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lundi 11 janvier 2010

AIR ~ Le Casino de Paris.












Opening : 1973




Ce qu’en a pensé Vik:

« AIR SYNDROME ! Pour tout vous dire, j’ai attrapé ce syndrome en 1998, à cause d’un message subliminal et mystérieux contenu dans un petit chimpanzé astronaute, appelé "Sexy Boy". C'était une chanson faite pour le dance-floor, ostentatoire, mélancolique, moelleuse et oppressante, construite sur les vibrations analogiques d’un Korg MS-20. Une chanson qui faisait que, une fois écoutée, on tombait amoureux de cette musique, et on devait obligatoirement, comme poussé par un besoin physique, acheter cet album d’électro-pop si frais qu’était « Moon Safari ». Un album impossible à décrire d’un seul mot à l’époque, mais qu’aujourd'hui on peut qualifier de chef-d'œuvre, sans hésitation. Le duo français, Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin (connus sous le nom d’Air), issus du mouvement “French Touch”, avait là donné vie à un style de musique électronique, construit autour d’un imaginaire électro-vintage (l’héritage des Pink Floyd, Tangerine Dream, Klaus Schultze et JM Jarre),  qui était en train de disparaître, écrasé et englouti par le son « dur » de groupes comme The Chemical Brothers, Aphex Twin ou The Prodigy. Un style qui en recréait chaque possible atmosphère sonore… Mon premier concert d’Air, c'était à La Cigale, le samedi 7 novembre 1998, à l’occasion d’une tournée promotionnelle. Les souvenirs de cette soirée et les émotions suscitées sont encore vives... Mais cela fait presque douze ans, on a grandi, les années ont passé, cette magie musicale semble avoir disparu… mais cette émotion-là, j'aimerais bien la retrouver de nouveau, et je cherche donc à la revivre dans les concerts d’Air, un groupe que j’aime toujours, malgré quelques tentatives moins réussies pour reprendre de la hauteur.  

Leur septième album, « Love 2 » (mixé par Stéphane Briat, déjà présent sur « Moon Safari ») est un événement en soi, et veut être un retour vers le passé, une tentative d’actualiser la saveur vintage des débuts… et l'objectif est plutôt atteint ! Pas un nouveau chef-d'œuvre, non, mais un album qui vient nous rappeler qu’Air est toujours présent. Le souvenir un peu kitsch d’un sound décoloré des atmosphères des précédents albums, sur un rythme accrocheur, apaisant et rêveur : un bon disque mais… banal ! Peut-être le problème réside-t-il dans le fait qu’Air a créé ses chefs-d’œuvre trop tôt.

Le temps s'est vraiment arrêté. Le sold-out au Casino de Paris était pré-annoncé, et la salle, en ce 11 janvier 2010, pour le premier de deux concerts successifs, est remplie des gens de tous âges, manifestant un enthousiasme certain, et pas du tout intimidés par le froid de l’hiver. En effet, les raisons d'être là sont nombreuses, Air ayant été, au cours des années, en mesure d'offrir à son public une combinaison unique d’électronique et de pop, une musique mélodieuse et psychédélique, réunie par un fil commun d'atmosphères mélancoliques et rêveuses. Pour les amateurs de musique électronique, il y a des concerts qui ne peuvent pas être manqués, des groupes qu’il est inimaginable de ne pas aller voir.  Air appartient à cette catégorie.

20h30 : un trio parisien fait office de première partie : 1973.  Bof, un son synthétique pour une pop folk aérienne assez « West Coast », rien de très originale : c’est gentil, sans plus. L’ennui plane même sur la salle pendant leurs longues séances d’accordage des guitares.


 
21h15 : le concert commence enfin. Le logo Air, métallique, apparaît sur l'écran du fond. Le groupe de Versailles, soit Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin, fines silhouettes élégantes et timides, entrent en scène sur une intro de percussions légères. Ils sont en pantalon et chemise blanche parfaitement repassée… Derrière eux, au centre, un batteur anglais (Alex Thomas), et un système d’éclairage étudié dans tous les détails, avec des projections vidéo sur la toile de fond. L’image qui restera est une voile de lumière blanche qui a poignardé l'ombre. Jean -Benoît, à ma gauche, s’installe devant son mur de synthétiseurs vintage, avec en évidence le bon vieux clavier d'un Korg MS-20, prêt à chanter, pendant que Nicolas, à ma droite, se prépare entre la basse et la guitare.

Le concert démarre, comme l’album, avec le morceau Do The Joy, le nouveau single... un riff de guitare énergique, enveloppé d’un tissu de basse saturée, avec un son très travaillé sur des notes psychédéliques, et  puis le timbre d’une voix rêveuse, secouée par un vocoder. Une brume de douceur dense tombe sur la salle. La musique, simple et mélodieuse, loin des arrangements sophistiqués, envahit Le Casino de Paris dans une ambiance cotonneuse, c’est une toile d'araignée qui est tissée au-dessus de nos têtes, avec un charme doux. Les nouveaux morceaux, So Light Is Her Footfall et Love (kitsch à la Gainsbourg) s'enchaînent de manière magique, entourés de rayons de lumière dorée, bleue et rose qui balayent la scène de gauche à droite. Ce qu’on perd de la perfection du studio est amplement compensé par le dévoilement des éléments de base des morceaux, dans toute leur beauté, faite de simplicité et d'élégance. Tout cela est mis en œuvre progressivement, pour ce public attentif qui assiste - un peu "perdu” - aux trois premiers morceaux de l’album « Love 2 », qui font office de rodage avant la course. C’est une bonne dose d'électronique, tenue à un rythme assez bas pour simuler les pulsations cardiaques, avec un son de basse plein et corsé, des textes en anglais ou en français, et des mélodies sensuelles.

La promotion pour l’album a bien commencé, et Air peut revenir à l’année 1998, celle de « Moon Safari ». C’est Remember, un peu pop rock, puis le vieux J'ai dormi sous l'eau, extrait de « Premiers Symptomes » (1997). Une page musicale ancienne, mais qu’on redécouvre avec plaisir. C’est beau. Les trois hommes, accompagnés d’instruments vintage, font que l'atmosphère de la soirée paraît encore plus suspendue dans le temps... Une question passe furtivement dans ma tête : Air sont-ils des aliens ou des androïdes ?  Je n'arrive toujours pas à le savoir, parce que depuis la première note, le groupe a montré une froideur statique capable d’ébranler le corps et les nerfs en chaleur. La présence sur scène de deux français n'est pas celle de grandes stars du rock, ils ne bougent pas, ils sont discrets et donnent l’impression de ne pas être là, mais cela en réalité rend l'atmosphère plus détendue et intime, en accord avec le dépouillement musical. Le public, bercé, semble à l'aise, écoute des chansons pour le plaisir… tout en restant dans le doute : peut-on aussi danser ? Encore la douceur avec la mélodie de Venus, c’est du miel à volonté… Et on retourne aux nouveaux morceaux : Missing The Light Of The Day et Tropical Disease (une réminiscence de la musique de Mike Olfield traverse mon esprit), qui donnent envie de réécouter le disque. Le public ne danse toujours pas, n’accompagne même pas la musique d’un mouvement du corps, les têtes ne bougent pas vraiment, mais tout le monde se balance, comme bercé, et ne voulant pas gâcher l'atmosphère avec des gestes excessifs.

Le public – adulte - suit de près et applaudit poliment, les caractéristiques acoustiques sont excellentes et la diffusion des sons, sans rapport les uns avec les autres, dans la salle permet que chacun puisse y percevoir une finesse différente. Suit alors un concentré des singles : maturité et magie sont alors les clefs, People In The City et Radian, avec son psychédélisme instrumental, deux perles de « 10 000 Hz Legend »… Cherry Blossom Girl... ces pistes musicales, impalpables comme l'air, aliénantes, plastiques, sublimes et hypnotiques, provoquent en nous des sentiments troublants. La nouvelle Be a Bee (une tentative d’imiter Joy Division ?), avec sa progression rythmique dans laquelle coulissent synthés et arpèges de guitare, est irrésistible. C’est un pont impensable entre Kraftwerk, Kraut rock et B-movie, entre cette école et la French Touch : de nombreuses veines musicales qui sont difficiles à réunir sous une seule étiquette… Si ce n’est celle de Air, qui est là pour faire référence. Air… un duo à qui on pourrait demander d'écrire la bande sonore de notre vie, ou de celle d’un « Excessif ». Suivent les incontournables classiques (les hits) comme Highschool Lover, extrait de la bande originale du "Virgin Suicides" de Sofia Coppola, mais sans la présence de Thomas Mars (chanteur du groupe Phoenix, qu’il me semble avoir vu dans la salle), How Does It Make You Feel?, sensuel et spatial, qui se savoure plus que les autres avec sa marque de fabrique « Versailles », et qui fait penser a Serge Gainsbourg, dans le style Je t'aime, moi non Plus. Nicolas semble sourire de plaisir quand il voit ses fans qui connaissent  par cœur le texte entier de la chanson et la chantent, en douceur, pour revivre ce frisson cosmique : «... So how does it make you feel? How does it make you feel?...».  Après ces successions de recréations de voyages à l'intérieur de l’ouïe, le spectacle glisse d'une façon très naturelle, chanson après l'autre, me laissant presque, au bout de la dernière ligne droite, un goût amer dans la bouche. La voix de Jean-Benoît paraît sortir d’un monde parallèle, et la basse de Nicolas est sinueuse et hypnotique dans ses textures… jusqu'au climax émotionnel de Talisman et de Alpha Beta Gaga… Pour terminer avec l’intense Kelly Watch The Stars (dans une version un peu Daft Punk), de mon « Safari Moon » : la manière de regarder la vie à travers une coupe de champagne, c’est un frémissement irrésistible qui apparaît. Une ovation, et la scène se vide pour quelques minutes.



Le rappel arrive, prévisible, après deux minutes de pause : c’est un nouveau Heaven's Light… alors que de nombreuses chansons sont laissées de côté.  Et, de manière tout aussi prévisible, le groupe ferme les portes de leur boîte de nuit imaginaire avec les deux classiques que tout le monde attendait et qui enfin brisent la glace (cette glace si habilement construite par le duo de Versailles) : Sexy Boy et en final La Femme D'Argent, une orgie de sons et de lumières, une longue version instrumentale qui prolongera notre plaisir sur près de neuf minutes. Des chansons qui sont comme des larmes à mes yeux, et qui, avec leur chaleur analogique, réussissent à creuser profondément leur sillon à l'intérieur de nous. Une nouvelle standing ovation arrive alors, et c'est le temps de se quitter définitivement, avec le théâtre illuminé comme en plein jour et les musiciens d’Air qui enlèvent les masques : Jean-Benoît et Nicolas semblent se sentir de plus en plus à l’aise, ils se laissent aller à sourire et à d’innombrables « Merci beaucoup » sans vocoder. La soirée de French Touch est bien terminée.

Beaucoup trop tôt, le groupe salue et remercie, et tout se termine comme ça a commencé, c'est à dire sans excès d'adrénaline mais sans aucune trace d'ennui. En fait, maintenant que les lumières s'allument dans la salle, et qu’on voit les visages des spectateurs, on se rend compte qu’il n’y a pas de jeunes ados... Ces spectateurs ont grandi avec la musique d’Air, et un élément de mélancolie que je n’avais pas encore perçu fait son apparition. Parfait : In the mood for Air ! La magie Air a opéré, et on a eu un concert correspondant parfaitement aux attentes : ils ont joué d’une façon magistrale et sans bavures des morceaux du nouvel album, qui a été très applaudi, et des chansons historiques qui ont fait le bonheur des vrais fans, dans une atmosphère planante électro rétro. De toute évidence, à un concert d’Air, on y va (aussi) dans l'espoir de revivre la magie de "Moon Safari", et ce soir ils nous gracieusement satisfaits avec quatre titres, même si cela a été fait sans folie. C’était un voyage dans un rêve de musique, qui sait capter l'auditeur par la grâce de ses sons originaux et de ses mélodies parfois raréfiées : le monde d’Air est bien représenté par ce nom, qui peut aussi signifier : Amour, Imagination, et surtout Rêve. On s’est laissé porter et l’imagination a fait le reste. Un vrai régal pour les oreilles...

Le public quitte la salle et la 5ème dimension des Electronics Performers, heureux d’y avoir trouvé ce qu’il cherchait. La douce mélancolie, dans cette ambiance quasi onirique, a été reine. Dehors, un couple en voiture écoute encore Sexy Boy à haut volume, il y a des sourires sur leurs visages. Et, bien sûr, ils ne dansent pas...

One day i too will be beautiful like a god
Sexy Boy Sexy Boy... »







photos de vik


Air est un groupe de musique français formé à la fin des années 1990 composé de Jean-Benoît Dunckel et de Nicolas Godin. Clairement assimilés au mouvement musical french touch (musique électronique française) leur succès est international, particulièrement aux États-Unis et au Japon. En 10 ans de carrière, le groupe a acquis une forte notoriété dans le monde de la musique électronique de par son succès, la création d'un genre à part, et l'univers qui gravite autour du duo. À la frontière de l'électronique, de la pop, du rock psychédélique, le groupe crée son propre style musical en offrant des mélodies cosmiques dans lesquelles de nombreux riffs de guitare accompagnent des sons électroniques et des voix vocodées.

(http://www.myspace.com/intairnet)




1997 Premiers Symptomes
1998 Moon Safari
2000 The Virgin Suicides
2001 10,000 Hz Legend
2004 Talkie Walkie
2007 Pocket Symphony
2009 Love 2









Jean-Benoît Dunckel - Synths moog
Nicolas Godin - Guitar & Bass


+ Alex Thomas: Drums











1. Do The Joy (Love 2 - 2009)
2. So Light Is Her Footfall (Love 2 - 2009)
3. Love (Love 2 - 2009)
4. Remember (Moon Safari – 1998)
5. J'ai dormi sous l'eau (Premiers Symptomes - 1997)
6 Venus (Talkie Walkie – 2004) 
7. Missing The Light Of The Day (Love 2 - 2009)
8. Tropical Disease (Love 2 - 2009)
9. People In The City (10 000 Hz Legend – 2001)
10. Radian (10 000 Hz Legend – 2001)
11. Cherry Blossom Girl (Talkie Walkie – 2004) 
12. Be a Bee (Love 2 - 2009)
13. Highschool Lover (The Virgin Suicides - 2000)
14. How Does It Make You Feel?  (10 000 Hz Legend – 2001)
15. Talisman (Moon Safari – 1998)
16. Alpha Beta Gaga (Talk Walkie - 2004)
17. Kelly Watch The Stars (Moon Safari – 1998)

Encore

18. Heaven's Light (Love 2 - 2009)
19. Sexy Boy (Moon Safari – 1998)
20. La Femme d'Argent (Moon Safari – 1998)



La durée du concert : 1h30



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