Première Partie : THE BLAKES + PETE AND THE PIRATES
« Avec la galère que je traverse pour arriver de Aarhus (Danemark, si si !) à temps pour ce concert - retards d'avion, changement de tenue dans le parking de Roissy 2D, embouteillages -, je me demande quand même pourquoi je me complique la vie pour un concert avec en double tête d'affiches, deux groupes que je n'aime pas vraiment, The Kills (j'ai toujours trouvé leur intégrisme rock un peu ennuyeux) et Gossip (pour moi, après avoir vu la grosse Ditto aux festival des Inrocks, toujours une sous-Tina Turner white trash)... La fièvre du rock'n'roll sans doute ? Le secret espoir qu'il se passera quelque chose ce soir qui me fera changer d'avis (car il n'y a que les imbéciles qui ne... etc.) ?
En tout cas, contre toute attente, j'entre dans l'Olympia et je me place au premier rang, complètement à gauche devant la sono (bonjour mon tympan gauche !) au moment même où la 1ere première (!) partie entre en scène...
Pete and the pirates nous la jouent "ligne claire", dans la grande tradition anglaise "early 80's" Pale Fountains / Lotus Eaters (vocaux éthérés, mélodies charmantes), avec un soupçon d'énergie post-ado pouvant évoquer les Undertones ("Toutes nos chansons sont à propos des filles", nous confiera le chanteur)... avec les deux guitares, mais sans le génie pop indispensable à ce niveau-là du jeu... Bref, il y a là dedans un peu de tout ce qu'on aime - on dodelinera gentiment de la tête sur les chansons les plus enlevées, on fera "la la la" sur les plus sucrées, mais il manque ce quelque chose qui fait les bons groupes : des chansons peut-être (les deux derniers morceaux seront les seuls à me paraître facilement mémorisables), ou plus simplement quelque chose qui les distingue du troupeau. 30 minutes d'un set léger et plaisant, mais vite oublié.
Je suis loin de Gilles B, que je vois presque au centre, avec en main son nouvel appareil photo. Tant mieux, car pour le moment, je n'ai pas vu l'ombre d'un photographe (le concert est filmé...). Les autres papys de notre bande trônent au balcon (sommeillent au balcon ?), donc pas de conversation pour faire passer le temps, ce soir, malheureusement.
20 h 00 : the Blakes entrent en scène, formule rock'n'rollienne type du trio, avec deux frères jumeaux (?) aux commandes, ils nous jettent des "candies" (des Américains, donc - on apprendra à la fin qu'ils sont de Seatle) et nous promettent du rock'n'roll. On est bien contents, du coup, et le son, déjà bien, monte d'un cran. La voix est sympa, assez blues pour ajouter un supplément d'âme à ce rock garage ultra traditionnel. Malheureusement, l'absence totale d'idées, d'imagination dans cette musique la plombe littéralement : tout cela est lourd, trop lourd, 100% transpiration 0% inspiration. Même les tentatives de faire monter l'intensité sonnent forcées, dérisoires même : il semble que les deux frères ne soient pas en très bons termes ce soir, c'est peut-être une explication quant à cette alchimie qui refuse obstinément d'opérer. 35 minutes plus tard, je ne ressens plus qu'un ennui horrible, je croise le regard de Gilles, qui m'a l'air lui aussi dépité. No fun, my babe, no fun !
"Did you have a real good one ?" feulent The Kills ? Pas sûr qu'on atteigne la pleine jouissance sur leur musique, qui est avant tout une pétrifiante danse de désir, une perpétuelle provocation sensuelle. Alison et Jamie fascinent immédiatement, beaux et cruels, impérieux et timides. L'électricité ruisselle littéralement de la scène, chaque riff de guitare sursaturé est comme un coup de griffes, chaque beat est comme un coup de fouet. Alison est une superbe panthère, tournant en rond dans la cage de son exaspération perpétuelle. Le son est, bien entendu, parfait, chaque crachotement vous saisit au bas ventre et au coeur en même temps. Oui, les Kills sont un rêve humide de rock'n'roll : difficile d'ailleurs de penser qu'ils ne sont pas amants (et pourtant Gilles me confirmera ensuite que, de là où il est placé, il voit Kate Moss en train d'attendre son chéri... Pas jalouse, la Kate ?) tant il se dégage de ce corps à corps, de leurs regards brûlants une sensation d'accouplement perpétuellement désiré, repoussé, parfois déchirant. Alors, au milieu de ce superbe ballet de chats de gouttières, que manque-t-il ? Des chansons sans doute, qui ne soient pas que des spectres décharnés vêtus de fragments de chair blême ou brûlée. Cette absence de mélodie, de structure même dans la musique, réduite à un manège absurdement beau de cris et de soupirs électriques, empêche donc le plaisir, auquel on préfère ici la torture du désir. Ai-je dit que tout cela est fondamentalement magnifique, et, comme toutes les passions non consommées, aussi superficiel (poussières d'émotions déchirantes) qu'essentiel (la vie figurée comme une danse rituelle). Et beaucoup trop court : 55 minutes. Maudissons ces programmes trop chargés !
Trash, Beth Ditto a décidé de l'être ce soir : vêtue d'une robe jaune ignoble et de bas résille déchirés, elle crache, pète (en faisant croire que c'est son guitariste et qu'il pue... la classe !), se lèche les bouts des tétons, régurgite sa bière,... bref, elle est assez pathétique, au point qu'on se demande pourquoi elle a besoin de ce vilain trip "Sid Vicious", elle qui est avant tout une "bonne fille" - on retrouve ce soir cette attention envers son public, son service d'ordre, etc. tout ce qui fait d'elle une vraie femme, et pas une star XXXXL.
Musicalement, le set de ce soir sera assez semblable à celui de la Cigale, malgré l'ajout sporadique d'un bassiste - un black vaguement perdu sur scène, avec une jolie coupe afro... Rien qui réussisse à me faire changer d'avis sur ce punk soul répétitif et un tantinet fatiguant, plaisant mais jamais vraiment excitant (surtout après les Kills !). Mais c'est clair que le spectacle est surtout dans la salle, dans cette sorte d'adoration extraordinaire du public envers cette icône improbable, qui me paraît finalement illustrer mieux que ses pitoyables crachats tout l'esprit "punk" : la célébrité de Beth Gossip, c'est encore une fois le rêve de 77 qui se réalise, le triomphe de musiciens sans grand talent qui ne sacrifient rien de leur intégrité, à force d'énergie, de singularité et de banalité à la fois... car aux USA, Beth Ditto, c'est un peu madame tout le monde, obèse, inculte (elle a visiblement vu "la Môme", car elle demandera à la fin au public de l'Olympia de lui chanter "la Vie en Rose", un beau moment d'ailleurs que ce cadeau du public à son idole...). Voir Gossip sur scène, c'est se laisser aller à de jolis moments d'euphorie générale, de communion avec cette chanteuse improbable qui ne craint ni le ridicule ni le danger. Le sommet d'un concert de Gossip, ce n'est pas "Standing in the Way of Control" en rappel (grand moment quand même, avouons-le, que cette véritable hymne / brûlot anti-Bush), c'est l'offrande que Beth fait de son corps à son public : en laissant les fans monter sur scène (le service d'ordre panique !), et les filles lui rouler des patins, ou en entrant dans la fosse pour une "immersion totale", vue sa taille. Cette fois, Gilles B, que je soupçonne de s'être placé au centre juste pour ça, sera au coeur du maelstrom, ce qui me permettra de l'immortaliser en photo alors que le chaos total règne autour de lui (l'extraction finale de la Beth par le service d'ordre se révélant particulièrement difficile ce soir...). Au final, 1 h 10 assez fun - Gossip est un groupe qu'il faut voir au premier rang, pour bien ressentir la folie et l'électricité entre Beth Ditto et son public -, qui ne changeront pas mon manque d'enthousiasme pour la musique de Gossip.
Il est déjà plus de 23 h 30, ce qui nous laissera peu de temps pour les discussions à la sortie du concert, malheureusement. Mais la vie en rock'n'roll continue, et les hostilités vont s'intensifier dans les semaines qui viennent...»
En tout cas, contre toute attente, j'entre dans l'Olympia et je me place au premier rang, complètement à gauche devant la sono (bonjour mon tympan gauche !) au moment même où la 1ere première (!) partie entre en scène...
Pete and the pirates nous la jouent "ligne claire", dans la grande tradition anglaise "early 80's" Pale Fountains / Lotus Eaters (vocaux éthérés, mélodies charmantes), avec un soupçon d'énergie post-ado pouvant évoquer les Undertones ("Toutes nos chansons sont à propos des filles", nous confiera le chanteur)... avec les deux guitares, mais sans le génie pop indispensable à ce niveau-là du jeu... Bref, il y a là dedans un peu de tout ce qu'on aime - on dodelinera gentiment de la tête sur les chansons les plus enlevées, on fera "la la la" sur les plus sucrées, mais il manque ce quelque chose qui fait les bons groupes : des chansons peut-être (les deux derniers morceaux seront les seuls à me paraître facilement mémorisables), ou plus simplement quelque chose qui les distingue du troupeau. 30 minutes d'un set léger et plaisant, mais vite oublié.
Je suis loin de Gilles B, que je vois presque au centre, avec en main son nouvel appareil photo. Tant mieux, car pour le moment, je n'ai pas vu l'ombre d'un photographe (le concert est filmé...). Les autres papys de notre bande trônent au balcon (sommeillent au balcon ?), donc pas de conversation pour faire passer le temps, ce soir, malheureusement.
20 h 00 : the Blakes entrent en scène, formule rock'n'rollienne type du trio, avec deux frères jumeaux (?) aux commandes, ils nous jettent des "candies" (des Américains, donc - on apprendra à la fin qu'ils sont de Seatle) et nous promettent du rock'n'roll. On est bien contents, du coup, et le son, déjà bien, monte d'un cran. La voix est sympa, assez blues pour ajouter un supplément d'âme à ce rock garage ultra traditionnel. Malheureusement, l'absence totale d'idées, d'imagination dans cette musique la plombe littéralement : tout cela est lourd, trop lourd, 100% transpiration 0% inspiration. Même les tentatives de faire monter l'intensité sonnent forcées, dérisoires même : il semble que les deux frères ne soient pas en très bons termes ce soir, c'est peut-être une explication quant à cette alchimie qui refuse obstinément d'opérer. 35 minutes plus tard, je ne ressens plus qu'un ennui horrible, je croise le regard de Gilles, qui m'a l'air lui aussi dépité. No fun, my babe, no fun !
"Did you have a real good one ?" feulent The Kills ? Pas sûr qu'on atteigne la pleine jouissance sur leur musique, qui est avant tout une pétrifiante danse de désir, une perpétuelle provocation sensuelle. Alison et Jamie fascinent immédiatement, beaux et cruels, impérieux et timides. L'électricité ruisselle littéralement de la scène, chaque riff de guitare sursaturé est comme un coup de griffes, chaque beat est comme un coup de fouet. Alison est une superbe panthère, tournant en rond dans la cage de son exaspération perpétuelle. Le son est, bien entendu, parfait, chaque crachotement vous saisit au bas ventre et au coeur en même temps. Oui, les Kills sont un rêve humide de rock'n'roll : difficile d'ailleurs de penser qu'ils ne sont pas amants (et pourtant Gilles me confirmera ensuite que, de là où il est placé, il voit Kate Moss en train d'attendre son chéri... Pas jalouse, la Kate ?) tant il se dégage de ce corps à corps, de leurs regards brûlants une sensation d'accouplement perpétuellement désiré, repoussé, parfois déchirant. Alors, au milieu de ce superbe ballet de chats de gouttières, que manque-t-il ? Des chansons sans doute, qui ne soient pas que des spectres décharnés vêtus de fragments de chair blême ou brûlée. Cette absence de mélodie, de structure même dans la musique, réduite à un manège absurdement beau de cris et de soupirs électriques, empêche donc le plaisir, auquel on préfère ici la torture du désir. Ai-je dit que tout cela est fondamentalement magnifique, et, comme toutes les passions non consommées, aussi superficiel (poussières d'émotions déchirantes) qu'essentiel (la vie figurée comme une danse rituelle). Et beaucoup trop court : 55 minutes. Maudissons ces programmes trop chargés !
Trash, Beth Ditto a décidé de l'être ce soir : vêtue d'une robe jaune ignoble et de bas résille déchirés, elle crache, pète (en faisant croire que c'est son guitariste et qu'il pue... la classe !), se lèche les bouts des tétons, régurgite sa bière,... bref, elle est assez pathétique, au point qu'on se demande pourquoi elle a besoin de ce vilain trip "Sid Vicious", elle qui est avant tout une "bonne fille" - on retrouve ce soir cette attention envers son public, son service d'ordre, etc. tout ce qui fait d'elle une vraie femme, et pas une star XXXXL.
Musicalement, le set de ce soir sera assez semblable à celui de la Cigale, malgré l'ajout sporadique d'un bassiste - un black vaguement perdu sur scène, avec une jolie coupe afro... Rien qui réussisse à me faire changer d'avis sur ce punk soul répétitif et un tantinet fatiguant, plaisant mais jamais vraiment excitant (surtout après les Kills !). Mais c'est clair que le spectacle est surtout dans la salle, dans cette sorte d'adoration extraordinaire du public envers cette icône improbable, qui me paraît finalement illustrer mieux que ses pitoyables crachats tout l'esprit "punk" : la célébrité de Beth Gossip, c'est encore une fois le rêve de 77 qui se réalise, le triomphe de musiciens sans grand talent qui ne sacrifient rien de leur intégrité, à force d'énergie, de singularité et de banalité à la fois... car aux USA, Beth Ditto, c'est un peu madame tout le monde, obèse, inculte (elle a visiblement vu "la Môme", car elle demandera à la fin au public de l'Olympia de lui chanter "la Vie en Rose", un beau moment d'ailleurs que ce cadeau du public à son idole...). Voir Gossip sur scène, c'est se laisser aller à de jolis moments d'euphorie générale, de communion avec cette chanteuse improbable qui ne craint ni le ridicule ni le danger. Le sommet d'un concert de Gossip, ce n'est pas "Standing in the Way of Control" en rappel (grand moment quand même, avouons-le, que cette véritable hymne / brûlot anti-Bush), c'est l'offrande que Beth fait de son corps à son public : en laissant les fans monter sur scène (le service d'ordre panique !), et les filles lui rouler des patins, ou en entrant dans la fosse pour une "immersion totale", vue sa taille. Cette fois, Gilles B, que je soupçonne de s'être placé au centre juste pour ça, sera au coeur du maelstrom, ce qui me permettra de l'immortaliser en photo alors que le chaos total règne autour de lui (l'extraction finale de la Beth par le service d'ordre se révélant particulièrement difficile ce soir...). Au final, 1 h 10 assez fun - Gossip est un groupe qu'il faut voir au premier rang, pour bien ressentir la folie et l'électricité entre Beth Ditto et son public -, qui ne changeront pas mon manque d'enthousiasme pour la musique de Gossip.
Il est déjà plus de 23 h 30, ce qui nous laissera peu de temps pour les discussions à la sortie du concert, malheureusement. Mais la vie en rock'n'roll continue, et les hostilités vont s'intensifier dans les semaines qui viennent...»
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