Blogger Template by Blogcrowds

jeudi 13 mai 2010

BENJAMIN BIOLAY ~ La Sala Heineken. Madrid. Espagne.

















Ce qu’en a pensé Eric :

« Il faut quelque fois se faire un peu bousculer par les copains qui savent (Vik, en l'occurrence) et aller au delà de ses préjugés un peu réducteurs : au départ, rien ne m'attirait chez BB, ni son image publique (trop publique), ni le courant musical auquel il appartient, cette chanson-rock française d'obédience « gainsbourguienne » auquel j'ai du mal à souscrire, personnellement. Mais l'écoute de "la Superbe", album majestueux et souvent même foudroyant, m'a fait changer d'avis, et prendre la place pour ce concert exceptionnel à la Sala Heineken, a priori d'ailleurs retransmis sur les radios françaises (Europe 1). Concert sold out depuis peu, mais sold out quand même. Dans la queue, pas mal de Français, Françaises plutôt, ce qui n'est pas étonnant vu la cote d'amour de notre germanopratin aux cheveux gras (comme je l'ai vu décrit sur le net, de manière méchante mais amusante). Mais aussi une grande majorité d'espagnols, plus qu'à Dominique A. par exemple : l'occasion de discuter avec quelques uns d'entre eux pour comprendre l'attrait que peut exercer une musique aussi typiquement française... Je retiendrai comme le plus symptomatique l'avis d'Inés qui me parlera de l'aspect outrageusement sexy de cette voix ténue, et de ces textes sensuels : bon, la vieille rengaine du french lover, surtout chez les Espagnols qui parlent souvent bien notre langue, a la peau dure. Et notre BB national, ex gendre de Catherine Deneuve, en profite, tant mieux pour lui !

Même en entrant le dixième environ dans la salle, je me trouve pénalisé au premier rang par la position des claviers, au bord de la scène, qui, juste en face de moi, ne faciliteront pas les photos. Si l'on ajoute que Benjamin a systématiquement la main droite sur son micro cachant son visage, et n'arrête pas de bouger, je me rends vite compte que ce soir, ça ne sera pas "soirée photo". Tant pis, je vais me concentrer sur la musique, ce n’est pas plus mal... Le set a commencé avec pas mal de retard sur l'horaire prévu, mais il est facile d'imaginer que ce décalage est imposé par la retransmission en direct à la radio, et je suis immédiatement frappé par un sentiment général de maladresse qui se dégage de tout cela, entre des musicos (The Birkins) qui ont tout de "pros", mais de niveau moyen, du genre accompagnateurs de chanteurs de variété standard, et leur absence totale de style, comme d'énergie tirera tout le long de la soirée les magnifiques chansons de Benjamin Biolay vers le bas, vers une sorte de lourdeur mécanique qui les déshabille de leur magie. Maladresse aussi de Biolay, visiblement pas très à l'aise sur scène, entre poses convenues qui le font plus ressembler à un animateur de soirée au Club Med (et on tape dans les mains, et on agite les bras : à la limite du ridicule, tout cela !), et timidité de chanteur à textes qui se cache derrière son micro. Pas terrible, tout cela, il faut bien l'avouer, même si, visiblement, les filles du fan club français à ma droite (je dis ça, mais je n'en sais rien : en tout cas, BB avait l'air de les connaître !) le trouvent totalement craquant ...

Par contre, et c'est le plus important, je suis aussi assez surpris de la qualité de la voix de Biolay, bien plus sûre et pleine que sur disque, ce qui est quand même rare, non ? Dans l'ensemble, l'interprétation de ses (grandes, répétons-le) chansons sera excellente, à l'exception d'une ou deux versions "simplistes" de morceaux populaires, assez frustrantes : je pense par exemple à cette version pataude de Padam, au premier rappel, qui n'aura à aucun moment la brillance pop du disque. Ce qui est rapidement clair, c'est que le set est non seulement basé sur "la Superbe", ce dont nul ne devrait se plaindre, mais aussi concentré sur les morceaux les plus amples, les plus rocks, les plus épiques même. Et je dois avouer que, régulièrement, entre des interprétations plus faibles, la "sauce" prend vraiment et le concert décolle avec une force surprenante : ce sera par exemple le cas sur Si Tu Suis Mon Regard (le premier éclat de la soirée), sur Prenons Le Large, et bien entendu sur la Superbe, morceau magnifique qui pourra évoquer à certaines oreilles le travail d'un Massive Attack. Mais le sommet de la soirée sera incontestablement une version intense de A l'origine, conjugaison parfaite d'un texte judicieux et d'un esprit beaucoup plus noir, beaucoup plus rock : bien sûr, les cris de Benjamin sonnent encore un peu artificiels et contrits, et cette retenue prive cette grande chanson de son indéniable potentiel de chanson "possédée" ! Un grand et beau moment, néanmoins.

Les deux rappels amèneront le concert à près de 2 heures, et verront un Benjamin un peu plus décontracté venant faire la bise aux Françaises du premier rang, serrer des mains et signer des autographes. Pour finir, il nous offrira l'extraordinaire Brandt Rhapsodie, mon morceau préféré de "la Superbe", sans Jeanne Cherhal bien sûr, remplacée par une brunette moins convaincante : certes, la magie de ce texte cruel a mal résisté à l'atmosphère d'une fin de concert plutôt exubérante, mais j'ai été quand même bien content de ce petit cadeau, que j'ai pris à titre parfaitement personnel...

Voilà, je suis sorti de la Sala Heineken pas tout à fait conquis par le talent scénique de Biolay et de sa bande, mais certain que nous avions désormais en France un artiste de l'envergure des Gainsbourg et des Bashung d'hier... »



photos de eric



Benjamin Biolay,  est un chanteur compositeur français. Il s’est fait remarquer par le grand public  après avoir travaillé pour Raphaël, Henri Salvador, Keren Ann, Chiara Mastroianni, Isabelle Boulay, Stephan Eicher, Juliette Gréco, Françoise Hardy ou Carla Bruni, Julien Clerc, mais l'apothéose de cet engouement de critique sera atteint, en 2009, à la sortie de son dernier opus : La Superbe. En 2010, en recevant la Victoire de l'artiste/interprète masculin de l'année, il rend hommage à Alain Bashung. Il reçoit également la Victoire de l'album de l'année.

(http://www.myspace.com/benjaminbiolay)



2001 : Rose Kennedy
2003 : Négatif (double album)
2005 : À l’origine
2007 : Trash Yéyé
2009 : La Superbe (double album)





Benjamin Biolay: Chant, Guitare, Clavier

+

Harpe, chœur : Audrey Blanchet
Batteur : Denis Benarrosh
Claviers :Marc Chouarain
Basse : Nicolas Fiszman
Guitare : Pierre Jaconelli




(Photo: Oliver Roller)



La Setlist du Concert
BENJAMIN BIOLAY



Pour écrire un seul vers 
(Intro: Voix de Michel Aumont)
(Texte de Rainer Maria Rilke - Les Cahiers de Malte Laurids Brigge, 1910)
Tout ça me tourmente (La Superbe - 2009)

Même si tu pars (A L’Origine - 2005)

Si tu suis mon regard (La Superbe - 2009)

Night shop (La Superbe - 2009)
Lyon presqu'île (La superbe - 2009)
Chère inconnue (Negatif - 2003)
Prenons le large (La Superbe - 2009)
Dans la merco Benz (Trash Yéyé - 2007)

Jardin d'Hiver (Henry Salvador Cover)
Bien avant (Trash Yéyé - 2007)
La superbe (La Superbe -
2009)
Qu'est ce que ça peut faire (Trash Yéyé - 2007
Assez parlé de moi (La Superbe - 2009)

15 septembre (La Superbe - 2009)
A l'origine (A L’Origine - 2005)

Encore 1

Padam (La Superbe - 2009)

Encore 2

Les Cerfs volant (Rose Kennedy - 2002)
Brandt Rhapsodie (La Superbe - 2009)


La durée du concert : 1h55

AFFICHE / PROMO / FLYER


















DEERHUNTER ~ La Maroquinerie. Paris.












Opening: Bachelorette




Ce qu’en a pensé Gilles B. :

« Tout d’abord je dois bien avouer que j’ai longtemps culpabilisé d’aller à ce concert de Deerhunter, alors que j’étais en séjour chez des amis… mais impossible pour moi de ne pas aller voir Bradford Cox et sa bande, surtout pour un concert unique en France, et de surcroit à la Maroquinerie, ma salle favorite. J’en étais resté sur une prestation mi-figue mi-raisin à la Route du Rock l’année dernière : il est clair que les festivals, ce n’est pas fait pour eux. L’intimité d’une salle, avec la proximité du public, la pénombre ambiante, tout est fait pour que la communion avec le public soit parfaite.

Bonne surprise en arrivant, une affichette annonce que le concert est sold out, et c’est bien mérité. Je retrouve avec plaisir Julie qui m’accompagnait déjà il y a un an ou deux lors de leur passage au Nouveau Casino. Dès l’ouverture des portes, je me dirige sur le côté gauche, pour être juste en face de Brad Cox. Un ami m’a prévenu, le groupe s’est battu toute la journée pour pouvoir jouer fort, suite à quoi la Maroquinerie les a menacés de couper tout simplement le courant en cas d’abus. En tout cas, le service d’ordre à l’entrée distribuait gracieusement des bouchons…

La première partie se nomme Bachelorette, et avec ce nom la je m’attendais au pire… Et en vérité, c’est à un show sympathique et sans prétention auquel je vais assister. Bachelorette, c’est en fait - comme elle le dira pendant le concert - « Me and my Laptops ». « Me », c’est Annabel Alpers, une jeune Néo-Zélandaise qui donne son tout premier concert à Paris. Beaucoup d’électronique bien sûr, des boucles synthétiques, quelques passages aux claviers, d’autres avec une guitare Epiphone. Et la voix par-dessus tout cela. Cela ressemble à de la dreampop, on pense parfois à Beach House, puis à certains moments la machine s’emballe un peu plus, comme lors du dernier morceau joué, qui m’a fait songer à Goldfrapp, avec son intro très disco glam. Bref, ce fut sympa, pas génial, mais c’est intéressant de voir que des personnes arrivent seules, avec leurs instruments et autres subterfuges électroniques, à recréer des univers musicaux assez riches. Et de toute façon, je reste toujours admiratif devant quelqu’un qui crée quelque chose et qui possède un talent artistique : j’en suis complètement incapable, hélas !


Après cette belle introduction, place aux héros de la soirée, et, comme à l’habitude, le public féminin est nombreux. Petite anecdote, l’ampli de Brad Cox n’est pas au fond de la scène, mais sur le côté, légèrement de travers et juste dans mon axe, est-ce une ruse pour pouvoir envoyer un peu plus  de sauce sans que le mec à la console s’en aperçoive ? On verra bien… Brad Cox sur scène, c’est un grand échalas bien trop maigre, au profil de rapace, mais c’est surtout un personnage qui respire la sympathie. A ma grande joie, il porte un t-shirt des Fresh & Onlys, l’un des groupes récents que j’adore. Le bassiste, lui, arbore un t-shirt à l’effigie des Residents. Parlons-en du bassiste, car ce soir ce sera lui (avec Brad Cox, bien entendu) le grand manitou de la soirée. Un vrai plaisir d’être là ce soir, cela se sentait, une bonne humeur communicative, surtout quand il mettra un gobelet vide en équilibre sur la tête d’un spectateur du premier rang, en lui intimant l’ordre de ne pas bouger. Bref, Deerhunter est en forme, malgré un guitariste plutôt introverti sur la droite de la scène. J’ai tout de même une certaine appréhension, tout d’abord celle de ne pas revivre les sensations que j’avais vécues au Nouveau Casino. Quand on a vu un grand concert, le suivant est souvent un degré au dessous de nos attentes. La seconde inquiétude, c’est de devoir remonter sur scène comme cela s’était passé l’autre fois. Oh oui, on apprécie après coup, mais sur le moment, eh bien on ne rigole pas trop, je ne suis pas vraiment exhibitionniste, moi ! Le début du concert, ou tout du moins les deux premiers morceaux sont plutôt anecdotiques, je ne suis pas encore dans l’ambiance, le son est bon mais pas aussi fort que j’aurais aimé qu’il le soit, et puis je ne suis en encore parti dans mon trip. Arrive tout d’abord Never Stops, un petit chef d’œuvre de psyché/shoegaze avec son côté dream pop (si si), et sa ritournelle sur laquelle on croirait entendre des instruments désaccordés. Définitivement beau et génial. A partir de cet instant, le concert va prendre une autre dimension… sonique tout d’abord, car Brad Cox, insidieusement, augmente le volume de l’ampli, trifouille ses pédales, et moi je commence à partir loin, très loin… Et ce que je ne croyais pas revivre se passe une fois de plus, je plane à 10.000. L’apothéose arrive une nouvelle fois avec une version démoniaque de Nothing Ever Happened plongeant la salle en hypnose, tellement c’était fort (dans les deux sens du terme). Shoegaze, guitare qui tourne en boucle dans ma tête, je suis obligé de fermer les yeux pour ne pas me laisser distraire et ne plus tenir compte que de la musique qui s’amplifie sans cesse, qui dure, qui dure… à n’en plus finir, d’ailleurs je voudrais tellement que ce morceau dure 20, voire même 30 minutes !!! Magique, tout simplement ! Apothéose, grand final !

Mais évidemment ce n’est pas fini, et ce que je craignais quelque part arrive, Bras Cox se concerte avec le bassiste, et quelques instants plus tard, ce dernier vient vers moi, et me passe d’autorité la basse en me demandant de grimper sur scène… Grand vide, mais je m’exécute, et pendant que Brad Cox, lui, fait monter ma voisine sur la scène en lui donnant sa guitare, me voilà parti pour un final de 5 minutes apocalyptique, avec un Brad Cox hilare, qui d’abord se place devant la scène, puis étend ses grands bras tel un oiseau, avant de se laisser tomber sur la foule pour un slam d’anthologie qui le mènera au fond de la salle. Puis de nouveau sur scène, il ira alors se réfugier au sommet d’un ampli, accroupi tel un oiseau de proie scrutant pendant de longues minutes la  salle. Pendant ce temps, ma camarade et moi-même continuons de « faire du bruit » pendant que Moses Archuleta imprime la cadence. Josh Fauver vient détendre les cordes de la basse, il faut dire que j’ai les doigts en sang. Ils s’amuseront encore à prendre des photos du public avant que je les prenne tous, dos au public, puis ce sera le final avec une batterie qui finira explosée…  Je redescends sur terre, ou plutôt dans la fosse de la Maro, qui est en vérité ma véritable place (on se trouve tout de même un peu pitoyable sur scène), l’esprit encore plein d’étoiles.

1h20 qui de toute façon resteront dans ma mémoire. Un petit mot sur Bradford Cox, je l’ai souvent vu ce soir toussant lourdement ou crachant plutôt, il semble être par moments mal en point, et à d’autres c’est à un gamin auquel nous avons à faire.  J’avoue avoir un peu de tristesse par moment en le voyant. Tout ce que j’espère maintenant, c’est revoir Deerhunter dans des conditions similaires, revivre d’intenses émotions comme ce fut le cas ce soir. En attendant, c’est avec Atlas Sound dans quelques semaines que je vais retrouver Bradford Cox, cette fois-là dans un tout autre registre. »





 





Deerhunter est un groupe de rock expérimental formé à Atlanta en 2001. Le groupe est concentré sur la personnalité tourmentée du chanteur-guitariste Bradford Cox. Leur musique, d'abord inspirée du punk, du rock garage et du noise...... Le nom Deerhunter venait de la bande du premier batteur, Dan Walton, qui a été demandé de quitter le groupe au début de sa carrière. Cox,atteint comme Joey Ramone du rare syndrome de Marfan (d’où son extrême maigreur), est de nature particulièrement fragile et note ses influences, en Echo & The Bunnymen, Brian Eno, David Bowie et My Bloody Valentine. Les fans de Sonic Youth devraient trouver de quoi décoller avec les comptines étranges et noisy de Deerhunter...

(www.myspace.com/deerhunter).



 2005: "Turn It Up Faggot"/Deerhunter
2007: Cryptograms
2008: Microcastle / Weird Era Cont.
EP

    •    Fluorescent Grey (2007)
   •    Rainwater Cassette Exchange (2009)




 * Bradford Cox - vocals, electronics, tapes, drum, acoustic slide guitar, bell set, accordion, electric guitar, piano, bass drum, gong
* Moses Archuleta – drums/percussion, synth/pads, electronics, treatments
* Josh Fauver - bass, piano, percussion, reverse guitar, vocals
* Lockett Pundt - synth bells, guitar, acoustic slide guitar, hammond organ, vocals
* Whitney Petty - guitar













La Setlist du Concert
DEERHUNTER



Helicopter (New Song)

Fountain Stairs (New Song)
Never Stops (Microcastle - 2008)

Revival (New Song)
Rainwater Cassette Exchange (Rainwater Cassette Exchange -2009)
Little Kids (Microcastle - 2008)
Disappearing Ink (Rainwater Cassette Exchange -2009)
Agoraphobia (Microcastle - 2008)
Spring Hall Convert (Cryptogram - 2007)
Vox Celeste (Weird Era Count. - 2008)
Hazel St (Cryptogram - 2007)
Nothing Ever Happened (Microcastle - 2008)
Circulation (Rainwater Cassette Exchange -2009)

Encore

Strange Lights (Cryptogram - 2007)





La durée du concert : 1h20

AFFICHE / PROMO / FLYER