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« Ma vingtaine de concerts par an commence peut-être à me blaser un peu, mais cette venue de Chelsea Light Moving au Trabendo, c’était le Graal pour moi, un peu comme le Ignition Show d’Offspring au Bataclan l’année dernière. Thurston Moore = Dieu, pour ceux qui suivent pas. Et son nouveau groupe a sorti en mars dernier l’un des meilleurs albums de 2013. Du Sonic Youth avec juste Thurston au chant, diront les mauvaises langues. Ça tombe bien, c’est pile ce que j’attendais de cette galette. Et je lui trouve quand même un côté original. Forcément, dans ces conditions, le SMS de la FNAC fait mal au cœur : « concert annulé ». Heureusement, après vérification, ledit concert est en fait déplacé aux Instants Chavirés à Montreuil. Moment de stress pour moi, une salle inconnue, je déteste ça quand je vais à un concert seule. Mais elle est bien accessible en transports en commun, doit contenir 10 fois moins de personnes que le Trabendo… et la place est moitié moins chère ! Un bon deal dans l’ensemble.
Je suis très en avance ce soir-là (une seule personne se trouve devant la salle quand j’y arrive). Le groupe montera sur scène à 21h28, indique de manière fort amusante une affichette sur la porte (qui précise également que le concert est archi-complet, ce qui n’est pas une surprise vue la taille de la salle). Les gens arrivent petit à petit. Parlent musique, ce qui fait chaud au cœur sincèrement (ça peut paraître idiot, mais ce n’est pas si courant que ça). L’entrée du batteur John Moloney par la même porte que je vais emprunter fait déjà son petit effet sur moi (depuis un certain soir de décembre 2011 où il m’a fait don de la setlist de Thurston, John c’est un peu le père Noël pour moi). Personne ne court après un autographe, alors bêtement, je ne bouge pas. Puis Thurston, vêtu d’un costard tout ce qu’il y a de plus classique, arrive tranquillement dans cette petite rue de Montreuil. Va embrasser quelques fans anglophones qu’il semble bien connaître. Le voilà à un mètre de moi. Je ne bouge toujours pas, sourire niais aux lèvres certainement. Tant pis, à l’Album de la Semaine, j’avais déjà eu ma sacro-sainte dédicace. Il frappe pour qu’on lui ouvre. Ça ne marche pas, alors il attaque la porte à coups de pied. Non pas qu’il s’énerve d’ailleurs, c’est probablement le seul gars sur Terre à pouvoir donner des coups de pied dans une porte avec une telle nonchalance. La situation est surréaliste. Le staff à l’intérieur finit par entendre, je me rue sur mon portable pour expliquer cela à Guillaume, tellement je n’y crois pas moi-même.
Le soundcheck commence, et je bénis le ciel d’avoir pensé à mes bouchons d’oreille, vu que même dans la rue, on distingue toutes les chansons. Sympathique pré-concert. Puis, sans aucune considération pour mon fragile petit cœur, Thurston décide qu’il ferait bien un autre petit tour dans Montreuil. Et repasse donc devant moi, le plus naturellement du monde. Je rappelle pour ceux qui ne suivraient pas que ce gars a quand même vendu quelques millions d’albums au sein d’un groupe mythique, et qu’on est à Montreuil, à des milliers de kilomètres de son New York adoré. Et le soundcheck continue en version instrumentale, Thurston ayant visiblement jugé que sa présence n’était plus indispensable…
Les portes ouvrent, le staff est vraiment super sympa, le premier rang, accessible sans problème. La salle est tellement minuscule que je me dis que ça ferait un appart sympa :D Assise sur le bord de la scène, je patiente. Samara Lubelski vient installer ses pédales d’effet en discutant tranquillement avec John qui est sur le côté. Visiblement, aucun des membres de Chelsea Light Moving n’a attrapé la grosse tête à force de jouer avec la légende Moore. On croirait assister au concert d’un groupe qui vient de sortir son tout premier album. C’est le cas, vous me direz… mais ça fait bizarre quand même.
Thurston repasse, un peu moins près de moi cette fois-ci, mais traverse quand même tout le public pour atteindre l’escalier qui mène aux loges. Il reviendra avec une tenue plus décontractée, chemise et jean déchiré, à la suite de ses petits camarades : John à la batterie et Samara à la basse donc, mais aussi Keith Wood qui seconde Thurston à la guitare (de fort belle manière, d’ailleurs). Après une intro instrumentale un peu bizarre, le groupe attaque doucement avec Frank O’Hara Hit, un des morceaux les plus calmes de l’album. Malgré cela, la nécessité des protections auditives se fait vite sentir. Mais même avec ces bouchons que je préfère habituellement éviter, car je n’ai pas du matériel de pro, le son est excellent. Il est même probablement meilleur, car je ne vais pas encore aux concerts pour souffrir, et ce soir, il n’y a pas à dire, c’est TRÈS fort. Dès Burroughs (probablement ma préférée sur l’album), je suis à fond dedans. « Oh Billy, the sweetest drug is free; Will you, Billy, shoot it into me? » Et le public partage mon enthousiasme, ça remue pas mal, mais intelligemment, par exemple, jamais pendant les breaks… J’ai enfin trouvé mon public de rêve ! Pourtant je suis difficile sur ce point. Et heureusement d’ailleurs que je ne suis pas tombée sur des malades, vue la petitesse de la salle et la chaleur qui y règne.
Je suis au pied de Thurston (qui passe tout juste sous le plafond et pourra y frotter sa guitare sans effort, exercice qu’il adore), je vois même les gouttes de sueur dégouliner de son visage… mais ne pourrais jamais croire si je n’en étais pas déjà certaine qu’il fêtera son 55ème printemps en juillet. La scène le rajeunit, et cette façon de tirer la langue en chantant (je jurerais qu’il avait un chewing-gum, aussi…). Ce retour aux sources avec un groupe « inconnu » semble lui faire le plus grand bien. À moi aussi, enfin débarrassée des abrutis qui hurlaient « Kim Gordooonnn » à la Gaîté Lyrique. C’est la folie sur Groovy & Linda et ses « Don’t shoot ! We are your children ! ». La chanson est inspirée du double meurtre dans les années 60 de Linda Fitzpatrick et James « Groovy » Hutchinson ». Le public est en transe. Et le bonheur continue tout du long, avec la courte et punky Lip, les plus posées Empires Of Time et Sleeping Where I Fall (tout est relatif)… Je trouve le concert très accessible, plutôt mélodique (après, mes standards sont pas ceux de la majorité des gens non plus). Je craignais un peu un truc trop barré, ce ne sera pas le cas. Le moment le plus bizarre sera sans doute la revisite par le groupe d’un poème de John Donne du 16ème siècle, dont le texte s’étale sur un pupitre devant Thurston. Quoique voir Thurston arborer une cagoule rouge (probablement en hommage aux Pussy Riot) pendant Alighted valait aussi son pesant d’or (et quel courage par cette chaleur !).
Le groupe quitte déjà la scène après seulement sept morceaux interprétés des dix que contient l’album. Il y aura deux rappels, malheureusement très courts, d’un titre chaque. Après une trop courte une heure et quart, c’est fini, bien que Thurston nous gratifiera d’un salut théâtral du haut de l’escalier, visiblement heureux du public qu’il a eu ce soir. Pas de souvenirs à ramener, le groupe joue sans setlist, et je n’allais quand même pas embarquer le texte du poème ! J’en profite pour remercier Exitmusicforablog, sans qui je n’aurais pas réussi à retrouver l’ordre des titres interprétés. Et merci pour la review, je n’en ai pas croisé beaucoup, et j’aime autant les lire que les écrire…
Et c’est l’heure de rentrer, souvenirs plein la tête, étoiles plein les yeux, ce que j’aimerais que toutes les salles soient comme les Instants Chavirés… Un énorme merci non seulement à CLM, mais aussi à toute l’équipe de la salle pour cette soirée inoubliable à plus d’un titre.
PS : Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier alu… Non non je vous jure, cette soirée a vraiment existé, même si je n’en reviens toujours pas… »
Je suis très en avance ce soir-là (une seule personne se trouve devant la salle quand j’y arrive). Le groupe montera sur scène à 21h28, indique de manière fort amusante une affichette sur la porte (qui précise également que le concert est archi-complet, ce qui n’est pas une surprise vue la taille de la salle). Les gens arrivent petit à petit. Parlent musique, ce qui fait chaud au cœur sincèrement (ça peut paraître idiot, mais ce n’est pas si courant que ça). L’entrée du batteur John Moloney par la même porte que je vais emprunter fait déjà son petit effet sur moi (depuis un certain soir de décembre 2011 où il m’a fait don de la setlist de Thurston, John c’est un peu le père Noël pour moi). Personne ne court après un autographe, alors bêtement, je ne bouge pas. Puis Thurston, vêtu d’un costard tout ce qu’il y a de plus classique, arrive tranquillement dans cette petite rue de Montreuil. Va embrasser quelques fans anglophones qu’il semble bien connaître. Le voilà à un mètre de moi. Je ne bouge toujours pas, sourire niais aux lèvres certainement. Tant pis, à l’Album de la Semaine, j’avais déjà eu ma sacro-sainte dédicace. Il frappe pour qu’on lui ouvre. Ça ne marche pas, alors il attaque la porte à coups de pied. Non pas qu’il s’énerve d’ailleurs, c’est probablement le seul gars sur Terre à pouvoir donner des coups de pied dans une porte avec une telle nonchalance. La situation est surréaliste. Le staff à l’intérieur finit par entendre, je me rue sur mon portable pour expliquer cela à Guillaume, tellement je n’y crois pas moi-même.
Le soundcheck commence, et je bénis le ciel d’avoir pensé à mes bouchons d’oreille, vu que même dans la rue, on distingue toutes les chansons. Sympathique pré-concert. Puis, sans aucune considération pour mon fragile petit cœur, Thurston décide qu’il ferait bien un autre petit tour dans Montreuil. Et repasse donc devant moi, le plus naturellement du monde. Je rappelle pour ceux qui ne suivraient pas que ce gars a quand même vendu quelques millions d’albums au sein d’un groupe mythique, et qu’on est à Montreuil, à des milliers de kilomètres de son New York adoré. Et le soundcheck continue en version instrumentale, Thurston ayant visiblement jugé que sa présence n’était plus indispensable…
Les portes ouvrent, le staff est vraiment super sympa, le premier rang, accessible sans problème. La salle est tellement minuscule que je me dis que ça ferait un appart sympa :D Assise sur le bord de la scène, je patiente. Samara Lubelski vient installer ses pédales d’effet en discutant tranquillement avec John qui est sur le côté. Visiblement, aucun des membres de Chelsea Light Moving n’a attrapé la grosse tête à force de jouer avec la légende Moore. On croirait assister au concert d’un groupe qui vient de sortir son tout premier album. C’est le cas, vous me direz… mais ça fait bizarre quand même.
Thurston repasse, un peu moins près de moi cette fois-ci, mais traverse quand même tout le public pour atteindre l’escalier qui mène aux loges. Il reviendra avec une tenue plus décontractée, chemise et jean déchiré, à la suite de ses petits camarades : John à la batterie et Samara à la basse donc, mais aussi Keith Wood qui seconde Thurston à la guitare (de fort belle manière, d’ailleurs). Après une intro instrumentale un peu bizarre, le groupe attaque doucement avec Frank O’Hara Hit, un des morceaux les plus calmes de l’album. Malgré cela, la nécessité des protections auditives se fait vite sentir. Mais même avec ces bouchons que je préfère habituellement éviter, car je n’ai pas du matériel de pro, le son est excellent. Il est même probablement meilleur, car je ne vais pas encore aux concerts pour souffrir, et ce soir, il n’y a pas à dire, c’est TRÈS fort. Dès Burroughs (probablement ma préférée sur l’album), je suis à fond dedans. « Oh Billy, the sweetest drug is free; Will you, Billy, shoot it into me? » Et le public partage mon enthousiasme, ça remue pas mal, mais intelligemment, par exemple, jamais pendant les breaks… J’ai enfin trouvé mon public de rêve ! Pourtant je suis difficile sur ce point. Et heureusement d’ailleurs que je ne suis pas tombée sur des malades, vue la petitesse de la salle et la chaleur qui y règne.
Je suis au pied de Thurston (qui passe tout juste sous le plafond et pourra y frotter sa guitare sans effort, exercice qu’il adore), je vois même les gouttes de sueur dégouliner de son visage… mais ne pourrais jamais croire si je n’en étais pas déjà certaine qu’il fêtera son 55ème printemps en juillet. La scène le rajeunit, et cette façon de tirer la langue en chantant (je jurerais qu’il avait un chewing-gum, aussi…). Ce retour aux sources avec un groupe « inconnu » semble lui faire le plus grand bien. À moi aussi, enfin débarrassée des abrutis qui hurlaient « Kim Gordooonnn » à la Gaîté Lyrique. C’est la folie sur Groovy & Linda et ses « Don’t shoot ! We are your children ! ». La chanson est inspirée du double meurtre dans les années 60 de Linda Fitzpatrick et James « Groovy » Hutchinson ». Le public est en transe. Et le bonheur continue tout du long, avec la courte et punky Lip, les plus posées Empires Of Time et Sleeping Where I Fall (tout est relatif)… Je trouve le concert très accessible, plutôt mélodique (après, mes standards sont pas ceux de la majorité des gens non plus). Je craignais un peu un truc trop barré, ce ne sera pas le cas. Le moment le plus bizarre sera sans doute la revisite par le groupe d’un poème de John Donne du 16ème siècle, dont le texte s’étale sur un pupitre devant Thurston. Quoique voir Thurston arborer une cagoule rouge (probablement en hommage aux Pussy Riot) pendant Alighted valait aussi son pesant d’or (et quel courage par cette chaleur !).
Le groupe quitte déjà la scène après seulement sept morceaux interprétés des dix que contient l’album. Il y aura deux rappels, malheureusement très courts, d’un titre chaque. Après une trop courte une heure et quart, c’est fini, bien que Thurston nous gratifiera d’un salut théâtral du haut de l’escalier, visiblement heureux du public qu’il a eu ce soir. Pas de souvenirs à ramener, le groupe joue sans setlist, et je n’allais quand même pas embarquer le texte du poème ! J’en profite pour remercier Exitmusicforablog, sans qui je n’aurais pas réussi à retrouver l’ordre des titres interprétés. Et merci pour la review, je n’en ai pas croisé beaucoup, et j’aime autant les lire que les écrire…
Et c’est l’heure de rentrer, souvenirs plein la tête, étoiles plein les yeux, ce que j’aimerais que toutes les salles soient comme les Instants Chavirés… Un énorme merci non seulement à CLM, mais aussi à toute l’équipe de la salle pour cette soirée inoubliable à plus d’un titre.
PS : Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier alu… Non non je vous jure, cette soirée a vraiment existé, même si je n’en reviens toujours pas… »
Chelsea Light Moving est un groupe rock alternatif anglais, dont le nom s’inspire d’une compagnie jadis fondée par Philip Glass et Steve Reich, fondé en 2012 mené par le fondateur de Sonic Youth, Thurston Moore.
(http://www.chelsealightmoving.com/)
(http://www.matadorrecords.com/matablog/category/chelsea-light-moving/)
(https://www.facebook.com/pages/Chelsea-Light-Moving/231457830324704)
• Chelsea Light Moving (2013)
CHELSEA LIGHT MOVING
Thurston Moore (Sonic Youth) - Guitare & Vocal
Keith Wood (Hush Arbors) - Guitar
Samara Lubelski (Jackie-O Motherf***er/Sonora Pine) - Bass
John Moloney (Sunburned Hand of the Man/Pegasus) - Drums
The Setlist
CHELSEA LIGHT MOVING
Intro
Frank O’Hara Hit (Single - Chelsea Light Moving - 2013)
Burroughs (Single - Chelsea Light Moving - 2013)
Groovy & Linda (Single - Chelsea Light Moving - 2013)
Lip (Chelsea Light Moving - 2013)
Empires Of Time (Chelsea Light Moving - 2013)
Sleeping Where I Fall (Chelsea Light Moving - 2013)
The Ecstasy (poème de John Donne)
Alighted (Chelsea Light Moving - 2013)
Encore 1
Unknown song
Encore 2
No Go
Intro
Frank O’Hara Hit (Single - Chelsea Light Moving - 2013)
Burroughs (Single - Chelsea Light Moving - 2013)
Groovy & Linda (Single - Chelsea Light Moving - 2013)
Lip (Chelsea Light Moving - 2013)
Empires Of Time (Chelsea Light Moving - 2013)
Sleeping Where I Fall (Chelsea Light Moving - 2013)
The Ecstasy (poème de John Donne)
Alighted (Chelsea Light Moving - 2013)
Encore 1
Unknown song
Encore 2
No Go
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