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samedi 13 février 2010

RICHARD HAWLEY ~ La Sala Heineken. Madrid. Espagne.

 










Opening : ALONDRA BENTLEY





Ce qu’en a pensé Eric :

« C'est ce soir ! C'est ce soir ! Ce soir, je vais voir une scène l'auteur de l'un de mes deux disques préférés de 2009 : Richard Hawley (l'autre, c'est Kasabian, mais ils persistent quant à eux à ignorer l'Espagne dans leurs tournées...). Ce n'est donc pas une mince affaire, plutôt l'un de ces concerts attendus comme un événement (émotionnel), malgré l'usure de l'habitude et des années. J'ai offert ma place pour le concert de Vive la Fête, le même soir, à mon ami Juan Carlos, et je me rue en cette fin d'après midi vers la Plaza de España et la Sala Heineken... Sauf que je n'ai pas réalisé que le centre ville de Madrid allait être bloqué par le défilé du carnaval (il fait 3 degrés dans la rue !) : me voici pris dans un gigantesque embouteillage, obligé d'abandonner ma voiture à 2 kms de la salle, et de piquer un sprint pour ne pas arriver trop tard. Il y a déjà une longue queue devant la salle, mais j'arrive quand même à atteindre le premier rang quand on ouvre les portes. Je suis un peu trop sur la droite, mais pas de raison de se plaindre néanmoins, d'autant que ce soir on a installé des crash barriers (drôle d'idée pour un tel artiste !) qui offrent un recul d'un mètre cinquante environ par rapport à la scène. La musique d'ambiance est du rockabilly, ce qui me rappelle que notre homme, lorsqu'il n'officie pas en crooner intemporel, est apparemment fan de rockab'... Mais ce qui m'étonne, c'est qu'au fond de la scène, est installé un pupitre qui ressemble fortement à une table de travail de DJ !

20 h 15, pile à l'heure, c'est une jolie folkeuse un peu ronde mais au visage doux et touchant qui s'installe derrière le micro. On passe sur ses vêtements, réminiscents du style hippie fin des 70's, on a à peine le temps de s'extasier sur sa voix, superbe, qu'elle s'excuse dans un espagnol parfait du fait qu'elle est aphone ! Eh, bien si tous les aphones avaient une voix comme elle, on se porterait certainement mieux. Les 20 minutes de récital "folk classique" qu'elle va nous offrir seront de fait splendides vocalement, j'oserais même dire que la souffrance et l'effort supplémentaires ont conféré aux chansons une densité qu'elles n'auraient pas eu... Car il faut bien le dire, la faiblesse de ce set, ce sera les chansons, sensibles certes, lumineuses même parfois, mais 1000 fois entendues ailleurs, sans que rien n'accroche notre attention. Dommage ! Elle s'appelle Alondra Bentley, et a priori elle est canadienne...

Bon, je sais maintenant que le but des crash barriers est de créer une fosse pour les photographes professionnels, preuve que le buzz autour de Richard Hawley grandit. Il est 21 h 00 passé de quelques minutes, et cinq quadragénaires au look "teddy boys", très "classe" dans leurs costumes sombres et leurs chemises blanches, banane et gomina, montent sur scène... Richard Hawley va donc tenter de recréer l'ambiance magique de son "Trueve's Gutter" avec un groupe des plus classiques : guitare (et pedal steel), basse, batterie et claviers. Car, débarrassé de tout le matériel qui l'encombrait et qui a été disposé sur scène, c'est bien tout simplement un clavier vintage qui est disposé au fond, et non pas je ne sais quel matériel moderne comme je l'avais ridiculement supposé au début ! Dans une semi obscurité, au sein de laquelle ne brille guère que la lumière du chevalet installé devant Hawley (des problèmes de mémoire ?), et qui ne facilitera guère les photos, le groupe attaque l'introduction "planante" de As The Dawn Breaks... et c'est parti pour l'interprétation quasi-intégrale du chef d'oeuvre de l'année (et pour une fois, les mots de "chef d'oeuvre" que j'use bien sûr à tort et à travers comme tout le monde de nos jours, ne paraît pas exagérée...). Le son est parfait, à la fois fort - plus que ce genre de musique ne l'appelle généralement, en particulier dans les aigus pour les étonnantes parties de guitare... mais j'y reviendrai ! -, et surtout, la voix de Hawley est aussi belle que sur disque, peut-être un poil plus chaleureuse, même. Le groupe enchaîne immédiatement sur Ashes on the Fire, et l'ambiance de la soirée s'installe : recueillement et sophistication... et donc un début d'inquiétude pour moi : comme on pouvait le craindre avec ce "genre de musique", ne va-t-on pas assister à un concert très professionnel, du fait de la concentration nécessaire à tous pour faire "revivre" la perfection absolue de l'expérience du disque ? Entre l'application des musiciens qui doivent reproduire la tessiture richissime (n'oublions pas que le disque fait appel à de multiples instruments originaux ou bizarres...) et le public auquel Hawley demande assez fermement de rester silencieux ("Now shut up, I am trying to sing a fucking song here !" alors que les applaudissements s'éternisent un peu trop entre deux morceaux !), où allons-nous trouver l'excitation du "live" ? Eh bien, c'est Hotel Room, le quatrième morceau, qui va apporter la réponse : la guitare de Hawley se met doucement à s'enflammer, et un long solo s'insère dans la chanson, un solo qui monte crescendo, déversant sur nous le feu électrique qui nous manquait : eh oui, j'avais tout simplement oublié que Hawley est guitariste de profession (il a fait le mercenaire au sein du groupe essentiel que fut Pulp, pour vous situer le bonhomme...), et croyez-moi, ce n'est pas un manche... Loin des clichés guitar hero qui dépareilleraient sa musique subtile, il joue plutôt des solos abstraits et noisy, qui emportent l'auditeur dans un monde de sensations, un peu à la manière du travail d'un Will Sergeant chez Echo, sauf qu'ici l'élément tellurique invoqué est le feu et non l'eau. Le public décolle rapidement - comme toujours à Madrid, il y a vraiment une magie "madrilène" qui pousse les artistes à donner le meilleur d'eux-mêmes, ce soir, c'est encore une fois (comme chez Cohen, par exemple) tangible -, et les musiciens se mettent à sourire, avant que Hawley ne conclue : "Je sens que ça va être une bonne soirée, aujourd'hui...".C'est Soldier On, juste après, qui va être le sommet de la soirée, et ce pont particulier, seul moment d'intensité du disque, qui se transforme ici en longue dissertation électrique, qui met tout le monde à genoux : oui, pendant une petite dizaine de minutes, nous allons vivre une sorte de perfection extatique, entre la beauté de la mélodie et cette explosion noisy qui couronne la chanson, et dont on ne voudrait qu'elle ne finisse jamais.gâté physiquement par la nature : bec de lièvre, petit nez rond, lunettes conséquentes... mais, comme dirait Cohen, "he was given the gift of a golden voice", alors... Il est quand même assez difficile de cerner pendant les 100 minutes que durera le concert quel genre d'homme est Hawley : visiblement peu démonstratif, il paraît parfois presque tyrannique avec ses musiciens (il faut voir le geste tranchant avec lequel il intime le silence à son organiste !), alors que, plus tard, se laissant aller à un moment d'émotion, il présentera ses musiciens - à la fin - comme ses "frères" sans lesquels il ne serait pas là. Mais Hawley reste "so british", entre son accent prolo bien marqué de Sheffield, et son humour à froid : il compare son organiste, dont seule la tête émerge derrière son instrument, à un "employé au guichet de la poste"... et, alors qu'il nous remercie pour ce concert, qui serait "le meilleur de la tournée...", il s'empresse de rajouter : "...mais il y en aura sûrement d'autres, meilleurs, par la suite". Je dois dire que, celle-là, je ne l'avais jamais entendue. LOL, comme ils disent !

Et c'est le rappel, qui est gonflé d'une chanson supplémentaire pour nous remercier... et de fait, la set list ne contient pas une drôle de chanson, que Hawley présente comme "très ancienne", et que j'appellerai "The Crayfish", parce que ce mot revient souvent, mais qui doit certainement avoir un autre titre (*). Un peu rockabilly sucré, doo woop, une anomalie dans le set, mais un moment délicieux... avant le final, grandiose, The ocean, et encore la guitare, toute en réverb et en saturation, qui nous emporte sur des vagues d'émotion : c'est marrant, je pense alors au titre éponyme de Lou Reed, dont les paroles sont presque similaires ("Here comes the wave"), mais la comparaison joue nettement en la faveur de Hawley, c'est dire...

Voilà, c'est fini, mais on se sent bien dans la Sala Heineken qui n'en finit pas de ne pas se vider. Je crois que personne n'a envie de retrouver le froid dehors, alors que la musique de Richard Hawley a créé une sorte de cocon de tendresse et de sensibilité autour de nous. Je fais un saut au merchandising pris d'assaut, mais je n'ai pas vraiment envie d'acheter un t-shirt (encore que "Time For Ballad" soit un slogan fabuleux...) ni un album antérieur, de peur sans doute de ne pas y trouver le même enchantement.

Note : (*) Après un peu de recherche, il semble que le titre soit bien The Crayfish, et que ce soit une chanson d'Elvis ! »







photos de eric


Richard Hawley  est un guitariste, auteur-compositeur et producteur anglais. Après avoir formé son premier groupe à l’école, Treebound Story, Hawley a rencontré le success comme membre de Longpigs dans les années 90. Il rejoint ensuite Pulp, dirigé par son ami Jarvis Cocker. En tant qu’artiste solo, Hawley a déjà publié six albums studio.
 


(http://www.myspace.com/richardhawley)


Richard Hawley (2000)
Late Night Final (2001)
Lowedges (2003)
Coles Corner (2005)
Lady's Bridge (2007)
Truelove's Gutter (2009)






Richard Hawley: Vocal and Guitar














As the Dawn Breaks (Truelove’s Gutter- 2009)
Ashes on the Fire (Truelove’s Gutter- 2009)
Lady Solitude (Lady’s Bridge - 2007)
Hotel Room (Coles Corner - 2005)
Soldier On (Truelove’s Gutter- 2009)
Coles Corner (Coles Corner - 2005)
Open Up Your Door (Truelove’s Gutter- 2009)
For Your Lover… (Truelove’s Gutter- 2009)
Oh My Love (Lowedges - 2003)
Remorse Code (Truelove’s Gutter- 2009)
Run For Me (Lowedges - 2003)
Don’t You Cry (Truelove’s Gutter - 2009)

Encore
Hushabye Mountain (Cover R & R Sherman – B.O.“Chitty Chitty
Bang Bang
”) 
The Crayfish (Cover Elvis Presley
The Ocean (Coles Corner - 2005)



La durée du concert : 1h40


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