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jeudi 6 décembre 2007

The Coral - L'Elysée Montmartre. Paris.








Première partie : CALC


Ce qu’en a pensé Eric :
« Ce qu'il y a de bien avec un concert pas complet, c'est qu'une bonne partie du stress lié à l'attente, l'entrée et le placement dans la salle disparait. On se croirait presqu'à un rendez-vous "civilisé" ce soir, dans un Elysée Montmartre aux 3/4 vides... Du moins jusqu'au début du set de Calc, gentil groupe français qui chasse prudemment sur les terres de l'indie rock US, si ce n'est même du college rock : des mélodies euh... intéressantes, une voix chafouine qui évoque les Shins, un son de basse notable qui confère par instants une jolie complexité à des morceaux trop uniformément mid-tempo. Une musique réfléchie et parfois touchante dans sa fragilité contrastant avec le côté relativement "terrien" de son instrumentation. Puis, peu à peu, l'intérêt se dissipe de part une trop grande uniformité des ambiances... Les pensées vagabondent, ce qui n'est pas désagréable, jusqu'à un final terriblement peu motivant, présageant mal de l'avenir de ce groupe en demi-teintes. 35 minutes quand même, et seulement une portion congrue de plaisir.

Quand les 6 musiciens de The Coral entrent en scène, sous un déluge de sons psychédéliques très 70's, la première idée qui me traverse l'esprit est que James Kelly, le chanteur, ressemble beaucoup à Charlie, le rockeur éberlué et accro de Lost, avec un vrai accent de Liverpool en lieu et en place de Manchester... Espérons que The Coral, qui a également traversé succès énorme, indifférence polie et crises internes liées à l'abus de substances illégales, aura un avenir plus radieux que Drive Shaft !

-->Gilles B a eu la bonne idée de "nous placer" pour une fois à droite de la scène, un peu au hasard (ni lui ni moi n'étions sûrs de nous souvenir de la configuration du groupe sur scène au Zénith) : nous nous sommes retrouvés pile en face de Bill Ryder-Jones, qui sera le (guitar) héros de la soirée... Planqué dans l'ombre et les fumigènes, armé d'une Gretsch monstrueuse ou à l'archet sur un stupéfiant She Sings The Morning (le moment le plus miraculeux du set, qui a permis d'entrepercevoir, l'espace de 5 minutes enchantées, combien The Coral pouvait - aurait pu ? - être grand), Bill sera LE magicien du concert, enflammant ou illuminant - suivant les morceaux - la musique par ses interventions, aussi brèves qu'intenses. Avec un son rappelant celui de Will Seargant - mais avec une incisivité que le guitariste d'Echo n'a jamais eue -, il évoque tour à tour les jours glorieux d'un Robbie Krieger ou encore d'un Arthur Lee.

Le concert sera concentré sur les titres du magnifique dernier album, joué dans sa quasi totalité, et (presque) dans l'ordre, entrecoupé de perles des albums précédents, que je ne connais pas, mais qui sont, dès la première écoute, terrassants. Car The Coral tient ce soir la recette miraculeuse de la pop éternelle : jouer à la perfection, pour notre bonheur d'amoureux des mélodies célestes, ses chansons "parfaites", en en accélérant juste assez le tempo pour les transformer régulièrement en "bêtes de scènes"... Un équilibre délicat que peu de groupes peuvent tenir (je n'ai pas pu m'empêcher de faire la comparaison avec The Shins, un groupe aussi doué musicalement, mais incapable de transcender ses chansons sur scène), et qui nous a laissé une heure dix durant, bouches bées d'admiration...

Une heure dix, oui seulement, et c'est là que le bât blesse : ce fut une concert musicalement parfait, l'un des plus impressionnants "techniquement" que j'aie vus depuis longtemps, mais The Coral ne m'a pas semblé un groupe heureux, ni, logiquement, un groupe généreux. La concentration des musiciens ne justifie pas à mon avis leur air renfrogné, et l'on aurait aimé qu'un groupe ayant cinq albums à son actif, joue plus d'une heure avant les rappels. De la même manière, même si la concision est indiscutablement une composante de la grande pop music (quand The Coral louche un peu vers la fausse simplicité de The La's, ultime référence en la matière), il aurait par contre suffit de lâcher la bride lors des magnifiques accélérations instrumentales qui soulevèrent l'Elysée Montmartre à plusieurs reprises, pour que ce concert de The Coral se transforme en l'un des plus grands événements de l'année. Preuve en fut donnée avec -->She's Got a Reason, ma chanson préférée de "Roots and Echoes", dans un final époustouflant, mais... arrêté net alors que nous commencions juste à "décoler".
En tout cas, même avec un avenir incertain devant eux, The Coral ont prouvé ce soir leur grandeur, surplombant la majorité de leurs compatriotes, et perpétuant avec une élégance galopante la flamme du psychédélisme made in San Francisco. Comme si les Doors avaient enfin vu le soleil, ou les Beatles étaient montés à cheval pour s'enfoncer vers l'Ouest. Ce n'est pas rien. »


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