SCOUT NIBLETT ~ Le Point Ephémère. Paris.

lundi 7 juin 2010

SCOUT NIBLETT ~ Le Point Ephémère. Paris.

Opening : Villagers + Small Black

Ce qu’en a pensé Gilles B. :

« Pour le commun des mortels - et même pour les amateurs de rock -, le nom de Scout Niblett n’évoque rien. Moi-même d’ailleurs, je ne connaissais la dame que de nom, et j’avais aussi lu quelques articles glanés par ci par la. Comme à mon habitude, j’ai tout de même pris soin d’écouter des bribes de l’univers de Scout avant de me décider à prendre mon billet : direction le Point Ephémère, pour ce qui sera surement l’un des derniers concert dans cette salle avant la rentrée de septembre.

Beau temps, les berges du canal St Martin sont envahies par une nombreuse population, au milieu de laquelle il y a même une certaine « faune »… J’aime bien ce côté nonchalant et décontracté de Paris qui fait surface dès que les beaux jours approchent, mais je suis aussi consterné par la saleté qui règne, les détritus et autres cadavres de bouteilles qui traînent un peu partout, ça gâche tout. Bon, j’attends tranquillement l’ouverture des portes, qui se fait traditionnellement vers 20h, en compagnie de Michael. Bonne surprise, il y a pas mal de monde ce soir, mauvaise surprise, il y a deux premières parties !!

Et l’on commence tout de suite par le set de Villagers - alias Conor O’Brien, ex membre du groupe Irlandais The Immédiate, que j’avais vu deux fois par le passé. La voix est toujours là, d’une pureté imparable, mais musicalement, cela a bien chanté. On est maintenant dans un univers plus intimiste, celui d’un auteur-compositeur… mais ce qui frappe, c’est que les mélodies, elles, sont toujours là, servies à merveille par cet enfant de l’Irlande. Le public est vite sous le charme, pendant que Conor demande - en s’adressant au bar situé sur le côté de la salle - un whisky (… mélangé à autre chose, mais je n’ai pas compris) : il se retrouvera avec un verre de whisky pur, qu’il donnera quelques instants plus tard à ma voisine. Un set de 32 minutes, intéressant malgré le fait qu’il soit seul sur scène avec sa guitare et sans autre orchestration. A suivre donc.

Seconde partie du concert avec Small Black, et autant dire tout de suite que leur concert m’a tout simplement ennuyé au plus haut point. Du sous New Order, voire du Yeasayer du pauvre, du rock électronique convenu et sans originalité, on pense à plein d’autres groupes mais en moins bien… Lassitude, lassitude…

Scout Niblett, je l’ai croisée devant le Point FMR, je croyais que c’était une SDF, ou une nana qui faisait la route : le look d’une nana qui se moque des apparences, et au fond c’est cela qui compte. Car le look de Scout, c’est la première chose qui me saute aux yeux quand elle débarque sur scène : jupe informe de paysanne, je me demande même si elle ne portait pas un jupon !! Sweat-shirt informe… mais là où ça fait mal, c’est les chaussettes de laine et les sabots !!! Merde, ça existe encore ?? Bref, un look « bab » à l’opposé de sa musique. Car de musique, il en est question ce soir, et pas qu’un peu : Scout, c’est une passionnée et une écorchée vive, elle joue à l’instinct, elle et son compagnon à la batterie. C’est minimaliste certes, mais tellement vrai. Sous son air presque dur, se cache une femme enfant qui à chaque morceau laisse échapper un cri de satisfaction accompagné d’un grand sourire lumineux.

Allumée, Scout ? Oui, certainement, mais cela fait tellement plaisir à voir dans ce monde où la musique est de plus en plus formatée, où la plupart du temps le concert est écrit à l’avance sans modification possible. Scout est libre, et elle ne s’en cache pas, allant jusqu'à demander au public ce qu’il veut qu’elle joue. Alors oui, bien sûr, la musique est abrupte et rêche, hachée parfois, de temps en temps ennuyeuse même, mais quand elle se prend pour une PJ Harvey revue par le grunge, une Cat Power version L7, ou quand elle nous offre des riffs qui feraient pâlir les rois du stoner qu’étaient Black Sabbath au début de leur carrière, alors là, oui, on l’adopte et on en redemande. De plus, la dame aime le bruit, ça tombe bien moi aussi. L’ampli est tourné vers le batteur et non vers le public comme c’est souvent de rigueur (est-ce pour un question de décibels ??), et quand Scout décide de plaquer quelques accords bien heavy et bien métalliques, elle accompagne ses riffs par des mimiques de la bouche, elle devient alors une gamine qui imite les guitar héros. Ce concert est presque inclassable, tant l’artiste est spontanée et manifestement en forme ce soir : on pourrait très bien imaginer le même concert avec en face de soi une interprète plongée dans un autisme profond, avec l’incapacité à communiquer avec le public. Une chance, Scout est radieuse, un grande enfant de 37 ans qui prend du plaisir et qui en retour nous en donne. Au bout d’une heure et dix-sept minutes, elle s’éclipse, « couvre-feu » oblige.

Succès mérité, j’ai le sentiment de ne pas avoir vraiment assisté à un concert traditionnel, j’ai juste vu une artiste qui venait jouer (jouer = enfant = plaisir). Pas conventionnelle, cette Scout Niblett, mais au final on s’attache à ce petit bout de femme.

Pas question bien sûr de quitter la salle sans passer par le merchandising, j’opte pour l’achat de deux CDs à un prix raisonnable (12 euros pièces), on traine dans la salle, et puis on continue de discuter dehors, il fait bon, je n’ai pas trop envie de quitter les lieux rapidement (ça, c’est le syndrome du concert réussi). Voilà, j’ai encore découvert un nouvel artiste, une en l’occurrence, et je suis toujours émerveillé de voir qu’il y a encore des gens qui arrivent à me surprendre. »

Scout Niblett, née Emma Louise Niblett, est une auteur-compositrice-interprète anglaise originaire de Nottingham. Sa musique intimiste et minimale se limite généralement à un chant simplement accompagné de guitare ou de batterie, qu'elle joue elle-même la plupart du temps. Elle a souvent été comparée à PJ Harvey ou Cat Power.

(http://www.myspace.com/scoutniblett)

    •    Sweet Heart Fever (2001)
    •    I Am (2003)
    •    Kidnapped by Neptune (2005)
    •    This Fool Can Die Now (2007)
    •    The calcination of scout niblett (18 janvier 2010)