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mardi 16 décembre 2008

Gogol Bordello ~ Le Bataclan. Paris.







Première Partie :

Ce qu’en a pensé Eric :

« Il faut se méfier des tsiganes à mon avis : voleurs de poules et de cœurs, apatrides, ils ont une tendance effrayante à semer le trouble et à mettre le feu partout où ils passent ! Bref, on ne peut nier que la combinaison est parfaite entre la riche culture tsigane et la rébellion punk, et encore plus parfaitement symbolisée par le Gogol Bordello de Eugene Hütz, groupe pas forcément exceptionnel sur disques, mais remarquable sur scène. Ou tout au moins, c'est l'impression que nous avait laissé leur excellent et bouillant set au Zénith, voici quelques mois... Une impression à valider ce soir au Bataclan !


Bon, en attendant, voici sur scène les Belges excités de Superamazoo, qui nous proposent leur interprétation de ce que le Clash jouerait (peut-être) aujourd'hui, : un mélange impur de reggae, soul, raï et hip hop. Bon, le côté hip hop, nous, ça nous gonfle rapidement, human beat box virtuose ou pas ! Mais pour le reste, chanteur bedonnant à la voix intéressante, cuivres bondissants, énergie jamais en reste, il y a quand même de quoi ne pas trop s'ennuyer pendant les 35 minutes du set de Superamazoo. Reste que le mieux, c'est quand même la reprise - traitement de choc de "London Calling" en intro, et les saluts du musiciens en outro sur l'inépuisable et jouissif "Monkey Man" (sur bandes) !


Et c'est parti pour 1 h 40 de folie avec Gogol Bordello... 1 h 40 d'un concert tout ce qu'il y a d'excessif : sans merci, sans répit, sans pause entre les morceaux, toujours plus haut, toujours plus délirant, toujours plus fort. Et le public du Bataclan danse, crie, chante, pogote, est heureux, renvoyant aux musiciens leur joie de jouer à Paris devant des spectateurs totalement conquis à leur cause. Les sommets se succèdent, de plus en plus élevés, de plus en plus rapprochés, jusqu'à ne plus former qu’une chaîne continue dont l'escalade est de plus en plus épuisante. La salle, glaciale au début, putain d'hiver précoce oblige, est devenue l'habituelle fournaise que l'on connaît au Bataclan. Le violoniste, toujours impérial, fait le show ; Eugene est au four et au moulin ; les choristes déboulent régulièrement ajouter un grain de sexe dans la tambouille ; le son est de plus en plus fort, et on se rend compte peu à peu de l'importance de la guitare, qui structure et assied une musique qui peut avoir tendance à se perdre dans des délires sans fin, jusqu'à épuisement. On se rend compte que le "punk" de "gypsy punk" fait sens, que ce soit dans l'accélération appliquée à la plupart des morceaux : "Mala vida", à fond la caisse, pour notre plus grand plaisir, en rappel - un rappel qui frôlera la demi-heure, avec un grand "Wearing Purple" en intro, et un tonitruant "Fuck Globally" - titre ô combien pertinent ces jours de crises financière à la mords-moi-le-nœud ! - en final apocalyptique...


A la fin, les musiciens, qui ont l'air moins éreintés que nous, descendent tous dans la fosse nous serrer la main, échanger un petit mot, et il se dégage alors du groupe une gentillesse, une générosité touchantes, pas si communes que ça, en tout cas. On sent qu'il s'agit de leur part d'une offrande, d'une vraie volonté de partage, sans doute bien dans la tradition tsigane dont se réclame Eugene. Alors, au final, s'il y a un (petit) reproche qu'on peut faire à ce concert, c'est presque d'avoir été "trop", d’avoir laminé la diversité de leurs musiques (folklore, reggae, punk rock…) par une interprétation constamment extrême, de n'avoir pas eu la patience ou l'habileté de nous ménager des pauses, de nous avoir entraînés sans se soucier de notre résistance physique dans une gigue jusqu'au boutiste. Du coup, les explosions de plaisir en ont été moins fortes, et on a eu au final plus l'impression d'être bousculés qu'enchantés. Mais, soyons juste, mieux vaut ce "trop" là que la pingrerie de nombre d'artistes ou de groupes, et au fait, n’est-ce pas là justement le secret de l’âme tsigane, le goût de l’ivresse des sens jusqu’à l’excès ?


Je conclurai en notant que les plus beaux moments du concert ont quand même été, pour moi, "Tribal Connection" et "American Wedding", toujours mes deux morceaux préférés de "Supertaranta". Et que j'ai été évidemment ravi de la multitude de références brésiliennes, des t-shirts santistas des mignonnes choristes à la veste de survêt de l'ami Eugene : voilà, c'était juste un clin d'œil, mais au final, grâce à tout ça, le froid parisien était moins terrible en rentrant. »




photos de eric

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