Première Partie: Bap Kennedy
« “A long time ago came a man on a track, Walking thirty miles with a pack on his back…” une Fender stratocaster Fiesta Red signé MK… une séquence nostalgie... 14 minutes (de bonheur) sur cette balade, pleine de mélancolie et une montée en puissance avec le plus beau solo de guitare Fender …et puis la découverte du CD audio (« Love Over Gold »)… Vingt six ans plus tard, le morceau continue de me faire planer, mais ça ne nous rajeunit pas. Revoir, une nouvelle fois, Mark Knopfler en concert ! La dernière fois, c'était ici-même au POP (le 19 avril 2005) pendant le Shangri-La Tour, sans compter du concert d’Emmylou Harris au Zénith (le 12 juin 2006) ne perdant rien du fabuleux jeu de guitare du Sultan du swing. Bien que les disques solos de Mark (de « Golden Heart » à « Kill to get Crimson ») soient d'un style moins « guitar hero », pleins d'une musique plus intimiste et sensible, c’est toujours le rendez-vous des vrais amateurs de guitare.
J’arrive vers 19 heures 30 devant l’immense salle, je traine quelque peu du fait de ma place numérotée, en me laissant tenter par le programme, puis je présente mon billet à la porte d’entrée « G » pour finalement accéder, guidé par une ouvreuse, à ma place réservée : côté gradins, avec une vue plongeante sur la scène et l’avantage d’une position imprenable pour une bonne qualité d’écoute… J’observe, avec émerveillement, la salle presque bondée de gens d’une bonne cinquantaine d’années. Devant moi, la scène nue, et une exposition d’une grande sobrieté : une grande toile noire pour le fond de la scène, deux poutres metalliques chargées de spots, un mystérieux cercle suspendu au-dessus des six coins de la scène réservée aux musiciens. Un grand nombre de guitares, y compris la légendaire Fender Strat rouge et un dobro brillant, un Hammond, une contrebasse, un violin et une batterie. Pas de pub, pas d’écrans vidéo, juste une guitare de couleur sur scène.
20h00 : les lumières s’éteignent, et une voix off annonce en première partie Bap Kennedy, duo hollandais de blues-folk, avec un guitariste / chanteur irlandais, avec une Avalon série acoustique, accompagné d’un autre guitariste. Ils prennent possession de la scène. Ce n’est pas mal, je dois admettre, ça se laisse écouter, c’est du folk / country, sympa (…mais sans plus !), pendant 5 chansons acoustiques pas vraiment envoûtantes quand même, extraites de l’album « The Big Picture »… Mais bien évidemment, le public attend MK avec plus ou moins d’impatience : ce set de 25 minutes sera noyé dans l’indifférence.
Les lumières se rallument, et on regarde, bien rangée sur un côté de la scène, la collection des guitares mythiques, avec au milieu, la Fender Strat rouge qui trône. L’excitation ambiante est perceptible… Le POP est à présent complet, beaucoup de gens étant arrivés pendant la première partie. Soudain, un mouvement de bras, c’est le commencement d’une Ola, initiée sur un côté de la fosse et sans fin jusqu’aux gradins. Jeux de lumières sur la scène, petite tension dans l’air.
Juste le temps de se chauffer les mains, et arrive le grand What it is, morceau de l’album « Sailing to Philadelphia », dans une version très étirée, qui fait s’élever le concert en crescendo, avec de superbes soli knopflériens à la Fender rouge, qui chatouillent les tympans, alternant avec des instants plus calmes, pendant lesquels toute la subtilité du groupe se révèle, donnant l’occasion d’un dialogue avec le violoniste / flûtiste / joueur de mandoline, qui prend en charge une grande part du lyrisme de la soirée. La voix et la guitare se fondent impeccablement de manière naturelle, puis vient une délicieuse improvisation bondissante du violoniste, avant l’explosion finale par le groupe tout entier. Dans la fosse, des dizaines d'écrans lumineux de téléphones portables tentent de capter ces instants d’émotion pure. Mark est très en forme, sa voix impeccable. Puis, toujours dans la veine du même magnifique album, Mark, gaucher, enchaîne et attaque la chanson homonyme Sailing to Philadelphia, avec ses soli balancés avec toutes ses tripes, de toute beauté : mes premiers frissons de la soirée. Une émotion brute, soudaine et incontrôlée étreint toute la salle. Comment peut-on ne pas aimer le son de guitare de Mark ? Je me pose la question. C’est d’une beauté indescriptible sous ces timides effets de lumières. Un solo étiré de Mark, et c’est le frisson assuré, les éclairs de joie. Le son se fait délicat, me caresse, dans cette atmosphère douce, sous cette lumière bleutée. Il faut partir, se laisser transporter sur ces notes, les yeux fermés, pour de grands moments de tendresse, d’intimité, créés par une guitare qui parle. C’est ça, l’émotion que l’on vit et l’on partage pendant un concert !
Puis vient une nouvelle chanson, True Love Will Never Fade, de ce cinquième album en solo, « Kill To Get Crimson », motif de la tounée, et la toile noire en fond de scène s’illumine d’une myriade d’étoiles bleues, pendant que le public frappe doucement des mains en cadence. Une plate forme ronde, qui représente une guitare ronde sans le manche (énorme reproduction de la guitare dobro), s’élève au dessus des musiciens. Le plafond, gimmick d'un autre temps, est orné d'une rosace colorée résolument moderne. Une certaine élégance règne dans ces notes de guitare, étudiées dans les moindres détails au sein d’une set list qui permet des excursions nuancées dans le passé. La voix de Mark est suave, chaude, rassurante : le premier « Thank you » de la soirée sera suivi d’un « I love you Mark », anonyme et féminin, provenant de la fosse. The fish and the bird, encore un extrait du nouvel album : un moment calme, sûrement l’un des plus intenses et simples, avec ses harmonies vocales mettant en evidence le plaisir de l’actuelle direction musicale de Mark, le perfectionniste. On sent Mark Knopfler, qui joue au chef d’orchestre, tiraillé entre ce passé de rock star et cette désir d'un nouveau style : il n’est pas très souriant, peut-être un peu tendu. Suit Hill Farmer's Blues, un titre entièrement fait pour le live, sous domination Gibson, avec un solo final d’une beauté incroyable, qui s’étire encore et encore, et qui est mis en valeur par quelques notes de piano cristallines… Mark joue avec une fluidité impeccable, c’est très émouvant… Enfin comment résister à cette long intro tamisée, à deux, au piano et keyboards ? Elle se termine à peine que le public exulte, affichant déjà un grand sourire… L’arpège de guitare National Resofonica "dobro", les célèbres notes… « A lovestruck romeo sings a streetsus serenade, Laying everybody low with me a lovesong that he made… », c’est l’explosion de Romeo & Juliet, qui recrée sur la scène des images de Dire Straits en 1981 : une énorme ovation du public, à la fois étonné et excité. Bien sûr, il est impossible d’oublier ces "années de gloire". A la fin du morceau, sur le solo tout en doigté et en feeling, tout le monde est debout, sans s’arrêter d’applaudir et de crier. Encore un moment d’émotion avec ces notes de de piano qui ont débuté la chanson et qui la terminent de la même façon.
Mark décide soudainement de surfer sur cette onde d’enthousiasme, c’est l’intro de Sultans Of Swing… « You get a shiver in the dark, It’s been raining in the park but meantime, South of the river you stop and you hold everything, A band is blowing dixie double four time, You feel all right when you hear that music ring… », une mélodie ciselée, avec un jeu de guitare si particulier, simple, joué en quatuor, comme aux débuts : à ce moment le public est hors de lui, le POP explose comme une bombe atomique, le bruit s'éleve jusqu’à un grondement assourdissant, tout le monde est debout et chante ce morceau, attendu comme un éveniment. Le toucher de Mark Knopfler, son pouce qui remplace le mediator, sa technique exceptionnelle (une technique ancestrale venue du luth médiéval), cette facon de jouer de la guitare electrique avec ses doigts, les notes qui vibrent et le son unique de sa guitare rouge, c’est l’émerveillement total… comme la première fois en 1977, au milieu de la tourmente punk. Ce titre qui a forgé la légende, on l’écoute de nouveau, toujours avec le même plaisir. Le solo de cette chanson, veritable hymne à la guitare à lui seul, ouvre les portes du paradis... il éclate et explose comme un feu d’artifice dans le ciel de Bercy. Mark soulève sa Stratocaster sur la dernière note comme un drapeau. Il sait à ce moment, qu’il a gagné, qu’il a étonné tout le monde encore une fois. Il se fait plaisir. Longue ovation d’un minute… Quand on assiste à un concert de Mark Knopfler, taper des mains de toutes ses forces devient simplement tout naturel : c’est le cas ce soir. Un grand « Thank you very much », et l’occasion pour reprendre son soufle en présentant sa bande de copains musiciens, avec un mot gentil pour chacun.
Le spectacle continue, et sont nombreuses les variations et les improvisations à la guitare, au piano et au violon, souvent légèrement couvertes par les applaudissements. L’atmosphère du concert redevient plus calme, avec une chanson plus folk, raffinée, sur un arpège très réussi et avec cette voix à la Dylan : Marbletown, une perle de l’album « The Ragpicker's Dream », qui se termine en douceur sur un solo de violon, suivie de Daddy's gone to Knoxville, une balade country rétro, que j'aime un peu moins, avec ses airs exotiques dans un style hawaiien (c’est un moment de vacances, un peu jazzy, pour se faire plaisir, mais c’est loin du style que j’aime…). Le public est content et gesticule. Mark poursuit avec Postcards from Paraguay, extrait de « Shangri-la » : très poignant, le morceau évoque les souvenirs du El Condor Pasa de Simon & Garfunker, moment rare d’agréable mélancolie. A ce moment, le groupe enchaîne à toute allure avec un Speedway at Nazareth, qui mérite une mention à part pour être devenu un classique live, un morceau d’anthologie où la guitare règne, descend et monte avec une impression de force puissante, éclate dans une multitude des notes. Rien à dire : magnifique !
Et c’est alors que, Mark avec son dobro montre le bout de l’intro de Telegraph Road (« Love Over Gold », de 1982), mon morceau historique, culte, avec toujours le même style épique… « Telegraph sang a song about the world outside, Telegraph road got so deep and so wide, Like a rolling river »… la voix est chaude, rauque et veloutée comme je l’aime… mon plaisir est devant moi. Extase dans un vortex impressionnant. Un grand frisson est dans l’air, et secoue les milliers de spectateurs, éblouis par notre héros, savourant chaque note. Sûrement le morceau le plus entraînant de la soirée, capable de charmer le spectateur le plus réticent. Magistrale exécution, dans une version absolument intégrale de 14 minutes, un morceau de bravoure, une pierre capitale de l’histoire de la musique… qui marque la fin du set avant les rappels.
Le groupe s’éclipse, mais après une nouvelle et longue ovation, ils reviennent et, alors que les lumières de la scène sont encore éteintes, on entend les premières notes de Brothers in Arms (dont on fête justement cette année le 23ème anniversaire), qui glissent, lascives, sur nos têtes, et marquent nos esprits. La guitare qui sonne tout en douceur sur l’orgue Hammond (Guy est aux commandes), ça donne un côté poignant. Les projecteurs balaient sans cesse les spectateurs d’une lumière crue, comme pour les tirer de leur délire ou de leur rêve. Mark, immobile face au micro, enchaîne tout de suite après le solo final avec Our shangri-la, jouée lentement, avec un mélange subtil et harmonieux de parties de piano, comme pour hypnotiser totalement - et bercer aussi… - la salle de sa voix profonde et pleine. On est touché au plus profond de ses sentiments, on est sur un nuage, et on redescend sur terre seulement pour applaudir. La chanson s’achève comme une caresse, sur de longs applaudissements et des cris de bonheur. Un court moment de concertation des mucisiens, et voilà So Far Away, pendant lequel les projecteurs illuminent le public, qui maintenant est debout pour chanter le refrain et applaudir avec gratitude un Mark Knopfler qui lui a permis de retrouver cette émotion unique, qui fait venir les larmes aux yeux.
Puis, pour achever cette soirée sur une surprise, ce sont les notes instrumentales de sa légendaire "National style O", datant de 1937, c’est le superbe Going home, le thème de « Local Hero », entendu une multitude de fois : une facon fort agréable de terminer cette soirée et de se dire au revoir sur un son limpide de guitare. Mark hisse, encore une fois sa guitare comme un drapeau pour saluer le public et Paris. Les musiciens saluent aussi, et on arrête là. La standing ovation continue et le public des gradins tape du pied. Voilà, le concert est terminé, et je suis encore sous le charme de ce son de guitare unique, de ce talent inimitable, qui résonne dans mes oreilles.
Un concert globalement positif avec une musique de qualité et comme d’habitude un grand MARK, hélas toujours prisonnier de son passé. Les rythmes, pendant ce concert, ont oscillé entre country et folk, un peu trop calmes peut-être (il n’y a pas eu de rock énergique) : on a entendu des sonorités irlandaises, une bonne musique d'ambiance, et on a vu un public conquis par des morceaux différents de leurs versions originales, et riches en improvisations. De belles vagues de souvenirs donc, malgré l’absence de Money for nothing. La preuve que rien n’est jamais fini tant que les riffs de guitares (Tele, LP 58, National, Martin, Pensa-Suhr, …) sont encore vivants : ce soir, le POP était complet sur le seul nom de Mark, et a été dominé par les couleurs d’une Fender rouge magique. Pour le moment, le leader de Dire Straits, tout au plaisir de sa carrière solo, résiste aux pressions quant à une éventuelle reformation… mais pour combien de temps ? La demande et la quantité d’argent offerte augmentent chaque jour ! Je laisse le POP Bercy heureux : ce soir, Mark a ressuscité une nouvelle fois la légende... »
“And the birds up on the wires and the telegraph poles / They can always fly away from this rain and this cold / You can hear them singing out their telegraph code / All the way down the telegraph road…”
J’arrive vers 19 heures 30 devant l’immense salle, je traine quelque peu du fait de ma place numérotée, en me laissant tenter par le programme, puis je présente mon billet à la porte d’entrée « G » pour finalement accéder, guidé par une ouvreuse, à ma place réservée : côté gradins, avec une vue plongeante sur la scène et l’avantage d’une position imprenable pour une bonne qualité d’écoute… J’observe, avec émerveillement, la salle presque bondée de gens d’une bonne cinquantaine d’années. Devant moi, la scène nue, et une exposition d’une grande sobrieté : une grande toile noire pour le fond de la scène, deux poutres metalliques chargées de spots, un mystérieux cercle suspendu au-dessus des six coins de la scène réservée aux musiciens. Un grand nombre de guitares, y compris la légendaire Fender Strat rouge et un dobro brillant, un Hammond, une contrebasse, un violin et une batterie. Pas de pub, pas d’écrans vidéo, juste une guitare de couleur sur scène.
20h00 : les lumières s’éteignent, et une voix off annonce en première partie Bap Kennedy, duo hollandais de blues-folk, avec un guitariste / chanteur irlandais, avec une Avalon série acoustique, accompagné d’un autre guitariste. Ils prennent possession de la scène. Ce n’est pas mal, je dois admettre, ça se laisse écouter, c’est du folk / country, sympa (…mais sans plus !), pendant 5 chansons acoustiques pas vraiment envoûtantes quand même, extraites de l’album « The Big Picture »… Mais bien évidemment, le public attend MK avec plus ou moins d’impatience : ce set de 25 minutes sera noyé dans l’indifférence.
Les lumières se rallument, et on regarde, bien rangée sur un côté de la scène, la collection des guitares mythiques, avec au milieu, la Fender Strat rouge qui trône. L’excitation ambiante est perceptible… Le POP est à présent complet, beaucoup de gens étant arrivés pendant la première partie. Soudain, un mouvement de bras, c’est le commencement d’une Ola, initiée sur un côté de la fosse et sans fin jusqu’aux gradins. Jeux de lumières sur la scène, petite tension dans l’air.
21h00 : lumières éteintes, pour la seconde fois, suivies d’acclamations et de bras qui s’élèvent circulairement autour de la fosse centrale. Mark Knopfler, 59 ans, apparait tranquillement : les cris atteignent leur paroxysme, la salle est debout, les mucisiens, six instrumentistes talentueux et polyvalents, entrent en scène, comme des stars… A la batterie, Danny (déjà avec Dire Straits et pour le Shangri-La Tour), à la guitare et aux keyboards Guy (fidele ami depuis l’époque « Brothers in Arms »), à la basse et contrebasse Glenn, à la guitare Richard (les deux sont toujours présents depuis « Golden heart »), et pour compléter la troupe, John au violon et Matt au piano et accordéon. Ovation immense ! Les fans sont venus entendre MK, leur guitar hero. Le concert commence, et c'est parti pour grand moment de pur bonheur. L’introduction de la première chanson se fait doucement entendre, puis les choses sérieuses commencent : un morceau enlevé comme Cannibals, un énergique rythme country folk, c’est une ouverture au goût celtique, très belle avec un riff de Hammond qui rappelle celui de Walk of Life (en collaboration avec Chet Atkins, c’est un extrait de l’album "Golden Heart" marquant le debut de l’après Dire Straits). Cette musique est pleine de chaleur, idéale pour chauffer une salle qui repond en tappant dans les mains. Suit un deuxieme morceau, Why Aye Man, de l’album « The Ragpicker’s Dream », dont la tournée en 2003 avait été annulée à cause de l’accident de moto de Mark. La guitare souple de Mark et sa voix calme, subtile et détendue (il n'a jamais été un chanteur à voix), presque un murmure, constituent une "griffe" immédiatement reconnaissable ! Quelle magie dans ce touché de guitare Les Paul, quelle pureté de son, quelle émotion ! Des envolées lyriques à six cordes qui font plaisir à entendre, et ce moment qui permet de surcroît à Mark de saluer les différentes parties de la salle, éclairées par de puissants projecteurs : c’est assez impressionnant, en effet, de voir cette fosse remplie de bras levés qui ondulent en rythme.
Puis vient une nouvelle chanson, True Love Will Never Fade, de ce cinquième album en solo, « Kill To Get Crimson », motif de la tounée, et la toile noire en fond de scène s’illumine d’une myriade d’étoiles bleues, pendant que le public frappe doucement des mains en cadence. Une plate forme ronde, qui représente une guitare ronde sans le manche (énorme reproduction de la guitare dobro), s’élève au dessus des musiciens. Le plafond, gimmick d'un autre temps, est orné d'une rosace colorée résolument moderne. Une certaine élégance règne dans ces notes de guitare, étudiées dans les moindres détails au sein d’une set list qui permet des excursions nuancées dans le passé. La voix de Mark est suave, chaude, rassurante : le premier « Thank you » de la soirée sera suivi d’un « I love you Mark », anonyme et féminin, provenant de la fosse. The fish and the bird, encore un extrait du nouvel album : un moment calme, sûrement l’un des plus intenses et simples, avec ses harmonies vocales mettant en evidence le plaisir de l’actuelle direction musicale de Mark, le perfectionniste. On sent Mark Knopfler, qui joue au chef d’orchestre, tiraillé entre ce passé de rock star et cette désir d'un nouveau style : il n’est pas très souriant, peut-être un peu tendu. Suit Hill Farmer's Blues, un titre entièrement fait pour le live, sous domination Gibson, avec un solo final d’une beauté incroyable, qui s’étire encore et encore, et qui est mis en valeur par quelques notes de piano cristallines… Mark joue avec une fluidité impeccable, c’est très émouvant… Enfin comment résister à cette long intro tamisée, à deux, au piano et keyboards ? Elle se termine à peine que le public exulte, affichant déjà un grand sourire… L’arpège de guitare National Resofonica "dobro", les célèbres notes… « A lovestruck romeo sings a streetsus serenade, Laying everybody low with me a lovesong that he made… », c’est l’explosion de Romeo & Juliet, qui recrée sur la scène des images de Dire Straits en 1981 : une énorme ovation du public, à la fois étonné et excité. Bien sûr, il est impossible d’oublier ces "années de gloire". A la fin du morceau, sur le solo tout en doigté et en feeling, tout le monde est debout, sans s’arrêter d’applaudir et de crier. Encore un moment d’émotion avec ces notes de de piano qui ont débuté la chanson et qui la terminent de la même façon.
Mark décide soudainement de surfer sur cette onde d’enthousiasme, c’est l’intro de Sultans Of Swing… « You get a shiver in the dark, It’s been raining in the park but meantime, South of the river you stop and you hold everything, A band is blowing dixie double four time, You feel all right when you hear that music ring… », une mélodie ciselée, avec un jeu de guitare si particulier, simple, joué en quatuor, comme aux débuts : à ce moment le public est hors de lui, le POP explose comme une bombe atomique, le bruit s'éleve jusqu’à un grondement assourdissant, tout le monde est debout et chante ce morceau, attendu comme un éveniment. Le toucher de Mark Knopfler, son pouce qui remplace le mediator, sa technique exceptionnelle (une technique ancestrale venue du luth médiéval), cette facon de jouer de la guitare electrique avec ses doigts, les notes qui vibrent et le son unique de sa guitare rouge, c’est l’émerveillement total… comme la première fois en 1977, au milieu de la tourmente punk. Ce titre qui a forgé la légende, on l’écoute de nouveau, toujours avec le même plaisir. Le solo de cette chanson, veritable hymne à la guitare à lui seul, ouvre les portes du paradis... il éclate et explose comme un feu d’artifice dans le ciel de Bercy. Mark soulève sa Stratocaster sur la dernière note comme un drapeau. Il sait à ce moment, qu’il a gagné, qu’il a étonné tout le monde encore une fois. Il se fait plaisir. Longue ovation d’un minute… Quand on assiste à un concert de Mark Knopfler, taper des mains de toutes ses forces devient simplement tout naturel : c’est le cas ce soir. Un grand « Thank you very much », et l’occasion pour reprendre son soufle en présentant sa bande de copains musiciens, avec un mot gentil pour chacun.
Le spectacle continue, et sont nombreuses les variations et les improvisations à la guitare, au piano et au violon, souvent légèrement couvertes par les applaudissements. L’atmosphère du concert redevient plus calme, avec une chanson plus folk, raffinée, sur un arpège très réussi et avec cette voix à la Dylan : Marbletown, une perle de l’album « The Ragpicker's Dream », qui se termine en douceur sur un solo de violon, suivie de Daddy's gone to Knoxville, une balade country rétro, que j'aime un peu moins, avec ses airs exotiques dans un style hawaiien (c’est un moment de vacances, un peu jazzy, pour se faire plaisir, mais c’est loin du style que j’aime…). Le public est content et gesticule. Mark poursuit avec Postcards from Paraguay, extrait de « Shangri-la » : très poignant, le morceau évoque les souvenirs du El Condor Pasa de Simon & Garfunker, moment rare d’agréable mélancolie. A ce moment, le groupe enchaîne à toute allure avec un Speedway at Nazareth, qui mérite une mention à part pour être devenu un classique live, un morceau d’anthologie où la guitare règne, descend et monte avec une impression de force puissante, éclate dans une multitude des notes. Rien à dire : magnifique !
Et c’est alors que, Mark avec son dobro montre le bout de l’intro de Telegraph Road (« Love Over Gold », de 1982), mon morceau historique, culte, avec toujours le même style épique… « Telegraph sang a song about the world outside, Telegraph road got so deep and so wide, Like a rolling river »… la voix est chaude, rauque et veloutée comme je l’aime… mon plaisir est devant moi. Extase dans un vortex impressionnant. Un grand frisson est dans l’air, et secoue les milliers de spectateurs, éblouis par notre héros, savourant chaque note. Sûrement le morceau le plus entraînant de la soirée, capable de charmer le spectateur le plus réticent. Magistrale exécution, dans une version absolument intégrale de 14 minutes, un morceau de bravoure, une pierre capitale de l’histoire de la musique… qui marque la fin du set avant les rappels.
Le groupe s’éclipse, mais après une nouvelle et longue ovation, ils reviennent et, alors que les lumières de la scène sont encore éteintes, on entend les premières notes de Brothers in Arms (dont on fête justement cette année le 23ème anniversaire), qui glissent, lascives, sur nos têtes, et marquent nos esprits. La guitare qui sonne tout en douceur sur l’orgue Hammond (Guy est aux commandes), ça donne un côté poignant. Les projecteurs balaient sans cesse les spectateurs d’une lumière crue, comme pour les tirer de leur délire ou de leur rêve. Mark, immobile face au micro, enchaîne tout de suite après le solo final avec Our shangri-la, jouée lentement, avec un mélange subtil et harmonieux de parties de piano, comme pour hypnotiser totalement - et bercer aussi… - la salle de sa voix profonde et pleine. On est touché au plus profond de ses sentiments, on est sur un nuage, et on redescend sur terre seulement pour applaudir. La chanson s’achève comme une caresse, sur de longs applaudissements et des cris de bonheur. Un court moment de concertation des mucisiens, et voilà So Far Away, pendant lequel les projecteurs illuminent le public, qui maintenant est debout pour chanter le refrain et applaudir avec gratitude un Mark Knopfler qui lui a permis de retrouver cette émotion unique, qui fait venir les larmes aux yeux.
Puis, pour achever cette soirée sur une surprise, ce sont les notes instrumentales de sa légendaire "National style O", datant de 1937, c’est le superbe Going home, le thème de « Local Hero », entendu une multitude de fois : une facon fort agréable de terminer cette soirée et de se dire au revoir sur un son limpide de guitare. Mark hisse, encore une fois sa guitare comme un drapeau pour saluer le public et Paris. Les musiciens saluent aussi, et on arrête là. La standing ovation continue et le public des gradins tape du pied. Voilà, le concert est terminé, et je suis encore sous le charme de ce son de guitare unique, de ce talent inimitable, qui résonne dans mes oreilles.
Un concert globalement positif avec une musique de qualité et comme d’habitude un grand MARK, hélas toujours prisonnier de son passé. Les rythmes, pendant ce concert, ont oscillé entre country et folk, un peu trop calmes peut-être (il n’y a pas eu de rock énergique) : on a entendu des sonorités irlandaises, une bonne musique d'ambiance, et on a vu un public conquis par des morceaux différents de leurs versions originales, et riches en improvisations. De belles vagues de souvenirs donc, malgré l’absence de Money for nothing. La preuve que rien n’est jamais fini tant que les riffs de guitares (Tele, LP 58, National, Martin, Pensa-Suhr, …) sont encore vivants : ce soir, le POP était complet sur le seul nom de Mark, et a été dominé par les couleurs d’une Fender rouge magique. Pour le moment, le leader de Dire Straits, tout au plaisir de sa carrière solo, résiste aux pressions quant à une éventuelle reformation… mais pour combien de temps ? La demande et la quantité d’argent offerte augmentent chaque jour ! Je laisse le POP Bercy heureux : ce soir, Mark a ressuscité une nouvelle fois la légende... »
“And the birds up on the wires and the telegraph poles / They can always fly away from this rain and this cold / You can hear them singing out their telegraph code / All the way down the telegraph road…”
Mark Knopfler est un auteur, compositeur, guitariste et chanteur britannique, de Glasgow, aujourd’hui une référence mondiale en tant que guitariste et artiste à part entière. Fondateur en 1977, avec son frère David, du groupe mythique Dire Straits, qui fut à l’origine de tubes et albums désormais cultes comme Sultans Of Swing, Love Over Gold, Alchemy et, surtout, Brothers In Arms. En 1991, le groupe se dissout et l’artiste se lance dans une carrière solo. Ses mélodies sont particulièrement fines et adaptées à son style de guitare très aérien, un style blues-country-rock mêlant le phrasé de Bob Dylan à l’élégante décontraction de J.J. Cale. Influencé notamment par J.J. Cale et Chet Atkins, Hank Marvin des Shadows. Après huit albums solos, huit bandes originales de film et de nombreuses collaborations, le guitar-hero sort en septembre 2007 son dernier opus Kill to get Crimson.
Solo
Missing...Presumed Having a Good Time (The Notting Hillbillies)
Neck and Neck (en duo avec Chet Atkins - 1990)
Golden Heart (1996)
Sailing to Philadelphia (2000)
The Ragpicker's Dream (2002)
Shangri-La (septembre 2004)
One Take Radio Sessions (album live - juin 2005)
The Trawlerman's Song EP (UK - 2005)
Private Investigations - The Best of Mark Knopfler & Dire Straits (2005)
Kill To Get Crimson (septembre 2007)
Missing...Presumed Having a Good Time (The Notting Hillbillies)
Neck and Neck (en duo avec Chet Atkins - 1990)
Golden Heart (1996)
Sailing to Philadelphia (2000)
The Ragpicker's Dream (2002)
Shangri-La (septembre 2004)
One Take Radio Sessions (album live - juin 2005)
The Trawlerman's Song EP (UK - 2005)
Private Investigations - The Best of Mark Knopfler & Dire Straits (2005)
Kill To Get Crimson (septembre 2007)
With Emmylou Harris
All the Roadrunning - 2006
Real live Roadrunning - 2006
Real live Roadrunning - 2006
With Dire Straits
1978 : Dire Straits (Vertigo Records)
1979 : Communiqué (Vertigo Records)
1980 : Making Movies (Vertigo Records)
1982 : Love over Gold (Vertigo Records)
1983 : ExtendedancEPlay (EP) (Vertigo Records)
1985 : Brothers in Arms (Vertigo Records)
1991 : On Every Street (Vertigo Records)
Live
1984 : Alchemy (Vertigo Records)
1993 : On the Night (Vertigo Records)
1995 : Live at the BBC (Vertigo Records)
Compilations
1988 : Money for Nothing
1998 : Sultans of Swing: The Very Best of Dire Straits
2005 : Private Investigations - The Best of Mark Knopfler & Dire Straits
1979 : Communiqué (Vertigo Records)
1980 : Making Movies (Vertigo Records)
1982 : Love over Gold (Vertigo Records)
1983 : ExtendedancEPlay (EP) (Vertigo Records)
1985 : Brothers in Arms (Vertigo Records)
1991 : On Every Street (Vertigo Records)
Live
1984 : Alchemy (Vertigo Records)
1993 : On the Night (Vertigo Records)
1995 : Live at the BBC (Vertigo Records)
Compilations
1988 : Money for Nothing
1998 : Sultans of Swing: The Very Best of Dire Straits
2005 : Private Investigations - The Best of Mark Knopfler & Dire Straits
Mark Knopfler - Vocals & Guitar
with
Richard Bennett - Guitar
Danny Cummings - Drums
Guy Fletcher - Guitar & Keyboard (Ex- Dire Straits)
Matt Rollings - Keyboard
John McCusker - Sittern / Fiddle
Glenn Worf - Bass
with
Richard Bennett - Guitar
Danny Cummings - Drums
Guy Fletcher - Guitar & Keyboard (Ex- Dire Straits)
Matt Rollings - Keyboard
John McCusker - Sittern / Fiddle
Glenn Worf - Bass
La Setlist du Concert
MARK KNOPFLERCannibals (Golden Hearts - 2001)
Why aye man (The Ragpicker's Dream - 2002)
What it is (Sailing To Philadelphia - 2000)
Sailing to Philadelphia (Sailing To Philadelphia - 2000)
True love will never fade (Kill to Get Crimson - 2007)
The fish and the bird (Kill to Get Crimson - 2007)
Hill farmer's blues (The Ragpicker's Dream - 2002)
Romeo & Juliet (Dire Straits - Making Movies - 1981)
Sultans of swing (Dire Straits - 1978)
Marbletown (The Ragpicker's Dream - 2002)
Daddy's gone to knoxville (The Ragpicker's Dream - 2002)
Postcards from Paraguay (Shangri-la - 2004)
Speedway at Nazareth (Sailing To Philadelphia - 2000)
Telegraph road (Dire Straits - Love Over Gold - 1982)
Encores
Brothers in arms (Dire Straits - Brothers in Arms - 1985)
Our shangri-la (Shangri-la - 2004)
So far away (Golden Hearts - 2001)
Going home (Local Hero - 1990)
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