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jeudi 11 juin 2015

PAUL McCARTNEY ~ Le Stade de France. St. Denis.







   OUT THERE TOUR 2015

Support Act : ---


Ce qu’en a pensé Émilie :  

 « Première visite au Stade de France pour moi ce soir, et ce n’est pas de gaîté de cœur. Comme les rumeurs sur ce concert de Sir Paul McCartney dans la capitale française se sont répandues bien avant son annonce officielle, et que je ne suis pas sans savoir que Bercy est en travaux, j’ai eu le temps de me faire à l’idée. À dire vrai, j’ai beaucoup apprécié mon seul concert en stade jusqu’à présent (Green Day au Parc des Princes en 2010), mais là vu le prix (140€ pour une place en parterre assis juste devant la fosse debout, configuration étonnante), j’ai envie d’une expérience parfaite. Et pourtant je crains à la fois pour ma vue sur la scène, parce que comme je ne suis pas capable de voir un menu déroulant, j’ai pris une des « pires » places de cette catégorie, au fond à gauche, dans le bloc R22 ; mais aussi pour le son…

Petit aparté concernant le prix des places : certes, 140€ c’est beaucoup, mon plus cher concert de toute ma vie et d’assez loin, le précédent record de 100€ étant déjà détenu par McCa. Mais les prix débutaient à 70€ pour la fosse, et étaient qui plus est équivalents à ceux de Bercy en 2011. Je pense donc que de ce côté, il faut s’estimer fort heureux. D’autant que Paul, je le sais, ne viendra pas juste nous balancer une petite heure de playback avant de repartir vers son Angleterre natale. Recordman des prix par chez moi donc, il est aussi recordman de la durée du concert : 2h45 pour mes deux premières expériences. Et, je n’en doute pas, ce soir, le McCa Band va remettre ça.

J’arrive pour l’ouverture des portes vers 18h30, la chaleur est étouffante devant le stade, mais heureusement l’organisation est au top, je rentre rapidement après une fouille sommaire, et ma place numérotée est, comme tout le reste de la fosse, à l’ombre. Je peux donc aller tranquillement m’y poser en attendant le début du concert. Qui mettra fort longtemps à venir, mais mes deux Bercy m’ont rodée de ce côté-là : d’abord les reprises des Beatles, puis la performance de DJ Chris (absolument pas à mon goût, j’ai même dégainé mes bouchons d’oreille), et enfin le film sur les écrans géants (qui m’a semblé différent mais je me trompe peut-être, ça fait presque quatre ans maintenant), composé de moult photos de Paul et de ses petits camarades (et de peintures étranges ^^). 

À 21 heures, la longue attente prend fin, la classique Eight Days A Week ouvrant le bal dans un stade encore baigné de lumière. Les gens se lèvent (à ma grande joie, vu que ce n’est pas du tout mon genre de me lever si les personnes derrière moi restent assises). Ma vue sur Paul n’est pas exceptionnelle mais reste correcte, notamment grâce aux allées dégagées entre les différents blocs de sièges que le service d’ordre veillera à entretenir : interdiction de quitter sa chaise pour aller se mettre n’importe où. Je dois avouer que, aussi peu rock’n’roll que ce soit, ça m’arrange pas mal. Malgré tout, je profite aussi de l’écran en face de moi car sinon, je louperais les mimiques de Paul, inimitables et qui font partie intégrante du spectacle. Le dernier album en date de l’ex-Beatle, New, est mis à l’honneur dès le 2ème morceau avec Save Us. Puis Paul nous parle enfin, avec son adorable accent, les yeux penchés vers les feuilles où sont inscrites des phrases en français plutôt clichés, mais qui fonctionnent sans problème (« Paris est magique ! », personne ne s’offusquera d’ailleurs du fait que nous ne sommes même pas à Paris à proprement parler). Même s’ils seront majoritairement debout pendant le concert, mes voisins immédiats manquent un peu d’enthousiasme, semblant même fort perplexes à l’arrivée de Temporary Secretary, morceau électro extrait de McCartney II dont on ne dirait clairement pas qu’il fête ses 35 ans. On aime ou on n’aime pas, beaucoup autour de moi semblent avoir opté pour la seconde option, mais moi je suis à fond, j’adore ce côté complètement « what the fuck ?!? », tout à fait différent du reste de la setlist. Un des grands moments de cette soirée pour moi.

À partir du tube des Wings Let Me Roll It et de son jam final hendrixien, les gens commencent à rentrer davantage dans le concert. Il faudra cependant attendre la nuit noire pour que le stade soit vraiment en communion avec Paul. Mais le fait de jouer de jour n’empêche pas Paul d’aligner les perles, comme la touchante My Valentine dédiée à sa femme Nancy, pendant laquelle le clip en langage des signes tourné par Natalie Portman et Johnny Depp en personne apparaîtra sur les écrans. D’ailleurs, il semble bien l’aimer Natalie, notre Paul ;-) De nouveau assise pendant ce morceau au piano (je suis le mouvement), lorsque débute Nineteen Hundred And Eighty-Five, je bondis littéralement de ma chaise, heureuse d’entendre à nouveau cet exceptionnel morceau des Wings, qui plus est une semaine après l’anniversaire de mes 30 ans. Eh oui, je suis née en 1985, ça ne s’invente pas. Paul me décevra un tout petit peu vocalement sur ce morceau (pas assez de hurlements à la fin ;-)) mais je ne lui en tiens pas rigueur.


Maybe I’m Amazed sera pour Linda, que nous n’oublions pas après toutes ces années. Suite à quelques anciens titres des quatre de Liverpool, Paul nous ramène au présent avec la musique du jeu vidéo Destiny, Hope For The Future, qui est ma foi fort belle. On passe ensuite à l’acoustique sur And I Love Her. Je suis triste que mon chéri ne soit pas là ce soir (on n’allait pas dépenser 140€ de plus pour un concert dont il n’aurait définitivement apprécié que quelques chansons). De surcroît, j’ai l’impression que la guitare de Paul est bizarrement accordée. Mais ça reste un grand moment, un de mes morceaux préférés des Beatles première période. On continue avec les chansons destinées à nous tirer des larmes, même si pour ma part elles viendront plus tard, ayant déjà pleuré à Bercy sur celles-ci ;-) C’est donc le tour de Blackbird, et là je dois reconnaître, même pour moi qui ne suis guère portée sur tout ce qui est artifice scénique, que la scène qui se soulève sous Paul, avec l’écran sur lequel l’oiseau prend son envol, c’était tout simplement magique. D’autant plus que ce morceau au symbolisme très fort est enchaîné à Here Today, chanson dédiée à John qui à cet instant, manque à tout le stade (comme nous manquera George quelques chansons plus tard sur Something).

Mais Paul en a maintenant marre de nous saper le moral et nous entraîne à nouveau vers New, avec la chanson-titre puis Queenie Eye, toutes deux très dansantes. Il nous annonce ensuite All Together Now comme « une petite chanson pour les petits ». Personnages colorés à l’écran, paroles à base de chiffres et de lettres… La « petite » que je suis a adoré ^^ Notamment les chœurs décalés d’Abe Laboriel Jr. On est en France, donc on a le droit, comme tous les pays francophones il me semble, à Michelle et à son lot de clichés un peu lourds. Je l’aime bien quand même. Puis Paul annonce un extrait de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, serait-ce mon Being For The Benefit Of Mr. Kite! tant attendu (oui, je triche un peu sur Setlist FM à l’occasion). Non c’est Lovely Rita, mais deux morceaux plus tard, après un Eleanor Rigby dont je ne me lasserai jamais, il est enfin là, LE morceau que je n’avais pas encore entendu sur scène (enfin, c’était loin d’être le seul de la soirée, mais c’était celui sur lequel je faisais une fixette depuis des mois). Jeux de laser sur les parois du stade à l’appui pour souligner son côté psychédélique à souhait, le titre ne me décevra pas. 

À partir d’Ob-la-di, Ob-la-da, on attaque les gros tubes qui font danser ou chanter le public, voire les deux. Ma joie est un peu gâchée pendant Band On The Run, car je ne peux oublier Christopher Lee qui apparaît en fond sur cette pochette des Wings, et dont nous venons d’apprendre le décès aujourd’hui. C’est un grand acteur qui nous a quittés, mais aussi un grand musicien. RIP.


Je n’ai toujours pas changé d’avis sur Let It Be, jolie chanson mais beaucoup beaucoup beaucoup trop entendue, mais même si j’ai hésité à boycotter et à me rasseoir, je ne l’ai finalement pas fait, trouvant tout de même le moment de communion avec 50 000 personnes touchant. Mais ça ne vaut quand même pas Live And Let Die, ses explosions et ses feux d’artifice à quelques mètres de moi seulement. Grandiose ! C’est ensuite le moment des Na Na Na Nananana de Hey Jude, et des vagues avec les bras, et même si je ne classerais pas Hey Jude parmi mes chansons préférées des Beatles, il faut reconnaître l’incroyable pouvoir fédérateur de ce morceau, qui conquiert sans problème un public parfois dissipé, et assez souvent bavard pendant les balades.

Suit un premier rappel majoritairement old school, qui m’arrachera mes seules larmes de la soirée, même si on ne peut pas nier que j’ai aussi été émue à d’autres moments. Et les larmes en question ne seront même pas directement provoquées par Paul cette fois : c’est le fait de voir un père, fan enthousiaste depuis le début du concert et venu en famille, danser comme un fou avec son petit garçon sur I Saw Her Standing There, dans l’allée à laquelle la sécurité offre enfin l’accès, qui me fera pleurer. Paul McCartney, ou le pouvoir de réunir toutes les générations sous un même toit (enfin, dans un même stade, sans toit d’ailleurs :D). C’est beau.

Paul, qui a fait monter sur scène une jeune femme venue de Sibérie exprès pour le voir, revient ensuite seul sur Yesterday, puis ayant achevé ce tube immortel qui fêtait ses 50 ans cette année, semble vouloir rendre son instrument à son roadie pour nous quitter définitivement pour ce soir, mais celui-ci n’est pas d’accord… et nous non plus. C’est le genre de petit moment dont on sait pertinemment qu’il est scénarisé d’avance, mais on s’en moque, on rit quand même de bon cœur. « On continue de rocker ? », nous demande un Paul dont les efforts dans la langue de Molière auront été fort notables ce soir. Pour sûr qu’on continue de rocker, et de fort belle manière, puisque Paul est encore capable de sortir un petit Helter Skelter de derrière les fagots, quand je commence pour ma part à fatiguer sérieusement du côté de mes genoux. On croirait presque ne jamais en finir, mais le medley d’Abbey Road et sa clôture sur la bien nommée The End nous rappellent à la réalité.


« Nous devons y aller, vous allez aussi ! » nous dit Paul. On ne veut pas, il y a eu tellement d’oublis dans cette setlist pourtant impressionnante, pas de Mrs. Vandebilt fredonnée par le public avant le début du concert, pas d’All You Need Is Love, pas de Get Back… Et encore, je ne parle là que des tubes évidents, pas de mes souhaits personnels de fan hardcore (Because, ce serait mon rêve absolu). Mais les transports en commun n’attendent pas, et Paul et ses merveilleux musiciens (qu’il remerciera avec sincérité, ainsi que toute l’équipe ayant permis la tenue de ce concert) ont bien mérité un peu de repos.

Je ressors très heureuse (avec quelques confettis en souvenir dans la poche ;-)) de ma première expérience au Stade de France, tant au niveau visuel que sonore, ou encore pour ce qui est de l’organisation pour pouvoir rejoindre les transports par la suite. J’espère pouvoir y retourner, car ce serait certainement pour Paul encore, vu le gabarit de l’endroit. En 2009, je pensais que ce serait la seule et unique fois que je verrais Paul. En 2011, j’ai savouré ma deuxième fois comme si c’était la dernière. Aujourd’hui, en 2015, je finis par me dire qu’il y en aura peut-être encore d’autres. Car définitivement, Paul ne fait pas du tout ses 73 ans, que ce soit physiquement ou dans sa tête. Mes respects, Sir Paul ! À la prochaine ! »

 

photos de mhin, pierre hennequin, fan club

Sir James Paul McCartney, dit "Paul McCartney" et surnommé "Macca", est un auteur-compositeur, chanteur et multi-instrumentiste britannique. Il fut le co-leader et le bassiste du groupe anglais The Beatles de 1957 à 1970, puis le fondateur et meneur des Wings de 1971 à 1981, avant de poursuivre une carrière en solo ininterrompue à ce jour, et de donner des concerts dans le monde entier, au cours desquels il reprend les plus grands succès composés ou co-composés depuis plus de 50 ans. Unique détenteur d'un disque de rhodium et de l'Ultimate Legend Award, et avec plus d'une cinquantaine d'albums à son actif, Paul McCartney est considéré comme l'un des compositeurs les plus prolifiques et populaires du XXe siècle, et l'un des plus gros vendeurs de disques de la seconde moitié du siècle.



WINGS
Wild Life (1971)
Red Rose Speedway (1973)
Band on the Run (1973)
Venus and Mars (1975)
Wings at the Speed of Sound (1976)
Wings Over America (1976)
London Town (1978)
Wings Greatest (1978)
Back to the Egg (1979)
 

 PAUL McCARTNEY
The Family Way (1967)
McCartney (1970)
Ram (1971)
Thrillington (1977) (Percy Thrills Thrillington)
McCartney II (1980)
Tug of War (1982)
Pipes of Peace (1983)
Give My Regards to Broad Street (1984)
Press to Play (1986)
All the Best! (1987)
Снова в СССР (1988/1991)
Flowers in the Dirt (1989)
Tripping the Live Fantastic (1990)
Unplugged (The Official Bootleg) (1991)
Paul McCartney's Liverpool Oratorio (1991)
Off the Ground (1993)
Strawberries Oceans Ships Forest (1993)
Paul is Live (1993)
Flaming Pie (1997)
Standing Stone (1997)
Rushes (1998)
Run Devil Run (1999)
Working Classical (1999)
Liverpool Sound Collage (2000)
Wingspan: Hits and History (2001)
Driving Rain (2001)
Back in the U.S. (2002)
Back in the World (2003)
Twin Freaks (2005)
Chaos and Creation in the Backyard (2005)
Ecce Cor Meum (2006)
Memory Almost Full (2007)
Electric Arguments (2008)
Good Evening New York City (2009)
Ocean's Kingdom (2011)
 Kisses on the Bottom (2012)
New (2013)



Paul McCartney: Vocal, Bass, Guitar, Piano
+

The Band on Stage:

Paul "Wix" Wicken: keyboards, vocals
Rusty Anderson: guitars
Brian Ray: guitars
Abe Laboriel jrn: drums, vocals

THE SETLIST
PAUL McCARTNEY

Eight Days A Week (The Beatles Cover - Beatles For Sale - 1964)
Save Us (New - 2013)
Got To Get You Into My Life (The Beatles Cover - Revolver - 1966)
Listen To What The Man Said (Wings Cover – Venus And Mars - 1975)
Temporary Secretary (McCartney II - 1980)
Let Me Roll It (Wings Cover - Band On The Run -1973) > Foxy Lady (The Jimi Hendrix Experience Cover - Are You Experienced - 1967)
Paperback Writer (The Beatles Cover - Single - 1966)
My Valentine (Kisses On The Bottom - 2012)
Nineteen Hundred and Eighty-Five (Wings Cover - Band On The Run - 1973)
The Long and Winding Road (The Beatles Cover - Let It Be - 1970)
Maybe I'm Amazed (McCartney - 1970)
I've Just Seen A Face (The Beatles Cover –Help! - 1965)
We Can Work It Out (The Beatles Cover - Single - 1965)
Another Day (Single - 1971)
Hope For The Future (Destiny video game - 2014)
And I Love Her (The Beatles Cover – A Hard Day’s Night - 1964)
Blackbird (The Beatles Cover - White Album - 1968)
Here Today (Song for John) ( Tug Of War - 1982)
New (New - 2013)
Queenie Eye (New - 2013)
Lady Madonna (The Beatles Cover - Single - 1968)
All Together Now (The Beatles Cover – Yellow Submarine - 1969) > extrait de Yellow Submarine (The Beatles Cover - Revolver - 1966)
Michelle (The Beatles Cover - Rubber Soul - 1965)
Lovely Rita (The Beatles Cover - Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band - 1967)
Eleanor Rigby (The Beatles Cover - Revolver - 1966)
Being For The Benefit Of Mr. Kite! (The Beatles Cover - Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band - 1967)
Something (Song for George)(The Beatles Cover - Abbey Road - 1969)
Ob-La-Di, Ob-La-Da (The Beatles Cover - White Album - 1968)
Band On The Run (Wings Cover - Band On The Run – 1973)
Back In The USSR (The Beatles Cover - White Album - 1968)Let It Be (The Beatles Cover - Let It Be - 1970)
Live And Let Die (Wings Cover - Live and Let Die - 1973)
Hey Jude (The Beatles Cover - Single - 1968)

Encore 1

Another Girl (The Beatles Cover - Help! - 1965)
Hi, Hi, Hi (Wings Cover - Single - 1972)
Can’t Buy Me Love (The Beatles Cover - Single - 1964)
I Saw Her Standing There (The Beatles Cover - Please Please Me - 1963)

Encore 2

Yesterday (The Beatles Cover – Help! - 1965)
Helter Skelter (The Beatles Cover - White Album - 1968)
Golden Slumbers > Carry That Weight > The End (The Beatles Cover - Abbey Road- 1969)


 Time Set : 2h46


AFFICHE / PROMO / FLYER
   
 
 





jeudi 30 avril 2015

THURSTON MOORE ~ Le Cafe De La Danse. Paris










 FESTIVAL CLAP YOUR HANDS 2015

Support Act : CHELOU

Ce qu’en a pensé Émilie : 

« Tiens, une date de Thurston Moore au Café de la Danse. Mon seul et unique souvenir dans cette salle remontant au duo Lanegan / Campbell en 2010, et vu le reste de la programmation de ce festival « Clap Your Hands », j’ai pensé à l’annonce de cette nouvelle date qu’il s’agissait d’un concert acoustique de l’ex-Sonic Youth. Dommage, ai-je pensé, je préfèrerais revoir le Thurston Moore Band du Rock en Seine. En plus, la date tombe en plein sur nos vacances, ce qui va nous obliger à rester quelques jours sur Paris. Oh, et dans cette minuscule salle, il fait trèèèès chaud. Enfin bref, je ne suis pas enthousiaste. Mais comme c’est Thurston, donc Dieu en personne (en toute objectivité, of course), j’ai bien évidemment acheté une place. Pas deux, car ma moitié n’a pas l’intention de se convertir au noise rock de sitôt. Pas grave, j’ai quand même de la compagnie, rejoignant Gilles au premier rang. Celui-ci est très à droite par rapport à son habitude, je suis étonnée avant de comprendre, à la vue de son micro et de son pupitre, que Thurston jouera bel et bien juste devant nous ! Merci Gilles pour cette place idéale, idiote que je suis, si j’étais arrivée suffisamment tôt, je serais allée m’installer au centre. Robert Gil (excellent photographe dont je vous conseille le site, mais je pense que les gens qui liront cette review connaissent déjà son travail) blague sur la moyenne d’âge du premier rang. Il est vrai que le public de Moore vieillit… Avec tout cela, j’ai oublié de préciser que depuis la veille, je sais que c’est bel et bien le « nouveau » groupe de Thurston que je vais voir sur scène, et non une performance solo comme annoncé sur le billet. Je suis en joie !

Les portes ont ouvert à 19 heures, mais il faudra attendre 20 heures pour que les Londoniens de Chelou montent sur scène (bon, je vous épargne les blagues douteuses sur ce patronyme étrange). Il s’agit d’un duo guitare / batterie, le chanteur / guitariste étant particulièrement en symbiose avec son partenaire, ayant passé une bonne partie du set tourné vers lui. Tout, dans ce groupe, est sympathique, mais pas extraordinaire : je dois avouer qu’après avoir distraitement lu qu’ils avaient repris Nirvana, je m’attendais à quelque chose de plus grunge, plus brut de décoffrage. Quant à mes voisins (avec qui j’ai d’ailleurs discuté de Sonic Youth avant le début du concert), ils avaient lu qu’il s’agissait d’un mélange entre Lana Del Rey et PJ Harvey. En toute logique donc, l’absence de fille sur scène les étonne. Finalement, c’est plutôt de la surf music, toute en douceur, pas transcendante, étrangement classique pour une première partie de la légende new-yorkaise (je ne me remets toujours pas de la performance bruitiste des Français de Sister Iodine en ouverture de Sonic Youth au Palais des Congrès en 2009). Au moins cette fois-ci, mes protections auditives dégainées par prudence vu que je suis collée sur la batterie suffiront largement à m’éviter la souffrance. Comme le set ne dure qu’une petite demi-heure, nous n’aurons pas le temps de vraiment nous ennuyer, et pourrons nous réjouir avec les deux musiciens de leur première venue sur une scène parisienne. Et quelle scène que ce Café de la Danse, avec ses jolies roues lumineuses en fond ! J’ai du mal à comprendre les gens qui foncent vers les sièges alors qu’ils pourraient profiter de l’intimité de cette sympathique petite salle pour être tout devant.
 

À 21 heures, c’est au tour du Thurston Moore Band de prendre le relais. L’incontournable batteur Steve Shelley (dont l’instrument est toujours estampillé du nom de son ancien groupe), la bassiste Debbie Gouge (de My Bloody Valentine, excusez du peu) et le guitariste James Sedwards (moins connu, mais non moins talentueux) prennent place, même si j’ai du mal à poser les yeux ailleurs que sur le géant Thurston (au sens propre comme au sens figuré) qui gratte maintenant sa guitare à quelques centimètres de moi seulement ! Chanceuse que je suis, j’ai décroché le premier rang à six reprises lorsque je suis allée le voir (sur huit concerts au total), mais cela reste toujours un pur bonheur. Quelques abrutis nous balancent les lourdeurs habituelles (oui oui, y compris le « À poil ! », même si je pense que ce dernier était ironique), mais le groupe, imperturbable, commence par une introduction planante assez longue avant de s’attaquer à l’excellente Forevermore. Même si j’aime le dernier album en date, The Best Day, je ne peux nier que ma préférence côté carrière « solo » de Thurston va plutôt vers l’opus de Chelsea Light Moving qui l’a précédé. Mais ce n’est pas bien grave, car les morceaux prennent de l’ampleur en live, et je serai dès le départ à fond dans le truc. Pourtant, je ne suis vraiment pas le genre de personne à apprécier des morceaux de 10 minutes qui traînent en longueur : j’en écoute, oui, mais je reconnais que c’est à petite dose. Pourtant, là, nous ressortirons du set avec seulement 9 titres interprétés, mais j’ai eu l’impression d’en avoir bien plus, et ne me suis pas trop vexée de la durée de la performance (une petite heure et demie). Par rapport au Rock en Seine de l’année passée, le fait de connaître les morceaux est un plus non négligeable. Le son est excellent, il manque peut-être un peu de puissance, mais je suis pour ma part heureuse de pouvoir profiter de la performance sans bouchons et sans avoir l’impression de perdre une partie de mes capacités auditives comme ce fut le cas à Saint-Cloud. Pour Chelsea Light Moving à Montreuil, je n’avais carrément pas pu échapper à l’usage de protections, et si je peux, je préfère largement faire sans. Thurston nous a demandé si c’était trop fort pour nous, on a bien sûr tous crié que non. On entendait parfaitement sa voix, y compris en dehors des morceaux car ce soir, il était particulièrement bavard. Pêle-mêle, nous aurons le droit au commentaire sur le nom du festival après que nous ayons copieusement applaudi les musiciens qu’il nous présentait (« ah, je vois pourquoi ça s’appelle comme ça, à New York du coup on aurait plutôt un festival Croisez les bras, parce que c’est ce que les gens font là-bas »), mais aussi au résumé d’un concert de Sid Vicious (à qui il dédiera Germs Burn) de 1978 après que le facétieux New-Yorkais se soit lui-même annoncé sous ce nom (un concert, bien évidemment new-yorkais lui aussi, où il y avait beaucoup de Français, nous apprendra-t-il). Emporté par la nostalgie, un spectateur hurle « 1991 ! », ce à quoi Thurston répondra avec humour « euh non mon gars, on est en 2015 maintenant ! ». 

Mais revenons à la musique, excellente, ne partant pas (enfin, toutes proportions gardées) dans des délires trop bruitistes. La toute douce intro de Speak To The Wild, interprétée en alternance par Thurston et James, fait des merveilles. Les gens ont tellement bien accueilli ce single qu’on aurait pu croire qu’il s’agissait d’un morceau de Sonic Youth. Le groupe nous a aussi gratifiés d’un nouveau titre, pour l’instant encore sans paroles, qui devrait sortir sur le nouvel album à paraître cette année (le précédent datant d’octobre 2014, j’ai été d’ailleurs fort étonnée, dans le bon sens, par cette annonce). Hormis ce morceau, tout le set principal sera centré sur The Best Day, puisque c’est le seul opus à ce jour que Thurston a sorti avec cette formation. Malgré tout, pour le rappel, sur demande d’une fan du premier rang, nous aurons le droit à la bien plus ancienne Psychic Hearts tirée de l’album du même nom, qui affiche tout de même 20 printemps ! Je pense que le groupe partait à la base pour interpréter autre chose, probablement un instrumental, car Thurston avait ramené en coulisses son cahier de paroles et a dû aller le rechercher pour l’occasion (et aussi demander davantage de lumières, car la chanson étant longue, le texte était écrit assez petit :D). Cela tranchait avec le reste du set plus poétique, ce morceau aux paroles assez crues.

Je ne peux pas nier que j’étais un peu déçue de ce court rappel d’un seul morceau, un peu jalouse aussi de la demoiselle qui a eu gain de cause. Cela dit, moi, j’aurais voulu Ono Soul, une demande pas franchement très originale, mais je ne me lasse jamais de ce morceau. Je reste un peu à traîner à la fin du concert, espérant obtenir une dédicace de Steve Shelley. Un gars en a eu une en montant directement sur la scène, et nous l’a ensuite brandie sous les yeux d’un air triomphant. N’ayant pas pu me résoudre à faire de même et à déranger Steve pendant qu’il rangeait sa batterie, je me suis rabattue sur James Sedwards, lui aussi en plein rangement, mais plus au bord de la scène, et déjà en train de converser avec des fans. Entendons-nous bien, quand je dis rabattue, c’est qu’évidemment une dédicace de Steve m’aurait fait davantage plaisir car ça fait maintenant sept longues années que je vénère Sonic Youth, et même pas encore un an que je connais James. Mais ça n’empêche que j’étais fort heureuse d’avoir sur ma place la signature de cet excellent guitariste. De toute façon, Thurston et Steve (ainsi que Lee Ranaldo) ont déjà dédicacé ma pochette de The Eternal lors de l’Album de la Semaine. Voilà une agréable façon de conclure une excellente soirée ! Ayant une petite préférence pour ses compositions, je laisserai quand même en numéro 1 le concert de Mister Lanegan à l’Alhambra pour l’instant (il va être dur à détrôner celui-là) mais Thurston décroche une solide 2ème place dans mon classement 2015. Il reste cependant du lourd à venir, notamment Sir McCa (mais là pour l’intimité on repassera) et mon tout premier concert des L7, pour un mois de juin qui s’annonce magique ! »

 


photos de robert gil

http://www.photosconcerts.com/chelou-paris-cafe-de-la-danse-2015-04-30-festival-clap-your-hands-10452#.VVzuN-fgwu0
http://www.photosconcerts.com/thurston-moore-paris-cafe-de-la-danse-2015-04-30-festival-clap-your-hands-10453#.VVzuk-fgwu0

Thurston Moore est un musicien américain, membre du groupe de rock Sonic Youth au sein duquel il chante et joue de la guitare. Il a également participé à de nombreuses collaboration, sous son propre nom et d’autres en dehors de Sonic Youth. 

(http://www.facebook.com/ThurstonMooreOfficial)
(http://www.sonicyouth.com/)





Psychic Hearts (1995, Geffen Records)
Trees Outside the Academy (2007, Ecstatic Peace)
Demolished Thoughts (2011, Matador Records)
The Best Day (2014, Matador Records) )

Albums with Chelsea Light Moving

2013 – Chelsea Light Moving


THURSTON MOORE
 

Thurston Moore : Vocals & Guitar

+ BAND

James Sedwards : Guitar
Deb Googe : Bass
Steve Shelley : Drums


THE SETLIST
THURSTON MOORE


Introduction
Forevermore (The Best Day - 2014)
Speak To The Wild (The Best Day - 2014)
Germs Burn (The Best Day - 2014)
New song
Detonation (The Best Day - 2014)
The Best Day (The Best Day - 2014)
Grace Lake (The Best Day - 2014)

Encore

Psychic Hearts (Psychic Hearts - 1995)

 Time Set : 1h15


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