« Chouchou de la presse people pour ses frasques, vivant sa vie comme un roman écrit au jour le jour, ex-co leader des Libertines, Pete Doherty est ce soir à Paris, pour soutenir son deuxième album avec Babyshambles, "Shotter's Nation", sorti le 1er octobre dernier, produit par Stephen Street (The Smiths, Blur), des photos signées Anton Corbjin, No.5 dans les Charts UK avec un premier single Delivery qui cartonne un peu partout... Gros effet d'annonce... et public en conséquence pour voir cette tête d’adolescent, un poète en Levi's crade, avec un reste de crack, héroïne, cocaine et sex party : le tourneur Alias a rempli l’Olympia et ouvert une autre date de concert au Zénith. Malgré des souvenirs pénibles des concerts des Libertines, avec un son assez « à chier », et après l’écoute de ce nouvel album (agréable mais loin d’être le disque de l’année), et malgré les spécificités du genre, je me suis décidé d’assister à cette prestation live, ma première de 2008. Un album sympa à défendre, un retour, un Pete « en désintox », des live reports positifs sur la tournée anglaise et sur le concert de Lille,... bref, la soirée s’annonçait belle, aussi me rendé-je avec plaisir et enthousiasme à mon lieu de rendez-vous avec Gilles B., face à cette façade de la rue de Capucines, toujours prétexte d’une photo souvenir. Placement habituel en mezzanine, pour cet événement qu’on ne pouvait vraisemblablement pas rater, dans une salle peuplée de fans de tous bords, impatients de voir la légende monter sur les planches. Des lycéens déchaînés en bas, des trentenaires attentifs en haut. Une « ado shamble » dans la fosse est déjà en extase avec son t-shirt portant en rouge les mots : "Pete Doherty, i love you".
20H09 : La soirée commence par le quatuor parisien, les Second Sex. 4 jeunes garçons encore au lycée, belles gueules, nerveux, hautains, dans un style de sous- Libertines avec une petite sauce Cramps, formatés pour un rock garage punk débridé : d’un intérêt limité, mais qui plait beaucoup au rédacteur en chef de Rock & Folk, nostalgique d’une époque, qui en parle souvent dans son magazine « branché » et n’a pas perdu de temps pour une nouvelle interview (obligation de mécénat et sponsor, ou simple copinage ?). Lookés jeans cigarette "skinny" et blousons de cuir noir, mèche très étudiée, pompes pointues, Fenders et Greitch à la main, attitudes rappelant de loin The Clash, à classer avec Naast, BB Brunes, Shades, Tatianas et autres groupes français actuels faisant partie de cette scène indé émergente, avec une belle énergie, mais un jeu des guitare sans imagination, suivant la section rythmique basse-batterie, sur des compositions tellement fadasses qu’elles m'en laissent pantois. Bref, musicalement ce n’est pas terrible du tout, avec en plus un mauvais chanteur, sans aucune originalité. Aucune chanson (portant chacune des influences pas encore bien digérées) ne sort du lot... ils jouent, c’est vrai, la musique que leurs parents aiment, et même si, dans leurs têtes, ils se sentent ce soir des « nouvelles étoiles du rock » dans cet endroit mythique, ils ont encore besoin de travailler dur. Je me demande de plus en plus ce qu’ils font là. Soyons honnêtes, c’est mieux que la Star Ac ou Nouvelle Star, tristes symboles de la chute de l’actuelle industrie musicale dans notre pays, mais il ne faudrait pas trop donner de rêves de lendemain à ce groupe dans son état actuel. Dans la salle, malgré tout, nombre d’ados et jeunes groupies-furies en minijupes, génération mp3, hurlent, s’amusent, dansent, font des pogo, apprécient... Le groupe, qui bouge aussi, semble sincèrement prendre un juste plaisir à se trouver là pour les faire se trémousser. De ce set d’une demi-heure, je retiens seulement le sympa Lick My Boots en dernier... et je jette le reste dans une poubelle ! On peut parfois un peu exagérer… c'est quoi être rock en 2008 ? Je crie, je panique, je m'affole. Je me pose des questions ! Lorsque la lumière se rallume, durant l’entracte, la surprise est grande de voir que la salle n’est pas remplie alors que le concert affiche complet : ils doivent être au bar, boire une bière pour oublier cette tristesse... ?
21h10 : La salle est maintenant chauffée à blanc pour le groupe de Pete Doherty, icone "le renouveau du rock" (sic). Niveau décor : néant, pas de frais inutiles ! Seulement une batterie avec trois amplis Vox, 1 Richenbaker, 1 Fender et 1 Gibson. Les derniers réglages de sonos effectués, une petite torche pour signaler le départ, une console qui donne son feu vert, les lumières de la salle s'éteignent. Les fans sont rassurés, et, en première ligne crient leur joie dans une immense clameur, se bousculant devant l’estrade. Des cris hystériques de fans retentent dans la salle, tandis que les retardataires courent pour ne pas en rater une miette.
Pete Doherty, avec son éternel chapeau et un manteau, dans un regain de ponctualité, entre sur scène - sans tituber - suivi de son groupe Babyshambles : Mick, nouveau guitariste, également avec un grand chapeau, est très cool, le bassiste irlandais Drew, imperturbable, en imperméableavec aussi un chapeau, et le batteur discret, Adam, en polo, sans chapeau (lui !) s’installe rapidement derrière sa caisse et démarre une intro sur un rythme répétitif de martellement de tambour. Pete s'empare de sa guitare Gibson Epiphone, il a l'air dérouté, un peu ailleurs... c’est vrai qu'il a une certaine allure, en revanche le reste du groupe n'a aucun charisme. La fosse exulte. Un « Bonsoir Paris » de Pete et d’entrée de jeu un très bon départ, avec un morceau plein de charme du nouvel album, Carry on up the morning : la voix est claire, le son mélodique me fait penser immédiatement aux belles années des Libertines... «In the morning where does all the pain go, The same place the fame goes straight to your head…», le show est lancé, la fosse exulte, «…It wasn't easy gettin you outta my head, Ah, it’s too easy gettin out my head…»…Stop !!! …A peine une minute et dix secondes de musique, et le concert entre en pleine zone de turbulences: Pete s'arrête, se tourne vers son groupe, discute… mes sourcils se sont froncés d'eux-mêmes. Des détails techniques ? Bizarre ! Personnellement, je n’entends rien de gênant ! Petite pause, mais bon, la reprise vient et… « Some serious monitor problems », nouvel arrêt, suivi d’une autre pause de vingt secondes. Mais c'est quoi, ce bordel ? Je ne sais pas encore s'il faut en rire ou en pleurer. Des roadies interviennent en cherchant à comprendre le problème. Ils se posent en vain des questions ! Sifflets de circonstance ! Ça me semble interminable et la crainte qu’elle ne s’éternise monte en moi… Ce n’est ne pas sérieux ! Le morceau est abandonné !
Pete, sans un regard ni un petit, mot passe directement à la chanson suivante, son single et tube Delivery. Bon, on y va… une nouvelle vague d’enthousiasme saisit la foule, mais vingt cinq secondes après… Pete crie de nouveau « Stop », faisant arrêter le groupe. Le son ne lui plait pas, et soit disant, il n’entend pas Mick, son guitariste ! Nouvelle pause de trente secondes! Je suis partagé entre le rire et la consternation. Reprise…nouvel arrêt après vingt quatre secondes, avant même le refrain… ça commence à être gonflant… nouvelle pause de vingt trois secondes... le public siffle et voilà mon morceau préféré, avec sa vision nostalgique très Kinks, coupé comme un vulgaire saucisson ! Mais c'est quoi, cette merde ? Une nouvelle reprise arrive alors… on redémarre, les jeunes fans s'emballent en chœur, mais la transition est mauvaise car Pete joue un peu maladroitement et ne chante pas très bien. J’essaye de bouger de la tête comme un teckel sur une plage arrière, mais impossible, quelque chose m’énerve… le morceau est devenu inécoutable par rapport à la version de l’album, je dirais bâclé : un véritable gâchis. Dommage ! La fusion, la frénésie électrique et cette délicatesse émotionnelle du disque ne sont plus là. Que va-t-il se passer maintenant ? Pete se fout de nous, visiblement défoncé,… inadmissible ! Et tout cela sans la moindre pensée pour le public présent ! La vérité est que le groupe n'a pas fait la balance qui lui aurait permis de vérifier le réglage du son ! Impossible à ce moment de revenir dans le concert malgré un public acquis, mais surpris, qui se force un peu à l’enthousiasme. Echaudé, je me trouve dans l’impossibilité de me concentrer sur la musique ! Au bout de quelques chansons, je constate que c'est mauvais, très mauvais, pour ne pas dire nul !! Ça, ce n’est pas l’esprit punk, mais du grand foutage de gueule intégral ! Il y a parfois une esquisse de refrain, un bon gimmick, mais l'ensemble ne tient vraiment pas la route. Je ne peux pas alors m’empêcher de penser au triste spectacle donné, il y a quelque mois, par Amy Winehouse, jamais à la hauteur de ses chansons.
Pete enchaine les huit morceaux du nouvel album avec peu de conviction, fait trois chansons jamais entendues dont un instrumental, de qualité moyenne et sans grand intérêt, limite piano bar. Il discute avec ses musiciens approximatifs. Si on juge le concert sur la musicalité ou la technicité, évidemment, ça ne vaut pas grand-chose. Pete enlève sa veste, les jeunes filles, coiffure à frange, semblent en transe. Il boit quelque chose qui ressemble à une bière ou une vodka orange. Il commence à tituber sur scène, semble se demander ce qu'il y fait, au milieu de nulle part, et ce qu'il doit faire ce soir : une catastrophe ambulante. Aucune émotion ne transpire. La guitare de Pete domine, souvent désaccordée, se fait bien entendre (la magie de la Gibson ), mais le jeu des autres membres ne donne pas aucun relief ni réelle identité au son, rien ne ressort de leurs instruments, c’est mou, sans aucune montée en puissance. Le grand problème vient dans la voix de Pete, trop souvent couverte par la musique. La soirée baigne entièrement dans une atmosphère d’improvisation totale. J’ai l'impression qu'ils se connaissent pas, qu’ils se sont donné rendez-vous dans cette salle, qu’ils jouent ensemble pour la première fois et qu'ils n’ont jamais été éprouvés par des répétitions laborieuses, comme si quelqu'un avait décidé que c’était une perte de temps. Pete, absent, chante faux... mais ça fait partie de son style aussi. Il perd, chaque fois, du temps pour accorder sa guitare à l'oreille, sans y parvenir, le son de sa guitare restant désaccordé et n'apportant pas grand chose à l'ensemble. Les spectateurs, à l’exception des « ados shambles » toujours enthousiastes, se sont vite rendu compte qu’ils assistent plus à un soundcheck privé qu’à un véritable concert. J’attends encore quelques coups d'éclats, plus excitants... mais en vain. En même temps je ressens un grand malaise : le concert devient pénible, l’ennui et la lassitude surgissent, ce groupe commence à m’agacer de plus en plus. Un triste bordel mélodique ! Du n'importe quoi !
Killamangiro, le single du premier album me réveille un peu, car la salle est couverte par les cris hystériques des ados… « Ohhh ohhh ohhhh, Why would you pay to see me in a cage?,... ». Surprise, une bonne chanson, rythmée, dansante, suivie par les chœurs. La version ne dégage pas beaucoup de puissance, est chaotique, n’a rien d’exceptionnel, mais c’est un morceau sympa et un bon moment du concert. On enchaîne avec le très énergique There She Goes... Puis les frissons retombent peu à peu, le concert reste brouillon, parfois inaudible, et Pete et ses amis, peu engagés, ont du mal à lui donner du punch. Le son est cradingue, la batterie faible, avec une tendance à rater les temps... et toujours cette impression de voir un groupe encore en rodage. Il est d’ailleurs dommage que certains ne sachent écouter un concert au lieu de lancer sur la scène des sous-vêtements, chaussures, cravates, soutiens-gorges et toutes sortes d’objets ! Le groupe commence une chanson, Pete va se balader pendant l'intro, et tout d'un coup fait un petit bond sur le côté, saisit le micro au vol et chante, avec une désinvolture senseulle, What Katie Did, le tube des Libertines. Puis, à la fin... la provocation arrive : il donne un violent coup de pied dans le micro, qui se casse, et le balance dans le public, à la grande joie des ados. Maintenant déchainé, il essaye ensuite d'extirper de la fosse un jeune hystérique pour le faire grimper sur scène, pendant l’intervention de la sécurité... Puis il décrète que sa Gibson est mauvaise, puisqu’il n’arrive pas à l’accorder et que son ampli Vox ne marche pas. Malgré le changement rapide de l’ampli par les roadies, et le prêt d’une nouvelle guitare par Mick, Pete décide de se contenter de chanter. Il discute de nouveau avec ses musiciens, allume une cigarette (devant son public ravi), prend un peu de plaisir dans la fumée, et entame Pipedown, qui provoque une nouvelle hystérie collective... Pete claque dans ses mains, avant de nous gratifie d’un excellent et magistral Fuck Forever en guise de final. Un Fuck à son public, car le morceau n’est pas encore terminé que Pete renfile déjà son manteau et son chapeau… et il s’en va comme il était venu, sans adieu ou merci. Une sortie digne d’un film pathétique. Les lumières de la salle se sont rallumées sans qu'on ait le temps de réaliser. Il n’y aura pas de rappel, malgré l’ovation et les « Pete, Pete, Pete » des « ados shambles » (15 ans max), qui ne voient pas encore la différence entre un bon et un mauvais concert !
Ce soir il n’y a pas eu cette étincelle signe d’un bon concert, il s’est vraiment rien passé… c’était simplement un concert de merde ! Le genre de soirée que l'on n’oublie pas de si tôt ! Pete Doherty : très mauvais sur scène ! A éviter dans le futur ! Un concert frustrant et affligeant, pas du tout à la hauteur de l’album ! 45 € pour assister à une vague répétition, une arnaque ! Je me pose une question : s’agissait-il d’une performance brillamment déjantée, d’un magnifique caprice de star pour alimenter sa légende, dans le but d’exciter son public et de faire une page dans la presse people ? On peut aussi se poser des questions sur la crédibilité de la presse rock telle que Rock et Folk ou les Inrocks intellos, qui soutiennent ce type de groupes au détriment de tant d’autre bien plus talentueux. Je connaissais bien l’album et j’avais dit à Gilles B. que cela justifiait le déplacement. Eh bien c'est l'inverse qui s'est produit. Finalement, Babyshambles c'est vraiment sans intérêt ! Un conseil : économisez votre argent et n'allez pas les voir ! Ce concert est à classer rapidement dans ma «Black List » avec celui d’Amy W. Je me tourne vers Gilles B., dans l’espoir de quelques phrases de lui qui me feront voir les choses un peu plus positivement. Inutile, il n’a pas de mots ! Il faut maintenant sortir de la salle, car dehors les parents attendent leurs petits (les ados shambles). L'année 2008 a mal commencé... putain de concert ! Et ce refrain qui reste dans ma tête… « Why would you pay, Why would you pay… »
« Quelques concerts auront suffi aux quatre lycéens survoltés et harangueurs de Second Sex pour se faire une jolie notoriété dans le milieu du rock, parisien d'abord, puis national. »
Babyshambles est un groupe de Indie Rock, Acoustique et Garage Rock britannique fondé en 2003 par Pete Doherty, ancien leader de The Libertines. Babyshambles et l'idole de la génération, Pete Doherty, la rock star la plus sulfureuse du moment, s'impose maintenant comme l'un des plus grands phénomènes du rock. Ils reviennent avec un deuxième album, solide et convaincant : Shotter's Nation.
(http://www.babyshambles.net/)
(http://www.myspace.com/babyshamblesofficial)
(http://fr-fr.facebook.com/babyshambles)
Pete Doherty (Singer/Guitar)
Mick Whitnall (Guitar)
Drew McConnell (Bass)
Adam Ficek (Drums)
Mick Whitnall (Guitar)
Drew McConnell (Bass)
Adam Ficek (Drums)
La Setlist du Concert
BABYSHAMBLES
Carry On Up The Morning (Shotter's Nation – 2007)
(interrompu pour problèmes de son... ?,Time 1.10, et non terminé)
Delivery (Shotter's Nation – 2007)
(également interrompu 4 fois... !!!, puis repris)
Beg, Steal Or Borrow (The Blinding Ep – 2006)
Pretty Sue (* New Song)
Baddies Boogie (Shotter's Nation – 2007)
Unstookie Titled (Shotter's Nation – 2007)
Side Of The Road (Shotter's Nation – 2007)
Unbilo Titled (Shotter's Nation – 2007)
Boy David (* New Song)
Babyshambles Instrumental (* New Song)
Killamangiro (Down in
There She Goes (Shotter's Nation – 2007)
You Talk (Shotter's Nation – 2007)
Albion (Down in
Back From The Dead (Down in
I Wish (The Blinding Ep – 2006)
What Katie Did (The Libertines – 2004)
Pipedown (Down in
Fuck Forever (Down in
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