« Soirée mythique en perspective, avec la venue des Zombies pour un concert exceptionnel. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce groupe anglais, qui n'a pratiquement jamais eu de succès dans son propre pays, a sorti en 1968 - à titre posthume, car le groupe s'était alors séparé vu son insuccès - un chef d'œuvre, qui pour moi surpasse largement le Pet Sounds des Beach Boys. Ce joyau s'appelle « Odessey & Oracle », et rien que pour cela, il fallait être présent ce soir. Une soirée qui se déroule dans le cadre d'un festival appelé le Mo'Fo' 09, avec ce soir en préambule du concert des Zombies, plusieurs groupes qui se partagent les 2 scènes des Mains d'Œuvres. Pour situer la salle, il suffit de vous imaginer aux Puces de St Ouen, près du périphérique, la salle se trouvant à quelques centaines de mètres. Après avoir un peu galéré pour trouver l'entrée du public, on se retrouve Philippe M et moi, dans un dédale de couloirs, de salles de répétitions, puis d'un restaurant et encore des couloirs, puis deux salles de concert encore désertes, avec un personnel accueillant qui se propose même de nous renseigner. On découvre presque par hasard un escalier, et tout en haut une porte… On découvre une immense salle où se mêlent une petite scène, un restaurant, des tables, et surtout une sorte de convention avec tout un tas d'exposants, tous en rapport avec l'activité musicale bien entendu.
On commence par prendre un punch (ben oui, vu le froid de canard qu'il faisait dehors), avant de faire une visite sur tous les stands, puis on redescend direction la scène MO, où le premier artiste - en l'occurrence Pokeet - vient de débuter son show seul en acoustique. D'après Philippe qui le connaît déjà bien, il joue assez souvent accompagné d'autres musiciens. Difficile honnêtement de se faire une idée ce soir : premièrement, il n'y a pas beaucoup d'ambiance, juste une trentaine de personnes peut-être, car il est encore tôt, 19 h 00 juste passé ; ensuite, ne connaissant aucun morceau, et la voix de Pokett étant susurrée plus que chantée, je n'ai pas pu réellement apprécier véritablement l'artiste.
L'organisation est parfaite, car, entre chaque scène, il y a toujours un moment de battement ce qui permet d'aller faire un tour ou de se restaurer. On se dirige cette fois ci vers la scène LO ou se produit The Nightcrawler (non, ce n'est pas le nom d'un groupe, mais celui d'un individu seul) qui nous propose une sorte de blues folk assez anachronique et attachant. Le personnage est lui aussi plutôt mystérieux et original, une chapka sur la tête et des lunettes noires, une sorte de zombie égaré en France. Et ma foi, musicalement cela tient pas mal la route, cela sent le poète maudit, voire le loser, mais il réussit à me captiver suffisamment pour que je passe un bon moment.
Plus la soirée avance, plus des têtes connues font leur apparition, c'est d'abord Stéphanie, puis Oliver, et d'autres visages que je rencontre souvent aux concerts. On remonte au premier étage pour voir s’il est possible d'acheter des t-shirts des Zombies, mais malheureusement le stand est toujours fermé. On se dirige cette fois vers la scène MO, où Yéti Lane a déjà débuté son set et on voit que les choses sérieuses commencent, car il devient difficile de se frayer un passage dans la salle, et c'est du fond, mais en surplomb, que j'assisterai à la bonne prestation de ce groupe. Avec un clavier au centre, entouré de deux guitares, le groupe propose une pop douce et chatoyante. Je vous conseille d'aller sur leur Myspace écouter un morceau, ce n'est vraiment pas désagréable. Beau succès pour le groupe, auteur d'une prestation d'environ une demi-heure (ce qui sera le cas pour tous les groupes, exception faite des Zombies bien sûr, et de Robin Leduc).
Cette fois ci on repart vers la scène LO (vous me suivez, j'espère ?) où Fruitkey va commencer sa prestation. Moi, je file au premier étage pendant que Philippe, prudent, se place au premier rang, et effectivement, quand je le rejoins 5 minutes plus tard, il y a beaucoup de monde dans la salle, je m'accoude à la sono. Fruitkey produit une musique typiquement américaine, mais très variée et surtout très lumineuse. Rock/Folk, difficile de classer le groupe, et d'ailleurs on s'en fout, le seul fait de prendre du plaisir m'a suffi. En face de moi, un jeune guitariste au look assez hippie apporte sa touche au groupe. J'ai trouvé que c'était tout de même particulièrement rock'n'roll, j'ai pensé parfois à un groupe comme Okkervil River, en tout cas beaucoup de plaisir à jouer sur scène et cela se ressent.
Fin du concert, et pendant qu'une poignée de spectateurs quitte la place, j'en profite pour me placer derrière Philippe, on sera bien pour suivre le spectacle. La salle se remplit rapidement et pendant ce temps, sur la scène MO, Robin Leduc a commencé son concert que nous pouvons suivre en direct puisque un écran a été tendu devant notre scène (A noter que tous les concerts étaient filmés)…
Dans ma tête repassent quelques titres de Odessey & Oracle, je ne me fais quand même pas trop d'illusions, car il me semble difficilement possible de reproduire à la perfection ce chef d'œuvre en live, surtout pour des musiciens âgés tous pour ma plupart de plus de 60 ans (64 ans pour Colin Blunstone et Rod Argent). Et puis dans quel état sont-ils ? La réponse s'impose à nous vers 22h30 quand The Zombies font leur apparition, sous une ovation où l'on ressent une certaine vénération. Et ma foi, les deux compères ont plutôt bien vieilli, Colin se porte plutôt bien malgré les rides et un léger embonpoint, Rod lui semble en pleine forme, cheveux mi longs et bouc bien taillé. Et ce qui fait plaisir, c'est leur joie d'être là, cela ne se cache pas, et de voir leur grands sourires, particulièrement celui de Colin Blunstone, cela donne des frissons. Mais la voix ? Est-elle toujours là ? Eh bien la réponse est oui, à 80%. On retrouve cette texture si particulière, emplie d'une certaine candeur, même si parfois comme sur …Emily, il n'a pas pu chanter d’une manière aussi pure que sur le disque. Autour des deux vétérans, on retrouve Jim Rodford qui fut en vérité, comme nous l'explique Rod Argent, le premier bassiste du groupe en... 1961!!! Et son fils Steve, lui, tient les baguettes. Pour compléter le tout, Keith Airey à la guitare (qui a joué lui aussi avec pas mal de pointures).
Je suis quand même rassuré à l'écoute du premier morceau, le groupe est en forme, Colin est bon, et on s'aperçoit vite qui est le patron : Rod Argent, qui introduit presque chaque morceau en le situant dans son époque. Avec un grand sourire, il avoue être content de revenir à Paris, où ils n'ont pas joué depuis... 1966 !! Peu de gens dans la salle, voire personne ne devait être présent (Vincent, notre rock'n'roll motherfucker et accessoirement encyclopédie plus que vivante du rock'n'roll, les a vu, lui, en Italie en 1967 !). Et la chose la plus bizarre, c'est que les fans les plus "hardcore" ce soir, sont jeunes, un peu plus de vingt ans pas plus. Passé les quatre premiers morceaux où l'on se familiarise avec le groupe, c'est enfin le moment que tout le monde attend, (moi le premier), l'interprétation de cinq morceaux de « Odessey & Oracle ». J'avoue que sur le coup je suis légèrement déçu, car j'aurais aimé qu'ils nous jouent tout l'album, mais ne boudons pas notre plaisir. Et c'est avec une de mes chansons préférés, A Rose For Emily, qu'ils attaquent cette Odessey. Tout d'abord, ce fut presque parfait, puis malheureusement, quelques problèmes vocaux pour Colin Blunstone m'ont empêché de savourer cette superbe chanson à sa juste valeur, d'ailleurs, je dois dire que je préfère même la version de Barbara Carlotti. Mais ce court instant de relative déception passé, ce sera mon coup de cœur de la soirée : dès l'intro de Care Of Cell 44, mes yeux deviennent soudainement humides, j'assiste éveillé à un voyage vers le passé, la résurrection d'une œuvre qui a maintenant 41 ans, c'est beau tout simplement, beaucoup d'émotions remontent à la surface, triomphe. This Will Be Our Ear puis I Want Her She wants Me, le charme persiste, puis c'est bien entendu Time Of The Season, magnifique et fin de l'Odessey. Gros regrets, pas de Butcher's Tale, mon morceau préféré, pas de Brief Candles, de Changes ou de Hung Up On A Dream, en gros toutes les chansons où les harmonies se superposent. Mais encore une fois, ne boudons pas notre plaisir, Colin devant nous, affiche une classe typiquement anglaise, tandis que Rod est lui beaucoup plus expressif et démonstratif : il joue de ses deux gros claviers à l'ancienne, et l'on aura d'ailleurs droit à un superbe solo d'orgue qui m'a fait furieusement penser au premier album de Santana, je crois que c'était sur Indication joué avant le traditionnel She's Not There qui viendra conclure le set. Quelques nouvelles chansons sont jouées ce soir, ainsi que certaines non prévues sur la set list (je pense à Tell Her No).
Ce soir, ce n'était pas un simple show comme j'en avais peur, non The Zombies nous ont gratifiés d'un véritable concert, d'une durée de 1h35, et c'est vers 0h05 que les cinq musiciens ont quitté définitivement la scène, sous une pluie d'applaudissements. Alors, il faut être bien sûr objectif. Ceux qui attendaient la reproduction parfaite de « Odessey & Oracle » auront été déçus, pour moi cet album est tout simplement impossible à retranscrire avec la même pureté en live. Moi, je suis content d'avoir vu qu'au bout de plus de 40 ans, il est toujours possible de faire de la bonne musique, pour peu que le physique suive… Et puis voir des personnes légendaires, ça fait toujours quelque chose.
Avec Philippe, on traine dans les différentes salles avant de partir presque à regret rejoindre la voiture garée juste à côté. Bravo pour l'organisation parfaite de cette manifestation, et surtout de la bonne humeur générale que l'on a pu ressentir lors de cette belle soirée. Rendez-vous l'année prochaine, qui sait ? »
Fruitkey est le nom que Jason Glasser, un des membres fondateurs de Clem Snide, utilise depuis 1992 pour ses projets musicaux personnels, que ce soient des enregistrements ou des soirées événements dans des galeries d’art (il est par ailleurs plasticien).
(http://www.myspace.com/fruitkey)
Pokett, le projet de Stéphane Garry musicien et technicien (il fut ingénieur du son, entre autres pour Calc). L'atmosphère mélancolique plane sur sa musique, servit par une voix tout en douceur, et des textes chantés en anglais. Les influences revendiquées, comme celles d'Elliott Smith, Jim O'Rourke (Gastr Del Sol) ou Wilco ne sont pas usurpées.
(http://www.myspace.com/pokett)
Auteur-compositeur-interprète, multi-instrumentiste et réalisateur, Robin Leduc a publié un premier album en 2000, avant d'entreprendre, au gré de plusieurs collaborations, une aventure de groupe : The Pacemakers. Folk, blues, indi-pock, les compositions maîtrisent avec cohérence leurs influences diverses, s'étoffant rapidement, en harmonie avec les textes de Rodolphe Adèle.
(http://www.myspace.com/robinleducandthepacemakers)
(http://www.myspace.com/thezombies)
* 1965 : The Zombies (États-Unis)
* 1965 : Begin Here (Royaume-Uni)
* 1968 : Odessey and Oracle
* 2004 : As Far As I Can See...
* 2005 : Live At The Bloomsbury Theatre
* Rod Argent - Keyboards, Orgue & Vocals.
* Keith Airey - Guitar
* Chris White - Bass
* Hugh Grundy - Drums
I Love You (B Side - 1965 - Odessey And Oracle 40th Anniversary Concert - 2008)
Can't Nobody Love You (Begin Here Plus - 1965)
Mystified (New Song)
What Becomes Of The Broken Hearted (Odessey And Oracle 40th Anniversary Concert - 2008)
Care Of Cell 44 (Odessey And Oracle - 1968)
This Will Be Our Year (Odessey And Oracle - 1968)
I Want Her She Wants Me (Odessey And Oracle - 1968)
Time Of The Season (Odessey And Oracle - 1968)
I Don't Believe In Miracles (As Far As I Can See - 2004)
A Rose For Emily (Odessey And Oracle - 1968)
Any Other Way (New Song)
Hold Your Head Up (Odessey And Oracle 40th Anniversary Concert - 2008)
Sticks and Stones (Begin Here Plus - 1965)
Old & Wise (The Zombies and Beyond - 2008)
Say You Don’t Mind (Odessey And Oracle 40th Anniversary Concert - 2008)
Indication (Zombie Heaven - 1997)
She's Not There (Begin Here Plus - 1965)
Encore
God Gave Rock And Roll To You (The Argent Anthology: A Collection - 1969)
The Zombies - She's Not There
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire