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samedi 7 juin 2008

Queens Of The Stone Age – Le Zénith. Strasbourg.









Première Partie: WAREHOUSE

Ce qu’en a pensé Eric :

« Les concerts en province, c'est quand même bien : moins de queue, moins de bousculade, des discussions sympas avec des "p'tits jeunes" sur Neil Young ou Pete Doherty... Et puis cette nouvelle salle qu'est le Zénith de Strasbourg, assez semblable d'ailleurs à notre Zénith parisien dans cette configuration "réduite" (un tiers des gradins seulement), qui a tout bon : bonne hauteur de scène, excellente sono, bien forte et claire, température correcte. Que demander de plus ?

Un bon groupe en première partie ? Ok, votre voeu est exaucé : Warehouse jouent du rock dur et froid - reprises de Wire et de Suicide surtout, dans un final puissant, quelques phrases de PJ Harvey - avec un peu d'humour sarcastique en prime, ce qui ne gâte rien (le chanteur se moque des spectateurs, ce qui en soit est toujours culotté). Les morceaux sont accrocheurs et bien servis par le son sec et tranchant, la voix détachée et intéressante, bref on sent un vrai potentiel chez Warehouse... qui ne se réalise pas tout-à-fait pour le moment, pourtant. 35 minutes bien plaisantes, quand même.

On est un peu surpris, Gilles et moi, de l'affluence assez moyenne ce soir (bon, ça nous a permis d'être au premier rang, en arrivant vers 17 h 30, ce qui aurait été impossible un samedi à Paris...), peut-être la faute au foot, avec le début de la coupe d’Europe ce soir ? Moins d'Allemands que prévu dans le public en tout cas, mais quelques trublions bien allumés qui font tout de suite le vide autour d'eux et attirent l'attention des videurs un peu inquiets.

Il n’est que 20 h 40 quand Josh Homme et sa bande montent sur scène, dans la demi obscurité habituelle et sous les accents funky de Dance to the Music. Ce seront évidemment les seuls instants funk, ou disons dansants de la soirée : un peu plus d’un an après le concert de lancement de leur dernier album, « Era Vulgaris », à l’Elysée Montmartre, la musique de QOTSA a incroyablement changé : est-ce l’effet des tournées incessantes qui ont motivé les musiciens à chercher de la nouveauté, de l’excitation en revisitant les morceaux ? Est-ce une évolution de Homme, l’homme (ah ha) qui ne tient pas en place et va continuellement explorer de nouveaux territoires pour son rock – à mon avis loin aujourd’hui des accents « stoner », lourds, psychédéliques et sexués des débuts (je sais que Gilles, grand fan devant l’éternel du groupe, y voit plus de similitudes, mais bon, c’est mon opinion) ? Est-ce au contraire l’effet d’appropriation de la musique de Homme par sa « nouvelle » formation ? En tous cas les 9/10e des morceaux sont absolument méconnaissables ce soir, et l’on doit se raccrocher à un riff, un break ou une phrase des paroles pour identifier la chanson « originelle »… La musique de QOTSA semble s’être encore plus radicalisée, s’être réduite à une sorte de squelette d’acier secoué de convulsions aux rythmes de plus en plus complexes, quelques fois voire même inintelligibles au commun des mortels (un spectateur, hébété, avec qui je discutais à la fin du concert, me demandait si j’étais musicien, comme je lui semblais avoir apprécié le concert – pour lui, cette musique ne pouvait visiblement provoquer de l’intérêt que chez quelqu’un qui en aurait compris la construction mystérieuse…). On pourrait parler d’évolution vers la « musique industrielle », s’il ne restait pas, heureusement, une forme de spectaculaire, mais aussi d’esprit « terrien » (down to earth) chez Homme, qui est quelqu’un dont le look « bûcheron du désert » (je viens d’inventer ça, mais je sais qu’il n’y a pas d’arbres dans le désert de Californie, si si !) dément l’intellectualisme évident de la musique. Bref, en un mot, pas sûr que le mot « plaisir » soit à l’ordre du jour ce soir, on parlera plutôt – pour ma part – de fascination, d’envoûtement : le son est incroyablement fort, au point que nos oreilles semblent entrer en résonance avec notre cerveau, jusqu’au seuil de la douleur, mais cette épreuve physique qu’il faut traverser, quand chaque couche de son semble une agression plus extrême encore contre la raison, est indissociable de l’intérêt que génère la musique de QOTSA.

Il y a chez Homme et sa bande une capacité hallucinante à plonger le public dans une transe hébétée à coup de rythmiques brutales et de déchirures sonores incompréhensibles (la cerise sur le gâteau ce soir, était pour moi le travail des claviers, bien audible pour une fois, qui créaient un hurlement psychédélique continu en fond sonore, sur lequel les guitares pouvaient se livrer à leur travail de déchiquetage), puis à monter d’un cran (Turning On the Screw, quel titre bien approprié) à l’occasion d’un break surprise ou d’un solo infernal. Le public – parlons-en – que nous craignions calme, est particulièrement déchaîné au centre de la fosse (assez loin de nous, ce qui nous préservera du chaos), et les videurs se verront forcés à un ballet incessant d’évacuations, entre les slammers déchaînés et les filles évanouies, le tout sous l’œil vigilant d’un Josh Homme qui surveille d’un oeil paternel « son » public (« Pas comme le public des festivals, qui ne vient pas QUE pour nous… », nous confiera-t-il) et veille à ce que le service d’ordre ne se comporte pas de manière trop musclée (il s’interrompra même au milieu d’une chanson pour appeler deux videurs au bord de la scène et leur intimer de faire preuve d’un peu de retenue !). Au milieu de ce maelstrom infernal de sons et de sensations physiques, le meilleur de la soirée sera pour moi l’enchaînement superbe de Little Sister (il y a eu ce moment grandiose où un solo virulent de Homme est venu vriller de l’intérieur la pulpe brûlante de la musique, j’ai eu comme l’impression de visualiser la violence terrible qui dégoulinait de la sono), Battery Acid (celle-là, dans son radicalisme total, c’est la chanson qui illustre le mieux où en est aujourd’hui Homme, dans la réduction – au sens culinaire – de sa sauce à une sorte de venin, non, d’acide, c’est bien le terme, qui corrode le cerveau et produit des tremblements incontrôlables dans le corps de ses victimes), et Make It Wit’Chu (seul moment d’accalmie du concert, où Homme nous autorise une mélodie, un peu de légèreté : il commencera par nous inviter à nous lier avec nos voisins spectateurs, nous encourager à la séduction et à la fornication – oooh ! -, avant de nous dire que si notre voisine était sexy, il fallait la lui amener dans son lit à la fin du concert…).

Après ça, replongée dans l’enfer, jusqu’à une version méconnaissable de Go with The Flow, la pédale d’accélérateur ayant traversé le plancher, le son ayant réussi à monter encore en puissance au point qu’il devient désormais impossible de percevoir la différence entre la voix et les solos de guitare, tous engloutis dans une saturation brûlante. Et c’est fini ! Rappel court et frustrant, qui se termine sur un Noone Knows lui aussi déstructuré et privé de sa mélodie – mais pas de son dévastateur solo final. C’est tout ! Pas de Feel Good Hit of the Summer, pas de Song for the Dead ! A ce stade-là, on ne peut malheureusement que parler de frustration, tant on aurait mérité, je pense, le réconfort de ces « tubes » après la brutalité du traitement qui nous a été infligé ce soir… 1 h 25 en tout et pour tout, ce qui n’est pas mal, mais laisse quand même une impression d’inachevé.

On sort du Zénith en discutant avec différentes personnes, je dois admettre que le public est bien plus ouvert et sympathique qu’à Paris, c’est vraiment un plaisir d’être là ce soir, avec tous ces fans heureux d’avoir été ainsi bénis par ce déferlement de violence froide, et qui partagent leur extase, leur fatigue et leur… surdité. Car cela va être difficile pendant quelques heures, avec le bourdonnement incessant que nous avons dans la tête ! Dans la nuit qui vient de tomber, la structure de plastique orange du Zénith luit, superbe. Une bien belle soirée que nous irons terminer à coup de tartes flambées, de Pinot Noir et de Bière Blanche au Marronnier, à Stutzheim, avant de rentrer vers Erstein et un repos bien bien mérité. »





photos de eric



3 commentaires:

Anonyme a dit…

merci pour la review !

C'est marrant de voir la bannière rose "Bulbette" que j'ai faite apparaitre sur votre site ^^.

Anonyme a dit…

Ah, voilà une review, j'avais pas taper dans la bonne case.
C'est vrai qu'avant "Make It Wit Chu", c'était assez marrant, mais de là où j'étais, les mots de Josh avaient une tout autre signification.
Ma voisine, une fan convaincue à ce qu'il semblait et plutôt jolie de surcroit, avait choisit ce moment pour sortir de la fosse. Josh avait apparemment assisté à la scène, je voyait son regard rivé sur la nana et du coup son intervention ressemblait plus à un truc du genre: "Is she ok ? Then take her to my bed tonight", plus style "elle va bien ?" que "si elle est jolie", à moins que ce soit moi qui ai loupé le "if" de "if she's ok".
Mais peut importe, l'idée générale est la même, au pire on pourra vérifier sur le soundboard (incomplet malheureusement) qui circule déjà sur dimeadozen.

Anonyme a dit…

merci de m'avoir fait revivre ainsi ce moment tellement inoubliable, en sachant que c'est le tout premier auquel j'assiste mais certainement pas le dernier, c'est certain!!
n'ayant pas tout compris à ce que Josh nous disait ce soir là, j'suis ravie de le comprendre m^me maintenant (la fille super lente!)
Mais n'est ce pas une parano que tu t'es faite Loner? Tu sais que dans des moments pareils, tu crois toujours que la personne que tu aimes le plus sur scène, à les oeils braqués sur toi?...enfin là c'est à coté mais bon... Au début je me suis mise dans les gradins (une idée de mes potes) mais très vite ils m'ont suivies! Je suis partie sur le devant de la scène dès la seconde chanson car je ne tenais vraiment plus en place sur mon siège! J'étais electrique, complètement absorbé par ce que je voyais et par ce que j'entendais, j'étais entrain de partir...
Mais quand je me suis retrouvée très proche de la scène et proche des enceintes, je me suis faites propulser en quelques secondes, sur la planète rock des QOTSA. Ce qu'il s'est passé, tu le décrit très bien dans ta rewiew! je viens de me refaire une petite session retour en arrière et c'est rien que du bonheur!!!
Encore merci et si l'on peut entrer en contact,je répons présente.
carole