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mardi 20 avril 2010

SONIC YOUTH ~ La Riviera. Madrid. Espagne.












Opening: BESTIA FERIDA




Ce qu’en a pensé Eric :

« Imaginez 40 minutes de free jazz forniquant avec Stockhausen devant une grande salle vide, ça vous donnera une idée de l'intense ennui mêlé de souffrance que nous ont infligé les musiciens de Bestia Ferida. A la rigueur, on peut admirer le courage (suicidaire ?) de ces 3 types - trompette, batterie et bruits aux pédales d'effets ainsi que clapotis de bouche dans le micro - qui montent sur scène pour dérouler ces interminables morceaux - informes - de papier peint sonore. Mais bon, faire la première partie de Sonic Youth restera sans doute le sommet de leur carrière... Comme ils n'ont pas non plus la politesse de nous saluer, alors que nous sommes extrêmement patients et bien éduqués, je trouve, et ne nous adressent finalement la parole que pour nous signaler qu'ils ont des disques à vendre, je ne me sens pas l'envie de vous parler d'eux plus longtemps.


Ce soir, pour le second set de Sonic Youth à Madrid, dans la salle respectable (en taille et en acoustique) de la Riviera, il n'y a donc pas foule, ce qui est quand même un peu déprimant : trop ambitieux de rajouter une deuxième date après le sold out rapide de la première ? Ou bien y a-t-il un match ce soir ? Je ne sais pas, mais le fait est que l'attente est longue avec aussi peu de gens autour de moi, même si je suis ce soir avec mon collègue et ami Luis, de Lisbonne, qui renoue avec les concerts, et que cela passe toujours le temps d'évoquer nos souvenirs musicaux d'anciens combattants...

Sonic Youth ! C'est évidemment une vieille histoire sonique, puisqu'on parle ici de l'un des groupes les plus essentiels de la musique contemporaine, certes moins corrosif aujourd'hui qu'il y a 20 ans, mais qui réussit régulièrement à recréer la surprise avec une nouvelle orientation musicale ou une inspiration retrouvée. Leur dernier album, "The Eternal" fonctionne au contraire comme un retour relativement "conformiste" vers leur musique la plus "accessible" (enfin, tout est relatif), celle de "Goo" et de "Dirty". Cela fait quand même 18 années (dix-huit !) que je ne les ai pas vus en live, donc je suis assez excité ce soir...

Il est 21 h 30 passé de quelques minutes quand Kim Gordon et Thurston Moore viennent se placer pile en face de moi : je ne pouvais pas rêver mieux pour ce qui est de mon emplacement ! Sonic Youth a cinq membres en ce moment, s'étant renforcé de la présence de l'ex-bassiste de Pavement, Mark Ibold, ce qui permet à Kim de se concentrer sur la guitare et le chant (elle est ce soir au centre de la scène...), mais offrira aussi à certains morceaux la puissante combinaison 2 guitares + 2 basses (au lieu de 3 guitares et une basse). Dans la lumière limitée qui caractérise les sets de Sonic Youth (du rouge et du bleu, alternativement, et très peu de blanc, bonjour les photos !), les quatre membres fondateurs paraissent avoir curieusement peu changé en 30 ans, le plus frappant étant Thurston Moore, qui, à presque 52 ans, a toujours l'allure d'un "adulescent" d'une vingtaine d'années. Kim fait plus ses 57 ans, mais, croyez-le ou pas, le visage perpétuellement fermé et le corps arc-bouté sur sa guitare ou sa basse, ou encore délivrant au micro son chant curieusement sexy et atone à la fois, elle demeure une sorte de parangon de l'attitude rock. Lee Ranaldo, à l'autre bout, reste, lui, toujours aussi juvénile d'allure, malgré sa belle crinière blanche, et fait le spectacle : je regretterai d'ailleurs un peu que, placé en plein dans l'axe des amplis de Kim et Thurston, je ne puisse pas complètement jouir de la beauté de son jeu de guitare (Wikipedia nous informe gentiment qu'il été "classé au numéro 33 des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps, selon le magazine Rolling Stone", merci !). Derrière son kit de batterie simple et efficace, Steve Shelley a pris pas mal de poids, ce qui ne laisse pas de nous étonner (Luis, qui a tâté de la batterie, m'en fera la remarque...) vu les calories qu'il va dépenser pendant l'heure cinquante du set : Steve est un batteur puissant, rapide, et pour tout dire, essentiel à la force que dégage le groupe sur scène.

Le set démarre pleins gaz avec l'enchaînement redoutable No Way, Sacred Twister et Calming The Snake, du dernier album : même si le son pourrait être plus fort à mon goût (mais vous me connaissez, je dis presque toujours ça !), force est d'admettre qu'il est magnifique, à la fois clair et compact, permettant même d'entendre relativement bien les voix - ce qui n'est pas toujours garanti pour ce genre de musique ! - et d'apprécier l'exceptionnelle complexité et l'impressionnante tessiture de la musique de nos new Yorkais préférés : trente ans à faire de la musique ensemble, à expérimenter tout azimut, permet à Sonic Youth de maîtriser totalement son sujet, pour pouvoir, un peu comme des musiciens de jazz, se laisser aller à des dérapages sur une structure parfaite. Regarder Thurston Moore jouer de près est un véritable régal, tant sa technique, pour ne pas être orthodoxe bien entendu, est éblouissante : certaines accélérations de son jeu me laisseront franchement pantois ce soir, moi qui ne suis pas particulièrement intéressé par l'aspect technique de la guitare. Bref, cette intro de concert me paraît tout simplement parfaite, et j'ai déjà le cœur en joie au bout de deux minutes, et des frissons partout : ce festival absolu de la guitare sonique va sûrement aller se jucher tout au sommet de mes concerts préférés de l'année. Kim Gordon enchaîne avec Anti-Orgasm, qui, malgré son titre casse-la -joie, est la chanson la plus bestialement "jouissive" de "The Eternal" : je suis ravi, et je me félicite intérieurement d'avoir entraîné Luis avec moi ce soir, quelle belle manière de découvrir les nuits Rock de Madrid (d'ailleurs, à mes côtés, Luis a un grand sourire, on voit qu'il apprécie !)… Il est clair que, avant même que Thurston Moore ne le précise, lors d'une de ses (très) rares et laconiques phrases entre deux morceaux, le concert de ce soir est consacré au dernier album : 11 titres en seront interprétés sur les 12 qu'il contient... Et c'est là que, malgré la belle puissance "rock" de cet album du retour à une énergie plus "mainstream", le bât blesse un peu : toutes les chansons ne sont, logiquement, pas exceptionnelles, et le concert s'affaiblit peu à peu ; de l'exceptionnel pressenti lors de la fulminante introduction, on retombe dans le simplement bon, le très bon même, mais un peu moins que ce que j'attendais. Au vu de la set list photographiée à la fin alors qu'un roadie l'a remise précautionneusement à un New Yorkais membre du fan club qui suit SY, date à date, tout au long de sa tournée européenne, il n'y aura eu ce soir que deux ajouts à "The Eternal", deux morceaux qui m'étaient inconnus, extraits de "Sister"...

Deux longs rappels au bout d'une heure et quart rallumeront la flamme qui a un peu vacillé, en particulier avec un Massage The History un peu trop long et posé (dix minutes quand même...) pour conclure le set : trois extraits sidérants de l'impérissable "Daydream Nation", chaleureusement accueillis bien sûr par la foule (la Riviera, derrière mon dos, a fini par bien se remplir, les gens sont arrivés encore plus tard que d'habitude : les avait-on prévenus du calvaire que serait Bestia Ferida ?), et en particulier le fulminant Cross The Breeze, qui est une sorte de distillation du style Sonic Youth, avec ses explosions de sauvagerie sur une trame hypnotique. Tout le mode quitte la scène, Thurston Moore joue à nous déchirer les tympans avec une radio sur laquelle il ballade son micro, puis hulule comme un animal qui rappelle sa meute sur scène : et ça marche, ils reviennent… Un peu de cafouillage avec les roadies quant au morceau qui va être joué (il faut dire que Moore a de grandes "antisèches" qui sont régulièrement scotchées sur son retour : des problèmes de mémoire, Thurston ?), et Sonic Youth conclue cette soirée de belle manière.

En conclusion, un beau concert, qui aurait pu être exceptionnel avec une set list un peu plus équilibrée. C'était apparemment le cas la veille, Thurston Moore nous l'a dit, et le New Yorkais du fan club, avec qui je discute un peu, me le confirme, le "best of", c'était hier... Bon, pas de problème pour moi, même si je regrette un peu les tendances plus hypnotiques et bruitistes du Sonic Youth d'il y a dix ou vingt ans : il faut bien que le groupe évolue... »







photos de eric



Sonic Youth est un groupe de rock indépendant fondé à New York en 1981 et considéré comme l'une des figures majeures du ROCK ALTERNATIF. Clairement lié à l'éthique et à la culture punk, Sonic Youth est associé à différents courants musicaux depuis le début des années 1980 : d'abord no wave (1981-1983), puis hard-core (1983-1986), grunge (1989-1992), post-rock (1998-2001). La musique de SY peut être considérée comme une tentative de déstructuration de la pop music par l'emploi récurrent de dissonances et de distorsions dans des chansons fondées sur des mélodies pop. SY, c’est à la fois le rock expérimental, la liberté et la radicalité musicale, l’innovation et création. Un des secrets de la vitalité créatrice et de l’éternelle jeunesse de SY réside dans leur volonté d’expérimenter, d’aller toujours plus loin dans leur démarche artistique, de se réinventer et se métamorphoser perpétuellement sur le plan musical, de s’ouvrir aux musiques les plus extrêmes et les plus créatives, des musiques punk-rock au musiques concrètes. Une musique qui transcende les codes et les genres musicaux


(http://www.myspace.com/sonicyouth)




•    Sonic Youth (1982)
    •   Confusion Is Sex (1983)
    •   Bad Moon Rising (1985)
    •   Evol (1986)
    •   Sister (1987)
    •  Daydream Nation (1988)
    •  The White(y) Album (publié sous le nom de Ciccone Youth) (1988)
    •  Goo (1990)
    •  Dirty (1992)
    •   Experimental Jet Set, Trash and No Star (1994)
    •   Washing Machine (1995)
    •   Made in USA (1995)
    •    A Thousand Leaves (1998)
    •   NYC Ghosts & Flowers (2000)
    •   Murray Street (2002)
    •   Sonic Nurse (2004)
    •   Rather Ripped (2006)
    •   The Destroyed Room: B-Sides and Rarities (compilation) (2006)
    •   Hits Are For Squares (compilation) (2008)
    •   The Eternal (2009)












Kim Gordon (Bass, Guitar ,Vocal)

Thurston Moore (Guitar, Vocal)

Lee Ranaldo (Guitar, Vocal)

Steve Shelley (Drums)
+

Mark Ibold (from Pavement) (Guitar, Bass)











01: No way (The Eternal - 2009)
02: Sacred Trickster (The Eternal - 2009)
03: Calming The Snake (The Eternal - 2009)
04: Anti Orgasm (The Eternal - 2009)
05: Catholic Block (Sister - 1987)
06: Malibu Gas Station (The Eternal - 2009)
07: What We Know (The Eternal - 2009)
08: Antenna (The Eternal - 2009)
09: Leaky Lifeboat (The Eternal - 2009)
10: Stereo Sanctity (Sister - 1987)
11: Walkin(g) Blue (The Eternal - 2009)
12: Poison Arrow (The Eternal - 2009)
13: Massage The History (The Eternal - 2009

Encore 1

14: Sprawl (Daydream Nation - 1988)
15: 'Cross The Breeze (Daydream Nation - 1988)

Encore 2
 
16: Candle
(Daydream Nation - 1988)
17: Death Valley '69 (Bad Moon Valley - 1985)

La durée du concert : 1h50

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FIELD MUSIC ~ Le Point Ephémère. Paris.











Opening : HIGH PLACES




Ce qu’en a pensé Gilles B. :

« Je ne sais pas si pour vous c’est comme ça, mais moi, il m’arrive d’écouter un  groupe, de ne pas pouvoir - après plusieurs écoutes - me forger définitivement une opinion : souvent soit je décroche définitivement au bout de la cinquième écoute (par exemple pour le célèbre « Rock Bottom » de Robert Wyatt, que l’on veut depuis presque 40 ans nous faire passer pour un chef d’œuvre, alors que personnellement je pense que c’est mauvais), ou à l’inverse comme ce fut le cas pour Yeasayer, c’est soudainement la révélation. Et si je vous impose cette longue introduction, c’est juste pour dire que, entre Field Music et moi, au bout de cinq écoutes de leur dernier album en date, c’est toujours l’incompréhension : je n’arrive pas à décider si oui ou non ce disque est bon, j’accroche, puis l’instant suivant je décroche… Voila dans quel état d’esprit je me présente au Point FMR en ce mardi 20 avril ! C’est le second concert d’une longue série, et par bonheur, ce soir, je ne suis pas seul, Robert est là, presque surpris du peu de monde lorsque les portes ouvrent - traditionnellement vers les 20 heures.

Le point FMR est correctement rempli, sans plus, lorsque High Places prend possession de la scène. Le duo est originaire de Brooklyn, mais est maintenant basé à Los Angeles. Pour être honnête, je n’ai pas vraiment déliré, ni trouvé le groupe particulièrement attractif durant les 53 minutes qu’aura duré leur concert. Ils sont tous les deux à la guitare, lui parfois joue des claviers. Musicalement, c’est très froid et rigide, sur le moment, cela m’a fait penser à du Fool’s Gold robotique et pas vraiment ensoleillé. La voix de la chanteuse est aérienne, mais je m’ennuie plutôt qu’autre chose. Rien d’autre à dire, car j’ai trouvé le concert très creux et sans réel intérêt.

Comme je l’ai expliqué précédemment, Field Music reste une énigme pour moi, et j’attendais de ce concert qu’enfin le déclic se fasse, ou ne se fasse pas, d’ailleurs... Et au bout des 65 minutes de ce set, le constat tombe : je ne suis pas plus avancé qu’avant. Field Music, c’est tout d’abord des jeunes gens très sérieux, souriants mais sérieux, chacun étant doté d’une excellente technique musicale. Et les premières notes que j’entends me font irrémédiablement penser à d’illustres aînés comme Pink Floyd, ou bien alors Steve Hillage. La technique, un son pur, on nage en plein dans les seventies. Plus j’écoute, plus je trouve que le groupe donne dans le rock progressif, et je ne sais pas trop quoi en penser. Oh bien sûr, il y a par ci et par là quelques fulgurances bien senties, mais je n’arrive pas à me passionner pour ce concert, je suis juste spectateur et pas acteur, hélas ! Je ne participe pas, j’écoute et je regarde. Le pire, c’est que je ne trouve pas cela mauvais, loin de là, mais non, je n’entre pas dans le concert. Même les premières notes de Each Time Is A New Time ne me font pas décoller. C’est beau, les voix sont harmonieuses, les musiciens en forme, ils sourient souvent, mais non je regarde tout cela de loin… Et ce n’est pas le très bon Measure, qui me fait penser d’ailleurs à Of Montreal (pour la voix), qui me fera changer d’avis. Est-ce que je ne m’étais pas encore remis de l’excellent concert de Besnard Lakes hier soir, et que Field Music souffrait de la comparaison ? Je ne sais pas. Pourtant, force est de constater que le public, lui, a plébiscité le groupe, car, malgré le couvre feu imposé par la salle à partir de 23h, ils reviendront jouer un ultime morceau.

Je ressors quelque peu frustré de ce concert, avec l’impression d’être passé à côté, de ne pas avoir pris le train en marche. Et avec toujours ce foutu sentiment de ne pas avoir d’avis sur ce groupe… »








Field Music est un groupe de Sunderland, Uk, formé en 2004 par les frères Brewis. Ils évoquent méticuleusement la pop de XTC ou de Lindsay Buckingham, rappelant d'inclassables aînés 70s.


(http://www.myspace.com/fieldmusic)

 

•    Field Music (August 8, 2005)
    •    Tones of Town (January 22, 2007)
    •    School of Language - Sea From Shore (album) - A Field Music Production (February 4, 2008)
    •    The Week That Was (album) - A Field Music Production (August 18, 2008)
    •    Field Music (Measure) (February 15, 2010) 











David Brewis : Guitar & Vocal
Peter Brewis : Drums
Kev Dosdale : Guitar & Keyboards
Ian Black : Bass















La Setlist du concert
FIELD MUSIC


Give It, Lose It, Take It (Tones Of Town - 2007)
A House Is Not A Home (Tones Of Town - 2007)
Rest Is Noise (Field Music (Measure - 2010)
Rockist (School Of Language Cover)
Shorter Shorter (FM - 2005)
Each Time Is A New Time (Field Music (Measure - 2010)
Let’s Write A Book (Field Music (Measure - 2010)
A Gap Has Appeared (Tones Of Town - 2007)
If Only The Moon Were Up (FM - 2005)
Measure (Field Music (Measure - 2010)
Them That Do Nothing  (Field Music (Measure - 2010)
Effortlessly  (Field Music (Measure - 2010)
Something Familiar  (Field Music (Measure - 2010)
Share The Words  (Field Music (Measure - 2010)
Tell Me Keep Me (FM - 2005)

Encore

Tones Of Town (Tones Of Town - 2007)



La durée du concert : 1h05


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