrement choisie en fonction du pays de la tournée... Bon, pourquoi pas ?… Même si c’est étrange…


20h32 : Les lumières s'éteignent, mais pas de musique d’intro pour retentir dans la salle plongée dans une obscurité presque totale, seulement parsemée de la multitude des minuscules  lumières des téléphones portables allumés pour immortaliser le moment. Le drapeau tombe et le grand écran, au centre, s’allume et commence à transmettre (Picture START, 5, 4, 3, 2... l’image d’un cœur qui grossit, qui palpite et qui se met à battre (l’artwork du nouvel album), suivie des extraits rapides des clips du groupe). Le bruit redouble, celui d’un cœur qui bat. C'est sous un tonnerre d'applaudissements des 1500 spectateurs que les quatre musiciens d'Alice in Chains (William Duvall, le nouveau chanteur, en jeans et t-shirt noir, Jerry le guitariste, le bassiste Mike et le batteur Sean), groupe désormais transplanté à Los Angeles, arrivent nonchalamment sur la scène. Les images vidéo s'arrêtent brusquement sur une croix, la scène est éclairée en blanc et bleu par d’énormes projecteurs. On se rend compte rapidement que le groupe s’est maintenu en forme, et c’est bien car ce soir, on va décider du sort de ce groupe : à oublier ou à suivre !

Le riff wah wah, torturé et lancinant, de la guitare « Dean and G&L » de Jerry prend son envol avec puissance et rugosité, suivi du martèlement métronomique mais tout en finesse des caisses de Sean (il a un style unique !) et du ronflement de la basse rouge “Yamaha ATT Limited II” de Mike... l’ouverture est lancée par le chant très charismatique de William, et c’est une sombre souffrance : « Is she ready to know my frustration? What she slippin' inside, slow castration... »… Rain When I Die est balancée comme l’ouverture d’une pierre tombale, sans préliminaires, avec un son lourd et puissant qui provoque le déchaînement immédiat d’une fosse qui semblait attendre avec impatience ce premier titre. Il est suivi par Them Bones et Dam That River, et un frisson parcourt la salle : avec la pluie d'applaudissements, on comprend rapidement que la mort pour AIC n'est plus qu'un souvenir lointain, une ancienne cicatrice de l'âme. La musique est là, palpable, encore magique, et transforme la douleur en poésie, et la vulnérabilité en force. Jerry Cantrell, toujours avec sa longue chevelure blonde qui lui cache un peu le visage (tout comme il y a seize ans), avec ses riffs apocalyptiques de guitare électrique, l’ami Layne à moitié-effondré et serrant le micro. L'éclairage de la soirée est mortel : une beauté de rouges, des plongées en bleu avec une dominante de couleur vert foncé, des lumières pourpres... qui font un contraste saisissant avec l’écran géant et ses images en noir et blanc. En plus, on a un public de fervents, des vrai fans… et cela fait plaisir !

Trois chansons de « Dirt » en ouverture, c’est grand, c’est une surprise… comme si le groupe devait annoncer, en carte de visite, son retour, et faire immédiatement plonger la salle dans un bain de nostalgie de 1992… mais avec une performance encore plus rock, grâce au nouveau chanteur. Le rythme est à son plus haut niveau et le son, tout restant dans le cadre de la lo, est clair pour une excellente écoute. Ces sonorités qu’on attendait d’écouter en direct depuis si longtemps... cela suffit pour hypnotiser l'auditoire, et à le faire chanter en chœur. La température est montée dans la salle, et l'enthousiasme du groupe comme le chant du William, propice aux envolées lyriques, emporte le public, dans ce show puissant. La foule, excitée, s’est mise rapidement à headbanger, à bouger et pogoter. C’est une mer qui se déchaîne au rythme de la musique, faisant trembler les barrières qui protègent la scène. Presque aussitôt, je suis saisi par une évidence : William DuVall est un bon chanteur, un bon guitariste qui, avec une aisance déconcertante, navigue sur la scène en vrai rocker (mais sans trop en faire), toujours à la recherche, avec le sourire, de la bonne façon d’impliquer le public. Vocalement, quand il s'agit de faire revivre l'ancien répertoire du groupe, William s'avère être un imitateur extraordinaire de Layne, même si sur le disque, il ne montre pas (et il ne le fera probablement jamais) sa capacité à créer des architectures vocales d’une intensité similaire, avec une grande flexibilité et un timbre malléable qui lui permet d'interpréter les passages difficiles de l'AIC d’hier d'une manière plus que digne. Suit Again, la chanson culte de 1995 (l’album avec le chien a trois pattes), avec ses riffs simples mais énormes.

Les nouveaux morceaux, comme Lesson Learned (le premier des sept joués ce soir) et le single Check My Brain, avec sa rythmique trépidante qui sonne déjà comme un classique (la preuve en est le refrain accrocheur repris en chœur), comme sur le disque, sont chanté par Jerry, ne se détachent pas de la formule magique d’Alice In Chains : des tours de basse épileptique “Doom”, une batterie pilonnée et des chants mélodiques entrecoupés par des attaques agressives. Les premiers grands frissons de la soirée, on les a avec Love, Hate, Love (Facelift, 1990), vocalement un peu "la marque froide” de ce que la voix de Layne était en mesure d'offrir, là ou les flammes deviennent nuages. William se concentre et sort de sa cage thoracique un timbre de voix scandaleusement proche de celui de son prédécesseur, entre arpèges hypnotiques et cris rugueux… bien entendu sous des applaudissements déchaînés dès le milieu de la chanson : c’est le test ultime, pour convaincre les incrédules, et sans hésiter l’un des moments les plus émouvants de ce concert. Suit A Looking In View, encore un nouveau single qui assure bien, très lourd et secoué par la basse de Mike.


Le show n'est redescend pas en intensité, lorsque, au milieu, le groupe s'éclipse, et apparaissent sur scène trois tabourets, des guitares sèches, pour le classique set acoustique (ou si vous préférez, je dirais le moment d’émotion) : Your Decision, avec les deux magnifiques voix Cantrell-DuVall, suivi de No Excuses, chanté par le public aussi, un public visiblement heureux d'entendre le morceau. Jerry, calmement, présente les musiciens, et avant d’entamer la lente et magistrale Black Gives Way To Blue (qui a donné son nom au dernier album), dédie sobrement cette chanson à « another member of Alice In Chains » (Layne). Le piano, qui sur le disque voit apparaître en invité Elton John (étonnant, n’est-ce pas ?), est absent, seule la magie des guitares fait le boulot. Une photo du chanteur sur l'écran, les doigts en signe de paix ou de salut, avec un hommage collectif et quelques larmes (incroyable, mais vrai !) des métallos. Une parenthèse à couper le souffle, acceptée plus que chaleureusement par la foule. Ce n’est pas un requiem, mais une fête, où le groupe est en parfaite osmose avec ses fans. On reprend le set en électrique avec It Ain't Like That, extrait de leur premier album de 1990, Facelift , et on revient vite vers le psychédélisme actuel et les guitares tranchantes d’Acid Bubble. Le concert se poursuit toujours à des niveaux élevés, en culminant avec les hymnes hystériques d’une génération, We Die Young (leur tout premier hit), Angry Chair, et pour finir, la puissance de la guitare de Jerry et l'énergie féline de William, poursuivent leur chemin ensemble jusqu'à la fin de cet incroyable set, avec l’inoubliable Man in the Box, l’excellent single de Facelift : pas évident à chanter, mais les paroles vibrantes de la chanson « Feed my eyes, can you sew them shut ? Jesus Christ, deny your maker, He who tries, will be wasted, Feed my eyes now you've sewn them shut » sont reprises à l'unisson par l'audience, avec ferveur et avec la froideur d’une lame qui vous tranche le cœur. Arrive une petite pause, après ces textes glauques et un petit au revoir.

Le public, insatiable, réclame le groupe d’une seule et forte voix, scandant «Jerry, Jerry ! » mais il sait qu’il reste encore du temps avant la fin. Le groupe remonte sur scène, et ouvre le bis qui débute avec une ballade, Nutshell, avec William à la guitare acoustique et le solo qui décoiffe à l’électricité de Jerry... grand moment… Une intro de basse, vrombissante, de la part de Mike, et la foule est conduite dans l’apnée de « Dirt », dans le plaisir frénétique de Would? et son final pendant lequel tout le monde crie et hurle « If I would, could you? » En plein incendie dans la salle, s’intercale Rooster... un arpège lourd et lent qui retentit, avec le napalm qui suinte les images du Vietnam, une chanson sublime qui ne peut pas étouffer l'esprit du combat, avant que tout ait une fin... un grand « NO WAR » s’affiche sur l’écran, et lorsque William termine le morceau en criant « You know he ain't gonna die , No, no, no ya know he ain't gonna die », le sang se gèle... AIC ont remporté une victoire sur leurs démons, ils ont ressuscités, et restent un grand groupe de rock, l'un des rares qui semble avoir trouvé le secret de la pierre philosophale. William regarde, heureux, avec les autres, son nouveau public, et avec un petit sourire dit, presque comme une excuse : « Nous sommes très fatigués », avant de quitter définitivement la scène. Un merci, les mains serrées, avec un jet de médiators, une peau de caisse et des baguettes, sans oublier de remercier l’assistance pour la participation. Les applaudissements fusent, je regarde ma montre : 22h30. Les lumières se rallument sur une musique de fond sans intérêt. Le démontage de la scène est toujours aussi rapide, car dans cette salle, le temps est compté en terme d’horaire de fermeture, et les techniciens interviennent pour démonter et ranger le matériel dans des caisses.

Alice In Chains, ce soir, a confirmé que si Layne Staley est inoubliable et ne sera jamais remplacé, mais William Duvall est le successeur idéal, en apportant quelque chose à part avec sa personnalité, sans trahir l'esprit musical du groupe. Avec un vrai talent vocal et une belle présence sur scène, il a livré des classiques toujours aussi sombres et profonds, en les rendent plus vivants. Mais pour moi, Jerry Cantrell est toujours le cœur et l'âme, la force musicale qui conduit le groupe, le leader. Un peu sous-estimé en tant qu'auteur-compositeur, guitariste et chanteur, mais ce soir, il était au sommet de son art, déchirant des solos courts mais de bon goût. Une setlist qui prèsentait 20 chansons et la fusion parfaite entre anciennes et nouvelles. La chanson qui manquait ? Down In A Hole. Les fans peuvent se réunir de nouveau et dire « Repose en paix Layne Staley, AIC est enfin de retour ». Et la lumière fut dans ce retour, plein d'émotions et de souvenirs... on peut enfin ressortir du placard les chemises à carreaux qui sentent la naphtaline : le vrai grunge est de retour... avec aussi Soundgarden et Pearl Jam en 2010 !!!

Je ressors et me dirige vers le métro sous une légère pluie qui rafraîchit l’air, heureux de ce bon spectacle avalé d'un trait, intense et plein de sueur (un spectacle qui a duré près de deux heures) présenté par un Alice in Chains qui a toujours ses qualités, et est loin d'être un groupe de reprises d'eux-mêmes. Alors, vous n'êtes toujours pas convaincus ? Moi, j’en redemande...

So I found myself in the sun, oh yeah,
A hell of a place to end a run, oh yeah.
..»










photos de javivoland / rod


Alice in Chains est un groupe de rock américain formé à la fin des années 1980 à Seattle. À l'instar de Pearl Jam, Nirvana et Soundgarden, Alice in Chains fut l'un des groupes les plus influents sur la scène grunge de Seattle. Bien que leur style musical s'inspire plus du heavy metal que du punk rock, le groupe a été très vite apparenté au mouvement grunge, tant à cause de leurs origines que pour leur textes introspectifs voire morbides. Le groupe a vendu plus de 17 millions de disques à travers le monde.

(http://www.myspace.com/aliceinchains)

Albums studios

    •    1990 : Facelift
    •    1992 : Dirt
    •    1995 : Alice in Chains
    •    2009 : Black Gives Way to Blue

EPs

    •    1990 : We Die Young
    •    1992 : Sap
    •    1994 : Jar of flies

Albums Live

    •    1996 : Unplugged
    •    2000 : Live

Compilations

    •    1999 : Nothing Safe : Best of the Box
    •    1999 : Music Bank
    •    2001 : Greatest Hits
    •    2006 : The Essential Alice in Chains




    •    Jerry Cantrell : guitar, vocal
    •    William DuVall: vocal, guitar.
    •    Sean Kinney: drums
    •    Mike Starr : bass













1. Rain When I Die (Dirt - 1992)
2. Them Bones (Dirt - 1992)
3. Dam That River (Dirt - 1992)
4. Again (Alice in Chains - 1995)
5. Lesson Learned (Black Gives Way To Blue - 2009)
6. Check My Brain (Black Gives Way To Blue - 2009)
7. Love, Hate, Love (Facelift - 1990)
8. A Looking In View (Black Gives Way To Blue - 2009)
9. Your Decision (Black Gives Way To Blue - 2009)
10. No Excuses (Jar of Flies EP - 1994)
11. Black Gives Way To Blue (Black Gives Way To Blue - 2009)
12. It Ain't Like That (Facelift - 1990)
13. Acid Bubble (Black Gives Way To Blue - 2009)
14. We Die Young (Facelift - 1990)
15. Last of My Kind (Black Gives Way To Blue - 2009)
16. Angry Chair (Dirt - 1992)
17. Man in the Box (Facelift - 1990)

Encore

18. Nutshell (Jar of Flies EP - 1994)
19. Would ? (Dirt - 1992)
20. Rooster (Dirt - 1992)


La durée du concert : 1h50

AFFICHE / PROMO / FLYER
















Aucun commentaire: