Consternation et stress en arrivant au Nouveau Casino - jolie petite salle de la rue Oberkampf que je découvre ce soir : Operator Please, notre groupe chouchou du moment, joue en première partie, devant les beaucoup moins excitants Mystery Jets, que nous avons déjà pu voir avant Kate Nash il y a quelques mois (ce qui nous avait donné l'occasion de ne pas être très enthousiasmés, disons-le, à l'époque...) ! Consternation parce que cela signifie un set raccourci, stress parce que Sophie n'est pas encore arrivée, et qu'un roadie m'informe que le concert va commencer "any minute now". La salle n'est, en plus, pas très pleine, ce qui est classique, et je me dis que pas mal de gens vont largement louper leur groupe chouchou si j'en juge par les spectateurs (-trices, en fait) autour de Gilles B et moi, visiblement tous (-tes, pardon) venues pour Operator Please... Ce sera d'ailleurs le cas pour Cecile et Alice, qui entreront dans la salle alors que le second morceau est déjà entamé... un peu rageant lorsque le groupe ne jouera en tout et pour tout qu'une quarantaine de minutes, sans rappel.
Bon, finalement, le timing est parfait, lorsque les Australiens (-liennes, plutôt !) de Operator Please montent sur scène en venant du bar en mezzanine au fond de la salle, Sophie déboule... le concert peut commencer. "Get What You Want"... premières constations : le son est bon, relativement fort mais pas trop, la batterie, assez impressionnante, a même tendance au début à nous percuter la tête, alors qu'elle est placée denous loin sur la droite ; les lumières, par contre, seront pour le moins dispendieuses, ce qui fait que les photos seront limitées ce soir, le groupe jouant seulement maigrement éclairé par l'arrière. On est aussi évidemment frappés par la jeunesse des musiciens (-ciennes ! siiii...) : même si l'on sait que le groupe a été formé voici un peu plus de deux ans par des lycéens (-ennes, oh oh !), ça me fait quelque chose de voir sur scène des gens qui sont plus jeunes que mes enfants... Mais à la différence de Vampire Weekend voici quelques jours, on n'a pas l'impression d'un quelconque manque de substance dans cette musique, pop effrénée et volontariste débitée à cent à l'heure avec assurance et volubilité, même. A noter que, ce soir, l'organiste n'est pas l'organiste... je m'explique, Sarah Gardiner, à qui ses parents ont sans doute refusé l'autorisation de sortie du territoire, par peur des dépravations inouïes, j'imagine, de la vie sur la route, est remplacée par un organiste mâle, guère plus vieux a priori pourtant. Amandah Wilkinson, le (la, ah ah !) leader de la petite bande, est plus grosse, bien plus grosse que sur les photos, sans doute un effet des hamburgers et sandwiches dévorés à la hâte avant et après les concerts, mais chante aussi bien qu'espéré (une suggestion, pour le fun, quelques tonnes de hamburgers en plus, Amandah, et tu pourras avantageusement remplacer Beth Ditto à la couverture des magazines !), son visage a d'ailleurs quelque chose d'asiatique, ou de polynésien, ce qui n'étonnera pas, vue ses origines... mais tous les regards sont plutôt fixés sur le joli minois blond de Taylor Henderson, la violoniste, dont le rôle et la sonorité du violon sont fondamentaux à la spécificité de Operator Please : Gilles B se fera d'ailleurs dédicacer sa set list ("Good To See You Again", a écrit la mignonette) et prendre en photo avec elle.
Parlons-en du son d'Operator Please... la bonne nouvelle pour moi ce soir, c'est qu'on est assez loin du son à la limite "hard" de l'album, clairement boosté par la production qui a cherché à gonfler les muscles du groupe, et qui serait ma seule réserve sur la qualité de "Yes Yes Vindictive"... Avec la seule guitare d'Amandah, et le violon beaucoup plus virevoltant et plus reconnaissable que sur le disque, Operator Please sonne en scène exactement comme un bon groupe pop doit : léger et rapide, pour que les mélodies parlent d'elles-mêmes. Car les mélodies sont excellentes, de "Terminal Disease" (je ne sais pourquoi, mais celle-là, pas forcément brillante pourtant, est le sparadrap dont je n'arrive pas à me débarasser depuis des semaines, tournant dans ma tête du soir au matin) aux brillants "Leave It Alone" et "Zero Zero". A la différence de Gilles B, je ne suis pas fan du sprint effréné de "Ping Pong", une chanson qui me paraît plus privilégier le fun de la vitesse folle à la vraie excitation punk, et qui s'est vite usée... et dont Operator Please donnera une version un peu moyenne d'ailleurs ce soir. Non, j'aurai nettement préféré ce soir la reprise excitante du "Whip It" de Devo (Devo, quel groupe !). Bref, les trois quarts d'heure alloués passent comme une légère brise sur nous, et malgré les appels de la foule, Operator Please ne reviendra pas pour un rappel, sans doute pas autorisé par l'organisation de la soirée. Pour se faire pardonner, les musiciens (-ciennes, n'oubliez pas !) vont alors passer un bon quart d'heure dans la salle, à se mêler aux fans (fans, aussi...) pour dédicaces, photos, etc.
L'ambiance est vraiment très sympathique ce soir, je dois dire que ce genre de concerts - l'endroit, le public, le groupe, la simplicité de tout ça - vous réconcilie (.. comme si on étaient fâchés !) avec tout le cirque du rock'n'roll, ici vécu au quotidien, allant de soi. Il est 21 h 00, je n'ai pas du tout envie de rester et voir mon plaisir redescendre avec The Mystery Jets, alors Sophie et moi décidons d'aller plutôt profiter de la bonne ambiance de la Rue Oberkampf (un joli et bon restau, next door, communiquant même... "le Charbon"), et de laisser Gilles B en bonne compagnie avec nos Rueilloises de voisines, Cécile et Alice. Dehors, même si le temps est couvert, il fait doux, l'été approche, c'est peut-être l'effet "australien" ?
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