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dimanche 15 novembre 2009

GOSSIP ~ Le Bataclan. Paris.












Opening : SSION





Ce qu’en a pensé Vik :

« Énergie (du grec: ενεργεια, energeia) ! C’est le mot juste pour décrire un concert de The Gossip, icone de dancing-life gay et lesbo. On pourrait s'arrêter là, car on a tout dit. Ce groupe, ou vous l’aimez à la folie, ou vous le détestez, plus ou moins pour des raisons personnelles. La limite de ce qui était autrefois punk-funk à été déplacée vers la danse et la soul des reines des années 80. Et cela ne permet aucune indécision.  Personnellement, avec Gilles B., j'aime beaucoup, même si je suis conscient de ce côté un peu trash, un peu vulgaire et kitsch de The Gossip… Il faut accepter la différence en tout, et leurs concerts sont aussi du rock’n roll. Mon dernier concert était à La Boule Noire le 18 mai 2009, à l’occasion de la présentation du nouvel album, chaud comme le set.  Avec “Music For Men” (drôle de titre, si on y réfléchit), leur quatrième album, un bon disque de wave sorti le 22 juin, il y a donc eu un changement de direction (nécessités commerciales obligent)… Et surtout, avec les moyens d’une Major (Columbia), il a été possible d’avoir  Rick Rubin (soit quand même le plus grand producteur de ces 20 dernières années… il suffit de penser à Johnny Cash, RHCP, Slayer, Metallica, SOAD, Audioslave, Shakira, Beastie Boys, Linkin Park,... la liste est très longue) aux manettes, pour un travail fantasmagorique. Le son du groupe a été défini et arrondi, avec une attention particulière portée à la voix omniprésente de Beth Ditto, la Diva Rock XXL. Ce soir c’est la première de trois dates sold out au Bataclan de Paris, au sein d’une tournée très importante… Et, comme toujours, un concert avec Beth Ditto sur scène, malgré tout, cela reste une expérience à vivre.

19h45 : SSION a été désigné pour faire la première partie. C’est un trio décalé originaire de Kansas City, punk au son expérimental électro rock, avec un guitariste fou et un DJ : certains le considèrent peut-être comme un groupe drôle ou innovateur... SSION est conduit par un chanteur moustachu qui fait son travail, avec une attitude punk, sur des rythmes de boîtes de nuit et vaguement rave. Trente-cinq minutes qui me paraissent ne jamais finir, pendant lesquelles l’excentricité tourne au grotesque. J’ai trouvé ce groupe horrible, c’est tout, et la politesse m’interdit d’en écrire plus.


21h00 : on se retrouve plongés dans le noir total, et puis les lumières s’allument seulement sur la scène… Enfin The Gossip, le groupe de Portland, arrive : Brace Paine (guitare et synthés), portant un t-shit de PIL et des lunettes à la Denver, ainsi que la ravissante batteuse tatouée Hannah Billie (une icône sexy depuis que sa photo est l’artwork de l’album), portant un t-shirt de Nirvana, entrent sur scène, avec le bassiste de la tournée, Chris Sutton,  chargé de renforcer le son. Hannah, avec ses baguettes et sa force de frappe, ouvre avec le bassiste, vite rejoints par le riff acide du guitariste. Ils attaquent par un beat minimal, puis Dimestone Diamond explose, et c’est sur les notes de la chanson que, depuis les coulisses, s’incrustent les mots « Everybody knows the things she does to please...» par la voix puissante de Mary Beth « Ditto » Patterson… qui fait sa rentrée peu après, provocante. C’est un raz-de marée, une ovation de la part d’une salle bondée, signe d’un incroyable succès qui ne faiblit pas. Beth, également icône de la mode (collection Big Up Beht Ditto @Evans) fait sensation avec ses proportions généreuses et ses cheveux rouge-corail, son petit bibi noir scintillant, sa grande tunique courte et ample de couleur noire, zébrée de flèches dorées, aux grandes manches, ses bas résilles et ses pieds nus... Sa voix explose avec chaleur et énergie, sous milles nuances de soul. Les musiciens sont prêts, il n’y a rien à redire, le rythme est soutenu, pas trop articulé, mais puissant. Le groupe reste en arrière par rapport à Beth : elle est la reine du spectacle. Avec son charisme, Beth Ditto, danse, saute et gagne immédiatement le public, en  l’encourageant public à tenir le tempo, en l’incitant à chanter avec elle : c’est un concert de rock, et après tout, même si le rythme des chansons pousse plus à danser qu’à pogoter, la limite est assez vague. Chaque nouveau départ donne lieu à des cris de plaisir et de joie, qui font sourire Beth, pendant qu’elle crache et remonte sa culotte avec un naturel confondant.

 On poursuit avec des chansons du nouvel album, Pop Goes The World, presque un hymne de dancefloor années '80, et 2012.  Les fans de tous âges, faisant abstraction de leurs préférences sexuelles et musicales, participent dans ce rythme soutenu et délirent. Et même ceux qui ne connaissent pas assez les paroles pour accompagner Beth, peuvent encore apprécier la musique offerte par le groupe : l'électro-beat funk qui fait bouger et transpirer, avec des riffs de guitare et de basse qui rappellent plutôt notre « vieille New Wave ». Le mélange musical est dominé par la voix forte et sans équivoque de celle qui est l'un des fers de lance du mouvement féministe / lesbien international. Avec Your Mangled Heart, le groupe revient à « Standing in the Way of Control » (2006), et sur ces notes, le concert décolle, et s’envole plus haut ! Encore un saut vers le présent avec Men in Love, où la basse, qui tourne funky, et la batterie disco année ’70 se fondent parfaitement avec la voix de Beth. Alors que Gossip se fait ainsi le chantre de l’amour gay, le concert se fait plus emphatique et interactif, les gens dansent, bougent, s’embrassent, et leur bonheur est bien visible. Le Bataclan est devenu une grande discothèque, les chansons s'enchaînent, Fire/Sign, Coal To Diamands et un Love Long Distance qui stimule un pogo sauvage.


Le reste du concert aura comme noyau central la voix de Beth et sa présence sur scène. En dépit de sa masse corporelle, Beth se déplace avec agilité sur scène, et sans jamais perdre le contrôle de sa voix puissante. Suivent encore des chansons du nouvel album, 8th Wonder, Vertical Rhythm, et de toute évidence, le premier pic est bientôt atteint. Beth se plaint d’avoir trop chaud dans cette salle, véritable sauna, et demande des ventilateurs. Une occasion unique d’une une séance à la Marylin (« Some Like it Hot » de Billy Wilder), avant qu’elle se déshabille en ne gardant que son body noir et ses bas résilles. Aussitôt, avec une intro qui rappelle le classique Lady Marmelade, elle se lance avec fureur dans le single Listen Up! de « Standing in the Way of Control » (« I warned you, you didn't believe me... »). Si c’était pour avoir moins chaud, c’est raté. Le spectacle est concentré naturellement sur l’album "Music for Men", dont presque toutes les chansons seront interprétées : on a maintenant droit à Four Letter Word, un morceau de pure électro, une réflexion sur l’amour promis et non tenu, avec une distribution de bouteilles d'eau pour la fosse… Puis Yesterday's News La dernière chanson du set, avant le rappel, la quatorzième chanson, c’est celle qui nous a accompagné durant cet été, Heavy Cross, construite sur un riff de tueur, avec cette voix douce qui  vous prend et vous tient accroché avec force. Splendide chanson, et moment grandiose, où la voix de Beth est couverte par les chœurs de la salle : « Oooohh oh ooooh, oh oh oh ohhh, It's a cruel cruel world, to face on your own, A heavy cross, to carry alone... ». Comment ne pas croire à l'authenticité du texte, quand Beth crie le refrain « We can play it safe, or play it cool, follow the leader, or make up all the rules. Whatever you want, the choice is yours : so choose » avec une voix enrouée de conviction ? Naturellement, on la croit, et l'enthousiasme a littéralement soulevé les pieds du public du sol. C’est le délire ! Beth danse, saute, se déhanche sur scène, et ses seins bougent en retrouvant leur liberté, face à une salle qui crie qui applaudit, qui hurle en cadence avec le rythme de la batterie donné par Hannah, un grand sourire aux lèvres... et la foule saute, saute, saute ! Un petit salut, et le groupe se résigne à quitter la scène pour une courte pause, qui s’impose…

On ne se lasse décidément pas de les écouter, on les réclame aussitôt... les musiciens reviennent pour le rappel, qui commence sur une intro musicale. Beth arrive enfin, une cigarette à la main et une serviette pour une rencontre virtuelle  avec son idole Tina : c’est une reprise de What's Love Got To Do With It, qui encourage naturellement les comparaisons. Il reste du temps encore pour une chanson, celle que tout le monde attend, et par laquelle tout a commencé. Beth, avec tristesse, prend le micro et dit a ses fans  « Je t’aime, je t’aime, je t’aime, this is the last song », avant de se lancer comme une diablesse dans un  Standing in the Way of Control explosif devant ce public désinhibé comme rarement, un public qui se fait sentir dans tous les sens des termes, en soulevant une nuage de poussière. Sur cette chanson, le final incontournable du set, Beth  descend dans le public, traversant la salle de gauche à droite, micro à la main, pour monter sur les gradins du fond, face au bar, dans l'enthousiasme général.  Beth est la reine, une bête de scène qui fait aussi partie intégrante de ses fans... quelques mots en français : « Au revoir, merci beaucoup », mais elle ne peut pas quitter sans une petite suite. Elle remonte sur scène, ses musiciens ne sont plus avec elle… Un regard, mouillé de sueur, et c’est « une chanson pour les homosexuels du monde entier », a capella, la reprise de Queen...  We Are The Champions, reprise en choeur par tout le monde. On ferme les yeux et pendant un moment, c'est comme être au Wembley Stadium. Sur scène, elle est toute seule, elle reste encore un peu pour saluer les spectateurs, puis elle s’en va, couverte en retour par une multitude de « Je t’aime ! », pour prendre une douche bien méritée. Sur la scène, maintenant, il n’y a qu’un grand vide... c’est fini : 22h11.

Un très bon concert pour cette année qui est celle de la consécration de The Gossip, un court comme d’habitude, mais je ne crois pas que Beth puisse tenir plus. Il n'y a personne dans la musique d'aujourd'hui qui puisse chanter comme Beth Ditto. Dix chansons du nouvel album dans la setlist, promotion obligée pour la major, et une prestation impeccable. A noter aussi un son vraiment parfait et tellement agréable, qui a contribué à la haute tenue du show. En définitive, ce soir, The Gossip n’a rien raté : ils ont réussi, grâce à leur mélange de indie-punk-danse plein de groove, à amuser, enchanter et faire danser toute une salle de fans littéralement fous. Une seule chose me fait un peu de mal : leur nouvel album est un produit bien conditionné, emballé par un major et servi à un public qui aime la radio-diffusion, qui a sa station préférée et peut entendre de la musique toute la journée... à part ça, ce soir, c’était une apothéose comme on l’aime : du sexe, de la sueur et du rock’n’roll.

When the lights are out on every street,
It feels alright, but never complete...
»




photos de lorène lenoir / olivier.peel



The Gossip est un groupe de musique américain rock punk, originaire de l'Arkansas, formé autour de Beth Ditto au chant. Fondé à Olympia, dans l'État de Washington en 1999, il est maintenant établi à Portland dans l'Oregon. Ils ont été principalement influencés par le féminisme et les groupes de " riot grrrl ", même si le groupe ne se définit pas ainsi. La voix soul du groupe, Beth, est plus connue pour avoir posé nue en couverture du NME et a multiplié les confessions publiques, autant sur son poids que sur sa sexualité. Ses albums lui ont permis de se faire une réputation au sein de l'underground américain.

(http://www.myspace.com/gossipband)




That's Not What I Heard - 2001
Movement - 2003
Undead in NYC - 2003
Standing in the Way of Control - 2006 UK #22, Ireland #31, France #34
Music For Men - 2009










 




Beth Ditto : Vocal
Brace Paine : Guitar, Bass
Hannah Blilie: Drums




















Dimestore Diamond (Music For Men - 2009)
Pop Goes The World (Music For Men - 2009)
2012 (Music For Men - 2009)
Your Mangled Heart (Standing in the Way of Control - 2006)
Men in Love  (Music For Men - 2009)
Fire/Sign (Mouvement - 2003)
Coal To Diamands (Standing in the Way of Control - 2006)
Love Long Distance  (Music For Men - 2009)
8th Wonder (Music For Men - 2009)
Vertical Rhythm (Music For Men - 2009)
Listen Up! (Standing in the Way of Control - 2006)
Four Letter Word  (Music For Men - 2009)
Yesterday's News  (Music For Men - 2009)
Heavy Cross (Music For Men - 2009)

Encore

What's Love Got To Do With It (Tina Turner Cover)
Standing in the Way of Control (Standing in the Way of Control - 2006)
We Are The Champions (Queen Cover)



La durée du concert : 1h15

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