Ce qu’en a pensé Gilles B. :
« C'est vrai que je ne suis pas un adepte des festivals de toutes sortes, car après tout, les groupes que l'on voit en plein air, je les ai généralement vus dans de meilleures conditions lors de concerts dans les salles parisiennes. Mais j'avoue que Rock en Seine m'a séduit, et cette fois, je vais découvrir un nouveau festival, celui du « Rock dans Tous ses Etats » qui se déroule chaque année sur l'hippodrome d'Evreux. La raison principale de ce soudain engouement pour cet évènement est simple et tient en deux mots : Alela Diane. Aussitôt après avoir découvert l'annonce de son passage, j'ai pris mon billet. Mais le reste de l'affiche vaut aussi le détour, avec principalement les Belges de Ghinzu que je ne vais surement pas tarder à déclarer champions de l'année en ce qui concerne les prestations scéniques.
15h00, Porte de St Cloud je passe prendre Michael et nous voilà en route pour Evreux, distant d'une bonne centaine de kilomètres. Une fois sortie des habituels embouteillages, on peut rouler tranquillement jusqu'à atteindre notre destination. Pour ceux qui connaisse un peu la ville, l'Hippodrome ne se trouve pas très loin de l'Abordage, la salle rock de l'agglomération, légèrement à la sortie d'Evreux. Les parkings sont gratuits, mais comme me le fait remarquer Michael, mieux vaut se garer ailleurs pour pouvoir repartir plus rapidement, chose d’ailleurs faite aisément vu qu'a cette heure de l'après midi, il y a encore peu de monde sur le site. 10 minutes de marche à pied, et on se retrouve devant l'entrée de l'Hippodrome, le cadre est presque idyllique avec beaucoup de verdure. Nous allons tout d'abord nous faire remettre notre bracelet, sésame d'entrée pour deux jours (nous ferons hélas l'impasse sur la journée du samedi), puis nous nous mettons à l'ombre et nous prenons notre mal en patience en attendant l'ouverture des portes du festival.
17h30, c’est l’ouverture des portes, avec une fouille assez prolongée : interdiction d'entrer avec un appareil photo (bizarre et stupide tout de même pour un festival…). Peu importe, on entre quand même avec nos compacts dans les sacs à dos. Ici les boissons se négocient contre des jetons que l'on obtient en échange de monnaie trébuchante. Bon, c'est assez bizarre car tous les stands ne sont pas organisés de la même manière, certains ne prennent que des jetons, d'autres que de l'argent, ce n’est pas vraiment au point. Mais j'ai tout de même remarqué que les boissons restent d'un prix accessible (quand vous convertissez vos jetons en euros, s'entend !). On fait un tour du site qui est quand même relativement petit, avec deux grandes scènes, et un peu à l'écart une autre toute minuscule, où d'ailleurs nous ne verrons aucun concert. Notre premier choix ce soir, c'est bien sûr Alela Diane, programmée en second sur la scène que l'on appellera « n°2 », et nous nous dirigeons naturellement vers celle-ci, en nous plaçant au premier rang.
Sur la « scène n°1 » le premier concert du festival a commencé avec David Celia, et le moins que l'on puisse dire d'où nous sommes, c'est que cela ne semblait pas très enthousiasmant. Le principe d'Evreux c'est de faire alterner les concerts sur chaque scène, de sorte qu'aucun spectacle ne se chevauche. Et alors que David Celia vient à peine de quitter la scène n°1, Java entre en scène devant nous : une grande partie du public migre alors de la scène 1 à la nôtre.
Java donc, inconnu au bataillon pour moi, mais ce n'est guère étonnant, le groupe pratiquant ce qu’on pourrait appeler communément de la musique française festive. En gros, on mélange tradition - avec les accordéons - et modernité avec du slam. Musicalement, je n'aime pas du tout c'est clair, mais le public, lui, adhère de suite (une partie de ce public étant déjà sérieusement alcoolisé…). Petite touche d'humour (noir) avec cette phrase du chanteur en ouverture du concert (Bambi étant décédé le jour précédent) : "Il ne pourra plus prendre les petits enfants par derrière"... Quelques sifflets dans la foule, puis c'est parti pour la fête pendant 45 minutes. Le chanteur nous fait participer (« et allez, tous vers la gauche, puis tous vers la droite… », et ainsi de suite). Sympa mais pas mon truc, car musicalement, ce n’est pas intéressant, cela sonne... franchouillard. Un final sympa où le groupe fait monter une multitude de personnes sur scène, c'est coloré, les spectateurs dansent sur la scène et hors de la scène aussi, cela sent un peu les bals du 14 juillets !! 45 Minutes de concert, c'est environ la norme pour chaque groupe, les spectateurs s'en vont soudainement nous laissant presque seuls devant cette scène n°2 !
En face de nous, c'est maintenant les insupportables Naïve New Beaters qui prennent possession de la scène n°1. C'est un peu la hype du moment, mais cette fois je n'adhère pas du tout, je mets ça dans le même panier que Metronomy, Minitel Rose et autres House de Racket. Pendant ce temps, Tom Mening arrive sur scène pour faire une mini balance, et nous reconnaît immédiatement, nous adressant un geste de la main. On passera notre temps donc à regarder cette balance tout en écoutant le beat assez puissant venant de l'autre scène. Gros gros problème, les Naïve New Beaters décident de faire un morceau supplémentaire, alors qu’Alela et sa troupe venaient de monter sur scène, c'est assez dégueulasse je dois bien le dire car cela signifie que la jolie Californienne devra écourter son set de 5 minutes ! Et encore une fois je trouve cette attitude lamentable…
Fin du concert des NNB, cette fois Alela Diane et sa bande investissent la scène alors que le public commence à affluer. Alela est vêtue cette fois d'un pantalon noir, tandis qu'Alina Hardin porte, elle, une mini robe mauve. Mauvaise surprise dès les premiers accords de Tired Feet, le son n'est pas du tout à la hauteur, c'est bien la première fois que j'entends Alela faire des larsens à la guitare !! Et malheureusement le problème ne sera résolu qu'au bout de trois morceaux, dommage. L'autre mauvaise surprise vient aussi du public qui manifestement n'est pas venu pour voir Alela, malgré quelques fans autour de nous. C'est le problème des festivals, surtout pour un artiste qui propose une musique quand même assez intimiste. C'est leur tout premier concert dans le cadre d'un festival, le début d'une série de 14. Alela essaie bien de dialoguer timidement avec le public mais le courant ne passe pas, il règne plutôt une indifférence polie. Heureusement, la voix est toujours là, et c'est à partir de la moitié du concert que les choses se mettent enfin en place. Et cette fois ce sont les morceaux peut-être les moins évidents de « To Be Still » qui font mouche, Every Path ou Ocean par exemple. Et un toujours très beau The Riffle joué en avant-dernière position. Petite note d'humour quand elle avoue été avoir été surprise par le nombre important de stands qui vendaient des kebabs sur le site, c'est vrai que la variété culinaire n'était pas vraiment à l'honneur ce soir. Alela regarde son père, puis ils quittent tous la scène après seulement 40 minutes de concert, dommage que ça ait été aussi court. J'arrive tout de même à faire signe à Tom qui prend la set list, en fait un avion en papier avant de me le lancer. Et à la lecture de celle-ci, je me rends compte que, effectivement, un morceau supplémentaire était programmé (Heart Of Gold de Neil Young). Rendez-vous donc en demi-teinte avec ma « Lady Divine » (tiens, elle n’a pas joué ce titre, ce soir, d'ailleurs). Ce n'est pas la faute du groupe, une scène plus petite et plus intimiste aurait certainement mieux fait l'affaire, sans compter ces insupportables problèmes de son et bien sûr une grosse partie du public pas vraiment concernée qui était venue surtout pour faire la foire, comme nous l'avons constaté tout au long de cette soirée.
Un dilemme maintenant, car sur la scène n° 1, c'est Deerhoof qui se présente… Mais nous décidons de rester une fois de plus sur la barrière de la scène n°2, car ce sera dans trois quarts d'heure le set de The Thermals, que j'attends avec impatience. Deerhoof, vu de loin, eh bien cela semblait bien sympa, du pop rock anachronique, en dehors de toutes les modes, quelque chose d'enfantin qui ressort de tout cela. Tout d'un coup, un air familier et emprunt de nostalgie vient jusqu'à nous "Gabba Gabba We Accept We Accept You One Of Us". Oui, c'est bien Pinhead, de mes chers Ramones, auquel Deerhoof s'attaque, dans une version tout à fait remarquable, puis quelques minutes plus tard, d'autres notes familières mais tellement lointaines nous parviennent, Deerhoof joue maintenant Going Up The Country !!! Une impression de décalage plane sur nous, entre les univers complètement différents de Canned Heat et de Deerhoof, mais en fin de compte, oui, pourquoi pas ? Going Up The Country est une chanson festive qui va bien avec l'ambiance décontractée de ce festival. De loin, il ne me semble pas que le public délire beaucoup, et c'est bien dommage, car Deerhoof et sa pop parfois déstructurée méritait sans doute un meilleur accueil.
Fin du set, il est 21h30 précises, et c'est maintenant l’afflux des spectateurs vers notre scène, j'attends avec impatience - et je dois bien de le dire un peu de fébrilité - The Thermals car je n'ai encore jamais vu ce groupe en concert. Et l'attente n'aura pas été vaine, car autant le dire tout de suite, The Thermals ont atomisé radicalement mais sûrement la scène n°2. Premier morceau, Returning To The Fold, riffs de guitares puis la basse qui entraîne le tout, avec par dessus tout la voix impressionnante et expressive de Hutch Harris, une voix reconnaissable entre tous. Et c'est parti pour 45 minutes de slams incessant, de bousculades, mais surtout d'un show sans faille, purement rock'n'roll et jouissif. Les grands morceaux qui ont mis le feu ? I let It Go, morceau simple et fédérateur, slams à foison, pendant que moi je souris en headbangant de la tête, style « Up And Down ». Ensuite, c'est This Is How We Know, avec sa longue intro à la basse, et toujours ce côté urgent qui apparaît dans la musique de The Thermals, avant – enfin - l'explosion. Et puis Here's Your Future, avec son intro à la guitare, la batterie, puis une nouvelle fois l'explosion contagieuse, putain de chanson !!! C'est simple et c'est bon, à trois ils arrivent à enflammer l'Hippodrome d'Evreux. Dans le même style A Pillar Of Salt met une nouvelle fois le feu à l'herbe d'Evreux. Des chansons simples mais tellement excitantes !!! Le bonheur est simple (et dans le pré) ce soir, il s'appelle Hutch, Kathy et Lorin, soit le trio de The Thermals. Elle, Kathy, en short noir assure un tempo rouleau compresseur tout en sautillant sur place ; quant à Hutch, il est maintenant en sueur et manifestement prend un énorme plaisir à jouer ! Et surtout ils prennent tous les trois conscience du plaisir qu'ils donnent au public. Encore un grand moment de bruit et de plaisir avec St Rosa And The Swallows, mais le morceau qui va fédérer tout le monde avec son refrain si simple c'est bien sûr Now We Can See. Au bout d'une trentaine de minutes, Hutch regarde sur le côté de la scène s’ils ont l'autorisation de continuer, et heureusement nous aurons encore 15 minutes de plaisir. Chapeau bas : c'est simple, mais qu'est ce que c'est bon !!!! Et dire que le trio est pratiquement inconnu dans nos contrées… Je vous invite donc tous à acheter ce que je considère leur meilleur album, le superbe « The Body The Blood The Machine ».
Michael est encore tout retourné, moi je suis content… heureux ! Content que le groupe ait confirmé ce que j'attendais d'eux, après tout cela aurait pu être mauvais sur scène, et heureux car j'ai pris du plaisir sans compter pendant ces quarante cinq minutes et rien que pour cela, je ne regrette pas mon déplacement.
Il est temps pour nous d'émigrer vers d'autres lieux, c'est-à-dire la grande scène avec la prestation d'Olivia Ruiz. On se restaure d'abord, puis on se faufile pour arriver à une distance raisonnable de la grande scène sur laquelle Olivia se produit. Ma première impression, c'est un déluge de lumières et de couleurs vives. Cela respire la pétulance et la joie. Beaucoup de monde sur scène, on sent déjà que c'est devenu une grosse machine. J'avoue que le show est assez agréable, même si je regrette la tournure rock prise par la jeune femme. Non pas que je n'aime pas le genre (il ne manquerait plus que cela !!!), mais je trouve que la marque de Mathias Malzieu est beaucoup trop présente, et du coup, le côté surprenant qui la démarquait des autres chanteuses ou chanteurs est de moins en moins là, hélas. Les passages rock font tout simplement penser à du Dionysos sans Dionysos. Malgré tout, nous aurons droit à quelques moments magiques : quand elle chantera perchée sur une balançoire à une grande hauteur de la scène, par exemple. Dommage que le public des festivals soit bruyant, sans gêne, et surtout pas forcément passionné de musique car c'est un exploit de vouloir écouter et regarder attentivement un artiste quand vous n'êtes pas dans les premiers rangs.
Il est maintenant 23h10, le set d'Olivia aura duré presque 1 heure, les spectateurs refluent en masse voir Fishbone sur la scène n°2, pendant que nous en profitons pour nous placer au premier rang en attendant la tête d'affiche de la soirée, les belges de Ghinzu. Un mot sur Fishbone, vu et entendu de loin : pour moi, c’est sans intérêt, et fatiguant à la longue, même...
Mais tous les spectateurs ne sont pas partis pour la scène n°2, et autour de nous, cela se remplit à vitesse grand V, ce qui fait que nous devons faire bien attention pour préserver notre espace vital au premier rang. Petite déception d'avant concert, l’interdiction formelle de prendre des photos, même avec nos compacts... Ridicule comme attitude, mais placés comme nous le sommes, nous serons bien obligés de respecter ces conditions, donc pas de photos de Ghinzu ce soir.
Minuit, l'excitation commence à monter, backstage sur le coté de la scène je vois déjà tous les musiciens de Ghinzu avec une bière à la main, sans compter celles qui sont alignées sur scènes… Encore une fois, je frissonne car Ghinzu est l’un des groupes qui m'a le plus enthousiasmé cette année. Le show débute en forme d'introduction sonique par le groupe, je ne sais pas si c'est vraiment un morceau mais le rythme va crescendo et les musiciens finissent par « Ghinzu ! Ghinzu ! » scandé - ou quelque chose comme cela -, l'effet recherché est atteint car la foule est déjà en ébullition. Mother Allegra débute comme d'habitude le show, c'et le recueillement avant la tempête… car ce soir Ghinzu va donner un show de folie, trop court malheureusement, mais un gros gros show. La machine s'emballe dès Mirror Mirror et la fosse explose de partout, c'est un déluge de sons et de bruits : la folie, c'est peut-être ce morceau qui la représente le mieux. J'en tremble encore, Ghinzu est grand qu'on se le dise !!! « Mirror Mirror » - l’album - est magistral et les concerts sont explosifs !!! Nous sommes partis pour une heure dix minutes de jouissance (j'ai beaucoup joui ce soir !!!), moi c'est surtout dans la tête que cela se passe, c'est tout rose et c'est lumineux, je suis dans un état second tout simplement. Quelques instants plus tard c'est Cold Love qui nous envoie une nouvelle fois au paradis (ou bien est-ce l'enfer ???). Trop beau !! John est « trop », tout simplement. Trop bon, trop grand !!! Les autres musiciens ne sont pas en reste, bières ou cigarettes au bec (comme Greg Rémy en face de nous qui fumera clope sur clope et qui dans un moment d'excitation soudaine enverra valdinguer un retour manquant de peu l’un des types du service d'ordre se trouvant en dessous !!!). Humour Belge ou pas, John Stargasm vient nous rappeler que le "roi de la pop" est mort hier, et qu’ils ont décidé de lui rendre hommage en interprétant Beat It (en intégralité, pas juste un refrain). Anti-sèches géantes posées devant lui, John attaque une version qui n'a plus grand chose à voir avec celle d'origine, une version bulldozer tout simplement !!! Fucking rock'n'roll !!! Que dire de plus de ce concert ? Do You Read Me a scotché tout le monde une fois de plus, Kill The Surfer nous a tout simplement fumés comme au lance-flammes. Du boogie electro belge !! C'est bon !!! Ultime et seul rappel (festival oblige) avec Blow, apothéose d'une belle journée qui avait débuté en douceur. Kata que nous avions rencontré plus tôt dans la soirée nous donne à chacun une set list, Michael une fois de plus est resté pétrifié par le show du groupe belge.
On traîne encore quelques dizaines de minutes avant de faire nos adieux pour cette année à Evreux, pendant qu'une partie des festivaliers s'éclatent devant la scène n°2 avec Missill qui transforme la scène en boite de nuit géante. »
15h00, Porte de St Cloud je passe prendre Michael et nous voilà en route pour Evreux, distant d'une bonne centaine de kilomètres. Une fois sortie des habituels embouteillages, on peut rouler tranquillement jusqu'à atteindre notre destination. Pour ceux qui connaisse un peu la ville, l'Hippodrome ne se trouve pas très loin de l'Abordage, la salle rock de l'agglomération, légèrement à la sortie d'Evreux. Les parkings sont gratuits, mais comme me le fait remarquer Michael, mieux vaut se garer ailleurs pour pouvoir repartir plus rapidement, chose d’ailleurs faite aisément vu qu'a cette heure de l'après midi, il y a encore peu de monde sur le site. 10 minutes de marche à pied, et on se retrouve devant l'entrée de l'Hippodrome, le cadre est presque idyllique avec beaucoup de verdure. Nous allons tout d'abord nous faire remettre notre bracelet, sésame d'entrée pour deux jours (nous ferons hélas l'impasse sur la journée du samedi), puis nous nous mettons à l'ombre et nous prenons notre mal en patience en attendant l'ouverture des portes du festival.
17h30, c’est l’ouverture des portes, avec une fouille assez prolongée : interdiction d'entrer avec un appareil photo (bizarre et stupide tout de même pour un festival…). Peu importe, on entre quand même avec nos compacts dans les sacs à dos. Ici les boissons se négocient contre des jetons que l'on obtient en échange de monnaie trébuchante. Bon, c'est assez bizarre car tous les stands ne sont pas organisés de la même manière, certains ne prennent que des jetons, d'autres que de l'argent, ce n’est pas vraiment au point. Mais j'ai tout de même remarqué que les boissons restent d'un prix accessible (quand vous convertissez vos jetons en euros, s'entend !). On fait un tour du site qui est quand même relativement petit, avec deux grandes scènes, et un peu à l'écart une autre toute minuscule, où d'ailleurs nous ne verrons aucun concert. Notre premier choix ce soir, c'est bien sûr Alela Diane, programmée en second sur la scène que l'on appellera « n°2 », et nous nous dirigeons naturellement vers celle-ci, en nous plaçant au premier rang.
Sur la « scène n°1 » le premier concert du festival a commencé avec David Celia, et le moins que l'on puisse dire d'où nous sommes, c'est que cela ne semblait pas très enthousiasmant. Le principe d'Evreux c'est de faire alterner les concerts sur chaque scène, de sorte qu'aucun spectacle ne se chevauche. Et alors que David Celia vient à peine de quitter la scène n°1, Java entre en scène devant nous : une grande partie du public migre alors de la scène 1 à la nôtre.
Java donc, inconnu au bataillon pour moi, mais ce n'est guère étonnant, le groupe pratiquant ce qu’on pourrait appeler communément de la musique française festive. En gros, on mélange tradition - avec les accordéons - et modernité avec du slam. Musicalement, je n'aime pas du tout c'est clair, mais le public, lui, adhère de suite (une partie de ce public étant déjà sérieusement alcoolisé…). Petite touche d'humour (noir) avec cette phrase du chanteur en ouverture du concert (Bambi étant décédé le jour précédent) : "Il ne pourra plus prendre les petits enfants par derrière"... Quelques sifflets dans la foule, puis c'est parti pour la fête pendant 45 minutes. Le chanteur nous fait participer (« et allez, tous vers la gauche, puis tous vers la droite… », et ainsi de suite). Sympa mais pas mon truc, car musicalement, ce n’est pas intéressant, cela sonne... franchouillard. Un final sympa où le groupe fait monter une multitude de personnes sur scène, c'est coloré, les spectateurs dansent sur la scène et hors de la scène aussi, cela sent un peu les bals du 14 juillets !! 45 Minutes de concert, c'est environ la norme pour chaque groupe, les spectateurs s'en vont soudainement nous laissant presque seuls devant cette scène n°2 !
En face de nous, c'est maintenant les insupportables Naïve New Beaters qui prennent possession de la scène n°1. C'est un peu la hype du moment, mais cette fois je n'adhère pas du tout, je mets ça dans le même panier que Metronomy, Minitel Rose et autres House de Racket. Pendant ce temps, Tom Mening arrive sur scène pour faire une mini balance, et nous reconnaît immédiatement, nous adressant un geste de la main. On passera notre temps donc à regarder cette balance tout en écoutant le beat assez puissant venant de l'autre scène. Gros gros problème, les Naïve New Beaters décident de faire un morceau supplémentaire, alors qu’Alela et sa troupe venaient de monter sur scène, c'est assez dégueulasse je dois bien le dire car cela signifie que la jolie Californienne devra écourter son set de 5 minutes ! Et encore une fois je trouve cette attitude lamentable…
Fin du concert des NNB, cette fois Alela Diane et sa bande investissent la scène alors que le public commence à affluer. Alela est vêtue cette fois d'un pantalon noir, tandis qu'Alina Hardin porte, elle, une mini robe mauve. Mauvaise surprise dès les premiers accords de Tired Feet, le son n'est pas du tout à la hauteur, c'est bien la première fois que j'entends Alela faire des larsens à la guitare !! Et malheureusement le problème ne sera résolu qu'au bout de trois morceaux, dommage. L'autre mauvaise surprise vient aussi du public qui manifestement n'est pas venu pour voir Alela, malgré quelques fans autour de nous. C'est le problème des festivals, surtout pour un artiste qui propose une musique quand même assez intimiste. C'est leur tout premier concert dans le cadre d'un festival, le début d'une série de 14. Alela essaie bien de dialoguer timidement avec le public mais le courant ne passe pas, il règne plutôt une indifférence polie. Heureusement, la voix est toujours là, et c'est à partir de la moitié du concert que les choses se mettent enfin en place. Et cette fois ce sont les morceaux peut-être les moins évidents de « To Be Still » qui font mouche, Every Path ou Ocean par exemple. Et un toujours très beau The Riffle joué en avant-dernière position. Petite note d'humour quand elle avoue été avoir été surprise par le nombre important de stands qui vendaient des kebabs sur le site, c'est vrai que la variété culinaire n'était pas vraiment à l'honneur ce soir. Alela regarde son père, puis ils quittent tous la scène après seulement 40 minutes de concert, dommage que ça ait été aussi court. J'arrive tout de même à faire signe à Tom qui prend la set list, en fait un avion en papier avant de me le lancer. Et à la lecture de celle-ci, je me rends compte que, effectivement, un morceau supplémentaire était programmé (Heart Of Gold de Neil Young). Rendez-vous donc en demi-teinte avec ma « Lady Divine » (tiens, elle n’a pas joué ce titre, ce soir, d'ailleurs). Ce n'est pas la faute du groupe, une scène plus petite et plus intimiste aurait certainement mieux fait l'affaire, sans compter ces insupportables problèmes de son et bien sûr une grosse partie du public pas vraiment concernée qui était venue surtout pour faire la foire, comme nous l'avons constaté tout au long de cette soirée.
Un dilemme maintenant, car sur la scène n° 1, c'est Deerhoof qui se présente… Mais nous décidons de rester une fois de plus sur la barrière de la scène n°2, car ce sera dans trois quarts d'heure le set de The Thermals, que j'attends avec impatience. Deerhoof, vu de loin, eh bien cela semblait bien sympa, du pop rock anachronique, en dehors de toutes les modes, quelque chose d'enfantin qui ressort de tout cela. Tout d'un coup, un air familier et emprunt de nostalgie vient jusqu'à nous "Gabba Gabba We Accept We Accept You One Of Us". Oui, c'est bien Pinhead, de mes chers Ramones, auquel Deerhoof s'attaque, dans une version tout à fait remarquable, puis quelques minutes plus tard, d'autres notes familières mais tellement lointaines nous parviennent, Deerhoof joue maintenant Going Up The Country !!! Une impression de décalage plane sur nous, entre les univers complètement différents de Canned Heat et de Deerhoof, mais en fin de compte, oui, pourquoi pas ? Going Up The Country est une chanson festive qui va bien avec l'ambiance décontractée de ce festival. De loin, il ne me semble pas que le public délire beaucoup, et c'est bien dommage, car Deerhoof et sa pop parfois déstructurée méritait sans doute un meilleur accueil.
Fin du set, il est 21h30 précises, et c'est maintenant l’afflux des spectateurs vers notre scène, j'attends avec impatience - et je dois bien de le dire un peu de fébrilité - The Thermals car je n'ai encore jamais vu ce groupe en concert. Et l'attente n'aura pas été vaine, car autant le dire tout de suite, The Thermals ont atomisé radicalement mais sûrement la scène n°2. Premier morceau, Returning To The Fold, riffs de guitares puis la basse qui entraîne le tout, avec par dessus tout la voix impressionnante et expressive de Hutch Harris, une voix reconnaissable entre tous. Et c'est parti pour 45 minutes de slams incessant, de bousculades, mais surtout d'un show sans faille, purement rock'n'roll et jouissif. Les grands morceaux qui ont mis le feu ? I let It Go, morceau simple et fédérateur, slams à foison, pendant que moi je souris en headbangant de la tête, style « Up And Down ». Ensuite, c'est This Is How We Know, avec sa longue intro à la basse, et toujours ce côté urgent qui apparaît dans la musique de The Thermals, avant – enfin - l'explosion. Et puis Here's Your Future, avec son intro à la guitare, la batterie, puis une nouvelle fois l'explosion contagieuse, putain de chanson !!! C'est simple et c'est bon, à trois ils arrivent à enflammer l'Hippodrome d'Evreux. Dans le même style A Pillar Of Salt met une nouvelle fois le feu à l'herbe d'Evreux. Des chansons simples mais tellement excitantes !!! Le bonheur est simple (et dans le pré) ce soir, il s'appelle Hutch, Kathy et Lorin, soit le trio de The Thermals. Elle, Kathy, en short noir assure un tempo rouleau compresseur tout en sautillant sur place ; quant à Hutch, il est maintenant en sueur et manifestement prend un énorme plaisir à jouer ! Et surtout ils prennent tous les trois conscience du plaisir qu'ils donnent au public. Encore un grand moment de bruit et de plaisir avec St Rosa And The Swallows, mais le morceau qui va fédérer tout le monde avec son refrain si simple c'est bien sûr Now We Can See. Au bout d'une trentaine de minutes, Hutch regarde sur le côté de la scène s’ils ont l'autorisation de continuer, et heureusement nous aurons encore 15 minutes de plaisir. Chapeau bas : c'est simple, mais qu'est ce que c'est bon !!!! Et dire que le trio est pratiquement inconnu dans nos contrées… Je vous invite donc tous à acheter ce que je considère leur meilleur album, le superbe « The Body The Blood The Machine ».
Michael est encore tout retourné, moi je suis content… heureux ! Content que le groupe ait confirmé ce que j'attendais d'eux, après tout cela aurait pu être mauvais sur scène, et heureux car j'ai pris du plaisir sans compter pendant ces quarante cinq minutes et rien que pour cela, je ne regrette pas mon déplacement.
Il est temps pour nous d'émigrer vers d'autres lieux, c'est-à-dire la grande scène avec la prestation d'Olivia Ruiz. On se restaure d'abord, puis on se faufile pour arriver à une distance raisonnable de la grande scène sur laquelle Olivia se produit. Ma première impression, c'est un déluge de lumières et de couleurs vives. Cela respire la pétulance et la joie. Beaucoup de monde sur scène, on sent déjà que c'est devenu une grosse machine. J'avoue que le show est assez agréable, même si je regrette la tournure rock prise par la jeune femme. Non pas que je n'aime pas le genre (il ne manquerait plus que cela !!!), mais je trouve que la marque de Mathias Malzieu est beaucoup trop présente, et du coup, le côté surprenant qui la démarquait des autres chanteuses ou chanteurs est de moins en moins là, hélas. Les passages rock font tout simplement penser à du Dionysos sans Dionysos. Malgré tout, nous aurons droit à quelques moments magiques : quand elle chantera perchée sur une balançoire à une grande hauteur de la scène, par exemple. Dommage que le public des festivals soit bruyant, sans gêne, et surtout pas forcément passionné de musique car c'est un exploit de vouloir écouter et regarder attentivement un artiste quand vous n'êtes pas dans les premiers rangs.
Il est maintenant 23h10, le set d'Olivia aura duré presque 1 heure, les spectateurs refluent en masse voir Fishbone sur la scène n°2, pendant que nous en profitons pour nous placer au premier rang en attendant la tête d'affiche de la soirée, les belges de Ghinzu. Un mot sur Fishbone, vu et entendu de loin : pour moi, c’est sans intérêt, et fatiguant à la longue, même...
Mais tous les spectateurs ne sont pas partis pour la scène n°2, et autour de nous, cela se remplit à vitesse grand V, ce qui fait que nous devons faire bien attention pour préserver notre espace vital au premier rang. Petite déception d'avant concert, l’interdiction formelle de prendre des photos, même avec nos compacts... Ridicule comme attitude, mais placés comme nous le sommes, nous serons bien obligés de respecter ces conditions, donc pas de photos de Ghinzu ce soir.
Minuit, l'excitation commence à monter, backstage sur le coté de la scène je vois déjà tous les musiciens de Ghinzu avec une bière à la main, sans compter celles qui sont alignées sur scènes… Encore une fois, je frissonne car Ghinzu est l’un des groupes qui m'a le plus enthousiasmé cette année. Le show débute en forme d'introduction sonique par le groupe, je ne sais pas si c'est vraiment un morceau mais le rythme va crescendo et les musiciens finissent par « Ghinzu ! Ghinzu ! » scandé - ou quelque chose comme cela -, l'effet recherché est atteint car la foule est déjà en ébullition. Mother Allegra débute comme d'habitude le show, c'et le recueillement avant la tempête… car ce soir Ghinzu va donner un show de folie, trop court malheureusement, mais un gros gros show. La machine s'emballe dès Mirror Mirror et la fosse explose de partout, c'est un déluge de sons et de bruits : la folie, c'est peut-être ce morceau qui la représente le mieux. J'en tremble encore, Ghinzu est grand qu'on se le dise !!! « Mirror Mirror » - l’album - est magistral et les concerts sont explosifs !!! Nous sommes partis pour une heure dix minutes de jouissance (j'ai beaucoup joui ce soir !!!), moi c'est surtout dans la tête que cela se passe, c'est tout rose et c'est lumineux, je suis dans un état second tout simplement. Quelques instants plus tard c'est Cold Love qui nous envoie une nouvelle fois au paradis (ou bien est-ce l'enfer ???). Trop beau !! John est « trop », tout simplement. Trop bon, trop grand !!! Les autres musiciens ne sont pas en reste, bières ou cigarettes au bec (comme Greg Rémy en face de nous qui fumera clope sur clope et qui dans un moment d'excitation soudaine enverra valdinguer un retour manquant de peu l’un des types du service d'ordre se trouvant en dessous !!!). Humour Belge ou pas, John Stargasm vient nous rappeler que le "roi de la pop" est mort hier, et qu’ils ont décidé de lui rendre hommage en interprétant Beat It (en intégralité, pas juste un refrain). Anti-sèches géantes posées devant lui, John attaque une version qui n'a plus grand chose à voir avec celle d'origine, une version bulldozer tout simplement !!! Fucking rock'n'roll !!! Que dire de plus de ce concert ? Do You Read Me a scotché tout le monde une fois de plus, Kill The Surfer nous a tout simplement fumés comme au lance-flammes. Du boogie electro belge !! C'est bon !!! Ultime et seul rappel (festival oblige) avec Blow, apothéose d'une belle journée qui avait débuté en douceur. Kata que nous avions rencontré plus tôt dans la soirée nous donne à chacun une set list, Michael une fois de plus est resté pétrifié par le show du groupe belge.
On traîne encore quelques dizaines de minutes avant de faire nos adieux pour cette année à Evreux, pendant qu'une partie des festivaliers s'éclatent devant la scène n°2 avec Missill qui transforme la scène en boite de nuit géante. »
Le festival de rock "Le rock dans tous ses états" a lieu tous les étés sur l'hippodrome d'Évreux. Il a été fondé en 1983. Le site est composé de deux grandes scènes. 26e édition... et aucun signe d'essoufflement. Un événement de référence mais toujours pas l'âge de raison. Plutôt celui d'affirmer des convictions. Toujours pas question d'accrocher des têtes d'affiche et de faire ensuite du remplissage. Une programmation éclectique et cohérente.
Vendredi 26 juin à partir de 17h30:
Ghinzu - Olivia Ruiz - Alela Diane - Naive New Beaters - Fishbone - Java - The Inspector Cluzo - The Thermals - Nil Hartman - Adam Kesher - Deerhoof - Missill - Nomo - Dead Rock Machine - Cristal Palace - Kinky Yukky Yuppy - Lirisystem
Vendredi 26 juin à partir de 17h30:
Ghinzu - Olivia Ruiz - Alela Diane - Naive New Beaters - Fishbone - Java - The Inspector Cluzo - The Thermals - Nil Hartman - Adam Kesher - Deerhoof - Missill - Nomo - Dead Rock Machine - Cristal Palace - Kinky Yukky Yuppy - Lirisystem
Alela Diane Menig est une chanteuse et une compositrice américaine, dont les chansons sont imprégnées d'un style psyché folk. Les chansons de la jeune californienne, fille de hippies mélomanes, sont apparemment conventionnelles (une guitare, une voix), mais elles semblent venir d’un temps très ancien, très dur et très pur. Dans le folk féminin, on n’avait rien entendu d’aussi essentiel, élégiaque et bien chanté depuis Karen Dalton ou Catpower – pas moins. Et maintenant qu’Alela est là, on se demande comment on a pu vivre sans elle. Son album, The Pirate’s Gospel (le 23 octobre 2007), plus de trois ans après sa réalisation, est sortie chez Fargo, un label qui n’en finit pas nous enchanter. Ça valait le coup d'attendre ! Du folk/gospel, par une Américaine en état de grâce... Une voix gorgée d'âme, une guitare antique et... c'est tout. Pas la peine d'en rajouter.
(http://www.myspace.com/alelamusic)
Olivia Ruiz (de son vrai nom Olivia Blanc) est une chanteuse française de Carcassonne dans l'Aude. Elle est la fille du musicien-chanteur Didier Blanc, qui a notamment collaboré avec l'orchestre de René Coll. Son nom de scène Ruiz est le nom de jeune fille de sa mère.
(http://www.myspace.com/spainoliviaruiz)
(http://www.myspace.com/spainoliviaruiz)
Ghinzu est un groupe de rock belge. Le nom du groupe fait référence à la marque de couteau Ginsu ("plus on coupe, plus il s'aiguise"). Formé en 1999 à Bruxelles, le groupe sort Electronic Jacuzzi, son premier album autoproduit (le label Dragoon a été créé par et pour le groupe) en 2000. En février 2004 sort le deuxième album Blow. Cette fois les choses démarrent réellement pour le groupe. Le succès du single Do You Read Me fait décoller les ventes spécialement en France où une horde de fans commence à les suivre. Des concerts sold-out à Paris, à l'Elysée-Montmartre et à l'Olympia feront grand bruit. C'est sur scène, par des prestations déjantées de dandy-punks, que se crée le succès du groupe. Un nouvel album, "Mirror Mirror", est sorti en Mars 2009.
(http://www.myspace.com/ghinzu)
* More Parts Per Million (2003, Sub Pop)
* Fuckin A (2004, Sub Pop)
* The Body, The Blood, The Machine (2006, Sub Pop)
* Now we can see (2009, Kill Rock Stars)
* Fuckin A (2004, Sub Pop)
* The Body, The Blood, The Machine (2006, Sub Pop)
* Now we can see (2009, Kill Rock Stars)
# 2003 : J'aime pas l'amour
# 2005 : La Femme chocolat
# 2007 : Chocolat Show (live)
# 2008 : La chica chocolate
# 2009 : Miss Météores
* Electronic Jacuzzi (2000. Reissued in 2005)# 2005 : La Femme chocolat
# 2007 : Chocolat Show (live)
# 2008 : La chica chocolate
# 2009 : Miss Météores
* Blow (2004)
* Mirror Mirror (2009)
Alela Diane : Vocal & Guitar
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Band
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