Première Partie: Cool Kelps
«"Il ne me manque que la parole / mais mon pedigree l'a rendu folle / beauté canine, tu m'interpelles / beauté canine, tu m'ensorcelles". Ce soir, le plus difficile, parmi la petite cinquantaine de personnes qui sont arrivés à temps pour voir les Cool Kleps euh... chanter, c'est de ne pas éclater de rire. Déjà, quand le concert a commencé, Gilles B et moi nous sommes regardés, incrédules, et avons pris une crise de fou rire. Et quand le couple fou (lui à la guitare à un doigt et au chant faux, elle à la grosse caisse et à l'orgue farfisa - notre seul bonheur) a enchaîné avec une reprise des Stooges rebaptisée "I wanna be your clebs", on a instinctivement cherché la caméra cachée : il devait s'agir d'un gag. Après coup, je me suis senti même (un peu) mal : je me suis rendu compte que si personne ne m'avait dit à 18 ans que je jouais mal de la guitare et que je chantais comme un pied, j'aurais pu me retrouver comme ça à 50 ans à casser les couilles de spectateurs qui ne le méritent pas, et à massacrer "Gloria" un soir de mai, à la Locomotive. Gêne, pitié, tristesse... Quelle palette de sensations rock'n'roll ce soir ! 40 minutes surréalistes !
Ensuite, un pur shot de rock dur avec The New Christs, second groupe de Rob Younger, le chanteur de Radio Birdman : 55 minutes de plaisir, un groupe carré, incisif, qui sait jouer fort et puissant, avec un guitariste assez remarquable, et la belle voix de Younger par là-dessus. Ne manquent que quelques compositions un peu plus saillantes qui pourraient permettre à The New Christs de faire la différence... En tous cas, voilà un type de musique qui paraît ce soir éternel, dans son évidence et l'excitation physique qu'elle provoque. Et on finit par une reprise saignante des Who, "The Seeker", que je mets du temps à reconnaître - d'ailleurs je crois que je n'avais pas entendu ce morceau depuis 1971, donc j'ai des excuses, non ?
Ce qui est sympa avec les groupes "garage" (racourci facile, mais que nous emprunterons néanmoins), c'est que le bon esprit règne partout, dans la salle, sur la scène, avant, pendant et après le set. Milhizer, Streng - tous deux inchangés ou presque depuis les concerts "mythiques' (si si !) du Palace de 82 et 83 - viennent régulièrement se mêler aux spectateurs pour regarder les groupes qui les précèdent, Zaremba discute avec les fans - tous d'un certain âge, il faut bien le reconnaître -, se ballade pendant les derniers réglages (l'orgue semble donner quelques inquiétudes...). La Locomotive ne semble pas très remplie, mais il va s'avérer très vite que la configuration public-salle sera tout-à-fait optimale ce soir : suffisamment de gens pour l'ambiance, pas trop pour empêcher nos amis les Fleshtones de faire leur show "total" qui, comme on le sait (?), se déroule en grande partie dans la salle... Depuis leur entrée en scène en traversant le public jusqu'à leur final, une heure quinze plus tard, en retraversant la salle (après avoir joué un morceau en "acoustique" dans l'entrée - pas de sortie dans la rue ce soir !), les Fleshtones passeront une bonne partie de leur temps à monter et descendre de scène, à aller se coltiner physiquement avec leurs fans (certains d'ailleurs assz gratinés, mais je suppose qu'il est normal qu'un groupe aussi "festif" draine son lot d'excités et d'allumés en tous genres) : non seulement le guitariste Keith Streng fera d'incessant allers et retours sans cesser de jouer (miracle des petits transmetteurs qui confèrent aux musiciens une liberté totale), mais surtout Zaremba organisera les happenings les plus délirants avec ses fans, qu'il traite d'ailleurs avec la joyeuse brutalité qui prévaut en général en francs camarades. C'est ainsi qu'on verra, outre le traditionnel envahissement de la scène par quelques spectateurs, les musiciens mettre en scène leur propre remplacement au pied levé par des gens désignés dans la salle (ce qui leur permet à eux aussi de voir "The Fleshtones" depuis la fosse !), et surtout un hilarant concours de pompes entre Zaremba et un spectateur. Bref, on l'aura compris, les Fleshtones ne sont pas devenus tristes et sérieux avec l'âge, et ils paraissent même physiquement en pleine forme, avec leurs rituels incessants, hilarants et photogéniques : chorégraphies simultanées, poses rock'n'rolliennes, escalades de la batterie, défilés "bon enfants" en chantant La La La, rien n'a changé depuis 25 ans, mais tout reste pourtant spontané, frais, réjouissant. Les Fleshtones ont à la fois le Rock'n'Roll et le spectacle dans le sang, au point que l'on s'étonne même encore de cette énergie, de cette joie de vivre, de cette gentillesse finalement.
Et la musique ? Bon, admettons-le, la musique n'a jamais été le point le plus marquant des Fleshtones, immense groupe de scène (l'un des meilleurs ayant jamais existé ? On le disait dans les années 80...) mais véritable nain discographique : du rock'n'roll garage, dansant, énergique, agressif parfois (mais trop), gai toujours. Avec des riffs éternels, évidents, des mélodies simples à chanter en choeur même quand c'est la première fois qu'on les entend. Pour moi, le moment magique a été "Way Down South", chanté de sa voix hilarante de crécelle par Keith Streng, le plus sympathique de la bande, d'abord parce qu'il s'agissait de l'un des 5 ou 6 morceaux que je connaissais / que j'ai reconnu, mais surtout parce que c'est la chanson qui a mis le feu au show ce soir, au bout d'une vingtaine de minutes : avant, on était à un concert de rock, après on était à un concert DES FLESHTONES !!!! Après, le délire ne s'est plus arrêté, et la musique n'avait plus autant d'importance.
Lorsqu'à minuit et quart, il a été temps d'arrêter les frais, nous nous sentions tous avec une bonne vingtaine d'années de moins, ce qui n'est pas rien, non ? Gilles B et moi sommes aller échanger quelques mots avec Zaremba qui signait des autographes au stand de merchandising, pour lui rappeler le souvenir des débuts parisiens au Palace (le bougre se rappelait encore de la première partie des Dogs !), avant de sortir respirer l'air doux de la nuit de Pigalle. Sha La La La ! Sha La La la ! (qu'y a-t-il d'autre à ajouter après ça ?). »
Ce qu’en a pensé Eric :
«"Il ne me manque que la parole / mais mon pedigree l'a rendu folle / beauté canine, tu m'interpelles / beauté canine, tu m'ensorcelles". Ce soir, le plus difficile, parmi la petite cinquantaine de personnes qui sont arrivés à temps pour voir les Cool Kleps euh... chanter, c'est de ne pas éclater de rire. Déjà, quand le concert a commencé, Gilles B et moi nous sommes regardés, incrédules, et avons pris une crise de fou rire. Et quand le couple fou (lui à la guitare à un doigt et au chant faux, elle à la grosse caisse et à l'orgue farfisa - notre seul bonheur) a enchaîné avec une reprise des Stooges rebaptisée "I wanna be your clebs", on a instinctivement cherché la caméra cachée : il devait s'agir d'un gag. Après coup, je me suis senti même (un peu) mal : je me suis rendu compte que si personne ne m'avait dit à 18 ans que je jouais mal de la guitare et que je chantais comme un pied, j'aurais pu me retrouver comme ça à 50 ans à casser les couilles de spectateurs qui ne le méritent pas, et à massacrer "Gloria" un soir de mai, à la Locomotive. Gêne, pitié, tristesse... Quelle palette de sensations rock'n'roll ce soir ! 40 minutes surréalistes !
Ensuite, un pur shot de rock dur avec The New Christs, second groupe de Rob Younger, le chanteur de Radio Birdman : 55 minutes de plaisir, un groupe carré, incisif, qui sait jouer fort et puissant, avec un guitariste assez remarquable, et la belle voix de Younger par là-dessus. Ne manquent que quelques compositions un peu plus saillantes qui pourraient permettre à The New Christs de faire la différence... En tous cas, voilà un type de musique qui paraît ce soir éternel, dans son évidence et l'excitation physique qu'elle provoque. Et on finit par une reprise saignante des Who, "The Seeker", que je mets du temps à reconnaître - d'ailleurs je crois que je n'avais pas entendu ce morceau depuis 1971, donc j'ai des excuses, non ?
Ce qui est sympa avec les groupes "garage" (racourci facile, mais que nous emprunterons néanmoins), c'est que le bon esprit règne partout, dans la salle, sur la scène, avant, pendant et après le set. Milhizer, Streng - tous deux inchangés ou presque depuis les concerts "mythiques' (si si !) du Palace de 82 et 83 - viennent régulièrement se mêler aux spectateurs pour regarder les groupes qui les précèdent, Zaremba discute avec les fans - tous d'un certain âge, il faut bien le reconnaître -, se ballade pendant les derniers réglages (l'orgue semble donner quelques inquiétudes...). La Locomotive ne semble pas très remplie, mais il va s'avérer très vite que la configuration public-salle sera tout-à-fait optimale ce soir : suffisamment de gens pour l'ambiance, pas trop pour empêcher nos amis les Fleshtones de faire leur show "total" qui, comme on le sait (?), se déroule en grande partie dans la salle... Depuis leur entrée en scène en traversant le public jusqu'à leur final, une heure quinze plus tard, en retraversant la salle (après avoir joué un morceau en "acoustique" dans l'entrée - pas de sortie dans la rue ce soir !), les Fleshtones passeront une bonne partie de leur temps à monter et descendre de scène, à aller se coltiner physiquement avec leurs fans (certains d'ailleurs assz gratinés, mais je suppose qu'il est normal qu'un groupe aussi "festif" draine son lot d'excités et d'allumés en tous genres) : non seulement le guitariste Keith Streng fera d'incessant allers et retours sans cesser de jouer (miracle des petits transmetteurs qui confèrent aux musiciens une liberté totale), mais surtout Zaremba organisera les happenings les plus délirants avec ses fans, qu'il traite d'ailleurs avec la joyeuse brutalité qui prévaut en général en francs camarades. C'est ainsi qu'on verra, outre le traditionnel envahissement de la scène par quelques spectateurs, les musiciens mettre en scène leur propre remplacement au pied levé par des gens désignés dans la salle (ce qui leur permet à eux aussi de voir "The Fleshtones" depuis la fosse !), et surtout un hilarant concours de pompes entre Zaremba et un spectateur. Bref, on l'aura compris, les Fleshtones ne sont pas devenus tristes et sérieux avec l'âge, et ils paraissent même physiquement en pleine forme, avec leurs rituels incessants, hilarants et photogéniques : chorégraphies simultanées, poses rock'n'rolliennes, escalades de la batterie, défilés "bon enfants" en chantant La La La, rien n'a changé depuis 25 ans, mais tout reste pourtant spontané, frais, réjouissant. Les Fleshtones ont à la fois le Rock'n'Roll et le spectacle dans le sang, au point que l'on s'étonne même encore de cette énergie, de cette joie de vivre, de cette gentillesse finalement.
Et la musique ? Bon, admettons-le, la musique n'a jamais été le point le plus marquant des Fleshtones, immense groupe de scène (l'un des meilleurs ayant jamais existé ? On le disait dans les années 80...) mais véritable nain discographique : du rock'n'roll garage, dansant, énergique, agressif parfois (mais trop), gai toujours. Avec des riffs éternels, évidents, des mélodies simples à chanter en choeur même quand c'est la première fois qu'on les entend. Pour moi, le moment magique a été "Way Down South", chanté de sa voix hilarante de crécelle par Keith Streng, le plus sympathique de la bande, d'abord parce qu'il s'agissait de l'un des 5 ou 6 morceaux que je connaissais / que j'ai reconnu, mais surtout parce que c'est la chanson qui a mis le feu au show ce soir, au bout d'une vingtaine de minutes : avant, on était à un concert de rock, après on était à un concert DES FLESHTONES !!!! Après, le délire ne s'est plus arrêté, et la musique n'avait plus autant d'importance.
Lorsqu'à minuit et quart, il a été temps d'arrêter les frais, nous nous sentions tous avec une bonne vingtaine d'années de moins, ce qui n'est pas rien, non ? Gilles B et moi sommes aller échanger quelques mots avec Zaremba qui signait des autographes au stand de merchandising, pour lui rappeler le souvenir des débuts parisiens au Palace (le bougre se rappelait encore de la première partie des Dogs !), avant de sortir respirer l'air doux de la nuit de Pigalle. Sha La La La ! Sha La La la ! (qu'y a-t-il d'autre à ajouter après ça ?). »
2 commentaires:
cool kleps
pas de bol quand meme etre oblige de se taper ça
et she comes in colors (arthur lee) par les new christs !!!
superbe aussi non ?
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