Première Partie : JOHN DEAR MOVING CLUB
« Début d'une semaine difficile pour la récupération : en effet, pas moins de cinq concerts d'affilée. Beaucoup de plaisir donc, mais aussi beaucoup de fatigue en perspective. Je commence donc ma folle semaine par une bizarrerie dans le monde du rock, la venue de Daniel Johnston à Paris, pour un concert sold out depuis plusieurs semaines, qui plus est !! Mais rendons à César ce qui lui appartient… car c'est bien grâce à Eric que je suis présent ce soir. En effet, Eric, fan de la première heure, m'avait plusieurs fois fait écouter ces disques, et c'est ainsi que j'ai pu apprendre à connaître (un tout petit peu) la carrière de Daniel Johnston. Car le personnage est singulier : songwriter et dessinateur, interné en hôpital psychiatrique pour instabilité mentale, auteur de chansons au caractère spontané et presque enfantin. Lorsque j'arrive à la Maro, les barrières sont en place, mais il n'y a qu'une personne dans la queue. Moi, je fais le pied de grue devant la porte d'entrée, comme à mon habitude. Un bonjour à Xavier, qui m'annonce qu'Alela Diane serait certainement présente ce soir (ah mon dieu, j'en rêve encore), je croise tous les membres de Moriarty qui sont venus voir le concert. 19h30, la queue est longue et ordonnée, le public plutôt discret et relativement jeune, à mon grand étonnement. Je rentre le premier dans la salle, un coup d'œil en descendant l'escalier, le stand de merchandising semble bien fourni. Je m'installe devant en m'asseyant sur la scène, voilà, je suis en place, peinard, la Maro, c'est presque comme chez moi. Robert arrive, on en profite pour discuter de nos derniers concerts respectifs. Puis c'est au tour de Clément de faire son apparition, juste avant que nedébute la première partie…
… Une première partie, qui est en fait le groupe qui va accompagner Daniel Johnston, j'ai nommé The John Dear Mowing, en vérité le John Dear Mowing Club, un trio hollandais emmené par un guitariste qui m'a tout de suite fait penser à l’un des musiciens de 22 Pistepirkko. Le mec semble assez perturbé et plein de tics lorsqu’il joue, on le voit ainsi assis sur un tabouret, ses deux jambes qui n'arrêtent pas de faire du tricot : un peu torturé, le garçon. Bon set, qui m'a fait penser parfois aux Violent Femmes, et, à d'autres moments, à Dylan. Pas désagréable du tout, le reste du trio étant constitué par un batteur et un contrebassiste… Pas de ballet de roadies sur scène puisque tout est déjà en place, la salle est bondée, j'ai cru entendre quelques Américains, mais le public est en grande majorité français. Pas beaucoup de visages reconnaissables d'ailleurs.
Et puis les lumières s'éteignent, et je vois arriver Daniel Johnston sur scène à petits pas, une démarche moyennement assurée (il manquera d'ailleurs de tomber à plusieurs reprises en butant sur le matériel installé sur scène). C'est vrai que cela cause un choc de le voir : imaginez un petit vieux, presque obèse, un double menton, en survêtement de jogging. Et dire qu'il n'a que 47 ans !!! On lui en donnerait 15 de plus, facilement. Il s'empare d'une sorte de guitare bricolée (en fait, ce n'est pas une guitare, je ne sais pas trop comment le décrire). Et sans un mot au public, il attaque en solo, on le sent fébrile, il essaie de plaquer consciencieusement des accords mais ils sont faux, beaucoup de couacs, de même que la voix, désaccordée comme sa guitare, on voit bien qu'il s'applique. Car jouer en chantant et en lisant les textes sur le petit pupitre, placé devant lui, lui demande une concentration de tous les instants... Mais la magie opère tout de suite. Il n'y pas d'explications à cela, toute la salle est sous le charme. Daniel Johnston a inventé l'art musical NAIF, un art musical primitif et pur. On vit là quelques minutes assez intenses et irréelles, le temps de deux chansons. Puis d'un coup, toujours d'une démarche hésitante, Daniel quitte la scène, pendant un instant je me dis que cela sera peut-être le concert le plus court de ma vie, mais 30 secondes plus tard, c'est le retour avec cette fois les musiciens du John Dear Mowing Club. Par terre, devant le guitariste, c'est un foutoir pas possible, toutes les paroles des chansons sont sous pochettes transparentes posées à même le sol, toutes mélangées avec en plus les accords qu'il faut jouer. Daniel est debout, un peu penché sur son pupitre, sa voix légèrement plaintive et chevrotante continue de me faire frissonner. On se demande s’il sait qu'il y a un public devant lui, peu importe, il essaie de s'appliquer, et on sent que ce n’est pas toujours facile, son bras et surtout sa main gauche sont constamment soumis à un tremblement compulsif. Et quand il attaque Speedy Motorcycle, j'entends des cris d'allégresse dans la salle. Ce morceau-là reflète ce que peut être le rock'n'roll à son niveau le plus basique, et aussi certainement le plus jouissif et émouvant : bonne claque ! Cela continuera avec Rock This Town qu'exceptionnellement Daniel Johnston introduit en s'adressant à nous (enfin, on le suppose…), car on ne sait pas trop s’il est avec nous, ou s’il s'efforce de se concentrer sur ce qu'il doit faire, c'est-à-dire déchiffrer des paroles et chanter. Le reste semble accessoire pour lui, il n'y aurait que 10 personnes dans la salle, ce serait certainement pareil. Une nouvelle surprise avec la reprise presque façon heavy metal du Help des Beatles, furieusement ravageuse, la version ! Encore une bonne claque... C'est vrai que je suis resté presque hypnotisé et fasciné par le personnage, unique, et quelque part impressionnant quand on se rend compte de l'état dans lequel il est… impressionnant, car il arrive à transmettre des sensations pures et vraies. Ces chansons débitées sur ce ton naïf et enfantin réveillent en moi beaucoup de choses. A peine 45 minutes de concert, et tout le monde quitte la scène. Ovation du public, Daniel revient au bout d'un moment, seul, pas sûr d'ailleurs que ce rappel ait été prévu, ce sera juste une chanson très courte, moins de deux minutes, ultime récompense pour nous.
C'est fini, je ne sais toujours pas si Daniel savait qu'il jouait devant 500 personnes presque en adoration… Lui, il est resté dans son univers tout le temps du concert, on a du mal à l'imaginer seul dans les tourments de la vie quotidienne, car si ce gars a quelque chose de magique, c'est aussi un enfant perdu, et encore, un enfant saurait mieux se débrouiller que lui. Surtout, prenez soin de lui, qui que vous soyez. J'arrive à récupérer ce qui semble l'unique set list qui se trouvait au pied du guitariste (la set list est un peu le reflet du personnage et du concert). Avec Clément, on fait une pause au stand de merchandising, et puis on se quitte. Belle soirée, je suis content d'avoir vu Daniel Johnston, j'avoue que j'ai eu une petite pensée pendant le concert pour l'ami Eric, absent involontaire de cette soirée, ce compte rendu, il est avant tout pour lui. »
… Une première partie, qui est en fait le groupe qui va accompagner Daniel Johnston, j'ai nommé The John Dear Mowing, en vérité le John Dear Mowing Club, un trio hollandais emmené par un guitariste qui m'a tout de suite fait penser à l’un des musiciens de 22 Pistepirkko. Le mec semble assez perturbé et plein de tics lorsqu’il joue, on le voit ainsi assis sur un tabouret, ses deux jambes qui n'arrêtent pas de faire du tricot : un peu torturé, le garçon. Bon set, qui m'a fait penser parfois aux Violent Femmes, et, à d'autres moments, à Dylan. Pas désagréable du tout, le reste du trio étant constitué par un batteur et un contrebassiste… Pas de ballet de roadies sur scène puisque tout est déjà en place, la salle est bondée, j'ai cru entendre quelques Américains, mais le public est en grande majorité français. Pas beaucoup de visages reconnaissables d'ailleurs.
Et puis les lumières s'éteignent, et je vois arriver Daniel Johnston sur scène à petits pas, une démarche moyennement assurée (il manquera d'ailleurs de tomber à plusieurs reprises en butant sur le matériel installé sur scène). C'est vrai que cela cause un choc de le voir : imaginez un petit vieux, presque obèse, un double menton, en survêtement de jogging. Et dire qu'il n'a que 47 ans !!! On lui en donnerait 15 de plus, facilement. Il s'empare d'une sorte de guitare bricolée (en fait, ce n'est pas une guitare, je ne sais pas trop comment le décrire). Et sans un mot au public, il attaque en solo, on le sent fébrile, il essaie de plaquer consciencieusement des accords mais ils sont faux, beaucoup de couacs, de même que la voix, désaccordée comme sa guitare, on voit bien qu'il s'applique. Car jouer en chantant et en lisant les textes sur le petit pupitre, placé devant lui, lui demande une concentration de tous les instants... Mais la magie opère tout de suite. Il n'y pas d'explications à cela, toute la salle est sous le charme. Daniel Johnston a inventé l'art musical NAIF, un art musical primitif et pur. On vit là quelques minutes assez intenses et irréelles, le temps de deux chansons. Puis d'un coup, toujours d'une démarche hésitante, Daniel quitte la scène, pendant un instant je me dis que cela sera peut-être le concert le plus court de ma vie, mais 30 secondes plus tard, c'est le retour avec cette fois les musiciens du John Dear Mowing Club. Par terre, devant le guitariste, c'est un foutoir pas possible, toutes les paroles des chansons sont sous pochettes transparentes posées à même le sol, toutes mélangées avec en plus les accords qu'il faut jouer. Daniel est debout, un peu penché sur son pupitre, sa voix légèrement plaintive et chevrotante continue de me faire frissonner. On se demande s’il sait qu'il y a un public devant lui, peu importe, il essaie de s'appliquer, et on sent que ce n’est pas toujours facile, son bras et surtout sa main gauche sont constamment soumis à un tremblement compulsif. Et quand il attaque Speedy Motorcycle, j'entends des cris d'allégresse dans la salle. Ce morceau-là reflète ce que peut être le rock'n'roll à son niveau le plus basique, et aussi certainement le plus jouissif et émouvant : bonne claque ! Cela continuera avec Rock This Town qu'exceptionnellement Daniel Johnston introduit en s'adressant à nous (enfin, on le suppose…), car on ne sait pas trop s’il est avec nous, ou s’il s'efforce de se concentrer sur ce qu'il doit faire, c'est-à-dire déchiffrer des paroles et chanter. Le reste semble accessoire pour lui, il n'y aurait que 10 personnes dans la salle, ce serait certainement pareil. Une nouvelle surprise avec la reprise presque façon heavy metal du Help des Beatles, furieusement ravageuse, la version ! Encore une bonne claque... C'est vrai que je suis resté presque hypnotisé et fasciné par le personnage, unique, et quelque part impressionnant quand on se rend compte de l'état dans lequel il est… impressionnant, car il arrive à transmettre des sensations pures et vraies. Ces chansons débitées sur ce ton naïf et enfantin réveillent en moi beaucoup de choses. A peine 45 minutes de concert, et tout le monde quitte la scène. Ovation du public, Daniel revient au bout d'un moment, seul, pas sûr d'ailleurs que ce rappel ait été prévu, ce sera juste une chanson très courte, moins de deux minutes, ultime récompense pour nous.
C'est fini, je ne sais toujours pas si Daniel savait qu'il jouait devant 500 personnes presque en adoration… Lui, il est resté dans son univers tout le temps du concert, on a du mal à l'imaginer seul dans les tourments de la vie quotidienne, car si ce gars a quelque chose de magique, c'est aussi un enfant perdu, et encore, un enfant saurait mieux se débrouiller que lui. Surtout, prenez soin de lui, qui que vous soyez. J'arrive à récupérer ce qui semble l'unique set list qui se trouvait au pied du guitariste (la set list est un peu le reflet du personnage et du concert). Avec Clément, on fait une pause au stand de merchandising, et puis on se quitte. Belle soirée, je suis content d'avoir vu Daniel Johnston, j'avoue que j'ai eu une petite pensée pendant le concert pour l'ami Eric, absent involontaire de cette soirée, ce compte rendu, il est avant tout pour lui. »
Daniel Johnston, est un dessinateur, chanteur, pianiste et guitariste états-unien de musique pop, folk ou rock, dans un style qui a été qualifié de Lo-fi. Son parcours, sa personnalité et ses albums atypiques lui confèrent un statut singulier, un peu mythique, auprès des auditeurs et des critiques.
(http://www.myspace.com/danieldalejohnston)
Daniel Johnston - I Had Lost My Mind
Daniel Johnston - Rock this town
Daniel Johnston - "Living Life" (Live in Denver- 4/05/2008)
(http://www.myspace.com/danieldalejohnston)
Daniel Johnston - I Had Lost My Mind
Daniel Johnston - Rock this town
Daniel Johnston - "Living Life" (Live in Denver- 4/05/2008)
2 commentaires:
Oui quel beau concert.
Fan transi depuis 91, c'est la première fois que je le voyais, après l'avoir raté comme un con de nombreuses fois. J'avoue avoir était proche des larmes souvent. Speeding Motorcycle, Help, Casper, True love will find you in the end.
Et la version de Rock 'n' Roll/Ego... Whouahou !
La dernière chanson a capella, pour info, c'était Devil Town, extraite de 1990. Ma chanson préférée, ce qui est tombé assez bien pour se quitter.
Merci pour la playlist, bel objet !
Merci !
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