Première Partie : HOT PANDA
« Voilà, on est déjà bien engagé dans le set de The Von Bondies, et je suis en train de me dire que je prends, mine de rien, l'un de mes meilleurs shots de rock'n'oll de cette année, depuis le mémorable set de Jay Reatard au Point Ephémère, quand Jason Stollsteimer, le chanteur à la mèche rebelle, par ailleurs bavard comme une pie, tend le doigt dans ma direction et dis : "... yes, and you, Sir, we want to thank you for being here !". Comme je me retourne pour voir à qui il peut bien parler derrière moi (mais il n'y a guère que mon ami Jean-Pierre), Jason insiste : "Yes, you, Sir !", ne laissant aucun doute : son hommage s'adresse à moi (j'avais d'ailleurs remarqué qu'il me regardait régulièrement, mais j'avais pensé que c'était mon appareil photo qui l'incommodait...) ! Bon, tout cela est bien gentil, mais, bon dieu, pourquoi MOI ??? Un doute affreux m'envahit : est-ce que j'ai désormais l'air si VIEUX que ça paraît un miracle que je sois au premier rang en train de sauter en l'air sur du putain de rock'n'roll ? Merde ! Mais rembobinons et revenons une bonne heure plus tôt...
Hot Panda, est-ce un tribute band chinois spécialisé dans les reprises de vieux titres de Hot Tuna, ou une nouvelle position d'un kamasutra bestial et particulièrement tordu ? Non, c'est le nom - pas forcément attrayant - d'un quatuor canadien qui a visiblement décidé de reprendre les choses là où le premier XTC - celui avec Barry Andrews aux claviers - les avait laissées : ils font donc de la pop largement fantaisiste, un tantinet destructurée, dynamisée par des riffs de guitare à la fois énergiques et dansant. Des mélodies régulièrement chatoyantes, un chanteur à la voix intéressante et pourtant bien maîtrisée, une attitude scénique amicale et sans chichis, quelques brèves - trop brèves peut-être - accélérations de tempo... Hot Panda est une première partie tout-à-fait stimulante, même si l'intérêt s'effilochera un peu au long de 40 mn un peu longues, un peu irrégulières, qui ne tiendront donc pas complètement les promesses des premiers morceaux.
Je suis venu ce soir parce que j'ai foi dans les goûts de mes amis, et que le mauvais disque que les Von Bondies viennent de sortir ne devait pas me dissuader - m'avaient promis les autres rock'n'roll motherf***s - de tenter l'expérience du live, avec un vrai putain de groupe de putain de rock'n'roll. Ceci dit, vu le faible taux de remplissage du Nouveau Casino ce soir, on dirait bien que la "tasse" de l'album en a refroidi plus d'un ! Sauf que, pas d'erreur, quand The Von Bondies rentrent surscène, on se rend tout de suite compte que ça va cogner, et que ça va être bon ! Deux greluches typiques de l'americana, mignonnes certes, mais avec ce manque d'élégance touchant qui caractérise nos amis (... eh oui, comme le fera remarquer Jason plus tard, les Américains sont de nouveaux les amis des Français, et ça se sent !) d'Outre Atlantique, entourent le noyau dur des Von Bondies : Jason Stollsteimer donc, quelque part entre un Owen Wilson blafard et un Nicolas Cage jeune avec une mèche, à la guitare et au chant, et Don Blum l'asiatique à la batterie, minimaliste mais sévère ! Eh oui, c'est parti pour 45 minutes de rock'n'roll brûlant sorti des usines de la Motor City itself, motherfuckin' Detroit ! Mais raconter le rock'n'roll, c'est dur, il faut être plus doué que je le suis. On peut essayer d'énumérer les influences, les groupes cousins : la musique des Von Bondies peut évoquer tour à tour les Stooges, forcément (sans l'extrémisme mais avec une sorte d'élasticité joyeuse), les Plimsouls en plus hard mais tout aussi surexcités, et puis en fait toute une histoire qui a commencé avec le pelvis du King, a contaminé tous les garages des banlieues white trash des USA, et ne s'est pas arrêtée depuis. On peut tenter de raconter l'énergie sur scène, la classe innée du groupe, le son qui claque bien - un peu plus fort encore, ça n'aurait pas été de refus ! -, la manière dont un morceau sur deux, au moins, semble s'emballer, s'amplifier en mini-tornade sensorielle, pour le plus grand plaisir des spectateurs, dont une bonne partie a entamé un pogo musclé et chahuteur au milieu de la salle. On peut lister les chansons, sauf que je ne connais pas la plupart des titres : tout au plus, j'aurai noté, ravi, que Perfect Crime, le single un peu glam du dernier album, resplendit d'un coup de mille feux - loin, très loin, et très au-dessus de la version terne que je connaissais jusque là... que les "la la la" de She's Dead To Me fonctionnent bien, avant la tuerie magnifique qu'est C'Mon C'Mon, un classique instantané que je chante à tue-tête sans jamais l'avoir entendu avant !
Oui, 45 minutes, c'est beaucoup trop court ! Alors Jason revient en duo avec Leann, la brune bassiste, pour un petit blues dépouillé assez anecdotique, à la suite de quoi on a droit à un boogie ultra classique qui met mon ami Gilles P dans tous ses états, avant un final tonitruant sur It Came From Japan (Jason a annoncé le titre, c'est pour ça que je peux le citer !) avec l'aide d'un second batteur recruté au pied levé dans la salle. Voilà, on vient de vivre 60 minutes de pur rock'n'roll, et une intense satisfaction nous a tous envahis (je parle sans crainte au nom de mes amis). Dehors, j'ai l'impression que la nuit est beaucoup plus chaude qu'elle ne l'est, je sais que j'ai refais le plein d'énergie pour queques jours au moins. Il ne reste qu'une question, qui tourne sans réponse dans ma tête : comment un groupe aussi brillant scéniquement fait-il pour ne pas nous pondre de bien meilleurs albums ? »
Hot Panda, est-ce un tribute band chinois spécialisé dans les reprises de vieux titres de Hot Tuna, ou une nouvelle position d'un kamasutra bestial et particulièrement tordu ? Non, c'est le nom - pas forcément attrayant - d'un quatuor canadien qui a visiblement décidé de reprendre les choses là où le premier XTC - celui avec Barry Andrews aux claviers - les avait laissées : ils font donc de la pop largement fantaisiste, un tantinet destructurée, dynamisée par des riffs de guitare à la fois énergiques et dansant. Des mélodies régulièrement chatoyantes, un chanteur à la voix intéressante et pourtant bien maîtrisée, une attitude scénique amicale et sans chichis, quelques brèves - trop brèves peut-être - accélérations de tempo... Hot Panda est une première partie tout-à-fait stimulante, même si l'intérêt s'effilochera un peu au long de 40 mn un peu longues, un peu irrégulières, qui ne tiendront donc pas complètement les promesses des premiers morceaux.
Je suis venu ce soir parce que j'ai foi dans les goûts de mes amis, et que le mauvais disque que les Von Bondies viennent de sortir ne devait pas me dissuader - m'avaient promis les autres rock'n'roll motherf***s - de tenter l'expérience du live, avec un vrai putain de groupe de putain de rock'n'roll. Ceci dit, vu le faible taux de remplissage du Nouveau Casino ce soir, on dirait bien que la "tasse" de l'album en a refroidi plus d'un ! Sauf que, pas d'erreur, quand The Von Bondies rentrent surscène, on se rend tout de suite compte que ça va cogner, et que ça va être bon ! Deux greluches typiques de l'americana, mignonnes certes, mais avec ce manque d'élégance touchant qui caractérise nos amis (... eh oui, comme le fera remarquer Jason plus tard, les Américains sont de nouveaux les amis des Français, et ça se sent !) d'Outre Atlantique, entourent le noyau dur des Von Bondies : Jason Stollsteimer donc, quelque part entre un Owen Wilson blafard et un Nicolas Cage jeune avec une mèche, à la guitare et au chant, et Don Blum l'asiatique à la batterie, minimaliste mais sévère ! Eh oui, c'est parti pour 45 minutes de rock'n'roll brûlant sorti des usines de la Motor City itself, motherfuckin' Detroit ! Mais raconter le rock'n'roll, c'est dur, il faut être plus doué que je le suis. On peut essayer d'énumérer les influences, les groupes cousins : la musique des Von Bondies peut évoquer tour à tour les Stooges, forcément (sans l'extrémisme mais avec une sorte d'élasticité joyeuse), les Plimsouls en plus hard mais tout aussi surexcités, et puis en fait toute une histoire qui a commencé avec le pelvis du King, a contaminé tous les garages des banlieues white trash des USA, et ne s'est pas arrêtée depuis. On peut tenter de raconter l'énergie sur scène, la classe innée du groupe, le son qui claque bien - un peu plus fort encore, ça n'aurait pas été de refus ! -, la manière dont un morceau sur deux, au moins, semble s'emballer, s'amplifier en mini-tornade sensorielle, pour le plus grand plaisir des spectateurs, dont une bonne partie a entamé un pogo musclé et chahuteur au milieu de la salle. On peut lister les chansons, sauf que je ne connais pas la plupart des titres : tout au plus, j'aurai noté, ravi, que Perfect Crime, le single un peu glam du dernier album, resplendit d'un coup de mille feux - loin, très loin, et très au-dessus de la version terne que je connaissais jusque là... que les "la la la" de She's Dead To Me fonctionnent bien, avant la tuerie magnifique qu'est C'Mon C'Mon, un classique instantané que je chante à tue-tête sans jamais l'avoir entendu avant !
Oui, 45 minutes, c'est beaucoup trop court ! Alors Jason revient en duo avec Leann, la brune bassiste, pour un petit blues dépouillé assez anecdotique, à la suite de quoi on a droit à un boogie ultra classique qui met mon ami Gilles P dans tous ses états, avant un final tonitruant sur It Came From Japan (Jason a annoncé le titre, c'est pour ça que je peux le citer !) avec l'aide d'un second batteur recruté au pied levé dans la salle. Voilà, on vient de vivre 60 minutes de pur rock'n'roll, et une intense satisfaction nous a tous envahis (je parle sans crainte au nom de mes amis). Dehors, j'ai l'impression que la nuit est beaucoup plus chaude qu'elle ne l'est, je sais que j'ai refais le plein d'énergie pour queques jours au moins. Il ne reste qu'une question, qui tourne sans réponse dans ma tête : comment un groupe aussi brillant scéniquement fait-il pour ne pas nous pondre de bien meilleurs albums ? »
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