Première Partie : FUGU
« Il est 23h Place Clichy, et je suis encore sous le charme d'une soirée magique et pleine d'émotions. La responsable s'appelle Barbara Carlotti. Elle et moi, c'est une histoire d'amour (platonique) qui a commencée il y a deux ans, lorsque j'ai écouté pour la première fois « Les Lys Brisés ». Un premier concert à La Cigale avait confirmé tout le bien que je pensais de la dame. Et enfin cette série de concerts à l'Européen, une salle que je découvre ce soir. Une salle cosy, on se sent bien, je suis installé au premier rang, assis sur une grande banquette garnie de velours rouge. Ambiance chaude et intimiste dans cette salle de 350 places - toutes assises - en forme d'auditorium.
Alors que l’Européen n'est encore rempli qu'aux 2/3, la première partie fait son apparition sur scène : c’est tout d'abord Mehdi Zannad... seul à la guitare pour une chanson, il est ensuite rejoint par deux autres musiciens. Si j'avais quelques inquiétudes aux premiers abords, mon opinion a vite changé au fur et à mesure que le concert avance, Fugu (c'est le nom du groupe), c'est de la pop douce (j'aime bien employer ce nom). J'ai trouvé beaucoup de ressemblance avec un groupe comme The Beautiful South. Bref, un set pas désagréable du tout.
Entre temps la salle s'est remplie, l’atmosphère est feutrée mais je me sens à mon aise dans cette salle, parfaite pour une artiste comme Barbara Carlotti : proximité du public, belle scène, et surtout, une espèce de chaleur qui se dégage de tout cela. 20h55, l'émotion me gagne quand les lumières s'éteignent et que les musiciens investissent la scène, Barbara apparait, magnifique dans sa robe aux couleurs vertes chatoyantes annonciatrices de l'été. Car cette fois, l'accent est mis sur la chaleur et la joie, et même si la nostalgie n'est pas tout à fait absente du spectacle, l'évolution est flagrante. Barbara est une femme séduisante, pas ce genre de femme que vous imaginez non, elle dégage un charme fou, et dès que vous entendez sa voix, la magie opère. Les Femmes En Zibelines ouvre le bal, je suis frappé encore une fois par la justesse de la voix. C'est rare qu'une ou un artiste reproduise en concert les mêmes performances vocales qu'en studio. C'est la cas pour Barbara Carlotti, voix belle et unique, je bois les paroles... ce qui est pour moi assez rare, je suis plus attentif généralement à la musique. On entre par petites touches dans l'univers musical de la jolie demoiselle corse, elle raconte de petites histoires presque avant chaque morceau, et après un joli Tunis plein de nostalgie, c'est Mademoiselle Opossum, l’une des plus belles de son album « l'Idéal » (la description que vous nous avez faite, Barbara, de l'opossum, mi-rat mi-chat, ne m'encourage pas à en avoir un !). Barbara est tout à tour drôle, sensuelle, émouvante et charmeuse, nous sommes tous séduits.
C'est une sorte de rêve éveillé que je vis, avec ces paroles qui me touchent et qui me parlent. Tout au long du concert, Barbara nous présente ses musiciens, avec un Jean Philippe Nataf qui se déguisera en clone de Sébastien Tellier, le soir même de l'Eurovision. Quand elle nous demande si quelqu'un veut venir danser avec elle, c'est vrai que je me dis « surtout pas moi ! », mais pourtant, au fond de moi, j'aurais tant aimé danser avec elle. Mais cela faisait partie intégrante du spectacle, Vous Dansiez sera dévolu à un complice Mickael, qui nous fera un numéro de danse solitaire, la suite de la chanson vous montrera espiègle et facétieuse en danseuse de tango. Je manque malencontreusement l'enregistrement vidéo de Cannes, l’un de mes morceaux préférés des « Lys Brisés », avec ces paroles aigres douces, non dénuées d'humour, mais d'humour noir. L'humour, c'est l’une des caractéristiques de Barbara Carlotti, par petites touches, avec finesse, jamais vulgaire. J'aime quand vous parlez, Barbara, j'aime vous entendre raconter des histoires, farfelues parfois mais toujours justes.
Joli moment que ce court duo avec Fugu pour une belle interprétation de Crying In The Rain (des Everly brothers). Ce côté pop, Barbara l'a manifestement, et c'est ce que j'aime aussi chez elle, le mélange de sophistication ou plutôt d'élégance naturelle, et un tempérament rieur et gai. Avec Paris Plage, on découvre un décor derrière la scène, elle remerciera sa maman à la fin du concert pour son aide. Enfin, le sublime L'idéal, beau tout simplement, porté encore une fois par la voix magnifique et juste de Barbara. Elle descend dans la salle pour chercher des spectateurs, les faire monter sur scène et leur offrir une coupe de champagne. Et avec une grande classe, elle viendra aussi m'offrir une coupe de champagne... Chapeau bas, vous êtes tout simplement divine ce soir.
Mais on se doute bien que la fête n'est pas encore finie, d'ailleurs c'est une ovation que la salle réserve à Barbara Carlotti lorsqu'elle quitte la scène. Elle revient avec D'accord... et puis un moment étrange et irréel dans la soirée, lorsque quatre personnes venues du fond quittent la salle sous le regard d'abord interloqué puis amusé de Barbara. « A bientôt, j'espère ! » leur lance Barbara, avant de rajouter à notre attention « Ils n'ont pas aimés ! », puis, se tournant vers nous, elle demande si on veut quand même une autre chanson, rires unanimes, elle poursuit en disant « moi aussi, je pourrais chez moi ! », puis, marchant le long de la scène, elle rajoute « c'est bizarre, quand même ! », avant de nous dire « c'est comme si vous invitiez des gens chez vous, et tout d'un coup ils s'en vont ... ». Heureusement qu'elle a une bonne dose d'humour, car des comportements comme celui de ces quatre personnes, ce n'est pas très joli. Mais le Tango Corse va nous faire oublier cet « incident »... et puis le final, émouvant, non prévu, tout simplement beau, Barbara descend de scène, juste accompagnée de Jean-Pierre Petit à la guitare, elle s'adosse à la scène à un mètre devant moi, et elle interprète avec une rare sensibilité et avec beaucoup d'émotion (l'émotion était partagée à cet instant) a capella Une Rose Pour Emily : sublime, je filme ce moment de pur bonheur, la salle écoute religieusement. Voilà, la belle s'en va après 1h50 de concert, me laissant sur un nuage, je finis ma coupe de champagne, puis je m'enquiers de la set list que l'on me remet gentiment.
Quelques minutes plus tard, je me retrouve dans le hall de l' Européen, il y a beaucoup de monde, j'aperçois le père de Barbara Carlotti, fier de sa fille (il peut l'être !). Enfin Barbara arrive, elle porte maintenant une jolie robe grise, beaucoup de gens viennent la voir, amis, connaissances, moi je reste la, je voulais aller lui dire quelques mots, combien c'était beau, combien j'ai été touché moi qui n'écoute que du rock, mais la pudeur, la timidité sans doute aussi ont fait que, après l'avoir regardée pendant plusieurs minutes, je suis parti, doucement, sans un mot... Et puis une dernière photo devant le fronton de la salle, où apparaît en lettres d'or BARBARA CARLOTTI. Voilà, c'était un rêve éveillé, une douceur pour terminer cette semaine de concerts ininterrompus. De La Lettre à Kisses, ce soir je suis passé par toute la palette des émotions... Vous êtes, mademoiselle, une superbe artiste, à la fois attachante et sensible, puis drôle et émouvante, et pour tout cela, je vous respecte. »
La chanteuse française Barbara Carlotti a grandit en Corse. Ses influences musicales sont nombreuses, voguant d’Etienne Daho à Billie Holiday, en passant Sarah Vaughan ou Blossom Dearie. En 2003, elle autoproduit un mini-album intitulé Chansons. Son premier véritable album, Les Lys brisés, arrive dans les bacs en 2006.Songwriting à l’inspiration vagabonde, entre pudeur et abandon lyrique, Barbara Carlotti dévoile au fil de ses chansons douces-amères le champ contre-champ de l’amour absolu, les belles imprudences et les égratignures du cœur. Cette blonde ombrageuse assume avec élégance et d’une voix sans apprêt, la sobriété classique et les gimmicks rutilants de la pop. Premiére signature francaise du prestigieux label Beggars Banquet .
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