

Première Partie : MUSIC IS NOT FUN


La Maro est pleine de pisseuses de 14 ans, ce qui en soi n'est pas une surprise, et est même plutôt agréable (même si sur la sono, c'est logiquement la BO de Pulp Fiction qui déclenche des cris d'entousiasme du public, signe qui ne trompe pas...), mais notre petite bande, un peu dispersée, est là, fidèle au poste. On a tous suffisamment apprécié Miles Kane à l'Olympia lors du concert des Last Shadow Puppets pour attendre beaucoup de ses Rascals ce soir (très bel album, en plus, une fois franchie la barre des ressemblances...).
Miles Kane a tout du bon garçon, bon élève, bon musicien, connaissant ses classiques et fidèle à la tradition musicale de Liverpool, sa ville : sonner comme les guitaristes légendaires des sixties et reprendre Echo and the Bunnymen (version parfaite de "All that Jazz") et John Lennon (version moins euh... parfaite de "Instant Karma" !), c'est son truc. Guitariste brillantissime - installés à 35 cms de lui, nous nous perdons dans la contemplation de ses doigts qui virevoltent sur sa Gibson -, compositeur doué - faudra-t-il redire combien "Rascalize" est un très bon disque une fois qu'on a accepté de l'écouter ? -, il EST The Rascals. Même si les deux autres membres du trio assurent une section rythmique puissante qui sait enclencher le turbo chaque fois qu'il le faut, tous les regards sont scotchés (dans le noir ! Bonjour la lumière ! Tout simplement, la scène était éteinte ce soir !) sur Miles, sa guitare, sa boîte à effets - impressionnante.

La salle exulte mais reste relativement sage, on danse et on chante sans trop bousculer son voisin. Ce qui m'amène à ma seule interrogation : qu'est-ce qui fait que, malgré tant d'excellence et d'énergie, malgré un son aussi fort que magnifiquement équilibré (rare à la Maro d'entendre aussi clairement la voix quand la guitare joue aussi fort...), on ne soit jamais passé à un concert EXCEPTIONNEL ? Qu'on n'ait pas basculé une seule petite fois dans l'hystérie, qu'on n'aie pas ressenti cet orgasme total qui est la marque des moments inoubliables ? Est-ce qu'on en revient au fait que Miles soit un garçon un peu trop sage, trop appliqué, finalement, pour lâcher complètement la bride de sa musique et laisser le délire le (nous) gagner ? Bah, ce garçon a un tel talent que, selon le terme consacré, l'avenir lui appartient... Et nous, nous voici avec un groupe-fétiche de plus !»


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