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mercredi 3 décembre 2008

Isobel Campbell & Mark Lanegan ~ Le Trabendo. Paris.










Première Partie: MARIE - FLORE

Ce qu’en a pensé Gilles :

« A peine quelques mois après leur prestation à la Cigale, revoilà nos deux tourtereaux (si l'on peut dire) de retour cette fois au Trabendo. Surprenante, cette seconde date parisienne mais on ne va pas faire la fine bouche, surtout quand on aime ! Pas une grosse affluence ce soir, malgré l'opération promo (que la Fnac ou Alias je ne sais pas avait déjà faite avec le concert de Razorlight au Bataclan), c'est à dire une place achetée donnant droit à une place gratuite. Du coup, ce soir nous étions plutôt nombreux car, outre Michael qui était déjà présent avec moi à la Cigale, Sylvie, Gilles P et Eric étaient eux aussi de la partie. A l'entrée, nous ne sommes que trois, dont une jeune femme fan de Mark Lanegan, discussion intéressante entre elle et moi sur la musique et l'on s'aperçoit que parfois, le fossé des générations s'estompe, voire n'existe pas sur des sujets comme le rock. Cette fois, nous n'avons pas à attendre 20h pour que les portes s'ouvrent, direction la fosse. Pour nous ce sera sur la gauche, face à Isobel. La salle tarde à se remplir, mais vu le froid de canard qui règne sur Paris depuis quelques temps, on ne peut pas

blâmer les gens. J'embrasse Eric (pour la première fois je crois !!) en lui souhaitant un bon anniversaire (je ne dirais pas son âge mais sachez qu'il est beaucoup (un petit peu) plus vieux que moi....).

Un tour au bar pour soigner mon rhume avec un verre de vin blanc, et puis c'est Marie Flore qui timidement fait son apparition sous les applaudissements feutrés du public. Tout son set sera d'ailleurs sous le signe de la discrétion. Marie Flore est, enfin semble être, une jolie jeune femme dont le visage est presque perpétuellement caché par un chapeau noir. Beaucoup de charme pour un concert plutôt déroutant. On ne sait si c'est la peur ou la timidité, ou tout simplement sa vraie nature, mais Marie Flore reste très discrète pendant tout le concert. Juste munie de sa grosse guitare rouge, elle égrène ses comptines folk avec une voix qui n'est pas sans rappeler celle de Cat Power. L'humour, elle en a, quand elle annonce des morceaux qu'elle n'a encore jamais joué sur scène. C'est sympa, mais cela manque d'amplitude, il faudrait certainement qu'elle soit accompagnée par d'autres instruments (écouté sur Myspace, ce n'est pas mal).


Après cette douce entrée en matière, on attend de pied ferme la belle et la bête. Moi j'aime les deux personnages, et pour ceux qui regrettent l'absence presque totale de morceaux de Lanegan, eh bien je leur dirais que c'est un peu normal, ce soir c'est Isobel & Mark… et sur les 2 disques déjà sortis, c'est Isobel qui compose. Car beaucoup de gens (à tort) minimisent la part d'Isobel Campbell. Pour moi c'est un tout, elle a composé certainement en fonction de Mark, et je pense que lui n'aurait certainement pas fait mieux, surtout dans ce style musical. La disposition est identique à celle de la Cigale, Lanegan est toujours impressionnant, il semble en dehors du temps, en dehors de tout, les yeux fermés la plupart du temps, il impose le respect. Elle, de son côté, est beaucoup plus fragile, avec ses grands yeux écarquillés. Un concert d'Isobel Campbell & Mark Lanegan c'est statique, celui qui ne connaît pas risque d'être déçu. Dès le premier morceau, Mark pose son pied gauche sur le pied du micro, la main gauche tient le micro tandis que celle de droite se trouve sur le pied. On croirait parfois qu'il souffre en chantant, c'est impressionnant. Ce soir j'ai été frappé, encore plus qu'à la Cigale, par sa voix caverneuse, unique, une voix façonnée par des années d'excès. Lanegan, c'est un sphinx. Le son est parfait, les musiciens les accompagnant sont discrets mais on aura remarqué un guitariste bien inspiré. Pas véritablement de faiblesse dans le show, mais des morceaux que j'affectionne particulièrement, avec tout d'abord Deus Ibi Est, Who Built The Road, Backburner bien sûr et Ramblin' Man, mais la liste ne s'arrête pas là. Je suis frappé par une chose qui me semble évidente maintenant. Et si The Last Shadow Puppets avait pompé sur Isobel & Mark ? Cela m'apparait de plus en plus évident. Quand je dis pompé, je devrais dire inspiré car l'aspect musique cinématographique est tellement évident dans les albums d'Isobel… mais bon, ce n'est qu'une hypothèse. Pas beaucoup de violoncelle ce soir, beaucoup moins qu'il y a quelques mois. Peu de dialogues avec le public mais de nombreux regards d'Isobel vers Mark, comme pour qu'il approuve la tournure des choses. On la sent quelque part fragile et toujours impressionnée par le géant tatoué. Il suffit d'une petite incartade dans la salle pour qu'enfin Isobel se mette à rigoler, presque nerveusement, essayant d'attirer l'attention de Lanegan qui, lui, n'a rien vu, plongé dans un autre univers dont je ne suis pas sûr que nous fassions partie. On sent bien qu'elle aimerait plus rigoler, mais sa nature, sa timidité la retiennent certainement. Musicalement, c'est beau ce soir, j'apprécie de plus en plus les chansons des deux albums, lancinants, une musique très américaine je trouve, sauf ce qui concerne les morceaux "cinématographiques", qui eux font appel à une certaine nostalgie des années 70. Ce mélange des genres est une réussite. D'accord, sur scène il ne se passe pas grand-chose, mais il reste la magie des chansons, l'aura de Lanegan : le regarder marcher sur scène c'est tout un spectacle, on entend ses énormes chaussures qui raclent le sol, et puis lentement, avec des grimaces que l'on pourrait presque croire de douleur, il s'agrippe au micro comme à une sorte de bouée de sauvetage. Car ne l'oublions pas, Lanegan est un survivant, énigmatique et possédant une présence incroyable. Le concert se termine donc comme il s'était commencé, pas de grands remerciements, le groupe quitte simplement la scène. Un morceau de la set list n'a pas été joué, il semblerait que ce soit Revolver (j'avoue ne pas connaitre les morceaux par cœur, et c'est suite à un commentaire d'un lecteur du blog et à la réécoute de l'album que je m'en suis aperçu).

Encore une fois ce fut un bon concert, dire si j'ai préféré celui-ci à celui de la Cigale, c’est difficile, si ce n'est qu'Isobel, ce soir, ne portait pas sa mini robe noire qui la rendait diablement rock'n'roll !! J'achète l'édition limitée de « Sunday At Devil Dirt », puis je quitte la salle avec Gilles P et Eric. »






photos de gilles b




Ce duo improbable [dans la veine de Sinatra/Hazelwood] réunit Isobel Campbell, ancienne chanteuse des Belle & Sebastian jusqu´à 2002, violoncelliste et compositrice Écossaise, à la voix angélique et l’ex rockeur tenébreux Mark Lanegan à la voix rauque de Screaming Trees, Queen of the Stone Age et Gutter Twins. Pouvait-on rêver plus belle union ?
La rencontre de ces deux univers issus du rock indé, l’un plus vaporeux et l’autre plus rugueux a donné un superbe album en 2006 Ballad of the Broken Seas. 12 titres sous forme de ballades entre blues, folk épuré et country et nomination au Mercury Music Prize pour cet album. La première rencontre plutôt réussie et envoûtante a donné lieu à une suite Sunday at Devil Dirt sortit cette année. Comme pour le précédent album, Isobel a composé et produit tous les titres et Mark vient y poser sa voix caverneuse. Proche des chansons de Tom Waits, un univers plus sombre de cet opus est à découvrir dans le bonheur.

(http://www.myspace.com/isobelcampbell)
(http://www.myspace.com/marklanegan)






























Seafaring song (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Deus ibi est (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Who built the road (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Creeping coastline of lights (I'll Take Care of You - 1999)
The false husband (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Ballad of the broken seas (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Keep me in mind sweetheart (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Saturday's gone (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Back burner (Sunday At Devil Dirt - 2008)
The flame that burns (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Free to walk (Gun Club Cover)
Ramblin' man (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Honey child what can I do? (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Salvation (Sunday At Devil Dirt - 2008)
(Do you wanna) Come walk with me (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Something to believe (Sunday At Devil Dirt - 2008)
The circus is leaving town (Ballad Of The Broken Seas - 2006)

Encore

Come on over (turn me on) (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Ramblin' man (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Wedding Dress (Bubblegum - 2004)

La durée du concert : 1h20



AFFICHE / PROMO / FLYER







Isobel Campbell & Mark Lanegan - Come Walk With Me





Isobel Campbell & Mark Lanegan - Wedding Dress




Isobel Campbell & Mark Lanegan ~ Le Trabendo. Paris.










Première Partie: MARIE - FLORE



Ce qu’en a pensé Eric :

« Marie-Flore, un groupe de thrash metal toulousain, envahissent la scène du Trabendo en poussant des hurlements de damnés, et les boulons commencent à voler. Le chanteur à l'iroquoise péroxydée saisit un saut de cassoulet et... Naaaaan, je rigole ! On recommence... Marie-Flore, une chanteuse folk à la voix douce et aux manières timides commence à chanter dans le noir, un feutre vissé sur la tête. Entre les morceaux, tous pareils, chantés et joués sur le même ton, sans rupture de rythme, elle s'excuse de nous interpréter de nouveaux morceaux pour la première fois ("Ça sera peut-être mauvais..."), et on ne sait pas trop si c'est de l'humour ou de la timidité au dernier degré... Sans doute un peu des deux. Le tout est assez joli, et en se concentrant, on peut se laisser emporter dans une songerie pas désagréable, mais je ne suis pas sûr que le tout soit vraiment de la musique très intéressante. 25 minutes, ça suffit, même si on a du mal à ne pas, quelque part, respecter ce genre d'extrémisme (oui, c'en est aussi, de l'extrémisme !).

Ce soir, c'est mon anniversaire, et je suis au concert de Isobel Campbell et Mark Lanegan grâce à la générosité de Gilles P. L'ambiance au Trabendo est ultra-cool, les plaisanteries volent entre nous, même si la salle, pas tout-à-fait remplie, est assez froide.

Bon, il est assez rare que j'aille assister à un concert sans connaître au préalable la musique qui va être interprétée, car cela ne facilite pas, à mon avis, "l'expérience live" quand il faut aussi "travailler" à saisir les chansons, en plus de recevoir la musique et de la vivre. Le "couple" sur scène, ce soir, je les connais chacun séparément, dans des contextes radicalement différents : Isobel au sein de Belle & Sebastian, groupe indie séminal qui fut naguère exceptionnel, et Mark en second couteau suicidaire et effrayant avec les QOTSA - un beau pedigree quand même... Je ne sais donc pas à quoi m'attendre, et la première chanson me saisit littéralement : la voix profonde, sépulcrale même de Lanegan, la mélancolie profonde qui se dégage de la mélodie minimaliste, tout me rappelle Cohen, l'une des mes idoles absolues. On entend à peine la voix gracile d'Isobel, mais franchement, je m'en tamponne le coquillard, je sais déjà que je suis là pour Lanegan, le monstre, la bête, le survivant, le symbole de tous les excès et de toute la noirceur du rock'n'roll. Je me prépare à une soirée-choc, je me concentre pour déguster chaque instant de ce set qui s'annonce magique... Et puis, non... en fait, non... La magie ne tiendra pas tout au long des 95 minutes du concert, la faute sans doute à trop de chansons un peu anodines, manquant à la fois de mélodie et de profondeur, sans parler de plusieurs détours vers le blues ou la country des plus classiques, soit des passages simplement plaisants, sans plus, d'où ne se dégage aucune alchimie particulière. Oh, le backing band est bon, pro et discret à la fois, le son presque parfait, ce qui n'est pas toujours le cas, répétons-le, quand on est au premier rang du Trabendo, l'atmosphère dans la salle est recueillie, concentrée, pour optimiser l'écoute de chacun... (sauf à un moment, mémorable, où un abruti ivre viendra semer le trouble, se fera refouler par l'un de nos voisins, ce qui déclanchera une mini-bagarre avec intervention du service d'ordre, etc. mais surtout créera un trouble jusque sur la scène : Isobel ne pourra se retenir d'éclater de rire - nerveux ? - et agiter ses petits poings en l'air pour mimer le pugilat, et même Mark se mettra, vision surréaliste, à sourire - légèrement...). Je me prends à regreter que Lanegan, au lieu d'interpréter les micro-chansons un peu blèmes de notre Ecossaise réservée (il suffit de la voir, dans la pénombre, son violoncelle serré contre elle, attendre que le grizzli à côté ait fini de rugir, de gratter ses croûtes, de secouer sa vermine...), ne nous fasse pas un festival de covers un peu plus risquées, un peu plus musclées. Bon, je comprends bien que le "truc" de cette alliance contre nature, c'est le mélange paradoxal du calme froid et tremblotant d'Isobel et de ses chansons, avec la douleur des plaies purulentes, mais anesthésiées, de Mark (tatouages au mains, position unique qui ne variera pas d'un pouce pendant la concert, regard totalement tourné vers l'intérieur)... mais quand même, quand les guitares tonnent un peu, en rappel, la beauté se fait plus saisissante, plus aiguë, non ?


Quand nous sortons, dehors, il fait glacial, mais ce tremblement qui nous saisit alors que nous traversons le parking glacé du Zénith pour que je puisse reprendre ma moto et filer dans la nuit de Décembre, oui, ce tremblement, il me semble parfaitement approprié après ce concert étonnant, demi-réussite qui vaut quand même beaucoup mieux que bien des shows carrés et parfaits. »




photos de eric