Première partie : THE CNK (The Cosa Nostra Klub)
« "Cette odeur, c'est celle qu'on sent en Italie quand il y a un mort et qu'on passe devant une église" me glisse Vincent à l'oreille, alors que se déversent sur nous les fumigènes de The CNK (the Cosa Nostra Klub). A force de rire des Gothiques, ce soir nous allons être confrontés à une émanation française du genre... En fait, non ! Plutôt un mélange baroque de genres, qui interpelle d'abord mais fatigue vite : intro sur "l'Hymne à la Joie", costumes militaires avec épaulettes, bottes et éperons, slogans mi-paramilitaires mi-anarchistes ("Vive la Mort !"), exhortations à scander leur nom en levant le poing, look "cocktail" (deux crêtes punks, des cheveux longs parfaits pour le headbanging...), chanteur au teint blafard de bon ton (j'ai bien aimé le gilet "Count Nosferatu Commando" d'un copain/roadie déguisé en terroriste quelconque - très quelconque), etc. On ne sait pas trop ce qu'ils veulent dire ("Vous voulez interdire MySpace, vous voulez fumer dans les restaurants ? Votez pour nous !" Ouais, mon gars, super programme anarcho-nihiliste !), et en plus ils le disent plutôt mal : le chanteur hurle comme chez Rammstein, la musique pleine de choeurs de l'armée yougoslave sort en fait d'un PC portable, on n'entend pas la guitare au point de se demander si l'iroquois joue vraiment ou s'il fait semblant, et les chansons peinent à générer la moindre excitation, sauf de la part du fan club - pardon, Klub - (qui s'est visiblement déplacé tout entier pour l'occasion). Bref, l'ennui, puis la consternation engluent peu à peu la salle, malgré les cris hargneux et les petits poings agités en l'air des 10 fans qui sont venus pour ça (la famille ? les voisins de palier aussi ?). Je ne résisterai pourtant pas au plaisir de citer les paroles de la dernière chanson : "Get a gun, Motherfucker, Get a gun, Kill yourself !". Tu l'as dit !
Revoir QueenAdreena après le show dévastateur d'Auvers-sur-Oise, l'année dernière, c'était pour moi - fan de la dernière heure, je l'avoue... - prendre le risque de me confronter à l'une de mes plus frappantes révélations récentes, le risque de la déception. D'autant que le choc de la découverte n'est plus là, ce soir au Trabendo, et qu'on a droit au même show 100% sexe et 100% "performance" (oui, QueenAdreena est un groupe qui se donne à 200%, surtout ce soir) : si la nuisette de Katie Jane Garside semble s'être encore réduite (dixit Gilles B, spécialiste en nuisettes et en Katie Janes), le reste reproduit le même spectacle généreux qu'à Auvers, avec la chaise, les bouteilles de vin (le blanc bu au goulot, puis servant de pénis de substitution à la belle), la furie continuelle pendant une heure. La différence ? Quelques morceaux nouveaux, a priori - toujours pas d'album à l'horizon, pourtant... -, mais surtout l'amour visible du public du Trabendo pour la "star" déjantée, et peut-être une plus grande cohésion, une plus belle puissance des musiciens (Gilles B. me jurera que "QueenAdreena est meilleur à chaque fois, incroyable !"). En tout cas, dès le deuxième morceau, "In Red", dantesque, la messe est dite : c'est la folie - au moins dans nos rangs -, c'est le bonheur, c'est l'orgasme même... Oui, vous savez, ce fameux truc qui arrive un concert sur dix au maximum, quand tout se conjugue - le son ultra-puissant de la guitare dans vos oreilles martyrisées, l'excitation générale autour de vous, la musique qui monte dans vos tripes comme une vague, le basculement dans la frénésie incontrôlée... "In Red", ooooh ouuuuuiiii !
S'il y a finalement un frein à ce que ce fort, cet immense plaisir se reproduise durant l'heure et quelque qui va suivre, c'est le spectacle offert par Katie Jane - son beau corps nu, son visage convulsé dans la rage et l'extase, ses cris de démence, toute cette sexualité à la fois sauvage et hébétée qu'elle offre à son public : tout cela est tellement fascinant qu'il nous arrive d'en oublier la musique. Personne ne peut quitter Katie Jane des yeux, tant sa "performance" est intense, à la fois superbe d'indécence et dérangeante de pudeur. Pourtant, en face de moi, Crispin est déchaîné, souriant, visiblement heureux de cette générosité mutuelle entre "sa" chanteuse et le public. Pourtant, de l'autre côté, la fascinante Nomi nous refait son ballet post-Balde Runner, troublante avec son apparence de poupée blême aux mouvements incohérents, mais joliment déterminée. Pourtant, dans le fond, Pete Howard est un batteur monstrueux, conjuguant une cogne sans pitié - ah ! ces intros ! - et une belle complexité sur certaines chansons. Avec tout ça, les photographes s'en donnent à coeur joie, mais je finis par décider de ranger mon appareil, pour mieux me concentrer sur la musique. A ce moment-là, un incident déplaisant se produira derrière moi, alors qu'une furie qui a décidé d'atteindre à tout prix le premier rang et essayé de se glisser violemment entre Gilles B et moi, est apparemment prise en flagrant délit par son voisin avec la main dans sa poche... Ce genre de problème, finalement assez rare, avec un autre spectateur (spectatrice ici) - d'abord avec moi, puis avec le voisin, avant qu'elle se résigne à se calmer - gâche toujours un peu l'ambiance... Heureusement, on en est arrivé à "Pretty Like Drugs", un peu différent de la version stupéfiante du disque, mais sismique quand même. On en est à la dernière ligne droite du concert de QueenAdreena, là où, paradoxalement, Crispin calme le jeu, et qu'on enchaîne des morceaux plus "émotionnels" : "Pretty Polly", puis surtout, en rappel, "Suck" et sa comptine incestueuse et perverse, et un magnifique "Razorblade Sky" pour terminer, dans un déluge de guitare et l'extase finale de Katie Jane... On se laisse dériver lentement dans un tourbillon de sensations brumeuses, tout en même temps chaotiques et apaisantes, on se dit qu'un concert de QueenAdreena reste l'une des expériences musicales, émotionnelles et sexuelles les plus intenses possibles de nos jours.
C'est fini. Pourtant, comment quitter déjà le Trabendo ? Non, on a tous envie, besoin, de baigner encore un peu dans ce plaisir d'un GRAND concert ? Alors on parle, on échange des commentaires, des opinions. Robert triomphe ("Alors, vous avez vu, hein ! Et elle a 40 ans !") et se prépare déjà à la prochaine fois, dans une dizaine de jours, à Chelles. Brigitte est encore toute émue de ce nouveau choc ("Cela fait des années que je suis amoureuse de cette fille !"). Vincent est excité comme toujours à la fin des meilleurs concerts ("Du sexe !"). Moi, avec Gilles B, je me demande comment il se fait qu'un groupe aussi exceptionnel continue à survivre ainsi, à galérer avec un public aussi réduit, sans maison de disque (a priori...), alors que tant d'autres... La nuit, enfin douce, ne répondra pas à cette question. »
Revoir QueenAdreena après le show dévastateur d'Auvers-sur-Oise, l'année dernière, c'était pour moi - fan de la dernière heure, je l'avoue... - prendre le risque de me confronter à l'une de mes plus frappantes révélations récentes, le risque de la déception. D'autant que le choc de la découverte n'est plus là, ce soir au Trabendo, et qu'on a droit au même show 100% sexe et 100% "performance" (oui, QueenAdreena est un groupe qui se donne à 200%, surtout ce soir) : si la nuisette de Katie Jane Garside semble s'être encore réduite (dixit Gilles B, spécialiste en nuisettes et en Katie Janes), le reste reproduit le même spectacle généreux qu'à Auvers, avec la chaise, les bouteilles de vin (le blanc bu au goulot, puis servant de pénis de substitution à la belle), la furie continuelle pendant une heure. La différence ? Quelques morceaux nouveaux, a priori - toujours pas d'album à l'horizon, pourtant... -, mais surtout l'amour visible du public du Trabendo pour la "star" déjantée, et peut-être une plus grande cohésion, une plus belle puissance des musiciens (Gilles B. me jurera que "QueenAdreena est meilleur à chaque fois, incroyable !"). En tout cas, dès le deuxième morceau, "In Red", dantesque, la messe est dite : c'est la folie - au moins dans nos rangs -, c'est le bonheur, c'est l'orgasme même... Oui, vous savez, ce fameux truc qui arrive un concert sur dix au maximum, quand tout se conjugue - le son ultra-puissant de la guitare dans vos oreilles martyrisées, l'excitation générale autour de vous, la musique qui monte dans vos tripes comme une vague, le basculement dans la frénésie incontrôlée... "In Red", ooooh ouuuuuiiii !
S'il y a finalement un frein à ce que ce fort, cet immense plaisir se reproduise durant l'heure et quelque qui va suivre, c'est le spectacle offert par Katie Jane - son beau corps nu, son visage convulsé dans la rage et l'extase, ses cris de démence, toute cette sexualité à la fois sauvage et hébétée qu'elle offre à son public : tout cela est tellement fascinant qu'il nous arrive d'en oublier la musique. Personne ne peut quitter Katie Jane des yeux, tant sa "performance" est intense, à la fois superbe d'indécence et dérangeante de pudeur. Pourtant, en face de moi, Crispin est déchaîné, souriant, visiblement heureux de cette générosité mutuelle entre "sa" chanteuse et le public. Pourtant, de l'autre côté, la fascinante Nomi nous refait son ballet post-Balde Runner, troublante avec son apparence de poupée blême aux mouvements incohérents, mais joliment déterminée. Pourtant, dans le fond, Pete Howard est un batteur monstrueux, conjuguant une cogne sans pitié - ah ! ces intros ! - et une belle complexité sur certaines chansons. Avec tout ça, les photographes s'en donnent à coeur joie, mais je finis par décider de ranger mon appareil, pour mieux me concentrer sur la musique. A ce moment-là, un incident déplaisant se produira derrière moi, alors qu'une furie qui a décidé d'atteindre à tout prix le premier rang et essayé de se glisser violemment entre Gilles B et moi, est apparemment prise en flagrant délit par son voisin avec la main dans sa poche... Ce genre de problème, finalement assez rare, avec un autre spectateur (spectatrice ici) - d'abord avec moi, puis avec le voisin, avant qu'elle se résigne à se calmer - gâche toujours un peu l'ambiance... Heureusement, on en est arrivé à "Pretty Like Drugs", un peu différent de la version stupéfiante du disque, mais sismique quand même. On en est à la dernière ligne droite du concert de QueenAdreena, là où, paradoxalement, Crispin calme le jeu, et qu'on enchaîne des morceaux plus "émotionnels" : "Pretty Polly", puis surtout, en rappel, "Suck" et sa comptine incestueuse et perverse, et un magnifique "Razorblade Sky" pour terminer, dans un déluge de guitare et l'extase finale de Katie Jane... On se laisse dériver lentement dans un tourbillon de sensations brumeuses, tout en même temps chaotiques et apaisantes, on se dit qu'un concert de QueenAdreena reste l'une des expériences musicales, émotionnelles et sexuelles les plus intenses possibles de nos jours.
C'est fini. Pourtant, comment quitter déjà le Trabendo ? Non, on a tous envie, besoin, de baigner encore un peu dans ce plaisir d'un GRAND concert ? Alors on parle, on échange des commentaires, des opinions. Robert triomphe ("Alors, vous avez vu, hein ! Et elle a 40 ans !") et se prépare déjà à la prochaine fois, dans une dizaine de jours, à Chelles. Brigitte est encore toute émue de ce nouveau choc ("Cela fait des années que je suis amoureuse de cette fille !"). Vincent est excité comme toujours à la fin des meilleurs concerts ("Du sexe !"). Moi, avec Gilles B, je me demande comment il se fait qu'un groupe aussi exceptionnel continue à survivre ainsi, à galérer avec un public aussi réduit, sans maison de disque (a priori...), alors que tant d'autres... La nuit, enfin douce, ne répondra pas à cette question. »
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