2008 European Chrome Dreams Continental Tour
« J’aime The Loner, pas vous? Rien à redire. Neil Yong ne s’explique pas, il se vit ! Un vrai beat generation ! Pour ceux d'entre nous qui l’ont vécue, avec pour compagnons de chevet Jack Kerouac ou William Burroughs… « Somewhere along the line I knew there'd…visions, everything ; somewhere along the line the pearl would be handed to me »... c’était le 23 mars 1976, mon premier concert en France de Neil Young, dans un Pavillon de Paris (grande salle mythique de concert parisienne, fermée et démolie en 1983, située près de l’actuel Zénith) plein à craquer : j’étais dans la fosse, accroché à la barrière, pour voir ce cow-boy (ses vêtements de l’époque), seul pendant une demi-heure, en set acoustique… extraordinaire, Tell me Why, géant en ouverture et Heart of Gold en apothéose finale. Et puis, pas le temps de respirer, de faire sécher ma chemise et de redescendre de mon nuage, le Crazy Horse qui déboule, guitares électriques en furie, solos teigneux, heavy metal presque avec Like a Hurricane, Cortez The Killer et Cinnamon Girl... un feu d’artifice, grand, époustouflant, faisant trembler les murs, en même temps que tous les muscles du corps… sans rappel ! Fin de ce court flash-back de 97 minutes, de ce souvenir si chaleureux pour moi. Le temps a passé, les concerts, les salles, les styles de musique, mais cette passion pour Neil Percival Kenneth Robert Ragland Young est toujours là !
Puis en décembre 2007, un email de Gilles B. avec une nouvelle de taille : près de 5 ans après son dernier passage parisien au Palais des Congrès (Greendale tour), Neil sera au Grand Rex, poussé par un nouveau retour du succès, avec trois albums-pépites en l'espace d'un an, dont son dernier, “Chrome dreams II“... et surtout après avoir survécu à une rupture d'anévrisme. Deux concerts à guichets fermés mi-acoustiques, mi-électriques, les seuls prévus dans l’Hexagone. Impossible de ne pas y aller… comment pouvais-je passer à côté d'un concert pareil ? Franchement ! Mon ordinateur est prêt, et je parviens enfin à me connecter et obtenir (merci GDP !!) ce billet pour cette ultime (?) prestation au sein de la vieille Europe… Les places, toutes numérotées, se sont épuisées plus rapidement que prévu, car personne n’a voulu rater cette occasion de voir Neil dans une « petite » salle, malgré un prix exceptionnellement élevé, frisant le déraisonnable (il est honteux de rendre inaccessible un artiste ! Et c’était deux fois plus cher à la sauvette sur le trottoir, le soir du concert ! Un prix de place très Rock N´ Roll... et dire que… « Keep on rocking in the "free" world…”, disait Neil !)…
Compte tenu de ces prix, sera deux soirées "vieux gris", sans bousculade à l’entréee. Mais bon, j’y vais, car le Loner canadien, à 62 ans passés (eh oui le temps vole, et le public aussi vieillit avec lui), est l’un des musiciens qui éclaira ma jeunesse ! L’entrée dans le cinema-théâtre se fait donc en toute tranquillité, dans la bonne humeur, sans queue. Une salle mythique, un cinéma baroque « old hollywood », un bijou d'architecture… mais l’acoustique, dans cette salle tout en hauteur, n’est pas au top par rapport, à l’Olympia ou au Palais des Congrés. Une hôtesse souriante prend mon billet, et m’accompagne en orchestre à ma place reservée : D8, troisième rang, plein centre droite. Xavier est déjà là. Phi me suit.
La scène, qui fait toute la profondeur de la salle, en incluant les coulisses, captive immédiatement mon regard : toute éclairée, elle donne un aperçu virtuel du futur show. De « Rust Never Sleeps » à « Greendale », Neil s’est fait une solide réputation, dans son délire créateur, pour les concepts développés pour la scène, et ce spectacle ne fait pas l’exception. L'intimité baroque du théâtre est mise en valeur par cette sorte de garage en plein air, totalement roots, avec un côté vintage. Il n'y a pas de rideaux de fond, ce qui laisse ainsi apparaître l'immense ascenseur/monte-charge du Rex, les poutres et de nombreux objets comme abandonnés en vrac. C’est un véritable foutoir, une joyeuse pagaille kitsch. Il y a de tout, de la statue du fidèle indien en bois sculpté (de magasin de tabac), à une toile de fond avec des lettres de chrome cloutées... en passant par des caisses et des objets laissés ici ou là, et à droite, un grand piano à queue très pop art, à gauche, un Honky tonk piano droit de cabaret, un harmonium, des tapis, des malles, un petit drapeau pirate sur la batterie, un téléphone rouge (?) et au fond derrière, une série des vieilles lettres scrabble lumineuses avec un numéro qui se répète, le 3, semblant revêtir quelque mystérieuse signification... Un apparent désordre de spots de lumière, petits et grands projecteurs, qui font croire qu’on se trouve sur un tournage de film ou dans un hangar d'installation... Des supports de guitares, le matériel de la sono, des instruments bien sûr, et surprise... également un peintre, Eric Johnson, un artiste ami du chanteur, qui peint « en direct », tranquillement, des toiles à l'arrière-plan… des créations que l'on découvrira ensuite tout au long de la soirée et qui seront vendues, par la suite, en faveur de la fondation « Bridge School » pour les enfants handicapés. Au milieu, en plein centre de la scène, mon regard se fige sur un cercle (magique?) et je reste bouche bée…c'est magnifique, un emplacement pour le roi-musicien, avec une banale chaise métallique violette et surtout… un déferlement de matériel, pour le plaisir des yeux et des oreilles… un home studio complet, une collection inestimable de sept guitares acoustiques (deux Taylor douze cordes, une Jumbo Gibson et quatre enceintes pro Martin - deux acajous et deux palissandres- ) et un Banjo Mastertone...
Neil Young ouvre un vide-grenier au public ? L'atmosphère est bohème et chaleureuse avec cette déco de scène bien dans l’esprit du Loner. Ça va être grand, j’ai cette sensation, après les confirmations de la tournée américaine, et des deux premières dates européennes. Car Neil n'a pas cessé, depuis toujours, de revenir… là où on ne l'attend plus, pour transformer ses grands classiques selon l’humeur du lieu et du moment, en leur insufflant une nouvelle dose d’énergie et d’inspiration. THE concert of the year ? Qui sait, j’attends… Ça va commencer bientôt.
20H25 : Première partie… le concert commence avec Pegi Young, l’épouse de Neil, jolie blonde aux longs cheveux cendrés, une raie au milieu, des yeux pétillants, sans maquillage, bottes mexicaines et voix d’or... debout au micro et à la guitare, elle se lance dans un répertoire classique country – Nashville mielleux et langoureux, recette d'hamburger pour Américains, qui resterait sans doute anonyme sans le coup de pouce conjugal. Autour d’elle, en rond, les musiciens de son groupe (ou de Neil pour être précis), assis : Anthony Crawford à la guitare acoustique, mandoline et chœur, Ben Keith à la Pedal steel guitare et le peau-rouge bassiste Rick Rosas. Une tournée en famille, donc. Les musiciens du Loner pour la plupart, qui ont soutenu aussi son premier album ”From Bad News Beat”, sorti le 11 juin 2007 chez Warner Bros. Un set très acoustique avec un son délectable, bien réglé et adapté à ce country pop folk ... A noter la prestation remarquable et étonnante d'Anthony, dont les solos et les riffs sur sa Martin, sont mis en valeur sur Heterosexual Masses. Pegi, elle, chante bien et ses musiciens ont le sens du rythme, passant d'une chanson à l'autre avec aisance. Mais les compositions sont monotones, engendrent vite l’ennui, nous ouvrent les portes au sommeil, comme si l’on avait une radio qui joue en fond sonore. Il ny’ a rien de mal, Pegi, à realiser ses rêves, mais il est toujours bon d'avoir une évaluation précise de ses capacités d’auteur-compositeur ! La bonne nouvelle est que, grâce à la belle voix de Pegi, et à quelques chansons décentes, nous avons quand même échappés à la malédiction de la rock star épouse qui oblige son mari à partager, en duo, la scène ensemble. Bon, j'ai trouvé ça un peu chiant ! Et j’oublierais sans peine cette prestation très moyenne de Pegi Young, cette country honnête mais sans plus... bien accueillie pourtant par les fans (?) de son mari.
Entracte de 20 minutes, alors que tout est prêt pour Neil, le temps de faire disparaître ce petit set de nos memoires. Je reste dans mon siège confortable tout le temps en bavardant avec Xavier-Neil-Elliott fan club, un ami de longue date, sur mon côté droit. Le premier set de Neil sera accoustique, et le deuxième sera en quatuor électrique. Avant le concert et l’arrivée de Neil sur scène, une voix-off retentit dans la sono, demandant que tous les portables soient éteints, puis nous met dans l’ambiance en annonçant que « Neil a choisi lui-même les chansons qu'il joue ce soir, et vous remercie de bien vouloir ne pas lui faire de demandes ». Les fans, ce soir, n’ont pas la parole !
21H27 : Tonight’s The Night, les lumières s’éteignent à nouveau, Neil Young, en costume blanc cassé, un peu défraîchi mais très classe, avec une longue trace de peinture bleu sur le dos et une chemise blanche, s’installe d’une démarche hésitante, discrètement, comme s’il rentrait dans une chambre de sa maison, sous une grande salve d’applaudissements... avant de jouer ses notes magiques, dans le cercle de rêve, entouré de ses instruments, de ses guitares de collection qu’il conserve religieusement… pour méditer sur ce moment de sa vie et s’inspirer pour le choix des morceaux. Chacune de ces guitares doit avoir un son, une couleur d’arpège différente, une histoire, un passé. Neil gracieusement remercie l'audience avec « Bienvenue on the Rex ! » et déclare « It's good to be back ». Il empoigne ensuite, en douceur comme s’il faisait une caresse à une belle femme nue, sa Jumbo Gibson, posée face à lui, avec un regard comme pour nous dire « Ce soir, je suis avec cette vieille guitare que j’aime pour faire ce que je fais », réprimande doucement le public pour pouvoir se concentrer… les images de sa vie doivent défiler dans sa tête… il attaque enfin la partie acoustique/folk du concert avec la ballade From Hank To Hendrix, datant déjà de 1992, et brillant résumé de l’histoire de la musique pop américaine. Dès la première note, je sens que le concert sera grandiose, car l’émotion est palpable. Sa voix n'a pas bougé (légèrement plus grave, parfois déchiquetée comme par un coup de vieux)… « I always expected, That you should see me through, I never believed in much, But I believed in you, Can we get it together? Can we still stand side by side?... ». Le jeu de guitare est hallucinant. L’ambiance est intimiste, à la limite du troublant. Neil rend hommage à ceux qui l’ont inspiré, que ce soit Hank Williams ou Jimi Hendrix. La force et l’intensité de Neil, seul sur scène, devient magique et tout le public semble ébloui par cette lumière et ce magnétisme indescriptible.
Suit Ambulance Blues, une chanson-épopée de 1974, l’une de mes préférées, que je n'aurais jamais imaginé de pouvoir un jour écouter en live, règne une atmosphère lourde, pesante et glaciale. Des aspirations à l'harmonica, pleines de nostalgie, longues et lancinantes, et un refrain frissonnant ! Bref, que du bonheur ! Superbe ! Un traitement feutré avec la guitare… le son de sa Martin est sidérant, cristallin, et les basses sont d'une profondeur abyssale, avec cet harmonica qui berce cette voix incomparable. Le public court sur les nuages, la chanson déclenche un tonnerre d'applaudissements et quelques cris. A noter que Neil n’est pas bavard ce soir ! Suit une chanson jamais entendue, Sad Movies, un inédit de 1975 - désespoir et tristesse – sorti de sa malle et destiné à l’album « Homegrown » qui n’a jamais vu le jour. Le chant résonne entre les murs dorés de l'ancien palais du cinéma, et les paroles rappellent les sièges en velours, les matinées du samedi et le pop-corn. Une chanson pour le Rex ? Qui sait ? Puis c’est la dévastatrice Man Needs a Maid, un morceau sans âge, mais daté de 1972, impressionnant de fluidité, sans la moindre faille rythmique, avec Neil au piano et à l’orgue funèbre. Un peu nonchalant, presque perdu, hésitant, comme s’il n’était pas tout à fait sûr de ce qu'il fait ce soir devant son public amoureux qui l’observe dans l'obscurité, Neil caresse toujours ses instruments, trempe dans l’eau son harmonica... et puis soudain enchaîne ses chansons, en les faisant sonner mieux ou au moins aussi bien que les versions d'origine, tout en nous racontant quelques anecdotes de sa vie. Le public réagit à chaque gorgée de bière avalée par Neil, mais lors d’une intervention inutile d’un spectateur, celui-ci sera sèchement remis en place par l'artiste d’un « Shut Up »... et à nouveau le silence…
Il joue No One Seems to Know, un autre joyau profondément personnel de 1977, avec sa conclusion méditative, qui semble être la réflexion d’une vie : « Time is better spent searching than in finding ». De l'entendre aujourd'hui est un régal. Le choix des chansons reste un cocktail savoureux, un mélange entre classiques et chansons moins connues. Pour cela les trois guitares Martin, dont sa Vintage, se passent le relais, et l'harmonica, bien en bouche, est son fidèle compagnon. Neil parle peu, sur la scène entre les morceaux, concentré et apparemment en train de décider quelle sera la prochaine chanson, face à un public prêt à écouter religieusement et avec ferveur. La nostalgie est dans l’air. Try, encore une perle obscure inédite de 1975, sortie de son vaste trésor pour nous, belle chanson au piano… je suis si heureux de l'entendre !
Une petite intro méconnaissable et Neil commence, voix traînante, lente « … Did I See You Down in a Young Girl's Town… » : silence dans la salle, on est dans une église, pas de reprise en chœur, mais des larmes d’émotion, une troublante déclaration d’amour, un cœur qui bat... Harvest (1972), le moment fort de la série acoustique, le classique des classiques de son répertoire, simplement l’une des chansons les plus sublimes des 50 dernières années, qui conserve sa puissance d’origine, et qui nous fait revivre tous nos souvenirs, grâce aussi à cet harmonica et ses notes lancinantes et obsédantes. C'est incroyable d‘écouter cette voix qui reste inchangée à travers le temps. Une chanson sublime, particulièrement ovationnée par le public. Neil se lève, marche nonchalamment sur scène, pense à quelque chose (mystère...), caresse sexuellement des objets, et à nouveau s’asseoit au piano, joue ces notes claires, avec une maîtrise éblouissante… After The Gold Rush. Je reste désarmé et paralysé devant cette simple beauté nue. On survole les années en quelques minutes pour revenir de nouveau en 1975 avec Mellow My Mind, extrait de l'un de ses meilleurs albums : « Tonight's the night » : un autre coup de cœur avec son passage au banjo. L'émotion qui se dégage n'a pas d'égal. Suit Love Art Blues, une autre perle inconnue du 1975, puis, avec une énergie incontestable, les grandes et fantastiques chansons The Needle And The Damage et Heart Of Gold, d’anciens perles suspendues entre respiration et soupir, des pages lyriques familières, deux merveilles qui provoquent des frissons garantis, en honneur à « Harvest », son disque le plus célèbre et le plus vendu, enregistré en fauteuil roulant où l’avait cloué des problémes de colonne vertébrale. Tout le monde écoute le "loner" religieusement et les applaudissements à la fin montrent le degré d’appréciation du public !
Au bout d’une heure, Neil se lève sous une ovation interminable, salue la foule et ne cesse de répéter « Thank you, thank you very much ». Le superbe set acoustique intimiste est fini, et la voix-off nous confirme un entracte de vingt minutes, temps nécessaire pour se remettre de ses émotions et / ou pour ranger ses mouchoirs, pour laisser le temps au public de se désaltérer, et pour roadies de se remettre au travail.
22H5O : 2e partie. Le cercle mystique des guitares a été enlevé par les roadies, celles-ci ont été rangées avec soin, les décibels maintenant vont avoir le champ libre ! Dans un angle une Gretsh White Falcon trône discrètement, prête pour la bataille de Paris. La salle est de nouveau plongée dans le noir. Ben Keith, guitariste et ancien membre des Stray Gators (oui, ceux qui ont enregistré « Harvest » en 1972) et Rick Rosas, bassiste ex - tournée Bluenotes de 1988, reviennent avec Pegi, qui fera les chœurs avec Anthony. Ralph Molina, le cogneur fou, le seul rescapé du Crazy Horse, le groupe historique depuis 1969 (et le deuxième album solo de Neil), s’installe derrière sa caisse , où flotte le petit drapeau pirate. Après quelque secondes, Neil rejoint ses trois musiciens, en arrivant caché derrière une grande toile très naïve, illustration peinte durant l’exécution du set et portant le titre du morceau qui va suivre, portée par son ami peintre (chapeau type canotier)... la toile sera placée ensuite sur un chevalet en bois, à coté de l’indien en bois décoré. Notre Loner porte un costume beige encore légèrement éclaboussé de peinture couleur crème ainsi qu'une chemise rose pâle. La chose qui me frappe d'emblée, c'est que Neil ne porte pas de chapeau. Sous un éclairage jaune et rouge, on lui passe une Gibson Les Paul Junior… il s’approche sans hésitation de son pédalier, tapote dessus comme un forcené jusqu'à obtenir un gros son larsen... et sans ménagement, voici une véritable douche froide, une version électrique, presque sauvage, frénétique, de Mr Soul, souvenir rock impérissable de l’époque Buffalo Springfield - ses débuts en 1967 -, morceau éternel, mon favori de l’époque, un vrai bonheur ! Neil fait hurler et grésiller sa guitare avec beaucoup d'énergie. Il n’a plus l’air fatigué, son visage resplendit de lumière et retrouve une nouvelle jeunesse : il sait ce qu’il veut… « Rust never sleep » comme par le passé. Çà déménage devant le "mur" de son créé par ses musiciens, un mur de son d'excellente qualité ! Ce soir est digne des grands concerts live du passé ! Le public est conquis. Voilà, c'est parti pour un concert comme on l’aime, la décharge électrique d’une guitare, qui semble faire mal mais qui fait du bien. Neil est en feu, plus que jamais.
Nouveau morceau présenté par un tableau illustrant son titre, guitare électrique en bandoulière, accompagné de ces fidèles musiciens, le puissant Don't Cry No Tears de 1975, un ancien amour, suivi en enchaînement un peu plus calme par Dirty Old Man, guitare acoustique, extrait de « Chrome Dreams II », un morceau rock grunge qui aurait bien pu figurer sur l’album « Mirror Ball »... Je dois avouer ce n'était pas une de mes chansons préférées à la première écoute, mais, ce soir après l’avoir entendue en live, je l’apprécie différemment. Plus le temps passe et plus la musique progresse en puissance... Neil a mis la barre bien haut, l'ambiance monte encore. C’est comme s’il se moquait de lui-même, de tout, de sa carrière,… son passé , maintenant chanté par un homme avec des cheveux argentés sur un riff ravageur. Belle interprétation... tout comme Spirit Road qui suit, parfaitement servi par un son irréprochable, et accueilli avec beaucoup d'enthousiasme. Neil a galvanisé d’électricité le Loner et il vit une nouvelle jeunesse. La fameuse Gretsch en bandoulière pour le très rare Bad Fog Of Loneliness, que l'on a pu découvrir dans le sublime album « Live at Massey Hall 71 », dans une incroyable version qui est l'une de mes favorites du set : joué et chanté parfaitement. Ensuite, après avoir présenté ses musicien en mentionnat les époques de sa carrière, il rend hommage à son ami guitariste Danny Whitten, l’ancien compagnon de route du Crazy Horse, devenu héroïnomane et mort d’overdose en 1972, avec la sublime chanson Winterlong, de 1977 (en son temps reprise magnifiquement par les Pixies et Pearl Jam).
Après un retour à l'acoustique-électrifié, en guitare Martin, avec le Oh Lonesome Me de « After the gold rush », c’est l’enchaînement avec une autre de mes favorites, The Believer, de son dernier album, et dédié à sa mère. Le groupe est à sa disposition et le public à ses pieds. Rester assis dans les confortables fauteuils n’est possible que parce que l’émotion nous étreint. Libéré de sa veste, les cheveux au vent, il nous délecte de No Hidden Path... « Sometimes when I go walkin', Among the tall trees, I feel the light comin' down on me... » qui, sans hésitation, est le véritable joyau de la soirée, la chanson la plus intense, dans une version de folie, interminable à force de riffs et solos. Le coup de foudre de l'album « Chrome Dreams II » ! Quel rythme! Ben Keith est à la guitare rythmique et Neil, s'est métamorphosé en soliste fou, il bouge dans tous les sens, laisse libre cours à sa rage, s’agite comme un jeune adolescent, plié en deux et complètement déchaîné, il fait hurler sa fidèle Les Paul noire comme jamais en titant de sa caisse de nouveaux sons. Rick, le bassiste, est sobre et efficace, suivi de Ralf, le batteur, d'une précision effrayante. Neil est vraiment dans la chanson, comme une âme possédée, sous l’influence de son maître John Coltrane, il s’acharne sur sa Gibson Les Paul Junior, qui semble l’absorber toujours davantage, dans ces puissants et longs solos, passionnants et meurtriers : il est immergé dans son orage sonique, il est ivre de bruit, de cette improvisation sans mesure... Les mots ne peuvent pas décrire la façon dont il déchire le temps sur une vingtaine de minutes. Neil joue dans un état de transe, il ondule, vibre et transmet ses vibrations, fait vivre cette chanson, qui est pour moi la meilleure du dernier album. Cette version si longue s’arrête pas, elle évolue, se complexifie, varie avec des solos de guitare crades, noisy, on pense à Sonic Youth quand il joue avec le feedback. Tout simplement époustouflant, une grande puissance émotionnelle, centrée sur des solos de Gibson, nombreux et glorieux. Un mur du son de grande dimension, un public hypnotisés par cette guitare qui n’en finit plus de hurler, et qui écoute attentivement cette longue improvisation. Neil joue avec le feu avec toute l’'intensité de la jeunesse. Après cette chanson, et sous la fumée d’une guitare électrique, ses cordes cassées, abandonnée à sa mort, le groupe remercie le public et quitte la scène sous une énorme ovation.
Tous le monde est debout pour le retour de Neil et de ses amis de longue date, pour le rappel. Quelques minutes plus tard Cinnamon Girl, morceau violent de son 2ème album solo... « I wanna live with a cinnamon girl, I could be happy the rest of my life, With a cinnamon girl… » avec trois minutes de feedback : encore maintenant, ce morceau proche des 40 ans, n’a rien perdu de sa force de frappe, tant il est marqué par une euphorie démesurée. Puis la surprise vient du ciel, car un petit synthé-harmonium aux ailes d’oiseau bizarrement décoré, descend du plafond, suspendu à un fil, devant Ben Keith... Je souris… « There's colors on the street, Red, white and blue, People shufflin' their feet, People sleepin' in their shoes… » : c'est parti, avec aussi Anthony à la guitare et Pegi, pour une fin du concert démoniaque, sonnée par l'une des meilleures chansons de Neil, le classique Rockin' In The Free World, la référence, le classique des classique, mon morceau fétiche avec un son énorme, aussi puissant, fédérateur et rassembleur... qui se termine avec encore quelques cordes cassés sur l’éternelle Les Paul Jr. Je suis au bord du plaisir, à l’extrême limite de la maîtrise de mes centres nerveux pour ce morceau culte. Fantastique ! C’est évident, j’en suis sûr que, ce soir, les amis fantômes de Pearl Jam sont dans la salle, écoutent cette chanson, jamais jouée pendant l’US Continental Tour, pour s’enivrer toujours et toujours dans le monde libre de Neil.
Ovation sans fin, car le public, debout, est en délire, hurle, crie « Neil Neil, Neil... » et refuse de quitter la salle… tente d'obtenir un deuxième rappel, car il y a une news qui circule que Neil pourrait ce soir jouer The Sultan, une chanson importante du début de l’histoire de sa musique. L’info est bonne : on l’aura, puisque un grand roadie (?) déguisé en calife, entre sur scène, se place sur le devant à gauche, avec un gong géant, prêt à assourdir la salle. Neil, répondant aux applaudissements enthousiastes, revient donc une dernière fois pour ce bonus, avec son trio. Ce morceau, inconnu du public, pièce rare de collection pour les fans, est très vieux. Neil l’a sorti vraiment du fond de sa malle aux archives, il remonte de la lointaine année 1963, c’est un instrumental de jeunesse, composé sous l’influence évidente du guitariste Hank Marvin de The Shadows, les maîtres incontestés de l’époque. Neil joue les accords ouverts de guitare comme à 17 ans, avec sa bande d’alors, The Squires : un réel plaisir… comme un gamin nostalgique qui retrouve un ancien jouet. Pas géant… mais un morceau, en fin de ce concert, qui donne un frisson mortel, car c’est beau de voir Neil ressortir son passé et nous en faire cadeau. Le public est surpris mais heureux. Un dernier et long « Thank you very much », une révérence comme au théâtre, et il quitte la scène définitivement avec ses musiciens. L’ovation continue, éclaté en un tonnerre d’applaudissements et quelques sifflements stridents qui déchirent l'air... chacun espérant revoir le groupe pour encore un ultime morceau... mais cette fois c’est vraiment The End !
Ce soir c’était THE Night, il s’est passé quelque chose de spécial au Rex : il y a un sentiment électrique partagé par tous, ce fut un grand concert frénétique comme on en voit rarement. Je découvre, stupéfait, un grand Neil, tout en rythmes accrocheurs sur différentes étapes de sa vie, encore jeune, pas affaibli malgré son accident cérébral, et qui a une nouvelle fois prouvé que, malgré son âge, il reste toujours... Forever The Loner, une légende encore vivante... le mot « has been » n’existe pas dans son dictionnaire du temps qui passe. À 62 ans, il ne sait que continuer à vivre, écrire, jouer, garder sa colère intacte, revenir sur certains détails de son œuvre et de sa vie... tout cela demande déjà beaucoup d’énergie, mais il peut encore en rajouter pour attendre le degré d'extase toujours convoité, dans une Amérique dans laquelle il ne peut pas toujours se reconnaître. Une énorme claque ! Ses chansons ont marqué mon adolescence et c’est déjà beaucoup. Neil est encore et toujours un Grand, qui s’amuse à faire ce qu’il veut, et qui surtout m’a donné l’impression d’être VRAI. Du putain de rock lourd et incandescent, mélangé à des chansons acoustiques de toute beauté et des trésors inédits. Rock n' roll can never die, Neil Young either. Le passé, le présent et le futur du rock est bien Neil. Je traîne ébloui, groggy, imprégné de l'atmosphère du concert. Ce spectacle était tout ce qu'un Neil Young show EST ! Un Dr Jekyll et Mr Hyde, à la fois doux et violent au larsen maîtrisé. Un Neil intime et concentré en acoustique et un Young déchainé, fou et hypnotique, dominé par sa guitare électrique. Un artiste icône, qui nous montre une nouvelle fois comment, dans le rock, on peut devenir vieux en restant grand, et qui nous donne envie de le suivre, pas à pas, en s'appuyant sur la définition que Jack Kerouac a donnée de lui-même « Je ne suis pas un "beat" mais un mystique catholique étrange, solitaire et fou ... ».
Je sors de la salle pour retrouver le monde extérieur, pour un "nowhere" sans contraintes, et me voilà… Boulevard Poissonnière, ma montre indique minuit trente, la lune luit faiblement, l’air semble vibrer autour moi, un air glacial m’agresse, une odeur âcre d’incendie monte dans mes narines, et je vois une longue fumée noire qui tourbillonne au dessus du Rex... mais sans pompiers en service, ni sirènes, car le feu semble s’éteindre tout seul. Rêve ou réalité ? Je frémis à cette vision sur le moment, mais je sais, je serai soulagé demain, car tous les journaux porteront en première page, en gros titre « Neil à mis le feu au Grand Rex ». Je regarde encore, sous le faisceau de lumière du réverbère, en haut l’affiche du cinéma « Neil Young ce soir » avec une sensation de plénitude en pensant à tous ces morceaux non joués... Cortez the Killer, Hey Hey My My, Comes A Time, Down By The River, Harvest Moon,… j’arrête car la liste est vraiment trop longue.
Dans ma tête le souffle de ce concert mythique persiste … heureux, enfin je crois. Avec Neil dans la peau, les mains dans les poches,... je me laisse aller… « Got a man of the people, says keep hope alive, Got fuel to burn, got roads to drive. Keep on rockin' in the free world… », et je rentre me coucher. The beats go on et la route ne s’arrête jamais. »
Puis en décembre 2007, un email de Gilles B. avec une nouvelle de taille : près de 5 ans après son dernier passage parisien au Palais des Congrès (Greendale tour), Neil sera au Grand Rex, poussé par un nouveau retour du succès, avec trois albums-pépites en l'espace d'un an, dont son dernier, “Chrome dreams II“... et surtout après avoir survécu à une rupture d'anévrisme. Deux concerts à guichets fermés mi-acoustiques, mi-électriques, les seuls prévus dans l’Hexagone. Impossible de ne pas y aller… comment pouvais-je passer à côté d'un concert pareil ? Franchement ! Mon ordinateur est prêt, et je parviens enfin à me connecter et obtenir (merci GDP !!) ce billet pour cette ultime (?) prestation au sein de la vieille Europe… Les places, toutes numérotées, se sont épuisées plus rapidement que prévu, car personne n’a voulu rater cette occasion de voir Neil dans une « petite » salle, malgré un prix exceptionnellement élevé, frisant le déraisonnable (il est honteux de rendre inaccessible un artiste ! Et c’était deux fois plus cher à la sauvette sur le trottoir, le soir du concert ! Un prix de place très Rock N´ Roll... et dire que… « Keep on rocking in the "free" world…”, disait Neil !)…
Compte tenu de ces prix, sera deux soirées "vieux gris", sans bousculade à l’entréee. Mais bon, j’y vais, car le Loner canadien, à 62 ans passés (eh oui le temps vole, et le public aussi vieillit avec lui), est l’un des musiciens qui éclaira ma jeunesse ! L’entrée dans le cinema-théâtre se fait donc en toute tranquillité, dans la bonne humeur, sans queue. Une salle mythique, un cinéma baroque « old hollywood », un bijou d'architecture… mais l’acoustique, dans cette salle tout en hauteur, n’est pas au top par rapport, à l’Olympia ou au Palais des Congrés. Une hôtesse souriante prend mon billet, et m’accompagne en orchestre à ma place reservée : D8, troisième rang, plein centre droite. Xavier est déjà là. Phi me suit.
La scène, qui fait toute la profondeur de la salle, en incluant les coulisses, captive immédiatement mon regard : toute éclairée, elle donne un aperçu virtuel du futur show. De « Rust Never Sleeps » à « Greendale », Neil s’est fait une solide réputation, dans son délire créateur, pour les concepts développés pour la scène, et ce spectacle ne fait pas l’exception. L'intimité baroque du théâtre est mise en valeur par cette sorte de garage en plein air, totalement roots, avec un côté vintage. Il n'y a pas de rideaux de fond, ce qui laisse ainsi apparaître l'immense ascenseur/monte-charge du Rex, les poutres et de nombreux objets comme abandonnés en vrac. C’est un véritable foutoir, une joyeuse pagaille kitsch. Il y a de tout, de la statue du fidèle indien en bois sculpté (de magasin de tabac), à une toile de fond avec des lettres de chrome cloutées... en passant par des caisses et des objets laissés ici ou là, et à droite, un grand piano à queue très pop art, à gauche, un Honky tonk piano droit de cabaret, un harmonium, des tapis, des malles, un petit drapeau pirate sur la batterie, un téléphone rouge (?) et au fond derrière, une série des vieilles lettres scrabble lumineuses avec un numéro qui se répète, le 3, semblant revêtir quelque mystérieuse signification... Un apparent désordre de spots de lumière, petits et grands projecteurs, qui font croire qu’on se trouve sur un tournage de film ou dans un hangar d'installation... Des supports de guitares, le matériel de la sono, des instruments bien sûr, et surprise... également un peintre, Eric Johnson, un artiste ami du chanteur, qui peint « en direct », tranquillement, des toiles à l'arrière-plan… des créations que l'on découvrira ensuite tout au long de la soirée et qui seront vendues, par la suite, en faveur de la fondation « Bridge School » pour les enfants handicapés. Au milieu, en plein centre de la scène, mon regard se fige sur un cercle (magique?) et je reste bouche bée…c'est magnifique, un emplacement pour le roi-musicien, avec une banale chaise métallique violette et surtout… un déferlement de matériel, pour le plaisir des yeux et des oreilles… un home studio complet, une collection inestimable de sept guitares acoustiques (deux Taylor douze cordes, une Jumbo Gibson et quatre enceintes pro Martin - deux acajous et deux palissandres- ) et un Banjo Mastertone...
Neil Young ouvre un vide-grenier au public ? L'atmosphère est bohème et chaleureuse avec cette déco de scène bien dans l’esprit du Loner. Ça va être grand, j’ai cette sensation, après les confirmations de la tournée américaine, et des deux premières dates européennes. Car Neil n'a pas cessé, depuis toujours, de revenir… là où on ne l'attend plus, pour transformer ses grands classiques selon l’humeur du lieu et du moment, en leur insufflant une nouvelle dose d’énergie et d’inspiration. THE concert of the year ? Qui sait, j’attends… Ça va commencer bientôt.
20H25 : Première partie… le concert commence avec Pegi Young, l’épouse de Neil, jolie blonde aux longs cheveux cendrés, une raie au milieu, des yeux pétillants, sans maquillage, bottes mexicaines et voix d’or... debout au micro et à la guitare, elle se lance dans un répertoire classique country – Nashville mielleux et langoureux, recette d'hamburger pour Américains, qui resterait sans doute anonyme sans le coup de pouce conjugal. Autour d’elle, en rond, les musiciens de son groupe (ou de Neil pour être précis), assis : Anthony Crawford à la guitare acoustique, mandoline et chœur, Ben Keith à la Pedal steel guitare et le peau-rouge bassiste Rick Rosas. Une tournée en famille, donc. Les musiciens du Loner pour la plupart, qui ont soutenu aussi son premier album ”From Bad News Beat”, sorti le 11 juin 2007 chez Warner Bros. Un set très acoustique avec un son délectable, bien réglé et adapté à ce country pop folk ... A noter la prestation remarquable et étonnante d'Anthony, dont les solos et les riffs sur sa Martin, sont mis en valeur sur Heterosexual Masses. Pegi, elle, chante bien et ses musiciens ont le sens du rythme, passant d'une chanson à l'autre avec aisance. Mais les compositions sont monotones, engendrent vite l’ennui, nous ouvrent les portes au sommeil, comme si l’on avait une radio qui joue en fond sonore. Il ny’ a rien de mal, Pegi, à realiser ses rêves, mais il est toujours bon d'avoir une évaluation précise de ses capacités d’auteur-compositeur ! La bonne nouvelle est que, grâce à la belle voix de Pegi, et à quelques chansons décentes, nous avons quand même échappés à la malédiction de la rock star épouse qui oblige son mari à partager, en duo, la scène ensemble. Bon, j'ai trouvé ça un peu chiant ! Et j’oublierais sans peine cette prestation très moyenne de Pegi Young, cette country honnête mais sans plus... bien accueillie pourtant par les fans (?) de son mari.
Entracte de 20 minutes, alors que tout est prêt pour Neil, le temps de faire disparaître ce petit set de nos memoires. Je reste dans mon siège confortable tout le temps en bavardant avec Xavier-Neil-Elliott fan club, un ami de longue date, sur mon côté droit. Le premier set de Neil sera accoustique, et le deuxième sera en quatuor électrique. Avant le concert et l’arrivée de Neil sur scène, une voix-off retentit dans la sono, demandant que tous les portables soient éteints, puis nous met dans l’ambiance en annonçant que « Neil a choisi lui-même les chansons qu'il joue ce soir, et vous remercie de bien vouloir ne pas lui faire de demandes ». Les fans, ce soir, n’ont pas la parole !
21H27 : Tonight’s The Night, les lumières s’éteignent à nouveau, Neil Young, en costume blanc cassé, un peu défraîchi mais très classe, avec une longue trace de peinture bleu sur le dos et une chemise blanche, s’installe d’une démarche hésitante, discrètement, comme s’il rentrait dans une chambre de sa maison, sous une grande salve d’applaudissements... avant de jouer ses notes magiques, dans le cercle de rêve, entouré de ses instruments, de ses guitares de collection qu’il conserve religieusement… pour méditer sur ce moment de sa vie et s’inspirer pour le choix des morceaux. Chacune de ces guitares doit avoir un son, une couleur d’arpège différente, une histoire, un passé. Neil gracieusement remercie l'audience avec « Bienvenue on the Rex ! » et déclare « It's good to be back ». Il empoigne ensuite, en douceur comme s’il faisait une caresse à une belle femme nue, sa Jumbo Gibson, posée face à lui, avec un regard comme pour nous dire « Ce soir, je suis avec cette vieille guitare que j’aime pour faire ce que je fais », réprimande doucement le public pour pouvoir se concentrer… les images de sa vie doivent défiler dans sa tête… il attaque enfin la partie acoustique/folk du concert avec la ballade From Hank To Hendrix, datant déjà de 1992, et brillant résumé de l’histoire de la musique pop américaine. Dès la première note, je sens que le concert sera grandiose, car l’émotion est palpable. Sa voix n'a pas bougé (légèrement plus grave, parfois déchiquetée comme par un coup de vieux)… « I always expected, That you should see me through, I never believed in much, But I believed in you, Can we get it together? Can we still stand side by side?... ». Le jeu de guitare est hallucinant. L’ambiance est intimiste, à la limite du troublant. Neil rend hommage à ceux qui l’ont inspiré, que ce soit Hank Williams ou Jimi Hendrix. La force et l’intensité de Neil, seul sur scène, devient magique et tout le public semble ébloui par cette lumière et ce magnétisme indescriptible.
Suit Ambulance Blues, une chanson-épopée de 1974, l’une de mes préférées, que je n'aurais jamais imaginé de pouvoir un jour écouter en live, règne une atmosphère lourde, pesante et glaciale. Des aspirations à l'harmonica, pleines de nostalgie, longues et lancinantes, et un refrain frissonnant ! Bref, que du bonheur ! Superbe ! Un traitement feutré avec la guitare… le son de sa Martin est sidérant, cristallin, et les basses sont d'une profondeur abyssale, avec cet harmonica qui berce cette voix incomparable. Le public court sur les nuages, la chanson déclenche un tonnerre d'applaudissements et quelques cris. A noter que Neil n’est pas bavard ce soir ! Suit une chanson jamais entendue, Sad Movies, un inédit de 1975 - désespoir et tristesse – sorti de sa malle et destiné à l’album « Homegrown » qui n’a jamais vu le jour. Le chant résonne entre les murs dorés de l'ancien palais du cinéma, et les paroles rappellent les sièges en velours, les matinées du samedi et le pop-corn. Une chanson pour le Rex ? Qui sait ? Puis c’est la dévastatrice Man Needs a Maid, un morceau sans âge, mais daté de 1972, impressionnant de fluidité, sans la moindre faille rythmique, avec Neil au piano et à l’orgue funèbre. Un peu nonchalant, presque perdu, hésitant, comme s’il n’était pas tout à fait sûr de ce qu'il fait ce soir devant son public amoureux qui l’observe dans l'obscurité, Neil caresse toujours ses instruments, trempe dans l’eau son harmonica... et puis soudain enchaîne ses chansons, en les faisant sonner mieux ou au moins aussi bien que les versions d'origine, tout en nous racontant quelques anecdotes de sa vie. Le public réagit à chaque gorgée de bière avalée par Neil, mais lors d’une intervention inutile d’un spectateur, celui-ci sera sèchement remis en place par l'artiste d’un « Shut Up »... et à nouveau le silence…
Il joue No One Seems to Know, un autre joyau profondément personnel de 1977, avec sa conclusion méditative, qui semble être la réflexion d’une vie : « Time is better spent searching than in finding ». De l'entendre aujourd'hui est un régal. Le choix des chansons reste un cocktail savoureux, un mélange entre classiques et chansons moins connues. Pour cela les trois guitares Martin, dont sa Vintage, se passent le relais, et l'harmonica, bien en bouche, est son fidèle compagnon. Neil parle peu, sur la scène entre les morceaux, concentré et apparemment en train de décider quelle sera la prochaine chanson, face à un public prêt à écouter religieusement et avec ferveur. La nostalgie est dans l’air. Try, encore une perle obscure inédite de 1975, sortie de son vaste trésor pour nous, belle chanson au piano… je suis si heureux de l'entendre !
Une petite intro méconnaissable et Neil commence, voix traînante, lente « … Did I See You Down in a Young Girl's Town… » : silence dans la salle, on est dans une église, pas de reprise en chœur, mais des larmes d’émotion, une troublante déclaration d’amour, un cœur qui bat... Harvest (1972), le moment fort de la série acoustique, le classique des classiques de son répertoire, simplement l’une des chansons les plus sublimes des 50 dernières années, qui conserve sa puissance d’origine, et qui nous fait revivre tous nos souvenirs, grâce aussi à cet harmonica et ses notes lancinantes et obsédantes. C'est incroyable d‘écouter cette voix qui reste inchangée à travers le temps. Une chanson sublime, particulièrement ovationnée par le public. Neil se lève, marche nonchalamment sur scène, pense à quelque chose (mystère...), caresse sexuellement des objets, et à nouveau s’asseoit au piano, joue ces notes claires, avec une maîtrise éblouissante… After The Gold Rush. Je reste désarmé et paralysé devant cette simple beauté nue. On survole les années en quelques minutes pour revenir de nouveau en 1975 avec Mellow My Mind, extrait de l'un de ses meilleurs albums : « Tonight's the night » : un autre coup de cœur avec son passage au banjo. L'émotion qui se dégage n'a pas d'égal. Suit Love Art Blues, une autre perle inconnue du 1975, puis, avec une énergie incontestable, les grandes et fantastiques chansons The Needle And The Damage et Heart Of Gold, d’anciens perles suspendues entre respiration et soupir, des pages lyriques familières, deux merveilles qui provoquent des frissons garantis, en honneur à « Harvest », son disque le plus célèbre et le plus vendu, enregistré en fauteuil roulant où l’avait cloué des problémes de colonne vertébrale. Tout le monde écoute le "loner" religieusement et les applaudissements à la fin montrent le degré d’appréciation du public !
Au bout d’une heure, Neil se lève sous une ovation interminable, salue la foule et ne cesse de répéter « Thank you, thank you very much ». Le superbe set acoustique intimiste est fini, et la voix-off nous confirme un entracte de vingt minutes, temps nécessaire pour se remettre de ses émotions et / ou pour ranger ses mouchoirs, pour laisser le temps au public de se désaltérer, et pour roadies de se remettre au travail.
22H5O : 2e partie. Le cercle mystique des guitares a été enlevé par les roadies, celles-ci ont été rangées avec soin, les décibels maintenant vont avoir le champ libre ! Dans un angle une Gretsh White Falcon trône discrètement, prête pour la bataille de Paris. La salle est de nouveau plongée dans le noir. Ben Keith, guitariste et ancien membre des Stray Gators (oui, ceux qui ont enregistré « Harvest » en 1972) et Rick Rosas, bassiste ex - tournée Bluenotes de 1988, reviennent avec Pegi, qui fera les chœurs avec Anthony. Ralph Molina, le cogneur fou, le seul rescapé du Crazy Horse, le groupe historique depuis 1969 (et le deuxième album solo de Neil), s’installe derrière sa caisse , où flotte le petit drapeau pirate. Après quelque secondes, Neil rejoint ses trois musiciens, en arrivant caché derrière une grande toile très naïve, illustration peinte durant l’exécution du set et portant le titre du morceau qui va suivre, portée par son ami peintre (chapeau type canotier)... la toile sera placée ensuite sur un chevalet en bois, à coté de l’indien en bois décoré. Notre Loner porte un costume beige encore légèrement éclaboussé de peinture couleur crème ainsi qu'une chemise rose pâle. La chose qui me frappe d'emblée, c'est que Neil ne porte pas de chapeau. Sous un éclairage jaune et rouge, on lui passe une Gibson Les Paul Junior… il s’approche sans hésitation de son pédalier, tapote dessus comme un forcené jusqu'à obtenir un gros son larsen... et sans ménagement, voici une véritable douche froide, une version électrique, presque sauvage, frénétique, de Mr Soul, souvenir rock impérissable de l’époque Buffalo Springfield - ses débuts en 1967 -, morceau éternel, mon favori de l’époque, un vrai bonheur ! Neil fait hurler et grésiller sa guitare avec beaucoup d'énergie. Il n’a plus l’air fatigué, son visage resplendit de lumière et retrouve une nouvelle jeunesse : il sait ce qu’il veut… « Rust never sleep » comme par le passé. Çà déménage devant le "mur" de son créé par ses musiciens, un mur de son d'excellente qualité ! Ce soir est digne des grands concerts live du passé ! Le public est conquis. Voilà, c'est parti pour un concert comme on l’aime, la décharge électrique d’une guitare, qui semble faire mal mais qui fait du bien. Neil est en feu, plus que jamais.
Nouveau morceau présenté par un tableau illustrant son titre, guitare électrique en bandoulière, accompagné de ces fidèles musiciens, le puissant Don't Cry No Tears de 1975, un ancien amour, suivi en enchaînement un peu plus calme par Dirty Old Man, guitare acoustique, extrait de « Chrome Dreams II », un morceau rock grunge qui aurait bien pu figurer sur l’album « Mirror Ball »... Je dois avouer ce n'était pas une de mes chansons préférées à la première écoute, mais, ce soir après l’avoir entendue en live, je l’apprécie différemment. Plus le temps passe et plus la musique progresse en puissance... Neil a mis la barre bien haut, l'ambiance monte encore. C’est comme s’il se moquait de lui-même, de tout, de sa carrière,… son passé , maintenant chanté par un homme avec des cheveux argentés sur un riff ravageur. Belle interprétation... tout comme Spirit Road qui suit, parfaitement servi par un son irréprochable, et accueilli avec beaucoup d'enthousiasme. Neil a galvanisé d’électricité le Loner et il vit une nouvelle jeunesse. La fameuse Gretsch en bandoulière pour le très rare Bad Fog Of Loneliness, que l'on a pu découvrir dans le sublime album « Live at Massey Hall 71 », dans une incroyable version qui est l'une de mes favorites du set : joué et chanté parfaitement. Ensuite, après avoir présenté ses musicien en mentionnat les époques de sa carrière, il rend hommage à son ami guitariste Danny Whitten, l’ancien compagnon de route du Crazy Horse, devenu héroïnomane et mort d’overdose en 1972, avec la sublime chanson Winterlong, de 1977 (en son temps reprise magnifiquement par les Pixies et Pearl Jam).
Après un retour à l'acoustique-électrifié, en guitare Martin, avec le Oh Lonesome Me de « After the gold rush », c’est l’enchaînement avec une autre de mes favorites, The Believer, de son dernier album, et dédié à sa mère. Le groupe est à sa disposition et le public à ses pieds. Rester assis dans les confortables fauteuils n’est possible que parce que l’émotion nous étreint. Libéré de sa veste, les cheveux au vent, il nous délecte de No Hidden Path... « Sometimes when I go walkin', Among the tall trees, I feel the light comin' down on me... » qui, sans hésitation, est le véritable joyau de la soirée, la chanson la plus intense, dans une version de folie, interminable à force de riffs et solos. Le coup de foudre de l'album « Chrome Dreams II » ! Quel rythme! Ben Keith est à la guitare rythmique et Neil, s'est métamorphosé en soliste fou, il bouge dans tous les sens, laisse libre cours à sa rage, s’agite comme un jeune adolescent, plié en deux et complètement déchaîné, il fait hurler sa fidèle Les Paul noire comme jamais en titant de sa caisse de nouveaux sons. Rick, le bassiste, est sobre et efficace, suivi de Ralf, le batteur, d'une précision effrayante. Neil est vraiment dans la chanson, comme une âme possédée, sous l’influence de son maître John Coltrane, il s’acharne sur sa Gibson Les Paul Junior, qui semble l’absorber toujours davantage, dans ces puissants et longs solos, passionnants et meurtriers : il est immergé dans son orage sonique, il est ivre de bruit, de cette improvisation sans mesure... Les mots ne peuvent pas décrire la façon dont il déchire le temps sur une vingtaine de minutes. Neil joue dans un état de transe, il ondule, vibre et transmet ses vibrations, fait vivre cette chanson, qui est pour moi la meilleure du dernier album. Cette version si longue s’arrête pas, elle évolue, se complexifie, varie avec des solos de guitare crades, noisy, on pense à Sonic Youth quand il joue avec le feedback. Tout simplement époustouflant, une grande puissance émotionnelle, centrée sur des solos de Gibson, nombreux et glorieux. Un mur du son de grande dimension, un public hypnotisés par cette guitare qui n’en finit plus de hurler, et qui écoute attentivement cette longue improvisation. Neil joue avec le feu avec toute l’'intensité de la jeunesse. Après cette chanson, et sous la fumée d’une guitare électrique, ses cordes cassées, abandonnée à sa mort, le groupe remercie le public et quitte la scène sous une énorme ovation.
Tous le monde est debout pour le retour de Neil et de ses amis de longue date, pour le rappel. Quelques minutes plus tard Cinnamon Girl, morceau violent de son 2ème album solo... « I wanna live with a cinnamon girl, I could be happy the rest of my life, With a cinnamon girl… » avec trois minutes de feedback : encore maintenant, ce morceau proche des 40 ans, n’a rien perdu de sa force de frappe, tant il est marqué par une euphorie démesurée. Puis la surprise vient du ciel, car un petit synthé-harmonium aux ailes d’oiseau bizarrement décoré, descend du plafond, suspendu à un fil, devant Ben Keith... Je souris… « There's colors on the street, Red, white and blue, People shufflin' their feet, People sleepin' in their shoes… » : c'est parti, avec aussi Anthony à la guitare et Pegi, pour une fin du concert démoniaque, sonnée par l'une des meilleures chansons de Neil, le classique Rockin' In The Free World, la référence, le classique des classique, mon morceau fétiche avec un son énorme, aussi puissant, fédérateur et rassembleur... qui se termine avec encore quelques cordes cassés sur l’éternelle Les Paul Jr. Je suis au bord du plaisir, à l’extrême limite de la maîtrise de mes centres nerveux pour ce morceau culte. Fantastique ! C’est évident, j’en suis sûr que, ce soir, les amis fantômes de Pearl Jam sont dans la salle, écoutent cette chanson, jamais jouée pendant l’US Continental Tour, pour s’enivrer toujours et toujours dans le monde libre de Neil.
Ovation sans fin, car le public, debout, est en délire, hurle, crie « Neil Neil, Neil... » et refuse de quitter la salle… tente d'obtenir un deuxième rappel, car il y a une news qui circule que Neil pourrait ce soir jouer The Sultan, une chanson importante du début de l’histoire de sa musique. L’info est bonne : on l’aura, puisque un grand roadie (?) déguisé en calife, entre sur scène, se place sur le devant à gauche, avec un gong géant, prêt à assourdir la salle. Neil, répondant aux applaudissements enthousiastes, revient donc une dernière fois pour ce bonus, avec son trio. Ce morceau, inconnu du public, pièce rare de collection pour les fans, est très vieux. Neil l’a sorti vraiment du fond de sa malle aux archives, il remonte de la lointaine année 1963, c’est un instrumental de jeunesse, composé sous l’influence évidente du guitariste Hank Marvin de The Shadows, les maîtres incontestés de l’époque. Neil joue les accords ouverts de guitare comme à 17 ans, avec sa bande d’alors, The Squires : un réel plaisir… comme un gamin nostalgique qui retrouve un ancien jouet. Pas géant… mais un morceau, en fin de ce concert, qui donne un frisson mortel, car c’est beau de voir Neil ressortir son passé et nous en faire cadeau. Le public est surpris mais heureux. Un dernier et long « Thank you very much », une révérence comme au théâtre, et il quitte la scène définitivement avec ses musiciens. L’ovation continue, éclaté en un tonnerre d’applaudissements et quelques sifflements stridents qui déchirent l'air... chacun espérant revoir le groupe pour encore un ultime morceau... mais cette fois c’est vraiment The End !
Ce soir c’était THE Night, il s’est passé quelque chose de spécial au Rex : il y a un sentiment électrique partagé par tous, ce fut un grand concert frénétique comme on en voit rarement. Je découvre, stupéfait, un grand Neil, tout en rythmes accrocheurs sur différentes étapes de sa vie, encore jeune, pas affaibli malgré son accident cérébral, et qui a une nouvelle fois prouvé que, malgré son âge, il reste toujours... Forever The Loner, une légende encore vivante... le mot « has been » n’existe pas dans son dictionnaire du temps qui passe. À 62 ans, il ne sait que continuer à vivre, écrire, jouer, garder sa colère intacte, revenir sur certains détails de son œuvre et de sa vie... tout cela demande déjà beaucoup d’énergie, mais il peut encore en rajouter pour attendre le degré d'extase toujours convoité, dans une Amérique dans laquelle il ne peut pas toujours se reconnaître. Une énorme claque ! Ses chansons ont marqué mon adolescence et c’est déjà beaucoup. Neil est encore et toujours un Grand, qui s’amuse à faire ce qu’il veut, et qui surtout m’a donné l’impression d’être VRAI. Du putain de rock lourd et incandescent, mélangé à des chansons acoustiques de toute beauté et des trésors inédits. Rock n' roll can never die, Neil Young either. Le passé, le présent et le futur du rock est bien Neil. Je traîne ébloui, groggy, imprégné de l'atmosphère du concert. Ce spectacle était tout ce qu'un Neil Young show EST ! Un Dr Jekyll et Mr Hyde, à la fois doux et violent au larsen maîtrisé. Un Neil intime et concentré en acoustique et un Young déchainé, fou et hypnotique, dominé par sa guitare électrique. Un artiste icône, qui nous montre une nouvelle fois comment, dans le rock, on peut devenir vieux en restant grand, et qui nous donne envie de le suivre, pas à pas, en s'appuyant sur la définition que Jack Kerouac a donnée de lui-même « Je ne suis pas un "beat" mais un mystique catholique étrange, solitaire et fou ... ».
Je sors de la salle pour retrouver le monde extérieur, pour un "nowhere" sans contraintes, et me voilà… Boulevard Poissonnière, ma montre indique minuit trente, la lune luit faiblement, l’air semble vibrer autour moi, un air glacial m’agresse, une odeur âcre d’incendie monte dans mes narines, et je vois une longue fumée noire qui tourbillonne au dessus du Rex... mais sans pompiers en service, ni sirènes, car le feu semble s’éteindre tout seul. Rêve ou réalité ? Je frémis à cette vision sur le moment, mais je sais, je serai soulagé demain, car tous les journaux porteront en première page, en gros titre « Neil à mis le feu au Grand Rex ». Je regarde encore, sous le faisceau de lumière du réverbère, en haut l’affiche du cinéma « Neil Young ce soir » avec une sensation de plénitude en pensant à tous ces morceaux non joués... Cortez the Killer, Hey Hey My My, Comes A Time, Down By The River, Harvest Moon,… j’arrête car la liste est vraiment trop longue.
Dans ma tête le souffle de ce concert mythique persiste … heureux, enfin je crois. Avec Neil dans la peau, les mains dans les poches,... je me laisse aller… « Got a man of the people, says keep hope alive, Got fuel to burn, got roads to drive. Keep on rockin' in the free world… », et je rentre me coucher. The beats go on et la route ne s’arrête jamais. »
Neil Young est auteur-compositeur-interprète et guitariste de folk, country et rock canadien. Il est devenu l'un des musiciens les plus respectés et influents de sa génération. Commercialement, son apogée se situe au début des années 1970 avec les albums After The Gold Rush et Harvest en plus de son rôle dans le très populaire groupe Crosby, Stills, Nash & Young. Figure emblématique de la génération de Woodstock puis de celle de Nirvana, Neil Young a traversé les décennies sans encombres grâce à sa voix unique, sa guitare omniprésente et ses textes très personnels.
(http://www.neilyoung.com/)
(http://www.myspace.com/neilyoung)
(http://www.facebook.com/NeilYoung)
(http://www.neilyoung.com/)
(http://www.myspace.com/neilyoung)
(http://www.facebook.com/NeilYoung)
Avec Buffalo Springfield
* Buffalo Springfield, Atco (janvier 1967)
* Buffalo Springfield Again, Atco (février 1967)
* Last Time Around, Atco (août 1968)
* The Best - Retrospective, Atco (1969)
* Buffalo Springfield Box Set, Warner (2001)
Albums studios* Neil Young (1968)
* Everybody Knows This Is Nowhere (1969)
* After the Gold Rush (1970)
* Harvest (1972)
* On The Beach (1974) * Tonight's the Night (1975)
* Zuma (1975)
* American Stars 'n Bars (1977) * Comes a Time (1978)
* Rust Never Sleeps (1979)
* Hawks & Doves (1980)
* Re-ac-tor (1981)
* Trans (1982)
* Everybody's Rockin (1983)
* Old Ways (1985)
* Landing On Water (1986)
* Life (1987)
* This Note's For You (1988)
* Eldorado (EP, 5 titres Japon et Australie) (1989)
* Freedom (1989)
* Ragged Glory (1990)
* Harvest Moon (1992)
* Sleeps with Angels (1994)
* Broken Arrow (1996)
* Silver & Gold (2000)
* Are You Passionate? (2001)
* Greendale (2003)
* Prairie Wind (2005)
* Living with War et Living with War: In the Beginning (2006)
* Chrome Dreams II (2007)
* Fork in the Road (2009)
Bandes originales de films
* Journey Through The Past (1972)
* Made In Heaven (1985)
* Dead Man (1995)
* Year of the Horse (1997)
Enregistrements en public
* Time Fades Away (1973)
* Live Rust (1979)
* Weld (1991)
* Arc (1991)
* Unplugged (1993)
* Road Rock V 1 - Friends & Relatives (2000)
* Live in San Francisco, 1978 (Sorti en 2008, uniquement sous format vinyl ou DVD).
Neil Young Archives Performance Series (NYAPS)
* Live at Fillmore East - 1970 (2006)
* Live at Massey Hall - 1971 (2007)
* Sugar Mountain - Live at Canterbury House 1968 (2008)
Avec Stephen Stills
* Long May You Run, Reprise (1976)
Au sein de Crosby, Stills, Nash & Young
* Déjà vu, Atlantic (mars 1970);
* 4 Way Street, Atlantic (avril 1971);
* So Far, Atlantic (juillet 1974), compilation;
* American Dream, Atlantic (novembre 1988);
* CSN Box 4cd Set, Atlantic (décembre 1991), anthologie;
* Looking Forward, Reprise (octobre 1999).
* Déjà Vu Live (juillet 2008)
Avec Pearl Jam
* Mirror Ball (1995)
* Merkin Ball (1995)
Compilations* Decade - Reprise (1977); 37 titres dont 6 inédits.
* Lucky Thirteen - Geffen (1993); 13 titres dont 5 inédits.
* Mystery Train - Polydor (2001)
* Greatest Hits - Reprise (2004)
Projets abandonnés
* Homegrown - (1975);
* Chrome Dreams - (1977);
* Titres inédits : War song.
Participations* 1971 : She Used To Wanna Be A Ballerina de Buffy Sainte-Marie (Vanguard) avec Ry Cooder, Crazy Horse... produit par Jack Nitzsche.
* 1971 : If I Could Only Remember My Name de David Crosby * 1978 : Crazy Moon de Crazy Horse.
* 1996 : Wrecking Ball de Emmylou Harris.
* 2005 : Man Alive! de Stephen Stills.
* 2007 : Pegi Young de Pegi Young.
2008 European Chrome Dreams Continental Tour Band
Neil Young - guitar, guitjo, harmonica, piano, vocals
Ben Keith - pedal steel, lap steel, guitar, organ, background vocals
Rick Rosas - bass, background vocals
Ralph Molina - drums, background vocals
Pegi Young - background vocals, vibraphone
Anthony Crawford - background vocals, piano
La Setlist du Concert
Fake
Heterosexual Masses
When The Wildlife Betrays Me
Sometimes
Sometimes Like A River (Loving You)
?
Love Like Water
Number Nine
Wrestle Awhile
PEGI YOUNG
Fake
Heterosexual Masses
When The Wildlife Betrays Me
Sometimes
Sometimes Like A River (Loving You)
?
Love Like Water
Number Nine
Wrestle Awhile
La durée du concert : 0h39
PART ONE (Acoustic Set)
From Hank To Hendrix (Harvest Moon – 1992)
Ambulance Blues (On The Beach – 1974)
Sad Movies (Unreleased Song from Archive - 1976)
A Man Needs A Maid (Harvest – 1972)
No One Seems To Know (Chrome Dreams - 1977)
Try (Homegrown album is an Unreleased – 1975)
Harvest (Harvest – 1972)
After The Gold Rush (After The Gold Rush – 1990)
Mellow My Mind (Tonight's The Night – 1975)
Love Art Blues (Homegrown album is an Unreleased – 1975)
The Needle And The Damage Done (Harvest - 1972)
Heart Of Gold (Harvest – 1972)
From Hank To Hendrix (Harvest Moon – 1992)
Ambulance Blues (On The Beach – 1974)
Sad Movies (Unreleased Song from Archive - 1976)
A Man Needs A Maid (Harvest – 1972)
No One Seems To Know (Chrome Dreams - 1977)
Try (Homegrown album is an Unreleased – 1975)
Harvest (Harvest – 1972)
After The Gold Rush (After The Gold Rush – 1990)
Mellow My Mind (Tonight's The Night – 1975)
Love Art Blues (Homegrown album is an Unreleased – 1975)
The Needle And The Damage Done (Harvest - 1972)
Heart Of Gold (Harvest – 1972)
PART TWO (Electric Set)
Mr. Soul (Buffalo Springfield Again – 1967)
Don’t Cry No Tears (Zuma – 1975)
Dirty Old Man (Chrome Dreams II - 2007)
Spirit Road (Chrome Dreams II - 2007)
Bad Fog Of Loneliness (Live At Massey Hall 1971 – 2007)
Winterlong (Decade – 1977)
Oh, Lonesome Me (After The Gold Rush – 1970)
The Believer (Chrome Dreams II - 2007)
No Hidden Path (Chrome Dreams II - 2007)
Don’t Cry No Tears (Zuma – 1975)
Dirty Old Man (Chrome Dreams II - 2007)
Bad Fog Of Loneliness (Live At Massey Hall 1971 – 2007)
Winterlong (Decade – 1977)
Oh, Lonesome Me (After The Gold Rush – 1970)
The Believer (Chrome Dreams II - 2007)
No Hidden Path (Chrome Dreams II - 2007)
Encores 1
Cinnamon Girl (Everybody Knows This Is Nowhere – 1969)
Rockin' In The Free World (Freedom – 1989)
Rockin' In The Free World (Freedom – 1989)
Encores 2
The Sultan (The Squires Single – 1963)
Neil Young: Dirty Old Man - photo montage
Neil Young - Un grand concert 2004 - Live - Rockin' In The Free World
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire