Ce qu’en a pensé Julie D. :
« Ce concert de Sizzla, cela fait des semaines que j'en rêvais - littéralement... et à chaque fois mon rêve était différent. Ce soir, nous allons enfin nous confronter à la réalité, avec la crainte d'être déçues. Avec Mathilde, nous sommes arrivée au palais des Congrès de Montreuil, vers 18 h 30, après un rapide passage au McDo, et il n'y avait encore pas grand monde qui attendait. Quand les portes se sont ouvertes, aucune difficulté à se retrouver au premier rang, bien accoudées sur la scène, car la majorité des gens qui sont là ne se précipitent pas pour être devant, tant que le concert n'a pas commencé.
La salle n'est visiblement qu'un immense gymnase ou une salle des fêtes au milieu de laquelle on a installé une scène. Les pauvres gens qui seront tout au fond risquent bien de ne pas entendre grand chose, la sono paraissant bien petite pour sonoriser un tel volume (il aurais fallut une enceint pour sound system, ont dit « les pro »). Mais nous, où nous sommes placées, pas de problème, nous aurons les amplis et les retours qui nous assurerons un son correct.
20 h 30 : le premier groupe monte sur scène, c'est Live Wyya qui nous fait un show bien agréable, il vient d'ailleurs directement de
Parlons-en du groupe suivant, K-Queens : deux nanas, insupportables à mon goût, un reggae commercial, plutôt Dancehall, avec des voix insuportablement criardes, pas arrangées par le reglage du micro, bref gonflantes. Pourtant, rien n'est perdu car les K-Queens dansent très bien, et pour peu qu'on n'accorde pas trop d'importance à la musique (même les musiciens semblent s'ennuyer a mourir par la pauvreté des parties instrumentales), ce sera un bon spectacle. Sept personnes du public monteront sur scene (dont deux avec mon aide...), et les vigiles auront d’ailleurs bien du mal à faire descendre l'un deux, qui a sans doute rêvé un instant d'être Sizzla !!
Enfin, à 22 h 00, arrive le vétéran, celui que tout le monde respecte, Gregory Isaacs. Tout le monde est maintenant massé devant la scène, on ne les a pas vus arriver, mais ils sont maintenant bien deux mille à être là, la salle est bondée. Il ne doit pas y avoir plus de 10% de blancs dans le public, mais on ne se sent pas du tout mal à l'aise, l'ambiance est comme prévue PEACE AND LOVE, tout le monde est simplement là pour danser et profiter du son. Le public est d'ailleurs tout-à-fait hétéroclyte, avec des gens de tous âges et de tous styles. Isaacs nous jouera 1h15 de son reggae calme et euphorisant, maintenant tout le monde dans une ambiance posée et très enfumée ! Et moi, comme une enfant, je ne lâcherai pas Gregory Isaacs des yeux, qui nous livre un show classe, petit pas de danse en pantalon pincé chemise rose et chapeau. Et pour couronner le tout, son poing contre mon poing, son regard charismatique ! C'est dit, je ne me lave plus les mains !!
Tout change quand Sizzla entre en scène, là, c'est l'hystérie, la bousculade générale, c'est très dur de résister à la pression, et me voilà finalement éjectée du premier rang ! Heureusement, j'arrive à me maintenir juste derrière quelqu'un et même à rester au contact avec la scène... Ça aurait pu être pire. Le show de Sizzla est beaucoup plus intense que celui de Gregory Isaacs, tout le monde danse, saute, et surtout chante... Tous les meilleurs morceaux des quelques 15 albums de Sizzla, Praise ye Jah, Be Strong, Woman I need You, Thank you Mama, Gimmi a try,... et j'en passe, le rêve, toutes mes préférées ! C'est par moments la véritable folie, surtout lors d'un morceau plus violent, I'm With the Girls, où, déchainé, Sizzla attrape l’une des enceintes de retour, la place à la verticale et saute dessus! Sans l'aide d'un technicien venu à la rescousse pour tenir l'enceinte, il aurait fini dans le public en furie qu'il surplombait. J'aurais encore une fois droit cette fois à une poignée de main de l'artiste. Bon là c'est sur, je ne me lave plus les mains !!
Au final, après 1h30 de concert, la direction nous fait comprendre que c'est fini, les néons du plafond sont rallumés, mais Sizzla n'a pas envie de s'en aller, et nous non plus. Il revient encore une fois, et nous offre une dernière jam, accompagné cette fois de Mr Isaacs.
Voilà, il est 00 h 40, ça fait 4 heures que nous sommes debout, et dès que je m'arrête de danser, je ne sens plus que mon dos en marmelade. Et il faut encore rentrer, demain ça va être dur. Mais ce concert génial va être désormais celui qui me servira de référence pour tous ceux à venir. Et j'ai maintenant peur d'être déçue par les prochains ! »
Gregory Isaacs est un chanteur de reggae, né à Denham Town, quartier de Kingston en Jamaïque. Dans les années 1970, il se révèle être l'un des artistes les plus populaires et prolifiques de Jamaïque. Des problèmes de drogue et un passage au pénitencier pour détention d'armes à feu mettent fin à cet âge d'or. Il est l'un des rares chanteurs de style "roots" des années 70 et 80 à avoir su évoluer et s'imposer parmi les nouveaux artistes émergents de ce mouvement musical très minimaliste. Il est surnommé The Cool Ruler, Dapper Slapper ou Jah Tooth et même parfois Hitler en raison de son comportement autoritaire envers les musiciens, qu'il faut comprendre par le fait qu'il vient du ghetto.
Miguel Orlando Collins, que l’on connaît mieux sous le nom de Sizzla et surnommé Sizzla Kalonji, est né à Annotto Bay, dans la paroisse de St. Mary en Jamaïque et a grandi dans la communauté très fermée d’August Town à Kingston. Issu de parents très dévots, Sizzla baigne dès son plus jeune âge dans la religion et c’est sans surprise qu’on le voit rejoindre les rangs des Bobo Ashanti dans le milieu des années 90. L’incitation à la violence (en particulier anti-homosexuels) et à l’insurrection dont sont taxés ses textes lui ont valu d’être surveillé de près par les autorités locales jamaïcaines et il a même récemment connu de sérieux démêlés avec la justice. Il n'en reste par moins qu'il incarne à lui seul une page complète du Reggae engagé. Beaucoup le voit comme le leader du renouveau du reggaemusic. Mais malgré son succès, l’auteur le plus prolixe de sa génération reste l’emblème du ghetto Jamaïquain. Ses concerts sont de véritables fêtes où il explique sa pensée entre deux tubes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire