Blogger Template by Blogcrowds

lundi 5 juillet 2010

ARCADE FIRE ~ Le Casino de Paris.



Ce qu’en a pensé Yannick M. :
 
« S’il existe la célébrissime Loi de Murphy lorsque tout va de travers, quel est donc le nom pour son pendant positif ? Quand tout s’enchaine au millimètre ? Car en ce soir du 5 juillet, pour pouvoir être au Casino de Paris assister au retour d’Arcade Fire en France, après plus de 2 ans d’absence, il m’avait fallu un concours d’heureuses circonstances… A commencer par découvrir par hasard l’annonce de ce concert « exclusif » la veille de la mise en vente des billets. Être sur Paris ce jour-là pour aller chercher le précieux sésame, ce qui tient d’une gageure dans mon actuelle vie dissolue d’itinérant. Surmonter un impératif professionnel qui m’obligeait d’être à Madrid ce même 5 juillet. Profiter d’une exceptionnelle arrivée à l’heure d’un avion Air France sur le coup des 19h30, et enfin bénéficier d’une des plus belles inventions déambulatoires récentes, la moto taxi ! Adieu embouteillages, adieu retards, rock plus moto, la soirée s’annonçait belle, furieuse, …

Et à 20h00, après ces 30 minutes de « ride » à moto sous un superbe soleil d’été de fin de journée, je pénétrai donc sous les lambris rouges du Casino de Paris…

Probablement parce que ce concert était un spectacle « promo », avant même la sortie de leur nouvel album (mystères de maison de disque ou sponsors peut-être), aucune première partie ne vint se frotter à la salle bondée.

Et à 20h30, ce sont bien les 8 membres du groupe qui prenaient possession des lieux : 3 femmes, 5 hommes, 2 sets de batterie, un piano, des claviers, 2 violons, de multiples guitares, et ô combien de combinaisons tout le concert durant… toute la richesse d’Arcade Fire est là, sur scène, une concentration d’énergie en devenir, prête à allumer l’étincelle avec leur public sevré depuis 2 ans au moins et impatient d’en découdre. Il ne manquera que quelques cuivres pour pimenter le tout, mais ce serait faire le fin gourmet…

Après une entrée en matière somme toute gentillette, sorte de tour de chauffe, avec 2 premiers morceaux émanant de ce fameux nouvel album, pas encore sorti et naturellement inconnu du public, c’est avec Neighborhood (Laika) que l’ambiance monta nettement d’un cran. Ce premier album « Funeral » fait toujours autant d’effet, les chœurs montent de la salle, le public présent est un public de la première heure. La dynamique se poursuit avec le superbe No Cars Go, de l’album Neon Bible, pour s’achever avec une version totalement délurée et électrique de Haïti. Au chant bien sûr, la délicieuse voix de Régine Chassagne, et crescendo un délire de percussions, avec des musiciens tous en transe, la palme revenant sans conteste à William Butler qui, accroché à sa basse et dans sa chemise à carreaux bariolée, se fait une spécialité d’arpenter la scène dans toutes ses dimensions à coups de violents sauts de marsupilami ayant ingurgité des substances illicites….

Après cet enchainement décoiffant, la fièvre retomba un peu avec à nouveau plusieurs extraits de ce dernier album, aux styles apparemment multiples et variés, difficiles à cerner à travers les versions live des morceaux… Et qui méritera, c’est certain, une réécoute plus attentive lors de sa sortie, dans quelques semaines. The Suburbs, espèce d’ovni très pop, fuité sur le Web dans les semaines précédentes, avec une base de piano acoustique très prononcée, la voix de Win Butler très posée, trop posée, lui dandinant tranquillement assis derrière le piano. Une ballade au final agréable mais qui ne décolle guère. Suburban War qui suit, est plus ancré dans le style mélodique des deux albums précédents, la complexité musicale est là autour des cordes, guitares, violons, …, la montée en puissance rythmique et mélodique aussi, la voix de Win se fait Bowie-esque… Oui le son Arcade Fire est toujours là sur ce dernier album ! Même sans connaitre, le public adopte, la foule se frotte.

La session « on présente notre dernier album » se conclut par We used to Wait, avec Régine au piano acoustique pour commencer, et des rifs de guitare qui viennent casser crescendo ce tempo piano. Assez séduisant au final, sans transporter pour autant. On pourrait même dire que le concert ronronne quelque peu à cet instant. Les membres du groupe ont beau passer d’un instrument à l’autre, et bouger frénétiquement, dans une transe bien à eux, tout en maitrisant parfaitement leur musique, ce n’est pas l’hystérie dans la foule. C’est certain, difficile de maintenir une ambiance euphorique avec des morceaux que les milliers d’afficionados présents découvrent, n’ont pas pu apprivoiser, dont ils n’ont pas pu s’imprégner…

Heureusement, le meilleur était à venir, vite oublié le ronron ambiant, accrochez les ceintures, bienvenue dans le shaker Arcade Fire… fusée à deux étages avec comme lanceur : Neighborhood 3 (Power Out). Et une mise sur orbite enchaînée en continu avec Rebellion (Lies). Un moment inouï, un enchainement d’anthologie, un monument d’emphase et de lyrisme rock, où des vagues extatiques transportent le public, où les chœurs et les cœurs se mettent au diapason, les émotions sont là, à fleur de peau, les voix déraillent au bout de ce quart d’heure de folie québequoise, l’air est bouillant, les corps tout autant, grandiose, lumineux...

Difficile de s’en remettre, apogée du concert, …

Un petit morceau du dernier album en guise de transition, très rock avec double set de percussions/batterie, écrasant des cordes quasi inaudibles, et même un mégaphone pour finir de déchirer nos tympans… Pas aidé, il est vrai, par un son trop saturé à ce moment là. Mais un morceau vite oublié, après la ferveur déclenchée quelques minutes auparavant.

D’autant plus que les premières notes de Keep The Car Running résonnent, et remettent une couche à ce public qui en demande encore, encore, encore.

Et alors que le set principal se termine là-dessus, 70 minutes après avoir commencé, les applaudissements de la foule s’éteignirent assez rapidement après le « Merci Bonne Soirée, à bientôt ! » du groupe et leur sortie de scène. Fatigue ? Pause désaltérante ? Train à prendre ?  Rien de tout ça… Juste une envie collective de rappeler les artistes avec la manière, avec les émotions dont ils nous avaient si bien nourris : trois mille voix à l’unisson fredonnant le thème musical de Rebellion (Lies), des « hou hou » repris a capella, au début « piano piano », puis un chœur de plus en plus ardent et intense, dans un noir baigné de quelques lumières… Inoubliable… J’en suis certain, même les murs et les moquettes du Casino de Paris en ont encore des frissons.

La magie de ce moment trouva son prolongement dans les choix musicaux fait par le groupe pour le rappel, piochés dans leurs deux premiers albums si réussis. Neighborhood 1 (Tunnels) pour recommencer l’embrasement là où il s’était interrompu, puis Intervention.

Et enfin pour finir Wake Up, autre morceau porteur d’un hymne choral exaltant, repris en chœur avec ardeur par tout le public, en transe, chant du cygne magnifique d’un concert magnifique, bien qu’un peu court à mon goût, 1h30.

Concert magnifique mais inégal. Probablement la conséquence de sa logique même : quand presque la moitié du set est consacrée à des nouveaux morceaux, encore inconnus de leurs fans, et faisant évoluer le style musical vers des contrées nouvelles en comparaison des deux premiers albums, difficile de maintenir un niveau d’intensité et d’enthousiasme constant tout au long de la soirée. Autour de moi en sortant, certains expriment à ce sujet un soupçon de déception par rapport à leurs précédentes performances deux ans auparavant. N’ayant personnellement pas eu la chance d’y assister, je vois plutôt le verre à moitié plein qu’à moitié vide… Comment pourrais-je faire la fine bouche devant les souffles épiques d’émotions musicales, bouillantes et intenses, vécues ce soir à travers les nombreux extraits de « Funeral », et à un degré moindre de « Neon Bible ». Une communion intense entre ces Montréalais et leur public, des morceaux exaltants, des vagues de frissons, une fièvre euphorisante. Oui, définitivement, mon verre d’émotions musicales était bien plein en cette douce soirée de juillet, délicieusement rempli par l’élixir Arcade Fire … et n’en sera que plus rempli dans moins de deux mois avec leur prochain passage lors de Rock en Seine. J’en ai déjà soif… »



photos de adrien chabal

 

Arcade Fire (également appelé The Arcade Fire) est une formation de rock indépendant originaire de Montréal, Québec, Canada, en 2000, jouant un rock émotionnel et inclassable. Il s'est développé autour du couple formé de Win Butler et Régine Chassagne . Cependant ils ne connaissent le succès qu'avec Funeral, qui paraît en 2004. Le groupe fait usage d'un large éventail d'instruments de musique — surtout de la guitare, de la batterie et de la guitare basse — mais aussi du piano, de l'alto, du violoncelle, du xylophone, de l'accordéon et de la harpe. La plupart des musiciens jouent de plusieurs instruments: sur scène, on peut ainsi voir Régine Chassagne passer de l'accordéon à la batterie ou Win Butler de la guitare à l'orgue.
(http://www.myspace.com/arcadefireofficial)
 
  
    •    2004 : Funeral
    •    2007 : Neon Bible
    •    2010 : The Suburbs




  Win Butler : Chant, Guitare, Piano, Basse.
Regine Chassagne : Chant, Accordeon, Batterie, Xylophone, Percussions, Clavier.
Will Butler : Clavier, Percussions, Xylophone.
Richard Parry : Clavier, Piano, Accordeon, Xylophone, Percussions, Basse.
Timothy Kingsbury : Basse, Guitare.
Sarah Neufeld : Violon.
Jeremy Gara : Batterie, Guitare.







La Setlist du Concert
ARCADE FIRE



Ready To Start (The Suburbs - 2010)
Modern Man (The Suburbs - 2010)
Neighborhood #2 (Laïka) (Funeral - 2004)
No Cars Go (EP - 2003)
Haiti (Funeral - 2004)
Empty Room (The Suburbs - 2010)
The Suburns (The Suburbs - 2010)
Suburban War (The Suburbs - 2010)
We Used To Wait (The Suburbs - 2010)
Neighborhood #3 (Power Out)  (Funeral - 2004)
Rebellion (Lies) (Funeral - 2004)
Month Of May (The Suburbs - 2010)
Keep The Car Running (Neon Bible - 2007)
Encore
Neighborhood # 1 (Tunnels) (Funeral - 2004)
Intervention (Neon Bible - 2007)
Wake Up (Funeral - 2004)







La durée du concert : 1h25


AFFICHE / PROMO / FLYER



 








ARCADE FIRE ~ Le Casino de Paris.













Ce qu’en a pensé Gilles B.:

« L’émotion. C’est le premier mot qui me vient à l’esprit pour décrire l’état dans lequel je me suis retrouvé lorsque j’ai vu pour la première fois l’annonce de ce concert dans un webzine. L’émotion… et puis bien vite le désenchantement : places en vente uniquement aux guichets de 5 FNAC parisiennes le vendredi 4 juin. Mon problème, c’est que j’ai un rendez-vous de travail difficilement déplaçable. Et puis la vente sera limitée à deux places par personne, je n’ose même pas demander aux amis de m’en prendre une. Bref, grave dilemme qui m’empêche presque de dormir, je ressasse le tout dans ma tête, et puis je décide d’essayer de déplacer mon rendez-vous, en prétextant un « problème personnel », sans trop m’attarder sur le motif, ouf… j’ai un fournisseur compréhensif, et surtout souple dans son emploi du temps, je vais pouvoir poser une demi-journée pour essayer d’avoir le fameux sésame.

Vendredi 4 Juin, JP passe me prendre à 7 h du matin, direction la capitale, et plus précisément la Fnac des Ternes, la plus près de chez nous, avec celle de St Lazare… mais les Ternes, moi je la connais bien.

8 h 00, nous sommes sur place, j’indique à JP qu’il faudrait que l’on aille voir les autres entrées, et surtout celle qui se trouve à l’opposé de l’entrée principale, et qui a le mérite de donner directement sur la billetterie, que l’on aperçoit à travers les portes. A cette heure, il y a juste une personne qui attend elle aussi l’ouverture des portes, mais pour lui c’est l’ouverture des la billetterie pour Sting qui l’intéresse ! Plus que deux heures à attendre… deux heures que l’on va passer tranquillement et à l’ombre, car en ce début Juin, le temps est au beau fixe. Les gens arrivent peu à peu, on discute, la tension monte tout doucement, et « s’ils » n’ouvraient pas là en premier ? Plein de questions qui se bousculent dans nos têtes, car tant que nous n’avons pas les billets en poche, nous restons tous anxieux et inquiets. 10h00, on voit de l’animation dans la FNAC, le personnel va prendre position derrière les portes des différentes entrées… 10h01, je trépigne, et soudain c’est l’ouverture des portes, l’entrée se fait sans bousculade, mais je cours tout de même (bon, nous avons dix mètres à faire, mais on ne sait jamais !) et je vais directement à l’un des deux guichets ouverts. « Bonjour je voudrais deux places pour le concert d’Arcade Fire, dans la fosse », et pendant que la femme s’affaire derrière son guichet, j’entends des bruits de gens qui courent, ce sont toutes les personnes qui ont fait la queue devant l’entrée principale, mauvaise pioche !! Et enfin après une petite minute d’attente, on me tend les deux sésames, la pression retombe, un sentiment de soulagement m’envahit. JP me rejoint avec lui aussi les fameux sésames en poche, on décide d’évacuer la pression (si, si, on l’avait) en allant faire un tour dans le magasin. Quelques minutes plus tard, coup de fil de Vincent, lui aussi a ses billets en poche, la satisfaction est maintenant totale.

Petite ombre au tableau : deux amis ne seront pas présents à ce concert, je parle bien sûr d’Eric et de Delphine.

Plus qu’un mois à attendre, maintenant... Alors pourquoi tant de passion pour Arcade Fire ? Tout simplement par ce que c’est à mon humble avis l’un des groupes les plus novateurs des années 2000, celui qui me fait frissonner avant de les voir sur scène, celui qui transforme ses concerts en messe quasi mystique, celui qui m’apporte une jouissance absolue. Pour d’autres personnes, c’est Radiohead ou Muse, pour nous (je me permets de parler aux noms de mes amis), c’est Arcade Fire.

Rétrospective : 2005, JP revient encore tout excité de leur prestation de Rock en Seine, moi j’ai raté le coche mais deux ans plus tard, je me rattrape avec les deux fameux concerts de l’Olympia, qui resteront pour moi les deux meilleurs concerts de l’année 2007, deux journées que j’avais vécues en apnée, je m’en rappelle encore. Et puis ce fut notre périple aux Arènes de Nîmes, pour cette fois un concert en demi-teinte, mais avec une seconde partie tout de même de très bon niveau (…mais ce voyage fut une complète réussite à l’époque…). Et puis le final, avec un grand concert d’Arcade Fire à Rock En Seine, fin Aout 2007. Depuis, c’est le calme plat, on savait qu’il faudrait attendre deux à trois ans, leurs derniers concerts ayant été donné en Australie en janvier 2008.

2010, les blogs commencent à fournir des informations, le nouvel album s’appellera « The Suburbs », puis deux titres sont mis en ligne… Moi, je ne veux pas les écouter, je préfère attendre et les découvrir soit lors de la sortie de l’album, soit lors d’un concert. Concert d’ailleurs annoncé rapidement, Arcade Fire sera en tête d’affiche de Rock en Seine (on ne sait pas alors quel jour, peu importe d’ailleurs) pour ce qui est annoncé comme la seule prestation du groupe sur le territoire français cette année, une annonce qui se révèlera plus tard complètement erronée. Et puis ce fameux concert, un privilège donné au public parisien, car il faut bien dire parisien, vu le mode d’attribution des billets.

Lundi 5 juillet. J’ai décidé de prendre une semaine de congés. Un concert tous les soirs depuis hier, et surtout le concert de ce soir, tant attendu. Bon, quoi faire ? Arriver à 14h, 15h ? Je suis un peu perdu, et aussi perplexe, car je connais cette salle, et le problème récurent c’est tout simplement l’entrée. Cinq portes d’accès, mais on ne sait jamais laquelle ils vont ouvrir. Je me décide en fin de compte à arriver aux alentours de 17h, on verra bien… Et après avoir trouvé très facilement une place à proximité, j’arrive devant le Casino de Paris, où une petite cinquantaine de personnes squattent toutes les entrées. Il n’y a pas vraiment de queue, je me poste sur l’entrée de la plus à gauche, celle qui donne sur le comptoir de la billetterie. Cela se révèlera en fin de compte une mauvaise idée… Mais en attendant, il faut bien patienter deux bonnes heures, heureusement il y a pas mal de connaissances dans le coin, Julie que je retrouve avec plaisir, puis d’autres personnes que je vois fréquemment lors des concerts… Puis c’est l’arrivée de JP et Solange, puis celle de Philippe D, Gilles P et Vik, l’équipe est au complet, certains vont dans la fosse, d’autres ont préféré le balcon. Une petit gueulante tout de même, il semblerait que ce soir il y ait eu plusieurs centaines de places réservées pour des invités (je dis bien il semblerait). Cet état de fait est malheureusement devenu courant pour ce genre d’évènements, et vous ne pourrez pas m’empêcher de dire que je trouve cela scandaleux. Marre de ces gens invités même pas passionné, qui viennent juste là pour dire « j’y étais ». Ras le bol de ces passes droits ! Laissons les places aux véritables amoureux de musique et d’Arcade Fire. Fin de mon coup de gueule.

Effervescence derrière les portes, merde, ils ferment mon entrée, et je vois les gens se diriger vers celle du centre. En vérité, seules deux portes seront ouvertes, c’est folklorique l’entrée dans cette salle, mais j’ai l’habitude. Bon gré, mal gré, je réussis à me faufiler pour ne pas être trop largué, puis c’est le scan des billets. A ce propos, pourquoi marquer sur chaque billet (et l’annoncer aussi clairement) que les billets sont nominatifs et qu’éventuellement une pièce d’identité pourrait être demandé lors du contrôle des billets ? Pourquoi puisque l’on peut prendre 2 billets et que forcement, le second n’est pas pour soi ?

Me voilà dans la salle, je fonce, suivi de JP, vers le côté gauche de la scène, où se trouvent déjà Julie et Malika, on se place juste derrière elles, pas de problème, la vue sera complètement dégagée. Petit tour d’inspection de la salle qui se remplit à la vitesse grand V, j’aperçois pour la première fois le toit ouvert qui permet ainsi de laisser entrer un peu d’air et de fraîcheur… mais nous ne sommes pas au Bataclan ce soir, et la température ambiante est largement supportable. Un coup d’œil sur la scène, pas de première partie à priori. Je constate qu’il y a de plus en plus d’instruments divers et variés, cela va des claviers aux deux batteries, le tout dans une sorte de désordre apparent. Juste derrière les batteries, un écran géant est suspendu au plafond. Pour moi, la sérénité est revenue, ça y est, nous y sommes, bien placés de surcroît… même si le premier rang n’est pas atteint ! Le toit est maintenant refermé, et les lumières s’éteignent enfin, il est dans les environs de 20h30. Un par un, les membres du groupe montent sur scène, tient, Richard Perry s’est laissé poussé les cheveux, et ne porte plus de lunettes. Ah, Régine est toujours aussi gracieuse, mais il me semble qu’elle a maigri un peu. Et ma jolie Sarah Neufeld, une fois de plus elle se trouve à l’opposé et j’aurais du mal à la voir de près. Et Win, le maître de cérémonie, il a toujours cet air de géant mal à l’aise, toujours aussi mal fagoté, la coupe de cheveux semblable à celle qu’arborait les membres de groupes alternatifs des années 80, rasé sur les côtés et coiffé en arrière… et toujours ce sentiment de respect et d’admiration quand on voit le bonhomme. Car Win incarne Arcade Fire, il est l’âme et le gourou du groupe. Contrairement à la tournée Neon Bible, les deux cuivres additionnels ne sont pas présents. Par contre, Marika Anthony Shaw, la seconde violoniste est là, comme elle l’était sur la tournée Néon Bible.

Et d’entrée Arcade Fire nous plonge dans l’ambiance de leur petit dernier, « The Suburbs », avec tout d’abord Ready To Start qui nous surprend par son caractère j’allais dire presque classique, du folk rock très entraînant toutes guitares en avant, il n’y a plus le côté torturé que l’on trouvait chez nos Canadiens, non ça envoie plutôt la purée d’entrée. Certains seront certainement surpris par cette entrée en matière, moi elle n’est pas pour me déplaire… mais pour l’instant je reste plutôt spectateur qu’acteur, je découvre, je zieute partout sur scène, Régine affiche toujours de grands sourires pendant que Jeremy Gara m’impressionne par sa frappe, c’est vrai que pour la première fois on peut presque le voir de près, conséquence heureuse de la nouvelle disposition des instruments sur scène. Le concert continue avec toujours une plongée dans « The Suburbs », cette fois c’est Modern Man, et l’on commence à retrouver ce qui fait que l’on aime Arcade Fire, c'est-à-dire ce côté épique qui a fait la renommée du groupe. Et première constatation, Win est en forme, le groupe dans son ensemble est en forme, ils rodent les morceaux pendant que de notre côté nous les découvrons, le partage est sympathique, et l’on devine dès ce second morceau le potentiel de ces nouvelles chansons, c’est encore imprécis dans nos têtes, mais ce que l’on constate déj,à c’est que l’on ressent quelque chose. D’un coup le concert prend une autre dimension, les premières notes de Neighbourhood 2 (Leika) retentissent, Régine est arcboutée à son accordéon, Will Butler et Richard Perry font les pitres, malheureusement sur l’arrière scène. Mais l’ambiance n’est pas encore à son comble, elle va le devenir sur le morceau suivant : ce sera le premier grand choc de la soirée, un No Cars Go absolument formidable. La troupe est alignée sur le devant de la scène quand la machine se met en marche, le côté épique dont je parlais plus haut est cette fois complètement présent, enfin on se libère, on se lâche, je suis tellement heureux que je me sens léger et libre comme l’air, en sautant sur place et en jetant un coup d’œil derrière moi, je constate que l’effet est le même sur JP et Solange, nous sommes tous devenus des Zébulon ce soir : que c’est bon de scander, voire de hurler : « Hey ! No Cars Go ! » à l’unisson. Jeremy impose le tempo si particulier à la batterie, et nous, nous sommes le douzième homme du groupe, celui qui transcende son équipe. Et dieu que c’est beau de les voir là devant nous tel qu’on les attendait, la magie est de retour !!! Cette version tendue et serrée de No Cars Go est peut-être l’une des meilleurs qu’il m’ait été donné de voir. Car n’oublions pas que c’est un exploit de pouvoir ressentir ces moments que l’on aurait pu croire disparus à jamais, de la part d’un groupe dont on a déjà tant reçu, on pouvait craindre non pas de la lassitude, ça jamais, mais plutôt que l’effet de surprise ait disparu, et du coup l’excitation en même temps. Eh bien non, cela marche toujours, et cela me ravit d’autant plus. Fondu enchaîné, place maintenant à la maitresse de maison, en l’occurrence Régine Chassagne pour ce qui sera un peut-être un des moments les plus poignants de la soirée. La version de Haïti qui sera jouée ce soir sera tout simplement formidable, la meilleure que j’aie jamais entendu. Je dois bien reconnaître d’ailleurs que ce morceau ne faisait pas partie de mes favoris, loin de là il y a quelques années, mais depuis, quelque chose s’est passé, j’ai véritablement découvert cette chanson, j’ai frissonné ce soir quand Régine chantait, de plus les éclairages et les projections sur l’écran géant donnaient encore plus de relief à cette chanson, et j’ai senti une puissance formidable qui émanait de tout cela, de la puissance mêlée à beaucoup d’émotion : le groupe est tout simplement grand sur ce morceau qui, hélas cette année, est encore plus de circonstance qu’il y a trois ans. Magnifique, tout simplement, pour moi l’un des grands moments forts de la soirée. Et c’est de nouveau une plongée vers l’univers de « The Suburbs », avec cette fois pas moins de quatre morceaux enchainés : on commence avec Empty Room, un morceau extrêmement rapide au tempo martelé, beaucoup de guitares et un son plus terre à terre certainement, puis c’est The Suburbs pendant lequel on verra Win se placer derrière un orgue, ou un piano électrique, peu importe, pour une chanson pleine d’émotion et de nostalgie, et les gros plans sur le visage de Win qui sont diffusés sur l’écran géant donnent encore un sens plus profond à cette chanson, ce morceau est tout simplement une belle réussite, c’est idiot mais il me fait penser par moment à un morceau des Desert Sessions de Josh Homme (Make It With Chu). On continue l’exploration en profondeur de « The Suburbs », avec We Used To Wait encore une fois un morceau qui tient dans un schéma rock assez classique, avec toutefois la petite touche Arcade Fire qui rend le morceau attractif, et avec toujours un Win Buttler en premier plan, moins torturé que par le passé, sans pour cela que le bonhomme soit complètement apaisé…Mais son emprise sur nous est telle que, lorsqu’il s’approche du premier rang jusqu'à presque les toucher, il y a une espèce de tension palpable qui parcourt les spectateurs. La fin de cette première partie de concert va nous emmener pratiquement au nirvana. La version de Power Out, qui n’est pas non plus un de mes morceaux préférés, sera épique ce soir, on sait maintenant depuis Haïti que la partie est gagnée, mais on en veut plus, on veut chanter et sauter pour le plaisir, et Power Out relance la machine… Avant que l’enchaînement magique intervienne, et que les premières notes ne surgissent : comme vous pouvez l’imaginer, ce fut GRANDIOSE. Oui, je n’y vais pas avec le dos de la cuillère, ce Lies fut énorme, repris en cœur par toute la salle ou presque, et voir mes amis à mes côtés se défouler et prendre du plaisir avec des visages rayonnant, ça aussi ce furent de grands moments de bonheur absolu. Un instant, on pense que Win va jeter sa guitare, puis il la pose, vient au devant des spectateurs, là encore, on se demande s’il ne va pas sauter dans la foule, mais il se contentera de donner le micro aux spectateurs qui vont scander tous ensemble un LIES fédérateur.


La messe est dite, Arcade Fire reste un groupe DIFFERENT, j’aime ce terme car il correspond à ce que j’aime, différent par sa musique, différent par son charisme, différent car c’est une tribu qui nous fait face, des gens qui ne se font pas la gueule, et qui manifestent leur plaisir de jouer et leur plaisir d’être appréciés. Et si la messe est dite, il nous reste encore à communier quelques minutes avec un formidable et prenant Keep The Car Running, là aussi ce sera un des grands moments de ce concert, avec une version époustouflante, il manquait juste l’effet trampoline que procurait sous nos pieds la grille en fer de la crash barrier de l’Olympia, mais ce fut un grand moment de communion avec un groupe en pleine forme. Fin de la première partie, retour et pari gagné pour Arcade Fire, on rêve déjà de ce que l’on vient de vivre.


Mais le concert n’est heureusement pas tout à fait fini, et nos héros reviennent pour achever le triptyque « Neighbourhood » avec Tunnels et puis, ce sera pour moi la seule petite déception du concert, une version d’Intervention avec une intro à la guitare acoustique par Win Buttler, version plus intimiste où il manquait le coté solennel et la grandiloquence des versions précédentes où l’orgue résonnait comme un coup de tonnerre. Mais heureusement c’est sur une note positive que le concert va s’achever, avec un Wake Up annonciateur d’une fin de set proche, et une fois de plus, le groupe presque dans son entier, se tient en ligne sur le devant de la scène, impétueux et tendu, avec une rage que l’on reçoit de plein fouet, et qui une fois de plus nous submerge et nous fait chavirer de bonheur. Arcade Fire joue depuis 1h25, ils ne reviendront pas mais nous nous avons les yeux qui brillent et brillent encore.

Déjà les roadies commencent leur travail, mais nous, nous sommes encore sur une autre planète, JP ne cesse de me répéter que c’était « grandiose », et ma foi je suis entièrement du même avis. Les amis nous rejoignent, on traîne, on se remet tout doucement, je suis encore comme dans un rêve, et l’on pense déjà à la grande messe en plein air qui aura lieu d’ici à peine deux mois à Rock En Seine. Evidemment, je ne peux m’empêcher de faire des emplettes au merchandising, deux nouveaux t-shirts, et finalement on quitte presque à regret le Casino de Paris qui se révèle au fond une très bonne salle, dommage que l’entrée soit aussi folklorique.

Il m’a fallu quelques jours pour commencer ce compte rendu, quelques jours nécessaires pour digérer, pour apprécier la chance que j’ai eu de voir Arcade Fire dans ces conditions, j’ai lu de tout sur cette soirée, des comptes rendus de personnes blasées (celles qui arrivent généralement au dernier moment et qui restent au fond de la salle), d’autres qui regrettaient le manque d’ambiance, surtout au balcon, d’autres au contraire qui ont vu ce soir un grand concert, bref j’ai lu de tout sur ce concert s’Arcade Fire. Mais croyez moi, j’étais devant, j’ai participé, j’ai chanté, j’ai même hurlé des LIES, j’ai souris béatement, et j’ai AIMÉ ce concert, Arcade Fire est de retour et on compte bien en profiter au maximum.

Une dernière chose, ce concert nous a manifestement marqués, moi et certains de mes camarades, JP pour ne pas le nommer, et moi, avons pris la décision de faire ce que des jeunes font maintenant et que nous à l’époque n’avions jamais osé faire, suivre un groupe en tournée. Fin novembre, pendant une semaine nous allons donc partir voir Arcade Fire tout d’abord à Madrid, puis ce sera Barcelone, retour ensuite en France pour un concert à Marseille et enfin notre périple s’achèvera par la concert du 26 novembre à la Halle Tony Garnier à Lyon. 4 concerts en 1 semaine, de quoi rassasier notre passion pour quelque temps, mais on attend tout de même avec impatience leur prochain passage dans la capitale, Zénith ou Bercy ? On verra bien… »









Arcade Fire (également appelé The Arcade Fire) est une formation de rock indépendant originaire de Montréal, Québec, Canada, en 2000, jouant un rock émotionnel et inclassable. Il s'est développé autour du couple formé de Win Butler et Régine Chassagne . Cependant ils ne connaissent le succès qu'avec Funeral, qui paraît en 2004. Le groupe fait usage d'un large éventail d'instruments de musique — surtout de la guitare, de la batterie et de la guitare basse — mais aussi du piano, de l'alto, du violoncelle, du xylophone, de l'accordéon et de la harpe. La plupart des musiciens jouent de plusieurs instruments: sur scène, on peut ainsi voir Régine Chassagne passer de l'accordéon à la batterie ou Win Butler de la guitare à l'orgue.

(http://www.myspace.com/arcadefireofficial)


  
    •    2004 : Funeral
    •    2007 : Neon Bible
    •    2010 : The Suburbs






Win Butler : Chant, Guitare, Piano, Basse.
Regine Chassagne : Chant, Accordeon, Batterie, Xylophone, Percussions,
Clavier.
Will Butler : Clavier, Percussions, Xylophone.
Richard Parry : Clavier, Piano, Accordeon, Xylophone, Percussions,
Basse.
Timothy Kingsbury : Basse, Guitare.
Sarah Neufeld : Violon.
Jeremy Gara : Batterie, Guitare.






La Setlist du Concert
ARCADE FIRE

Ready To Start (The Suburbs - 2010)
Modern Man (The Suburbs - 2010)
Neighborhood #2 (Laïka) (Funeral - 2004)
No Cars Go (EP - 2003)
Haiti (Funeral - 2004)
Empty Room (The Suburbs - 2010)
The Suburns (The Suburbs - 2010)
Suburban War (The Suburbs - 2010)
We Used To Wait (The Suburbs - 2010)
Neighborhood #3 (Power Out)  (Funeral - 2004)
Rebellion (Lies) (Funeral - 2004)
Month Of May (The Suburbs - 2010)
Keep The Car Running (Neon Bible - 2007)

Encore

Neighborhood # 1 (Tunnels) (Funeral - 2004)
Intervention (Neon Bible - 2007)
Wake Up (Funeral - 2004)





La durée du concert : 1h25


AFFICHE / PROMO / FLYER