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mercredi 16 septembre 2009

FLEET FOXES ~ Le Grand Rex. Paris.











Première Partie :



Ce qu’en a pensé Gilles B. :

« Les Fleet Foxes sont-ils véritablement un groupe, ou seulement l'incarnation d'un seul homme, en l'occurrence Robin Pecknold ? On peut se poser la question lorsque, hier soir, nous somme ressortis, avec Vincent, éblouis par la performance vocale de Robin qui a, ce soir, éclipsé tout le reste du groupe : je ne me souviens pas d'ailleurs que cela m'ait fait le même effet il y a quelques temps à l'Olympia. Mais revenons en ce début de soirée, où sous un ciel gris presque automnal je me suis rendu au Grand Rex où m'attendait Vincent… Un Grand Rex avec sa façade en travaux devant laquelle j'ai eu aussi le grand plaisir de retrouver Elena, que je n'avais pas vue depuis le concert de Cocoon à la Maro. Pas besoin de se presser, c'est l'avantage des places numérotées, et nous voilà dans la grande salle, au quatrième rang plein centre. Il y a peu de monde alors qu'il est déjà 19h45, c'est vrai que je me posais la question de savoir si l'organisateur n'avait pas été un peu présomptueux en les programmant dans cette salle qui peut tout de même contenir 2600 personnes. Mais non, le pari a été gagné, car la salle s'est révélée en fin de compte pratiquement pleine. Oliver et Cécile sont présents, ainsi que Robert, toujours avec sa béquille. Atmosphère confortable et douillette, pas vraiment rock'n'roll, mais pour un concert des Fleet Foxes, c'est très bien.

Je ne sais plus trop quelle heure il est - car je me suis assoupi quelques minutes - mais les lumières viennent de s'éteindre alors que la salle est encore loin d'être remplie. Blitzen Trapper, un groupe en provenance de Portland (Oregon), fait son apparition. Ils sont six sur scène, et leur musique peut être apparentée à du folk/rock, tout simplement. Alternances de morceaux bien enlevés et d'autres plus cool, ce n'est pas désagréable, mais j'avoue qu'au bout des quarante minutes de leur set, je commençais à m'ennuyer un peu. Bon, le confort des fauteuils n'y était surement pas étranger, car l'envie de somnoler m'est souvent venue, mais en tout cas Blitzen Trapper n'a pas été ridicule, il faudra que je réécoute plus attentivement.

Nouvelle attente toujours aussi agréable, la salle se remplit peu à peu, et vers 21h35, le noir se fait et les Fleet Foxes entrent en scène. Robin porte un bonnet rouge qui le ferait presque passer pour le fils ou le petit fils du commandant Cousteau (d'ailleurs quelqu'un dans la salle fera la remarque). L'atmosphère est feutrée, pas un bruit pendant que les musiciens prennent place et se préparent. Le début du concert est une mise en condition, un hors d'œuvre ou plutôt un apéritif. Son parfait quoique un peu sous amplifié lors des deux premiers morceaux, pour l'instant le concert est bien sans plus, avec mélange de morceaux du premier EP « Sun Giant » et du dernier album en date, mais, paradoxalement, je vais commencer à entrer véritablement dans le concert par l'intermédiaire d'un nouveau morceau plus que prometteur, Bedouin Dress qui laisse augurer une belle suite à l'album Fleet Foxes. C'est peu dire que Robin Pecknold est l'élément moteur du groupe, il n'y aura guère que Josh Tillman que l'on remarquera de temps en temps : il sera le seul hormis Robin à prendre la parole. Mais il ne faut pas non plus croire que Robin soit un tyran sans partage, mais c'est tout simplement que sans lui et sa voix phénoménale, le groupe n'aurait pas de raisons d'exister. On compare Fleet Foxes à Simon & Garfunkel ou à CSN&Y et parfois aussi aux Beach Boys… oui, sans doute, mais dans le cas présent, la voix est l'affaire d'un seul homme, Robin Pecknold, qui tout au long de se concert va, entre chaque morceau, soigner sa gorge en buvant divers breuvages fumants (du thé ?), en prenant tout son temps : on aurait cru qu'il était à la maison, avec juste quelques centaines d'invités venus pour une soirée chaude et conviviale ! Et ce petit rituel va, au fur et à mesure que le concert avance, être un instant de détente amusant, dans le sens qu'il est drôle de le voir prendre son temps, comme s’il était seul chez lui, mais sans arrogance, avec presque une once de malice. Et conviviale, elle le fut, cette soirée, car une fois entré dans le concert, je n'en suis plus du tout sorti, fasciné par les voix et les harmonies, la candeur et la joie que j'ai ressenties lors de certains morceaux.

On va atteindre des sommets lorsque vient le temps de la trilogie éblouissante composé de White Winter Hymnal, Ragged Wood et bien sûr Your Protector. Et là, on se dit que oui, les Fleet Foxes sont grands et uniques. Car c'est tout simplement beau à en pleurer. Mais en vérité, ce n'est qu'une étape dans l'ascension au bonheur, car ce qui va suivre sera tout simplement génial : Robin s’empare d’une guitare acoustique et s'avance sur le devant de la scène, et là, sans amplification aucune, il interprète Tiger Mountain Peasant Song... Le choc, tout simplement. Grandiose... et, quelque part, irréel... la salle est tétanisée, tous les regards sont fixés sur cette silhouette vêtue de son bonnet rouge qui déclame sa chanson sans aucun artifice, naturellement et surtout magnifiquement bien. Que dire, sinon que des frissons me traversent le corps ? Nous sommes passés dans une autre dimension. Car rares sont les artistes qui peuvent se vanter d’une telle performance. Barbara Carlotti l'avait déjà fait, mais dans des petites salles, avec un public ramassé autour d'elle… Mais là, dans l'immensité du Grand Rex, la voix de Robin Pecknold nous a tous submergés.

Le reste du concert ne sera plus qu’un bonus, avec encore des morceaux joués seul par Robin, des moments éblouissants, bien sûr, et un finale - avant rappels - lumineux avec Mykonos. On souffle quelques minutes, le temps s'est écoulé à une vitesse phénoménale, signe que le concert était bon… Et puis c'est le rappel, la confirmation de ce que l'on vient de vivre, avec une fois de plus Robin seul à avec sa guitare, et enfin un Blue Ridge Mountains plein de convivialité et de plaisir avec la participation de Blitzen Trapper : c'est donc une douzaine de personnes qui font leurs adieux, non seulement à Paris, mais aussi à la longue tournée de 18 mois qui s'achève en apothéose.

C'est franchement une consécration pour Fleet Foxes, j'avais un peu peur que leur prestation d'il y a un an à l'Olympia n’ait été qu'un feu de paille, mais je me suis trompé, ce soir ils ont non seulement confirmé tout le bien que je pensais d'eux, mais en plus, ils ont acquis le petit plus qui a fait que ce concert a dépassé en émotion tout ce qu'ils avaient généré auparavant. Robin Pecknold est un vagabond de la musique, un troubadour d'un autre temps, qui vient nous apporter sa vision d’un genre musical que l'on peut qualifier de folk, certainement, quoique par moments une grande place soit faite à de grandes envolées harmoniques chaleureuses et endiablées : Alela Diane représente le folk hanté, les Fleet Foxes, eux, sont les représentants du folk lumineux ! Et, comme Alela le disait un an plus tôt sur la scène de l'Olympia : « The Fleet Foxes were amazing tonight ! »…

On quitte à regrets nos fauteuils confortables, Elena me sourit, des étoiles plein les yeux, Oliver et Vincent sont eux aussi encore sous le charme, on quitte doucement la salle, car il faut encore laisser vivre les instants magiques que l'on a vécus : l'image de Robin chantant a capella est encore dans mon esprit, un moment presque irréel et intemporel qu'on aimerait pouvoir faire partager à nos amis absents. J'avoue que le Grand Rex était le choix idéal pour cette soirée, malgré le fait d'être assis, ce que je n'aime pas trop d'habitude... Et surtout les Fleet Foxes ont confirmé qu'ils n'étaient pas qu'un groupe de plus, non, ils sont uniques dans leur musique, uniques surtout de par leur leader charismatique.

J'oubliais, mais c'est presque anecdotique, le concert aura duré 1h20 ce soir. »










Blitzen Trapper est un groupe de folk de Portland et a été formé en 2000. Ils sont à l'origine de 4 albums dont le plus récent est sorti en 2008.

(http://www.myspace.com/blitzentrapper)



Groupe indépendant de pop-folk baroque, les Fleet Foxes viennent de Seattle. Signé sur Sub Pop et Bella Union, ce groupe de doux rêveurs débute sa carrière discographique en février 2008 avec la sortie de l’EP Sun Giant aux USA. Le groupe surprend par un son qui emprunte des aspects très classiques au rock, au folk et même aux chants médiévaux.

(http://www.myspace.com/fleetfoxes)

2003 Blitzen Trapper
2004 Field Rexx
2007 Wild Mountain Nation
2008 Furr
2009 Black River Killer (EP)



Sun Giant (EP) - 25 février 2008
Fleet Foxes
- 3 June 2008





Earley (guitar/vocals)
Erik Menteer (guitar/keyboard)
Brian Adrian Koch (drums/vocals)
Michael VanPelt, (bass)
Drew Laughery (keyboards)
Marty Marquis (guitar, keyboards, vocals)
















Robin Pecknold : Vocal & Acoustic Guitar
Skyler Skjelset : Guitar
Casey Wescott : Keyboards
Christian Wargo : Bass
Nicholas Peterson : Drums




01. Sun Giant (Sun Giant EP - 2008)
02. Sun It Rises (Fleet Foxes - 2008)
03. Drops In The River (Sun Giant EP - 2008)
04. English House (Sun Giant EP - 2008)
05. Bedouin Dress (New Song)
06. White Winter Hymnal (Fleet Foxes - 2008)
07. Ragged Wood (Fleet Foxes - 2008)
08. Your Protector (Fleet Foxes - 2008)
09. Tiger Mountain Peasant Song (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Fleet Foxes - 2008)
10. Blue Spotted Tail (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (New Song)
11. Lorelai (Robin Pecknold on acouystic guitar, solo) (New Song)
He Doesn't Know Why (Fleet Foxes - 2008)
Mykonos (Sun Giant EP - 2008)

Encore

14. Katie Cruel (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Cover Karen Dalton)
15. Oliver James (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Fleet Foxes - 2008)
16. Blue Ridge Mountains (With Blitzen Trapper) (Fleet Foxes - 2008)

La durée du concert : 1h25


AFFICHE / PROMO / FLYER





















FLEET FOXES ~ Le Grand Rex. Paris.












Première Partie :




Ce qu’en a pensé Vik :
 
« Je suis toujours étonné quand les gens acclament la dernière nouveauté à ne pas manquer, et décrètent comme à la mode une musique qui, jusqu'à la veille, était reléguée dans le placard de l’oubli. Il est normal que Fleet Foxes catalyse une si grande attention, accrochés qu’ils sont entre la nostalgie de la West Coast des années 60, le son résolument californien de David Crosby & Cie, et de Brian Wilson, avec en plus un mélange de Grateful Dead et de quelque chose qui sonne comme The Jayhawks ou comme Simon and Garfunkel : avec leurs chemises de flanelle, souvenir du grunge, et accompagnés par l’esprit des forêts et des montagnes, pas si loin de Woodstock. La colère éternelle de tous les amoureux de la vraie musique est de ne pas avoir vécu en direct les fabuleuses années 60. On ne parle pas ici seulement de style… mais aussi de ce premier album de Fleet Foxes, au titre éponyme, un album tout simplement charmant, l’un des meilleurs que j’ai entendus au cours de cette année 2008 pas forcément mémorable. Après tant d’années à écouter des musiques très différentes, il est vraiment rare que mes oreilles puissent éprouver un si grand enthousiasme pour un disque d’un groupe actuel. Non pas que les disques actuels soient tous à brûler, mais plutôt parce qu’il n’y a pas grande chose de nouveau sur le plan musical, et qu’il m’arrive rarement de sauter de mon fauteuil dans un tel état d’effervescence, comme celle d’un enfant en face du Père Noël. Fleet Foxes !!! C’est un grand disque ! Un disque qu’on peut écouter allongé sur le gazon avec les mains croisées derrière la tête et... qui permet de rêver en paix au sein de cette fable folk moderne, tout en découvrent ces images évoquées d’une voix si douce. C’est une musique pour les oreilles les plus délicates, habituées à être caressées et bercées par une telle douceur mélodique. Dans ce disque, loin du grunge, on ne trouve pas de guitares avec des riffs qui s’envolent, ni de nuages de synthétiseurs en folie, ni d’excès de décibel, ni même de nouveautés en matière de sons électroniques, mais une pop-folk d'artisan, simple et compliquée en même temps, innervée d’une légère touche baroque. Alors, cartes sur table, je vous dis la vérité : Fleet Foxes, c’est le concert que j’attends le plus.

… Et ce moment tant attendu est enfin arrivé ! Ce soir, dans le froid et la pluie, mais avec une excitation indescriptible, et le désir d'enfants qui vont à la foire, nous entrons, moi en chemises rayée avec ma barbe de plusieurs jours, et Gilles B. avec ses cheveux longs, dans la salle du Grand Rex de Paris… Direction immédiate : le stand du marchandising, puis vers nos places numérotées à l’orchestre. Il n’y a pas beaucoup de monde pour l’instant, mais on sait que les gens vont arriver tranquillement : oui, une soirée tranquille dans de confortables fauteuils en cuir pour être bercés par la musique de Fleet Foxes.

20h02 : la salle est encore à moitié vide lorsque le changement de lumières intervient, et voilà la première partie, qui partage la même maison de disque (Sub Pop) que la tête d’affiche. C’est un sextet américain originaire de l’Oregon qui s’appelle Blitzen Trapper (avec unecalligraphie proche de celle de Van Halen), un groupe bien inséré dans la vague du renouveau folk avec son dernier album “Furr” (qui est leur quatrième), acclamé par la critique du journal Rolling Stone, ce qui lui a permis rentrer dans le Top Ten de tous les magazines musicaux comme l’un des meilleurs albums de 2008. Le groupe s’installe et commence avec un air qui rappelle Dylan, Sleepy Time In The Western World, extrait de leur dernier album. Les influences de Neil Young et des Beatles sont évidentes derrière l’inspiration Dylan et country-folk-rock de The Band. Eric Early, le chanteur et leader, manque de charisme, malgré une bonne voix, forte, puissante, et légèrement éraillée. Le son est finalement assez proche de celui du Fleet Foxes, mais la comparaison s'arrête là. On peut se poser la question avec cette chanson : sont-ils indie rock ou folk ou progressive ? Un peu de trois. Blitzen Trapper semble avoir quelque chose pour tout le monde, pour tous les gouts. Le public regarde, écoute, respectueux, mais reste assez insensible, malgré la magnifique Black River Killer, leur actuel single sur le meurtre de cow-boys… est mon actuel coup de cœur (je vous conseille de la réécouter à la maison)). Et pourtant il faut le reconnaître, ils jouent bien, c’est parfait et agréable. La dernière chanson de leur set (qui aura duré 40 minutes), Furr, est un hit efficace qui conte l’histoire de loups-garous mélodiques, avec guitare sèche et harmonica, et elle semble enfin emporter l’adhésion de la salle, avec l’aide de Robin Pecknold, le chanteur de Fleet Foxes, qui est venu donner à ses copains (avec un tambourin…) un coup de pouce pour les chœurs. Un groupe méconnu, qui est passé dans l’ombre, mais qui mérite beaucoup mieux... faites confiance à Rolling Stone magazine.


 
21h35 : la salle est enfin bien remplie quand les lumières s'éteignent, sous un déluge d’applaudissements. Fleet Foxes, le quintette de Seattle qui a revu et corrigé le rock, est sur scène, sans décors : on aurait dit qu'ils étaient tous les roadies à l’ombre des lumières tamisées. Quelques minutes de réglage de leurs instruments, et hochant la tête, ils sont prêts. Enfin une éclaircie de lumière sur la scène. Ils ont l’air poussiéreux, mais arborent des visages sympathiques et ont une bonne présence scénique, exactement comme on les attendait, avec leurs cheveux hirsutes et leurs barbes bibliques ; le chanteur Robin Pecknold ressemble même à un patriarche de l'Ancien Testament, malgré son bonnet en laine rouge sur la tête, et en dépit de ses 23 ans. Les applaudissements ont éclaté, puis le public admire en silence, on aurait pu entendre une mouche voler. Robin a pris un moment pour regarder autour de lui, assez pour lire l'admiration et l'émerveillement des yeux du public qui attend... La première chanson est prévisible, ils la jouent souvent en ouverture, et le rock folk-baroque de Seattle envoie immédiatement la chair de poule : c’est Sun Giant, extrait de leur premier EP. Chaque murmure de cette chanson-spectacle est un événement. Le morceau, chanté presque a cappella, concentre immédiatement l’attention sur les fortes harmonies vocales à quatre voix qui constituent le style du groupe, dépouillé de tout autre instrument, harmonies qui trouvent sur scène un véritable lieu d'épanouissement. Personne ne fait des harmonies vocales comme cela en ce moment. On oublie Seattle et on part pour la Californie. Ah, le souvenir d’une jeunesse avec les Beach Boys et l'épanouissement de Woodstock avec Crosby, Stills, Nash & Young, dans cette douceur aérienne ! Je constate qu’il y a seulement un musicien qui ne chante pas, c’est Skyler Skjelset, le guitariste, et il a même l'air un peu gêné. Sun It Rises est enchaîné, puis suit Drops In The River... cette salle est faite pour eux, avec son acoustique parfaite. Le public ne s'est pas encore déchaîné, aspiré qu’il est dans une époque lointaine, mais il écoute attentivement et paraît en pleine communion : c’est nettement palpable, mais à la première interruption, le public souligne son enthousiasme avec des applaudissements assourdissants. Juste après, on commence à parcourir rapidement les pistes de cet album homonyme, éblouissant, avec les chansons White Winter Hymnal et Ragged Wood, un bouquet d’harmonies qui réchauffe l'atmosphère, et nous entraîne dans des paysages bucoliques propices à la rêverie et sur de légères pistes de neiges parcourues par des trappeurs… même si dehors, ce soir à Paris, il y a seulement un peu de brouillard ! On sent la magie s'emparer du public, qui écoute les yeux fermés, et le concert monte en intensité. Il est intéressant de voir combien une foule plus habituée à la musique rock écoute ce groupe avec silence et sans aucun mouvement (sauf en ce qui concerne un jeune, assis à côté d’Oliver et de sa femme, qui choisit bizarrement de « headbanguer » tout au long du set !). Robin, sur scène, est un maladroit attachant avec ses fréquents, et énervants « Thank you so much »… Une tasse d’eau (ou de thé ou de scotch) et c’est un autre « Thank you » : les temps morts entre les chansons sont utilisés pour boire beaucoup.

La musique de Fleet Foxes vient des racines, elle est le résultat d'une archéologie curieuse et rigoureuse qui donne sève et profondeur aux chansons, comme par exemple la belle Your Protector, qui sera ce soir l’un des points culminants d’un ensemble qui est pourtant presque parfait. Le plaisir de la soirée est dans cette poignée de chansons que tout le monde aime déjà, et que le public salue avec enthousiasme et quelques cris, tandis que les cinq renards de Seattle ont répété avec diligence et sans bavure leurs pas appris en studio. Robin, sans être un exaltant leader de foule, révèle un charisme simple et solide, sans fioritures, qui lui sert à dominer une scène lorsqu'il est seul, dans cette intimité avec sa guitare acoustique, et même sans amplification... Voici une version solitaire de Tiger Mountain Peasant Song, que j'attendais patiemment  Elle est rapidement devenue ma chanson préférée, avec ses mots lancinants en refrain « Dear shadow alive and well,  How can the body die, You tell me everything, Anything true ». Le moment est agrémenté d’une suite de deux nouvelles chansons, dont Blue Spotted Tail. L'énergie rythmique, l'éclectisme sans limites, une alternance des voix dans le chant, une certaine intelligence dans la construction méthodique de ces chansons, et un sens mélodique inné permettent à Robin d’écrire des morceaux impeccables. La salle arrête presque de respirer pour éviter tout bruit qui puisse nuire au charme du moment. C’est beau, il n’y a rien à ajouter, si ce n’est que nous avons des frissons sous la peau, pendant que le talentueux Robin essuie la sueur de ses longs cheveux nattés avec une serviette. Comme je regarde le spectacle, je ne peux pas m'empêcher de penser à sa facilité à créer des harmonies vocales. Et les applaudissements arrivent... et le groupe est de retour. Avec Mykonos, dans une version alternative, qui marque la première pause : le temps de descendre des nuages et de revenir à la réalité…

Arrive le rappel attendu, et Robin revient seul, il s’installe à l'avant de la scène, proche des moniteurs et éloigné du microphone, privé de tout amplification, la guitare accrochée à hauteur de la poitrine, pour effectuer une reprise profondément intime de la chanson folk américaine traditionnelle Katy Cruel. Dans le silence feutré, chaque mot, chaque note de sa guitare, le rythme de son pied, résonnent dans la salle, comme  saignée par cette putain de voix passionnée, puissante, émouvante et si touchante, dans une tristesse sans pareille. La beauté absolue de la chanson et le jeu de la guitare acoustique créent une atmosphère unique, propice aux applaudissements. Il ne fait aucun doute que Fleet Foxes est l’œuvre et l’instrument de Robin, cet excellent chanteur qui montre une si désarmante modestie. Encore une chanson en acoustique et en solo, avant que la soirée ne se termine avec son groupe, et aussi tout Blitzen Trapper qui les rejoint sur la scène pour un final en forme de fête entre amis avec Blue Ridge Mountains. Avec une percussion supplémentaire, la chanson s'avère être un final à un grand spectacle. Fleet Foxes quitte la scène en souriant et en nous saluant avec enthousiasme - comme s'ils devaient nous remercier - sous les applaudissements, laissant derrière un agréable souvenir d’une consécration : avoir déclenché ce sentiment d'émerveillement à chaque chanson, qui a été acclamée comme si elle était un vieux classique que nous avions chanté depuis l'enfance. Robin a remercié longtemps et a crié : « This has been our best show ever! »  Je ne vais certainement pas être d’un avis contraire.

C’était un très bon concert, 1h25 de bonheur, avec un son qui vous frappe au visage, au point que presque tout le monde (en tout cas moi et Gilles B.) dans la salle en redemandait. Fleet Foxes, avec ces harmonies stylées, tout simplement sensationnelles, constituent un vrai antidote à la vie moderne. Peace and Love, et une grosse, grosse claque.  Vous seriez fous de les rater, la prochaine fois, tant ce spectacle est étonnant.



I was following the pack
all swallowed in their coats
with scarves of red tied 'round their throats
to keep their little heads...»









Blitzen Trapper est un groupe de folk de Portland et a été formé en 2000. Ils sont à l'origine de 4 albums dont le plus récent est sorti en 2008.

(http://www.myspace.com/blitzentrapper)



Groupe indépendant de pop-folk baroque, les Fleet Foxes viennent de Seattle. Signé sur Sub Pop et Bella Union, ce groupe de doux rêveurs débute sa carrière discographique en février 2008 avec la sortie de l’EP Sun Giant aux USA. Le groupe surprend par un son qui emprunte des aspects très classiques au rock, au folk et même aux chants médiévaux.


(http://www.myspace.com/fleetfoxes)


2003 Blitzen Trapper
2004 Field Rexx
2007 Wild Mountain Nation
2008 Furr
2009 Black River Killer (EP)


Sun Giant (EP) - 25 février 2008
Fleet Foxes - 3 June 2008





Earley (guitar/vocals)
Erik Menteer (guitar/keyboard)
Brian Adrian Koch (drums/vocals)
Michael VanPelt, (bass)
Drew Laughery (keyboards)
Marty Marquis (guitar, keyboards, vocals)












Robin Pecknold : Vocal & Acoustic Guitar
Skyler Skjelset : Guitar
Casey Wescott : Keyboards
Christian Wargo : Bass
Nicholas Peterson : Drums









La Setlist du Concert
FLEET FOXES


01. Sun Giant (Sun Giant EP - 2008)
02. Sun It Rises (Fleet Foxes - 2008)
03. Drops In The River (Sun Giant EP - 2008)
04. English House (Sun Giant EP - 2008)
05. Bedouin Dress (New Song)
06. White Winter Hymnal (Fleet Foxes - 2008)
07. Ragged Wood (Fleet Foxes - 2008)
08. Your Protector (Fleet Foxes - 2008)
09. Tiger Mountain Peasant Song (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Fleet Foxes - 2008)
10. Blue Spotted Tail (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (New Song)
11. Lorelai (Robin Pecknold on acouystic guitar, solo) (New Song)
He Doesn't Know Why (Fleet Foxes - 2008)
Mykonos (Sun Giant EP - 2008)

Encore

14. Katie Cruel (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Cover Karen Dalton)
15. Oliver James (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Fleet Foxes - 2008)
16. Blue Ridge Mountains (With Blitzen Trapper) (Fleet Foxes - 2008)

La durée du concert : 1h25

AFFICHE / PROMO / FLYER