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mardi 16 décembre 2008

Gogol Bordello ~ Le Bataclan. Paris.









Première Partie :

Ce qu’en a pensé Vik :

« Avez-vous déjà entendu la musique populaire de l'Europe centrale (et de l'Est…) passée au mixer le plus puissant avec une sauce de ska et de punk ? De l’accordéon, du violon mélancolique, une guitare acoustique déformée, très agressive, parfumée de reggae, et des éclaboussures de basse et batterie ? Des chansons en anglais où le chanteur a une prononciation plus mauvaise que la vôtre ? Blasphémer en italien (avec la fantastique "Santa Marinella" sur la ligne mélodique de "Bella ciao") un certain Eugene, qui vient de l'Ukraine, qui vit à New York après un voyage épique pour échapper à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, et qui dirige un cirque appelé Gogol Bordello ? Savez-vous que ce nom étrange fait référence à l'écrivain ukrainien Nikolai Gogol et à la maison close, inspiration des ses écrits érotiques ? Non ? Il y a deux façons de découvrir tout cela. La première facile, c’est d'écouter deux albums : « Gipsy Punks Underdog World Strike » et « Super Taranta ! »… La deuxième… impossible si vous n'avez déjà le billet, c’est de venir, ce soir, voir ce groupe, Gypsy Punk pour le genre (le nom est facile à retenir et à lui tout seul veut tout dire, pas besoin d’autres explications), au Bataclan, naturellement complet. Ces allumés de RNRM, Eric et Gilles B., font aussi partie des spectateurs de la fête, qui, défiant le froid de la soirée, sont là pour danser sur ces ballades tziganes à la Goran Bregovic et Emir Kusturica (souvenez-vous du film « Underground »…) et vibrer au son punk des guitares, le tout sur des textes qui ne parlent pas d'amour mais de mondialisation, d’immigration et de politique. Une musique Gipsy Punk qui fera bouger, à coup sûr, le dance floor du Bataclan, et qui laissera comme d'habitude une marque, autant par les décibels absorbés et que par son délire impossible à reproduire.

19h45: dans une ambiance détendue, arrive le support act, la première partie, qui a l'obligation de chauffer la salle pour la fête. A-t-on besoin de cela ? Pas de DJ Pedro, comme annoncé sur le billet, mais un changement de programme comme me le précise le responsable de la table de mixage, « en mieux, tout est dans le titre » en m’en parlant avec passion. Des Belges, issus de l'immigration talienne, du nom de Superamazoo, qui ont réalisé leur premier disque sous la houlette du producteur Gambeat (le bassiste de Manu Chao Radio Bemba). Les références sont bonnes… mais la musique ? Une machine à danser qui me surprend, qui ramène beaucoup de souvenirs de Mano Negra et du Sergent Garcia, et fait trembler les murs du Bataclan. Incroyable sextet composé d'un chanteur, qui s'appelle Manu (Gabriele), hasard des choses, d'un MC, dans la pure tradition hip-hop, d'un guitariste et de trois cuivres (un saxo et deux trompettes). Pas de basse ni de batterie, mais des bandes beat box préenregistrées et une boite à rythme. Un groupe "Esperanza, al dente" assez convaincant, qui immédiatement met de l'ambiance, malgré une salle pas encore remplie. Beaucoup de sérieux, une intro London Calling pour un set torride de 33 minutes (…de danse), une chanson sympa (Compétences Universelles) qui chatouille les tympans, dans un mélange musical reggae et drum'n'bass, bien fait pour danser. Tout est passé à la moulinette (très très) Manu Chao, et balancé avec beaucoup d'énergie et de sueur. Appréciés par le public et salués avec joie, ils ont rempli pleinement leur tâche, avec un rythme percutant. Que du bonheur ! Superamazoo, un groupe à écouter très fort ! Pendant le changement de matériel, je ne peux pas m'empêcher d'acheter le CD au merchandising. De fait, je me rends compte aussi que l'ambiance est maintenant chaude et pétillante, tout le monde est prêt pour la suite, prêt à être tous impliqués, jeunes et moins jeunes.

20h50 : lumières éteintes, ouverture du spectacle du cirque. Une grande bannière jaune avec les mots Gogol Bordello et rien de plus. Eugene Hütz, le chanter, grosses moustaches, cheveux en bataille, entre en scène portant des vêtements de couleurs tsiganes (il pourrait faire parti d'un défilé de John Galliano), sa guitare acoustique, avec des lettres (ou mots) en japonais, à la main, une bouteille de vin dans l'autre, et attaque avec Illumination. Le reste du groupe, c’est notamment Yuri l'accordéoniste, un sourire imprimé sur les lèvres, et Sergey, le violoniste, avec sa longue barbe blanche, son pantalon serré, son t-shirt de Jimi Hendrix (son héro ?)... deux russes parfaitement à l'aise sur scène, qui pourraient bien être l'oncle et le père du même Hütz... rien qu’à les voir, on a la parfaite idée de ce qu'ils veulent représenter. "Gipsy punk ! Avec beaucoup d'influence des Balkans". Les trois sont l'épine dorsale du groupe, sur laquelle se branchent la basse dub puissante de Thomas, les riffs yiddish du guitariste Oren, et les rafales du batteur Eliot. J'aime, je sens comme un état d'ébriété à la Bregovic, une voix un peu à la Tom Waits, quelques similitudes avec Tonino Carotone, des guitares très fâchées... pour un vieux punk, c’est comme un coup de pouce. Voici un groupe qui semble vouloir profiter des souvenirs laissés par Mano Negra et Les Négresses Vertes, même par the Clash de l'époque « Sandinista ! », sans pour autant perdre leurs origines, et réalise un cocktail folk / punk / ska / taranta, parfaitement à la mesure de l'album de 2005 "Gipsy Punks Underdog World Strike" (magnifique, leur meilleur ?), dont seront extraits, ce soir, 6 morceaux. Voilà, c'est parti pour un délire que seulement Eugene sait déclencher, un rythme tsigane new-yorkais infernal, avec un poil d'accélération Patchanka.

Ainsi, après un premier morceau pour s’échauffer, on entre dans le vif du sujet, le tourbillon d'un pogo mélangé avec Ultimate, un rythme effréné et irrépressible… On continue avec Not A Crime (mon morceau préféré), trempé dans le folk, écrasant comme si Joe Strummer avait réinterprété Goran Bregovic. Difficile de rester insensible aux éclats de cette chanson… suivie de Dogs Were Barking, puis du violon destructeur de Wonderlust King, puis du très bon 60 Revolutions, connu pour son final punk enragé... On arrive à une heure quinze de musique avant le rappel... Gogol Bordello offre enfin une pause au public. L'acoustique est bonne, il y a bien quelques jeux de lumière ici et là, mais le set est tout entier basé sur la musique et la participation du public. Eugene, énergique, poitrine nue, se balance à droite et à gauche de la scène. Seul carburant, une bouteille de vin, qui participe souvent au show, et est fièrement exhibée avant plusieurs des chansons. Cela évoque un spectacle de cirque dans bien des domaines, avec aussi deux asiatiques (Pamela et Elisabeth) percussionnistes / danseuses, qui accompagnent le groupe, l'une avec un grand tambour et l’autre avec des cymbales : habillées sexy, alliant les couleurs de tenues de sport, elles sont là pour augmenter la fête sur scène. Chacun des huit éléments du groupe parvient à nous captiver jusqu'à la fin du set, en contribuant scéniquement à l’ensemble : il est désormais clair que l'osmose du groupe est parfaite. Les pogos agitent la fosse, la température monte, et le manque de ventilation du Bataclan n'aide en rien. Le sol vibre, on ne peut pas faire autre chose que sauter, transpirer et crier, tant la puissance du son libéré par les instruments est irrésistible. Le public compact est unanime, il n’y aura pas de baisse de tension jusqu'à la chanson finale, Baro Foro.

Après quelque litres de sueur, arrive le rappel... un délire musical d'Eugene, bouteille à le main, en intro, avec son violoniste endiablé sur des citations musicales : « ... We don’t need no education, We don’t need no thought control, All in all you’re just another brick in the wall (Pink Floyd)... Et si tu n'existais pas, Dis-moi pourquoi j'existerais (Toto Cotugno)... Voyage Voyage (Desireless)... do You now understand ? OK » Eugene rigole, il saute et reprend normalement le grand morceau Start Wearing Purple, suivi d'un inédit, et puis, avec l'aide des trois cuivres de Superamazoo, l'ami La Phaze, eux aussi dans la fête, il se lance dans une reprise déchaînée et hallucinante de Mala Vida (hommage à la grande Mano Negra). Difficile de résister à cette vague énorme, qui ne nous laisse pas une bouffée d'oxygène. C'est génial.

La dernière chanson... comment résister encore à une chanson intitulée Think Locally, Fuck Globally (de leur meilleur album « Gipsy Punks Underdog World Strike ») ? C’est sans fin, avec le groupe qui semble vouloir extraire la dernière goutte de sueur du public, épuisé après un concert aussi excitant. Eugene et ses associés (« I came to New York to start gypsy punk revolt... ») ont un stock inépuisable d'énergie, de vitalité sans trêve... un final de dix minutes, avec d’interminables riff de violon, répétés à outrance, avec breaks et fausses fin. Une chanson qui devient une taranta en apothéose, avec un beau dialogue instrumental en yiddish, entre violon et guitare électrique… Une chanson qui déchaîne le public et même le chanteur, qui prend un seau rouge (de pompier), le met par terre, avant de monter dessus et continuer à chanter comme un naufragé qui tente de se tenir debout sur un petit radeau. Tout le monde est sur scène, première partie et amis, ils ont réussi à créer un Bordello, un Gogol Bordello. Qui les a déjà vus peut sûrement me comprendre, aux autres je dis il faut voir ce groupe en live, c'est là qu'il trouve sa grandeur. Puis si vous y étiez et n'avez pas aimé, le problème est le vôtre, seulement le vôtre... vous ne savez pas danser la taranta. Il n'y a pas d'obstacles, les musiciens touchent le public, une émeute des mains pour un contact physique continu. Eugene "bénit" le plus audacieux de la première file avec sa sueur et le vin. Plus qu'un salut, c'est un au revoir pour un autre Bordello. Le concert se termine ainsi, abandonnant derrière un public en sueur qui scande le nom du groupe, inutilement. Si on regarde bien sur les visages des musiciens, on comprend qu'ils pourraient continuer à jouer encore deux heures. Eugene Hütz n'aime pas les demi-mesures et il en donne plus.

Pendant 1H37, j'ai l'impression d'avoir écouté, du début à la fin, un seul et même morceau, bousculé dans cet univers gitan, mais avec les yeux et les oreilles pleines de plaisir. C'était un vrai Bordello, dans la salle de gym du Bataclan, même s'ils n'ont pas joués Santa Marinella, avec ses imprécations dans un Italien imparfait. Je cours vers Eric et Gilles B., à la barrière gauche... sur leurs fronts et sur leurs joues, il y a des gouttes de sueur, des marques rouges de plaisir. On sort, on prend une petite photo du fronton du Bataclan, on dit un petit au revoir aux amis… et je prends le métro seul... le couplet arrive tout seul... : Da uno da due / Da uno stronzo merdoso / Da uno da due / Da uno porca puttana... »






photos de lorène lenoir

Superamazoo, groupe engagé Rock/Dub/Drum&Bass, composé de 6 membres, vient de La Louvière en Belgique et prône le métissage musical. C'est du beat-electro, cuivres latinos, guitares garages, percus, tchatche, love songs et universal mind.

(http://www.myspace.com/superamazoo)


Gogol Bordello est un groupe de punk formé en 1999, originaire de New York.

Citant pèle-mèle Manu Chao, Fugazi, Alexandre Kalpakov, The Clash, Rootsman ou encore Jimi Hendrix comme influences, ce groupe a comme particularité le mélange des styles le composant. Nés de la rencontre de la musique tzigane traditionnelle des Balkans et de l'est de l'Europe avec le punk new-yorkais, ces sons ont fait des Gogol Bordello les créateurs et les chefs de file du nouvelle mouvance : le Gypsy punk. En fait, la plupart des musiciens de ce groupe sont des immigrants d'Europe de l'Est (Russie, Ukraine...).

Gogol Bordello est notamment connu pour son sens du spectaculaire qui anime chacun ses concerts grâce à l'énergie débordante d'Eugene Hütz, le chanteur.

Tout simplement différent et tellement puissant, Gogol Bordello mérite de conquérir le monde avec son quatrième album. Le meilleur à ce jour ! Jusqu'à la prochaine fournée, on l'espère...

(http://www.myspace.com/gogolbordello)






















Manu: Lead vocals
Gorgo: MC, human beatbox, flûte traversière
Jaggaluchi: Saxophone
Elfuedito: Trumpet


















Eugene Hütz - Vocals
Eliot Ferguson - Drums
Oren Kaplan - Guitar
Sergey Ryabtsev - Violin
Yury Lemeshev - Accordion
Pamela Racine - Percussion, dance
Elizabeth Sun - Percussion, dance
Thomas "Tommy T" Gobena - Bass






(Celle du batteur Eliot)

Illumination (Gypsy Punks Underdog World Strike - 2005)
Ultimate (Super Taranta! - 2007)
Not A Crime (Gypsy Punks Underdog World Strike - 2005)
Dogs Were Barking (B Side - 2006)
Wonderlust King (Super Taranta! - 2007)
Mishto! (Gypsy Punks Underdog World Strike - 2005)
Tribal Connection (Super Taranta! - 2007)
60 Revolutions (Gypsy Punks Underdog World Strike - 2005)
American Wedding (Super Taranta! - 2007)
Sacred Darling (Voi-la intruder - 2003)
Baro Foro (Multikontra Culti vs Iron - 2002)
Encore
Start Wearing Purple (Gypsy Punks Underdog World Strike - 2005)
It's Too Easy To Be a Cynic (New song)
Mala Vida (Mano Negra Cover)(East Infection EP - 2005)
Think Locally, Fuck Globally. (Gypsy Punks Underdog World Strike - 2005)

La durée du concert : 1h37

AFFICHE / PROMO / FLYER






Gogol Bordello - Start Wearing Purple



Gogol Bordello - Wonderlust King (on David Letterman)




Gogol Bordello - Mala Vida (Cover Mano Negra)(Live in New York)



Gogol Bordello - Not A Crime



Gogol Bordello - Santa Marinella. Live in Milano, 28/06/2007.








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