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lundi 19 novembre 2007

EIFFEL ~ L'Olympia. Paris.












Première Partie : VICTORIA TIBBLIN



Ce qu’en a pensé Vik :

« Une date sans promotion car Eiffel, les rebelles du « rock français de Bordeaux », ont eu la mauvaise surprise d'être lâchés par Labels, suite au rachat par Virgin, puis par la major EMI et la dernière restructuration, alors qu'ils étaient en pleine tournée, alors qu’ils ne sont pas le genre à passer en boucle sur les ondes FM. Cette boulimie des majors qui visent, avec le seul impératif de rentabilité immédiate, à détruire la création musicale me fait vomir et “me glace le sang”. Si l’on ne fait pas la Star Ac, on est mort ! Pourtant, le rock doit être autre chose que de la guimauve, type Plasticines, Naast, Shades et compagnie. Le 3ème album studio d’Eiffel, « Tandoori », est sûrement l’un des meilleurs albums rock de l'année, dommage que le public ne suive pas et les radios non plus : ce sont des chiffres de vente calamiteux qui ont fini de sceller le sort du groupe : pas rentables, à la porte !

Alors, l’un des derniers concerts de la tournée "Tandoori" ? Sans doute pas, gageons qu’ils continueront à faire de la bonne musique, d’une façon ou d’une autre, mais dans l’incertitude… Eiffel a heureusement un public, une communauté de fans ("les Ahuris") de plus en plus grande, une réputation et un leader, le guitariste et chanteur Romain Humeaux, qui a envoyé une "missive virtuelle" le 18 septembre au fan club « Pouvez-vous balancer cette info à tous vos amis susceptibles d'être branchés par l'histoire EIFFEL / OLYMPIA / 19-11-2007. » Tous les Ahuris du fan club Eiffel et moi, on a immédiatement crié : il faut les soutenir ! Encore un concert qui sort de l’ordinaire.

Le temps se gâte, en dépit des difficultés à se déplacer aujourd'hui car les grèves des transports continuent de plus belle et il pleut ce soir. Je me retrouve à marcher sous la pluie, et j’arrive Boulevard des Capucines tout humide mais heureux : Eiffel est inscrit en néons rouges en haut sur la façade de l’Olympia. 19h00 : rendez-vous avec les Ahuris (ce nom vient du deuxième album d’Eiffel), affichant fièrement leur t-shirt et qui assiègent l'Olympia, avec le champagne pour détendre l'atmosphère, les ballons rouge à gonfler et le texte des Yeux fermés à chanter… De nombreux Ahuris vont venir ce soir de toute la France avec leur tee-shirt : « Eiffel, Olympia, 19 novembre » pour pour fêter ce concert-événement et partager un moment fort avec le groupe. Il faut vivre ce moment avec intensité car Eiffel est de retour, prêt à nous insuffler une nouvelle dose de son rock fiévreux : leurs chansons se vivent en concert, dans le changement et l’évolution tant elles y gagnent en densité et en émotions. Je m’installe confortablement à la mezzanine et je remarque que la salle n’est certes pas comble, cause grève SNCF, mais remplie au moins aux trois quarts, sans l’aide d’une maison de disque, grâce au bouche-à-oreille et à une communauté de fans très active.

20h00 : C’est Romain Humeau qui vient présenter la première partie, la jeune et jolie Suédoise blonde Victoria Tibblin, qui arrive sur scène avec sa guitare rouge vif, dans une tenue légère et un peu transparente, accompagnée de ses musiciens. Dans une ambiance calme, trop calme, elle nous balance avec une énergie communicative son garage-rock brut, décapant et sensuel, avec une voix suave particulière étonnamment grave, confondante de puissance et un peu écorchée. Elle chante en anglais et en français, grunge, avec un son de guitare furieux, entre Siouxsie et P.J. Harvey. Don’t Leave et Make Me Pretty, son premier single, avec sa guitare saturée, reçoivent des applaudissements. Ça commence bien, je suis enchanté par ce show… puis arrive la parenthèse folk, avec des textes en français, sans aucune originalité, et qui fait retomber l’ambiance. Le public aussi est mitigé face aux mélodies de la jeune blonde, et n’hésite pas à laisser transparaître son impatience. Un court set (35 mn), de rock n’ roll attitude, que l’on oublie vite, tant on pense à Eiffel.

Une petite demi-heure d’attente après avoir vu Romain surveiller et diriger l’aménagement de la scène. Le stress est palpable, Dieu que ça va être bon !

21h05 : Eiffel… le groupe tant attendu, arrive dans le noir total et le niveau sonore prend de l'ampleur !! Romain a une jolie chemise noire, l’air un peu tendu et un petit sourire. Le set commence en surprise et en douceur par Shalom. Le groupe est tout sourire, malgré la pression, visiblement content d’être là. Cette version est splendide, en acoustique, sur le mode tango, avec un couple de danseurs évoluant aux côtés du groupe. Ça fait son effet, orchestré de cette manière... Estelle et son mélodica, Romain assis sur sa chaise, Christophe qui attaque la batterie avec une mesure, et Hugo qui joue avec une douceur et une fermeté... On est à Buenos Aires, ça y est. Suave, chaleureux, sensuel. Puis on retrouve le quatuor tel qu’on le connaît : tous les nerfs dehors. Les jeux de lumière sont intenses et l'ont sent que le groupe va se donne tout entier. "Merci, bonsoir" de Romain et la transition est brutale avec Il pleut des cordes : un rock nerveux, brut mais pas austère, beaucoup plus énergique que la version de l’album, parfait pour casser les cordes de guitare devant les Ahuris ravis et qui accueillent le groupe par une nuée de ballons rouges. Après un riff de guitare et un petit cri, le décor du troisième titre, Saoul, est planté : "On est où ? Moi, je suis saoul !". Les guitares sont bien "crades" et explosent sur le refrain, la voix est mise en avant… « On ne ressemble plus à rien quand tout ne fait plus qu’un, où est-on ?.. ». Les guitares se font plus agressives au fur et à mesure du titre ; le nouveau batteur, Christophe, tape de plus en plus fort…

Le jeu de scène de Romain est d'un naturel extravagant, grimaces, sauts, danses qui ne manquent pas de faire sourire le public. Le son est bon et la voix bien présente. Le groupe, qui est composé depuis peu, en plus du nouveau batteur, d'un nouveau bassiste/contrebassiste (Hugo), a bien trouvé ses marques. On ne voit pas le temps passer.

L’énergique single Ma part d’ombre arrive. On retrouve le "son Eiffel", grosses guitares saturées et très électriques en guise d’intro, la batterie prend le relais… Bien entendu, Romain ne peut se retenir de pousser sa voix en fin de chanson… « Ma part d’ombre, c’est un autre moi, ça ne t’appartient pas, Ma part d’ombre, ce sont des mots qui ne se prononcent pas… ». Eiffel enchaîne avec la reprise de Girls Just Want To Have Fun de Cyndi Lauper, étonnante mais efficace. On sent bien cette osmose qui unit le groupe à ses fans. Ensuite Paris Minuit, hymne punk avec les guitares déchainées, très rapide, la batterie est vraiment inouïe, tellement ça tape fort et vite, le texte est scandé avec force, crié, hurlé aussi par les Ahuris … « Paris joli, Paris sordide, Pari réussi, Paris Minuit… Paris brille de tous ses éclats, Paris embrouille la coupe aux lèvres … ». Retour à l'époque très énervée du "Quart d'heure des ahuris" : Tu vois loin, toujours aussi puissante, et ensuite le non moins énervé Loony tune for the moon, hypnotique et savoureux, avec ses paroles hurlées en anglais. Tes vanités, renouant avec le passé, et Ne respire pas, deux nouvelles odes à la Mort, pour ensuite calmer le corps mais pas l'esprit sur Dispersés. Belle de jour calme le jeu, avec son riff entêtant tout au long du morceau. Un violon, avec le « guest » Joe Doherty, apparaît pendant la chanson… "Belle de jour, à la vie, à la mort, à la chaîne, que nos langues claquent contre tes palets"…

Après ce petit moment de douceur, vient enfin le moment que j'attends, le titanesque Bigger than the biggest, le titre le plus violent du nouvel album. Christophe, avec ses coups de baguettes, semble vouloir déchirer la peau de sa caisse, pendant que Romain scande le texte jouant de la guitare saturée, du larsen... et se met à hurler littéralement sur le refrain. Avec une longue improvisation en son milieu, avec Joe Doherty en délires free-jazz au sax baryton. Un peu longuet et barré... C’est aussi une sorte d’apothéose pour Eiffel, et il fallait absolument en être. Le groupe semble avoir un petit peu la pression. Qu'ai-je donc à donner ?, putain que c'est beau, la voix est aussi excellente que le texte... et le tube Te revoir gagnent véritablement en puissance sur scène. Et là, y a de quoi faire un exposé dessus... accélération, arrêt, reprise, le public est en transe, et ça continue, même quand on croit que c'est fini. Une à une, avec cette voix qui domine pour un texte magnifique… "L’amour, il en pleuvra sur le bitume, Cela va de soi, faudra s’accrocher à la Lune"… une chanson d’espoir qui traverse une époque déchirée. Eiffel joue sa musique avec passion, et cela se sent. Romain et Estelle se partagent les guitares. Puis Romain fait crier sa guitare, avec un son beaucoup plus brut et rock, en prélude à un Sombre qui a définitivement mis tout le monde d'accord. On a pu sentir toute la rage du groupe transparaître, quelque chose de réellement animal.

C'est après dix sept morceaux très convaincants que Eiffel quitte une première fois la scène, pour revenir avec un premier rappel qui s’ouvre sur le plus acoustique Les yeux fermés. L’organisation est parfaite : les papiers ont été distribués, les paroles apprises par cœur, les briquets allumés. Il n’y a plus qu’à laisser aller, Romain chantant doucement l’un des titres les plus appréciés des ahuris « S'obstiner à rester, s'accrocher, S'accrocher à rien, Mais au moins ça on connaît, Où va-t-on quand on a les yeux fermés ?... »… tandis que ces derniers lui restituant le texte d’un même mouvement, tout en simplicité, les yeux dans les yeux. Le son roule impeccable dans les oreilles, le rythme porte les battements de cœur et les lèvres des Ahuris miment chaque parole. S’ensuit une fabuleuse version du Plat Pays de Brel ("pour les fantômes..." dira Romain), touchante, une belle relecture, même si j'ai toujours détesté les reprises des chansons d’un Grand… Pour terminer ce set sur la sublime ballade Rien n’est pour de vrai, impeccable. On en a eu plein les oreilles et on en redemande encore !

Quelques minutes d’applaudissements plus tard, Eiffel revient pour le deuxième rappel, qui débute par la ballade Tandoori, sur un arpège de guitare. La voix est très brute… « Vos bas blessent, Tranchées du cœur, Frou frous d’Organdi, Fuck me tender, Love me tandoori … ». La musique devient beaucoup plus intense sur la fin du morceau. Suit Inverse moi, qui réjouit les fans de la première heure, moi inclus, et nous rappelle qu'Eiffel est là depuis un bout de temps... l'album "Abricotine". Encore un texte que je trouve un peu plus beau à chaque écoute, sur Avec des si… « des lumières jailliraient de la plaine, Dans l’ultime immensité, Avec des si, nous mettrions dans le mille, De l’inaccessible beauté… ». La batterie et la guitare donnent un rythme très rapide et la voix de Romain est en avant. Enfin, pour clôturer le set, le rituel et énergisant Hype, dans une version d’une sublime d’intensité, avec des confettis lancés par les Ahuris sur… « Quand on voit surfer les artistes, Et c'est le tout Paris qui jouit… », pour montrer que ce concert doit être un souvenir exceptionnel. Romain en sursaute de surprise, aussi stupéfait que confondu. Le groupe salue le public, sous de nombreux applaudissements.

Au bout de ces deux rappels et après une magnifique standing ovation, le groupe souriant et manifestement touché s’en est allé… avant de revenir, en remerciant tout le monde, pour jouer Je voudrais pas crever, poème fataliste de Boris Vian, formidable texte, bouleversant, qui prend la couleur noire la plus poignante vu le contexte actuel… "Je voudrais pas crever, Avant d'avoir goûté, La saveur de la mort"... et, pour conclure, Romain y ajoute : "Je voudrais pas crever... Et pourtant !". Le choix de ce dernier titre, fétiche, n’est donc pas anodin. Romain Humeau présente sa bande, évoque les noms de tous ceux qui ont pu aider Eiffel pendant ces années et lance un ultime : "A bientôt… ou pas !". Beau moment d’émotion avant une longue ovation pour un groupe souriant et manifestement touché. Alors que les lumières se rallument, le public ne cesse de scander "Eiffel, continue !" et le groupe quitte définitivement la scène. Voilà, c'est fini, et c'était encore génial, même pour la sixième fois !

Juste une date d’une tournée, avec un album à défendre, avec plus de temps pour jouer, mais pas de mise en scène larmoyante en forme d’ultime adieu. Eiffel a bien mouillé le maillot ce soir pour transformer leurs possibles adieux… en un putain de bon concert, avec ce sentiment d’urgence, comme s’il fallait tout lâcher avant qu’il ne soit trop tard. Cette plongée de plus de 2 heures au cœur de l’authenticité de ce groupe, avec une musique qui respire le bon, le vrai, le plus pur Rock… ça fait plaisir !

Je déteste qu'on me dise qu'Eiffel n'est qu'une pâle copie de Noir Désir, ce qui est aussi flatteur que réducteur ! C’est un rock’n’roll de Bordeaux pour le temps présent et un futur pas si sombre que ça pour les Ahuris. Si vous aimez le "vrai" rock , qui vient de tripes, brut de décoffrage, engagé en texte, avec des cris écorchés et aux mélodies entêtantes et avec des rythmiques ravageuses, qui fait bouger la tête, qui se retient et s’apprivoise... « Tandoori » d’Eiffel est votre plat de résistance ! C'est l’un des seuls que vous trouverez en ce moment dans le paysage du rock français !

Des bises tout d'abord aux adorables Ahuris, présents ce soir, pour leur ferveur et leur travail de soutien à Eiffel, et un merci pour avoir fait vibrer les murs de l’Olympia ! Merci à Romain, Estelle, Hugo et Christophe pour ce concert, et tout le reste.

Rock 'n' Roll attitude, merde ! To be continued... J'espère.

« Mais en attendant / Il ne restait que des mouchoirs / Avec des noeuds pour y penser / Avec des noeuds pour y penser ... / Et les noeuds se défaisaient… »







photos de

Eiffel s'est formé en 1998 à Bordeaux. Leur nom est tiré d'une chanson des Pixies, nommée Alec Eiffel, présente sur l'album Trompe Le Monde. En 2002, Eiffel livre son deuxième opus Le 1/4 d'heure des ahuris. Le single Te Revoir connaît le succès en France. Parallèlement, Romain Humeaux signe les arrangements de cordes du titre Des Visages des Figures pour Noir Désir. Après trois albums fabriqués à l’anglo-saxonne suivant les principes artisanaux du “do it yourself”, le groupe emmené par Romain Humeau incarne un rock fabriqué à l’anglo-saxonne suivant les principes artisanaux du “do it yourself : Unique en France ! Avec Tandoori, 2007, le groupe réalise certainement son disque le plus instinctif, le plus homogène et le plus direct aussi.

1996 : Cogito Ergo Destrugere (maxi)
1996 : Oobik & The Pucks
1999 : L'Affaire (maxi 4 titres)
2000 : Abricotine & Quality Street (maxi 4 titres)
2001 : Abricotine
2002 : Le Quart d'heure des ahuris
2004 : Les Yeux fermés (double album, enregistrement public)
2004 : Live aux Eurockéennes de Belfort 2003 (DVD)
2005 : L'Éternité De L'Instant (album solo de Romain Humeau)
2006 : Ma Part D'Ombre (maxi digital 4 titres)
2007 : Tandoori





Romain Humeau – chant, guitare / auteur-compositeur
Estelle Humeau – guitare, clavier
Christophe Gratien – batterie
Hugo Cechosz – basse




La Setlist du Concert
EIFFEL



Shalom (Tandoori - 2007)
Il pleut des cordes (Le 1/4 d'heure des ahuris2002)
Saoul (Tandoori - 2007)
Ma part d’ombre (Tandoori - 2007)
Girls just wanna have fun (Cover C. Lauper)
Paris minuit (Tandoori - 2007)
Tu vois loin (Le 1/4 d'heure des ahuris2002)
Loony tune for the moon (Tandoori - 2007)
Tes vanités(Tandoori - 2007)
Ne respire pas(Le 1/4 d'heure des ahuris2002)
Disperses (Tandoori - 2007)
Belle de Jour (Tandoori - 2007)
Bigger than the biggest (Tandoori - 2007)
Qu’ai-je donc à donner (Tandoori - 2007)
Te revoir (Abricotine – 2001)
Une à une (Tandoori - 2007)
Sombre (Le 1/4 d'heure des ahuris2002)
Encores 1

Les yeux fermés (Le 1/4 d'heure des ahuris2002)
Le plat pays (Cover J. Brel)
Rien n’est pour de vrai(Tandoori - 2007)

Encores 2

Tandoori (Tandoori - 2007)
Inverse-moi (Abricotine – 2001)
Avec des si (Tandoori - 2007)
Hype (Abricotine – 2001)

ENCORE 3

Je voudrais pas crever (Abricotine – 2001)



La durée du concert : 2h04


AFFICHE / PROMO / FLYER




























Eiffel - Ma Part d'Ombre (Trabendo Session 18/02/2007)



Eiffel - Qu'ai je donc à donner (France 3)



Eiffel - Tes Vanités (Trabendo Session)